1 L’EXPLOITATION COLONIALE DANS LA MISE EN PLACE DU RESEAU ROUTIER ET FERROVIAI

1 L’EXPLOITATION COLONIALE DANS LA MISE EN PLACE DU RESEAU ROUTIER ET FERROVIAIRE DE LA COLONIE DE CÔTE D’IVOIRE DE 1893 A 1960 Alain Konan BROU Doctorant à l’Université FHB de Cocody Abidjan-Côte d’Ivoire UFR des Sciences de l’Homme et de la Société (SHS) Département d’Histoire Tel: 00225 08-14-44-02 E-mail: alainbrou@hotmail.com Résumé Par le décret du 10 mars 1893 qui a fait de la Côte d’Ivoire une colonie aux mains de la France, l’administration coloniale a mis en place très rapidement une dynamique et rationnelle politique d’exploitation des richesses de cette colonie prospère. Pour y parvenir, il a fallu mettre en avant la construction des infrastructures économiques comme la route et le chemin de fer. Ces moyens de transports et de communications ont connu un essor durant cette période, par la volonté du colonisateur de drainer dans des conditions acceptables les productions naturelles, agricoles et minières, des différentes zones du territoire vers les points d’exportations pour la métropole. Mots clés : Chemin de fer, Côte d’Ivoire, Colonie, Exploitation, France, Richesses, Route. Summary By the decree of March 10th, 1893 which made Ivory Coast a colony in the hands of France, the colonial administration set up very rapidly a dynamic policy and rational exploitation of the wealth of this prosperous colony. To achieve this, it was necessary to propose the construction of economic infrastructures such as road and railroad. These means of transport and communication have boomed during this period, by the will of the colonizer draining in acceptable conditions the natural productions, agricultural and mining, of the various zones of territory towards the points of exports for the metropolis Keywords: Railroad, Ivory Coast, Colony, Exploitation, France, Wealth, Road. 2 Introduction La Côte d’Ivoire, à l’instar d’autres pays situés sur la côte du golfe de Guinée a été visité par les explorateurs français. Ceux-ci étaient motivés par la curiosité scientifique, le goût de l’aventure, et comme le soulignait Christophe WONDJI (1963), le souci d’ouvrir de nouvelles aires d’influence à la France, au moment où la concurrence coloniale en Afrique opposait les diverses nations d’Europe. Ces incursions ont abouti au décret de création de la colonie de Côte d’Ivoire le 10 mars 1893. Cette décision qui a mis ″sous tutelle" le territoire ivoirien a été l’occasion pour les représentants de la France de mettre en place les moyens nécessaires pour une exploitation méthodique des richesses de la colonie. En effet, comme l’indiquait Roger VILLAMUR et Léon RICHAUD (1903), la Côte d’Ivoire constituait l’une des parties les plus intéressantes du gouvernement de l’Afrique Occidentale Française (AOF), dont la luxuriante végétation évoque les splendeurs des âges tertiaires, et de ce sous-sol, où les recherches de l’explorateur ne restent pas longtemps infructueuses. Ainsi, à la période d’organisation a succédé, celle de la mise en valeur du territoire. 1- Problématique Les missions d’exploration menées par des explorateurs comme Louis Gustave Binger et Treich-Laplène ont permis ainsi à la France de se faire une idée des "innombrables″ richesses de la Côte d’Ivoire. Pour mieux les exploiter, il fallait des moyens de transports adéquats, et qui répondent aux besoins du colonisateur. C’est fort de ce constat que des routes et le chemin de fer ont vu le jour pour accompagner les politiques de mise en valeur. Concrètement, comment l’exploitation de la colonie de Côte d’Ivoire a-t-elle contribuée à la création des routes et du chemin de fer de 1893 à 1960 ? Pour répondre à cette interrogation, nous évoquerons la mise en place des routes et leur évolution en Côte d’Ivoire de 1893 jusqu’en 1960, ensuite nous nous pencherons sur les étapes de la construction du chemin de fer de la colonie. L’objectif de cette étude est de pouvoir montrer que l’exploitation des richesses naturelles, agricoles et minières a été déterminante dans la mise en place des routes et du chemin de fer dans la colonie de Côte d’Ivoire de 1893 jusqu’en 1960. 2- Méthodologie Cette étude a été menée grâce au recueil de documents traitant de la période coloniale en Côte d’Ivoire, des documents abordant la mise en place des infrastructures économiques de la Côte d’Ivoire, des mémoires et des thèses sur les transports en Côte d’Ivoire. Des tableaux et un graphique ont été réalisés pour analyser et expliquer l’évolution des infrastructures qui ont été mises en place. Cette méthode nous a permis comprendre la politique d’exploitation de la colonie de Côte d’Ivoire et le développement des infrastructures routières et ferroviaires. 