PRODUITS DE LA MER N°210 DÉCEMBRE 2021-JANVIER 2022 ❘ 54 ❘ Dossier ❘ ISLANDE Te
PRODUITS DE LA MER N°210 DÉCEMBRE 2021-JANVIER 2022 ❘ 54 ❘ Dossier ❘ ISLANDE Territoire de glace et de pêcheurs De la mer à l’assiette, la flière islandaise fait de l’innovation et la durabilité ses deux axes de développement. L’enjeu du moment : faire connaître et reconnaître l’excellence de ses produits et de son industrie. ISLANDE fulgurante depuis 2016. Elle est passée de 8 000 tonnes en 2015 à 40 000 tonnes en 2020, dont 35 000 tonnes de sau- mon. Le reste est de l'omble chevalier et une quantité marginale de truite. La production aquacole se veut très qualita- tive et a pour ambition de concurrencer le modèle norvégien. Mais pour l’heure, l’aquaculture a un poids négligeable dans la production islandaise. Le pays et la population sont historiquement et culturellement tournés davantage vers la pêche et la mer que vers la terre, l’agri- culture, et l’aquaculture. L ’Islande est un pays de pêcheurs, le deuxième producteur du continent. La filière compte 7 500 emplois directs (3,9 % de la population active), environ 12 000 emplois en comp- tant l’aval de la filière, et pèse près de 10 % du PIB du pays. Les quelque 1 500 navires islandais capturent chaque année un mil- lion de tonnes de poissons pour près d’un milliard d’euros. Les principales espèces sont le cabillaud (220 000 tonnes), le lieu noir (77 000 tonnes), le hareng (72 000 tonnes), l’églefin (41 000 tonnes) et le sébaste (28 000 tonnes). L’Islande est un pays exportateur de produits de la mer, qui représentent 43 % des exportations du pays en valeur. 60 % des captures sont exportées. Parmi elles, 44 % de la valeur vient des produits surgelés, process effectué à bord ou en usine. L’Europe reste le marché domi- nant, avec 70 à 80 %. Le Royaume-Uni représente 18 % des exportations de produits de la mer islan- dais, puis suivent la France (14 %), les États-Unis (9 %), l’Espagne (7 %), et la Norvège (7 %). L’aquaculture connaît une croissance Captures : 1 Mt, 1 Md€ Emplois : 12 000 de l’amont à l’aval Export : 60 % des captures Dossier : Vincent SCHUMENG Le cabillaud à toutes les sauces L’innovation au cœur de la flière L’Europe comme premier marché Pays clients des produits de la mer islandais en 2020 en valeur Quotas pour l’année 2021 des principales espèces en tonnes Royaume-Uni 18 % USA 9 % Espagne 7 % Norvège 7 % Allemagne 6 % Hollande 5 % France 14 % Autres 27 % Nigéria 4 % Portugal 4 % Cabillaud 220 417 Lieu noir 77 381 Hareng 72 239 Églefin 41 229 Sébaste 28 205 Flétan du Groenland 15 031 Lingue franche 3 525 Poisson loup 8 933 PRODUITS DE LA MER N°210 DÉCEMBRE 2021-JANVIER 2022 ❘ 56 ❘ Une filière ultra-intégrée et durable La filière islandaise présente deux particu- larités : son très haut degré d’intégration, et l’importance de la durabilité. En France et en Europe, nous sommes familiers d’un modèle et d’une filière aux multiples maillons : armateurs, criées, mareyeurs, transformateurs, transpor- teurs, société d’import-export. En Islande, plusieurs compagnies font tout à la fois : elles pêchent, transforment, vendent et exportent. Hjalti Vignisson, gérant exécu- tif de Stormar, explique que cette intégra- tion complète de l’amont à l’aval « permet de surveiller la qualité du produit du début à la fin ». À Höfn, dans le sud-est de l’Is- lande, la compagnie Skinney-Thinganes, l’une des propriétaires de Stormar, a des chalutiers débarquant directement aux portes de l’usine cabillauds, poissons bleus et langoustines, qui sont immédiatement transformés. Les produits sont prêts à être exportés en moins de 24 heures, soit par bateau, soit par avion. Dans le port de Reykjavik, la société Brim procède de la même manière avec les poissons blancs. Ainsi, un filet de cabillaud venu d’Islande atterrit dans nos linéaires de supermarché 48 ou 72 heures après avoir été pêché s’il arrive par avion ou 24 heures plus tard par bateau. Qualité et fraîcheur garanties ! La pêche et l’industrie des produits de la mer en Islande se construisent autour de la durabilité. Connu pour être un des plus « écolos » au monde, le pays a développé sa propre certification de pêche durable : Iceland Responsible Fisheries (IRF). Cette certification se base sur les critères de la FAO pour une pêche durable. Sept pêche- ries sont actuellement certifiées : cabil- laud, sébaste, lieu noir, églefin, hareng, brosme et lingue. Elles représentent envi- ron la moitié des captures islandaises. À la certification IRF s’ajoute le MSC, avec quinze pêcheries certifiées. En plus de la pêche