l i m O U V R I E R E our que Mai 68 féconde et regénère le mouvement ouvrier N
l i m O U V R I E R E our que Mai 68 féconde et regénère le mouvement ouvrier N° 5 Numéro spécial Août 1968 ANALYSES DE LA RÉVOLUTION A A A MAI 68 PROLONGEE DE MAI Dans ce numéro 49 affiches de Mai de l'Atelier des Beaux - Arts Prix 2 Francs I L " " « Lutte Ouvrière » est en vente dans les kiosques et librairies. Nous demandons à tous nos amis, à tous nos lecteurs, à tous ceux qui apprécient notre effort pour tenter de mettre sur pied une presse ouvrière et qui le jugent néces saire pour l'information des travailleurs de nous aider. Nous leur demandons de faire le maximum pour diffuser ce journal autour d’eux, auprès de leurs amis et connais sances. Nous signalons d’ailleurs à ce sujet que « Lutte Ouvrière », diffusée par les Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne, est en vente dans un très grand nombre de kiosques et de librairies, aussi bien à Paris qu’en province. Nos lecteurs peuvent donc se le procurer régulièrement auprès de leur marchand de journaux habituel. Si celui-ci ne le reçoit pas encore, il lui est cependant toujours possible de demander Immédiatement un service régulier auprès des N.M.P.P. LA GREVE GENERALE (Léon Trotsky) L A grève étend maintenant une main dominatrice sur toute l'étendue du pays. Elle se défait de toutes ses hésitations. A mesure que le nombre de gré vistes augmente, leur assurance devient plus grande. Au- dessus des besoins économiques des professions, s'élèvent les revendications révolutionnaires de la classe. En sé déta chant des cadres corporatifs et locaux, elle commence à sentir qu'elle est elle-même la Révolution, et cela lui donne une audace inouïe. Elle court sur les rails, et, d'un geste autoritaire, ferme la route derrière elle. Elle prévient de son passage par le fil télégraphique du chemin de fer. « La grève ! faites *a grève », crie-t-elle dans toutes les directions. Le 9, les journaux annonçaient à toute la Russie que, sur la route de Kazan, on avait arrêté un certain Bednov, électro-tech nicien, qui était chargé de proclamations. Les insensés ! Ella marchait... Elle poursuit un plan colossal : elle veut arrêter la vie industrielle et commerciale dans tout le pays, et elle n'omet aucun détail. Quand le télégraphe refuse de la servir, avec une résolution toute militaire, elle coupe les fils ou bien renverse les poteaux. Elle arrête les locomotives inquiètes et en lâche la vapeur. Elle arrête également les stations d'élec tricité, ou bien, si cela présente des difficultés, elle détruit les câbles et plonge les gares dans la nuit. Lorsqu'une opposition tenace gêne ses desseins, elle n'hésite pas à arracher les rails, à démolir un sémaphore, à jeter sur le flanc une locomotive, à obstruer la voie, à mettre des wagons en travers d'un pont. Elle pénètre dans l'élévateur et arrête le fonctionnement de la machine. Elle retient les trains de marchandises là où elle les trouve ; quant aux convois de voyageurs, elle les mène jusqu'à la gare la plus voisine ou jusqu'à destination s'il y a lieu. Elle ne déroge à son vœu de chômage que pour mieux atteindre ses fins. Elle ouvre une typographie quant elle a besoin de publier les bulletins de la révolution, elle sé sert du télégraphe pour envoyer ses instructions, elle laisse passer les trains. qui conduisent les délégués des grévistes. Pour tout le reste, elle ne fait aucune, exception : elle ferme les usines, les pharmacies, les boutiques, les tribunaux. Parfois son attention se lasse, sa surveillance faiblit dans un endroit ou un autre. Parfois un train aventureux réussit à franchir les barrières de la grève et à fuir ; elle organise alors la poursuite. Il détale comme un criminel, traversant les gares ténébreuses et désertes, sans que le télégraphe prévienne de son arrivée, accompagné par l'épouvante, abandonné à l'inconnu. Mais, finalement, la grève le rat trape, arrête la locomotive, oblige le mécanicien à des cendre et ouvre le tuyau d'échappement. Elle met tous les moyens en œuvre : elle appelle, elle exhorte, elle conjure, elle supplie à genoux — c'est ainsi qu'à Moscou une femme orateur s'agenouilla sur le quai de la gare de Koursk — elle menace, elle effraie, elle lapide et enfin elle tire des coups de browning. Elle veut arriver à ses fins coûte que coûte. L'enjeu est trop considérable : il s'agit du sang des pères, du pain des enfants, de la répu tation même des forces révolutionnaires. Toute une classe lui obéit, et si une infime portion du monde ouvrier, détour née par ceux contre lesquels la lutte est engagée, se met en travers du chemin, faut-il s'étonner que la grève, d'une rude poussée, écarte les récalcitrants. (extrait de « 1905 » de L. Trotsky) 2 ADRESSEZ TOUTE CORRESPONDANCE A Michel RODINSON INITIATIVE SOCIALISTE 54, rue Monsleur-le-Prince, 75-PARIS-6e ATTENTION TOUS VERSEMENTS DE FONDS A : Michel RODINSON C.C.P. Paris 6851-10 SO M M AIRE La grève générale (texte de Léon Trotsky) ................................................... page 2 Un immense remous social qui peut ouvrir des perspectives révolution naires ..................................................... page 4 Grenelle ................................................. page 7 La semaine décisive : de l'annonce du référendum à son ajournement . Comment la gauche a renoncé sans combattre ............................................... page 8 Tout était-il possible ? ........................... page 12 Les affiches de mai ............................. page 15 Le P.C.F., artisan de la reprise du travail, a organisé sa propre défaite électorale ............................................... page 19 La question du parti ........................... page 22 Point de repère ..................................... page 27 Extraits de « L'histoire de la Révolu tion Russe », de Léon T ro ts k y.......... page 31 A nos lecteurs Le présent numéro est un numéro spécial. « LUTTE OUVRIERE » est normalement hebdoma daire, mais, étant donnée la fermeture de nom breuses entreprises, ce numéro spécial remplace tous les numéros devant normalement paraître en août. La parution hebdomadaire reprendra sur 8 pages, format demi-quotidien, au prix de 1 F, à partir du n° 6, daté du 28 août 3 UN IMMENSE REMOUS SOCIAL QUI PEUT OUVRIR D ES PERSPECTIVES REVO LU TIO N N A IRES UX mois de mai et juin la France a connu une explosion de mécontentement sans précédent. Près de 10 millions de grévistes alors qu'il y en avait seule ment un peu plus de 3 en 1936. Et pourtant les syndicats n'ont à aucun moment donné l'ordre de grève. Dans quelles cir constances s'est déclenchée la grève ? Alors que s'est-il pas sé? Depuis des années les travailleurs n'ont pas réagi avec ensemble. Mois après mois, les problèmes se sont accumulés, la situation s'est dégradée. Le niveau de vie est stagnant alors que la production augmente, dans certains cas il se dégrade. Le chômage a fait son apparition. Il y a 500.000 chômeurs. Ce chô mage, il pèse sur les travailleurs, et les conflits relativement importants qui se sont produits ces dernières années ont tour né autour du chômage. Le chômage touche évidemment les chômeurs mais il pèse également sur tous les travailleurs. Et ceci de plusieurs manières. D'abord par la crainte de tomber ou de retomber au chômage. Puis par l'attitude des patrons qui pensent pouvoir se permettre une position plus dure : plus réticents sur les salaires, ils imposent une discipline plus sévère accompagnée de brimades vexatoires. Ils imposent des caden ces et des horaires de travail sans aucun souci du confort ni de la liberté des travailleurs. Et cela à tous les niveaux. L'am biance devient empoisonnée d’abord par un travail intensif compliqué par un manque d'organisation, par un climat d'insé curité è l'entreprise où l'on craint d'être mis en chômage. Ajouté à cela il y a eu les augmentations des prix des trans ports, les conséquences des ordonnances sur la Sécurité sociale, les augmentations de prix des denrées dues à l'applica tion de la nouvelle T.V.A. Et puis les travailleurs sont soumis à la rude épreuve des soucis quotidiens : transports en commun ou individuels fati gants et énervants, problème de la scolarité des enfants, pro blème du logement, etc. Tout cela existait bien avant mai. Le mécontentement depuis des mois allait en s'accumulant. Les syndicats et surtout la C.G.T. organisaient des démonstrations anodines et ridicules pour laisser échapper un peu de vapeur de temps en temps. Débraya ges partiels et limités pour des revendications catégorielles, pétitions, protestations ; une ou deux fois par an une grève générale de 24 heures sans lendemain, le baroud d'honneur d'une série d’actions localisées que d'ailleurs l'ensemble des travailleurs suivait sans illusion avec la seule satisfaction de pouvoir au moins une fois de temps en temps afficher leur mécontentement. Le catalyseur étudiant En mal 1968 les sujets de mécontentement et la volonté d'exprimer ce mécontentement existaient, autant qu'avant mais guère davantage. Les 17 mai 1966 et 17 mai 1967 avaient vu ce mécontentement s'exprimer une dernière fois avant les va cances et après une série d'actions localisées. La différence, en mai 1968, c’est qu'il y a eu le catalyseur de la révolte étudiante. uploads/Industriel/ lutte-ouvriere-n05-1-aout-1968.pdf
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- Publié le Mai 31, 2022
- Catégorie Industry / Industr...
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