3- Résultats 3-1. Mise en place et évolution des routes coloniales en Côte d’Ivoire L’une des bases de toute activité économique demeure l’infrastructure de transport. En Côte d’Ivoire, pour ce qui était du réseau routier, il « s’est constitué de façon progressive depuis le début du siècle »1. Les premiers travaux de constructions des voies de pénétration ont débuté vers la fin du XIXème siècle, mais ont connu un développement accentué dès les décennies du XXème siècle. 1 Ministère des travaux publics, des transports, de la construction et de l’urbanisme, Equipements et transports 1960-1980, bilan et perspectives, France, Maury imprimeur, 431p, p.37. Dès la mise en place de l’administration coloniale, les objectifs à long terme des colons et les bouleversements dans les transports routiers ont donné un coup d’accélérateur au système routier de la colonie de Côte d’Ivoire. En effet, il ne suffisait pas « d’explorer un pays et de le mettre en relations avec les commerçants »2. Il fallait faciliter ces rapports par la réalisation de certains travaux. C’est dans cette optique que, dans des délais raisonnables, il a fallu trouver les voies et les moyens pour évacuer les produits de l’agriculture et les richesses naturelles de l’arrière-pays et des côtes vers les points d’exportations. Conçue comme l’outil essentiel de la mise en valeur économique de la colonie, les infrastructures de communications ont été comme le soulignait Coulibaly NAMLAMBAN (1985), des moyens et des rapports de production, assurant les liaisons entre les hommes et l’évacuation des richesses naturelles de la colonie vers l’extérieur. Les colons se sont évertués à mettre rapidement en place les routes, non pas pour tracer les sillons du développement économique de la colonie de Côte d’Ivoire, mais assurer le strict minimum pour ce qui était du transport de personnes et de marchandises. Il fallait avoir une marge de manœuvre assez importante dans l’exploitation des richesses de cette colonie "prospère". Aussi, avant que la culture du café et du cacao viennent occuper bon nombre d’ivoiriens, l’exploitation forestière fut l’une des activités à laquelle l’administration coloniale s’adonnait. De ce fait, des routes ont eu pour origines l’exploitation forestière qui pour la nécessité a permis d’ouvrir les premiers tracés. Les pistes forestières améliorées sont devenues des routes terrassées avec la montée vers l’extérieur des chantiers. Ces routes ont pris de plus en plus d’importance dans le commerce extérieur de la colonie de la Côte d’Ivoire. Elles ont d’abord été ébauchées sous forme de pistes dotées d’ouvrages rudimentaires et carrossables seulement en saison sèche. Il ne s’agissait pas de « faire des travaux coûteux, de bonnes pistes, biens étendues, biens tracées, avec des buses, des ponceaux ou des pistes, des ponts en maçonnerie partout où la portée ne dépassait pas quelque mètre »3. Alors, le premier souci des ingénieurs routiers de la colonie a été de développer au plus vite un réseau de pénétration nécessaire à la mise en valeur de la colonie. En effet, comme l’indiquait encore Roger VILLAMUR et Léon RICHAUD (1903), le but que s’est proposé l’administration a été d’offrir aux caravaniers des voies qui sont faciles d’accès et praticables. Il s’agissait de contribuer de façon rapide et efficace, au développement du commerce. La construction de ces routes allait-elle donner du prestige à l’administration coloniale dans son élan civilisateur, prouver sa suprématie sur les indigènes et rapprocher davantage les différents points de la colonie qu’ils occupaient. En outre, la communication entre les différents cercles de la colonie était indispensable dans l’harmonisation des directives de l’administration coloniale. C’est en ce sens que, « quelques pistes reliaient les points les plus importants et les administrations éprouvaient le besoin de créer des routes entre les points occupés »4. Ce fut en 1908 qu’avaient commencés véritablement les travaux de construction des routes d’une certaine longueur, « larges de 4 à 8 m et dotées de pont de fortune (Bois) »5. A cette époque, l’usage de l’automobile n’était pas encore envisagé. Cependant, dès que la première guerre mondiale a fait émerger l’automobile, « elle apparaissait comme répondant dans une large mesure au besoin de l’Afrique en matière de transports »6. 2 Roger VILLAMUR, Léon RICHAUD (1903), Notre colonie de la Côte d’Ivoire, Paris, Augustin CHALLAMEL, 399p, p.321 3 Encyclopédie générale de la Côte d’Ivoire (1978), L’Etat et l’économie, Abidjan, NEA, 1187p, p.37. 4 Ministère de l’information (S.d), Les voies de communications dans l’infrastructure ivoirienne, Abidjan, Offset, 26 p, p.11. 5 Ministère des travaux publics, des transports, de la construction et de l’urbanisme, Equipements et transports 1960-1980, bilan et perspectives, Op. Cit., p.37. 6 Ministère de l’information, Les voies de communication dans l’infrastructure Ivoirienne, Op. Cit., p.11. Il uploads/Ingenierie_Lourd/ article-la-route-et-le-chemin-de-fer-de-1893-a-1960.pdf

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