durable, l’industrie s’oriente de plus en plus vers des stratégies bas car- bone, avec notamment l’essor de l’export par bateau. Les Islandais sont les Occidentaux qui consomment le plus de produits de la mer, avec 92 kilos par an par habitant. Cela équivaut en moyenne à un filet de cabillaud de 250 grammes par jour ! Au supermarché, le poisson frais domine, avec des rayons traditionnels proposant des poissons séchés ou en brandade. La quasi-totalité des restaurants proposent du poisson et la pêche du jour, en filet, soupe, séché, frit… La filière islandaise a été frappée par la pandémie davantage sur le plan éco- nomique que sanitaire, l’Islande ayant connu peu de décès et de contaminations en comparaison du Vieux Continent. En effet, les mesures sanitaires ont poussé le secteur à s’adapter très rapidement et à se tourner davantage vers la distribution que la restauration. Par exemple, Daniel Niddam, chef des ventes chez Valka, a dû modifier sa stratégie pour vendre ses solu- tions industrielles de coupes et tri de pois- son : « Nous avons dû expliquer que nos machines de tri étaient également adap- tées à la mise en barquette et pas qu’au vrac », explique-t-il. Mais globalement, le secteur s’est tenu et l’offre islandaise s’est adaptée à la mutation de la demande européenne. Au final, les ambitions de l’Islande en matière de produits de la mer pourraient se résumer en deux mots : innovation et durabilité. Aujourd’hui, la filière souhaite valoriser ses démarches et produits en Europe, et en particulier en France, qui est devenue son deuxième marché et le premier en ce qui concerne le cabillaud. Business Iceland a donc lancé la cam- pagne de communication Fishmas, jeu de mots entre fish et Christmas. Franc succès au Royaume-Uni, cette campagne sera-t- elle un beau cadeau de Noël pour la filière islandaise ? n 7 pêcheries certifiées IRF 15 pêcheries certifiées MSC Les produits de la mer : 10 % du PIB de l’Islande Consommation : 9 kilos/an/ personne 1 et 3 jours entre la pêche et la distribution en Europe Dossier ❘ ISLANDE Vincent Schumeng Vincent Schumeng PRODUITS DE LA MER N°210 DÉCEMBRE 2021-JANVIER 2022 ❘ 58 ❘ Dossier ❘ ISLANDE Capitale du pays, Reykjavik est le principal port de pêche d’Islande. L’agglomération abrite le plus d’entreprises liées aux produits de la mer, et est donc le cœur du développement et de l’innovation du secteur. R eykjavik est la capitale du pays, la ville la plus peuplée (deux tiers des Islandais vivent dans la capi- tale et sa banlieue), et le plus important port de pêche d’Islande en nombre de navires, le cinquième en ton- nage (62 435 tonnes, 6 % des débarque- ments islandais), et le premier en valeur (114 millions d’euros, 12 % des débarque- ments islandais). Les trois espèces les plus débarquées à Reykjavik sont le cabillaud (18 000 tonnes), le sébaste (18 000 tonnes), et le lieu noir (11 000 tonnes). Les industriels de la ville valorisent ces captures de différentes manières, la plus fréquente étant la surgélation. Mais la filière islandaise est passée maîtresse dans l’art de l’utilisation des coproduits : peau, yeux, viscères… Tout ou presque est réu- tilisé. Dans le cas de la morue, alors que les Européens utilisent 50 % du poisson, les Islandais montent jusque 80 %. Mis à part le sang, rien n’est perdu, et les indus- triels tirent de la morue toutes sortes de produits : sacs en peau, lampe à partir de la carcasse vidée et séchée, huile de foie de morue, compléments alimentaires, ban- dages, carnet… Ce savoir-faire est notam- ment porté par Codland, une compagnie de Reykjavik qui met en avant la valorisa- tion complète du cabillaud avec un man- tra : « chaque kilo compte ». Une stratégie efficace qui permet de valoriser au mieux. Vendre… avant la pêche ! En Islande, les criées sont privées, et la plus grosse compagnie gestionnaire est Fiskmarkadur, par qui passe la moitié des débarquements. Elle gère notamment la criée de Reykjavik. Cependant en Islande, vu les volumes considérables et l’impor- tance de l’export, les captures sont vendues avant d’être débarquées, le plus souvent en gré à gré, la criée servant alors davantage d’infrastructures de transit que de point de vente. Les enchères descendantes ont lieu l’après-midi en ligne. Impossible ici de retrouver le spectacle familier en France des acheteurs qui se pressent tôt le matin devant les caisses uploads/Industriel/ dossier-islande.pdf
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- Publié le Dec 27, 2022
- Catégorie Industry / Industr...
- Langue French
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