CORRECTION TEXTE HANNAH ARENDT/ART Eléments pour une introduction Quelle est la
CORRECTION TEXTE HANNAH ARENDT/ART Eléments pour une introduction Quelle est la spécificité de l’œuvre d’art par rapport aux autres productions humaines ? La thèse de l’auteur est que les œuvres d’art se distinguent de tout autre production humaine par leur durabilité et leur inutilité. Problématique : Quelle est la classification des productions humaines proposée par H. Arendt ? En quoi l’oeuvre d’art se distingue-t-elle des autres productions du point de vue de la durée ? En quoi l’oeuvre d’art se distingue-t-elle des autres productions du point de vue de sa finalité ? Y a-t-il un lien entre la durabilité de l’œuvre et son inutilité ? Enjeu : Mais si les œuvres d’art ne servent à rien, alors quelle est la finalité de l’art et pourquoi les œuvres d’art ont-elles cette pérennité ? Des artistes, pour quoi faire ? Structure du texte : Le contexte : la sphère des productions humaines en tant qu’elle s’oppose à la nature. (Début de la première phrase) Premier critère de distinction entre les œuvres d’art et les autres productions humaines : leur durée dans le temps (De «... on distingue » à «... les plus mondaines des choses.»). Les productions permanentes : objets d’usage durables mais pas éternels et œuvres d’art potentiellement immortelles. Les productions non-permanentes : produits de consommation périssables et produits de l’action éphémères. Deuxième critère de distinction entre les œuvres d’art et les autres productions humaines : leur finalité. (À partir de «Davantage...») Les produits de consommation et les objets d’usage ont une fonction. Ils sont liés à la nécessité vitale. Les œuvres d’art n’ont aucune fonction. Elles sont isolées des nécessités de la vie. Éléments pour une étude détaillée Attention: ce qui suit n’est pas l’explication du texte ni même un plan d’explication mais des informations et des éléments de réflexion pour une telle explication. 1. Le contexte : le « monde » et la sphère des productions humaines en tant qu’elle se distingue de la nature. Hannah Arendt oppose la « nature » au « monde fabriqué par l’homme ». Cette notion de monde est importante car H. Arendt dira plus loin que les œuvres d’art lui sont destinées. Elles seraient créées « pour le monde ». Qu’est-ce que ce monde ? En quoi est-il différent de la nature et de la société ? La nature renvoie les hommes à leur animalité, leur appartenance à une espèce naturelle. Le monde, au contraire, comme la société, les renvoie à leur humanité, contrairement à « la sublime indifférence d’une nature vierge dont l’écrasante force élémentaire les oblige à tourner sans répit dans le cercle de leur biologie parfaitement ajustée au vaste cycle de l’économie de la nature » dit Hannah Arendt dans La Condition de l’homme moderne. Le monde habité par l’homme est artificiel, c’est-à-dire un produit de l’art humain. Autrement dit, l’homme est « homo faber » avant d’être « homo sapiens » ou « homo loquens ». « Si nous pouvions nous dépouiller de tout orgueil, si, pour définir notre espèce, nous nous en tenions strictement à ce que l’histoire et la préhistoire nous présentent comme la caractéristique constante de l’homme et de l’intelligence, nous ne dirions peut-être pas Homo sapiens, mais Homo faber » dit Bergson dans L’évolution créatrice. (Cf. aussi le mythe de Prométhée). Le monde est un ouvrage d’art (au sens des arts et métiers), c’est-à-dire un environnement matériel stable, incarné dans des objets durables qui sont les produits de l’ingéniosité humaine; et c’est cet environnement qui est, selon Arendt, la destination des œuvres d’art (au sens des Beaux- arts). Ainsi, le monde n’est pas la société. Le monde est un environnement culturel caractérisé non seulement par des symboles et des règles, selon le critère proposé par Lévi-Strauss, mais par des productions matérielles durables : des objets. L’être humain produit des choses « qu’on ne rencontre pas dans la nature ». « Le monde est lié aux productions humaines, aux objets fabriqués de main d’homme, ainsi qu’aux relations qui existent entre ses habitants » précise Hannah Arendt dans La Condition de l’homme moderne. Mais le concept de monde n’est pas synonyme de culture au sens courant du terme, car une culture est liée à une société particulière alors que le monde dont parle Arendt est commun à tous les hommes. Il n’est pas relatif à une société particulière. Il a l’universalité de la nature. En opposant le monde humain à la nature et en associant l’art exclusivement au monde humain, Hannah Arendt rend au moins justice à la vocation de l’art, qui est d’abord, comme l’a fortement souligné Gilson, de « faire ». Cela exclut-il la possibilité qu’une chose naturelle puisse être esthétiquement évaluable ? Non. Mais le bois flotté, la pierre, le coquillage, promus au rang d’œuvres d’art supposent au moins cette intervention humaine minimale par laquelle l’objet sélectionné est en quelque sorte arraché à la nature et introduit dans le monde humain où il est présenté à l’évaluation esthétique. Parmi les productions humaines qui contribuent à former ce monde durable proprement humain, Hannah Arendt va distinguer les productions selon leur durée de vie d’une part puis selon leur fonctionnalité d’autre part. Le graphe ci-dessous résume la classification établie par Hannah Arendt : 2. La spécificité de l’œuvre d’art Examinons les productions humaines dans l’ordre croissant de leur durabilité, mais sans dissocier les deux critères de durée et de fonctionnalité car ils sont indissociables. Les produits de l’action Ce sont « les événements, les actes et les mots ». Ils sont éphémères en ce sens qu’ils ne durent que le temps de leur accomplissement. Ils sont ponctuels, instantanés, actuels par excellence : ils appartiennent au présent. Un produit de l’action peut durer de quelques secondes à quelques heures ou même quelques jours. L’unité de référence temporelle est ici la journée. Par « produits de l’action », Hannah Arendt désigne l’acte lui-même, le simple fait d’agir, et non ce que l’acte produit. Une série d’actes, peut produire un objet dans une relation de cause à effet. Par exemple, le vannier produit un panier en tressant l’osier, mais le produit de l’action de vanner, c’est la série des actes de tressage et non le panier d’osier produit par ces actes. On a donc : L’action produit l’acte qui produit un objet: Ex.: Le vannage produit l’acte de tresser qui produit le panier Un produit de l’action si « transitoire » soit-il, peut perdurer indirectement de deux manières : d’une part, il peut être conservé dans la mémoire que l’homme en a, d’autre part « par ses facultés de fabrication ». Dans l’exemple de l’action de vanner, d’une part, on peut se souvenir de l’avoir fait et le raconter, d’autre part le panier fabriqué est la trace matérielle du tressage qui l’a produit. Dans les deux cas, le produit de l’action survit dans son signe. Le langage, en tant que système de signes, re-présente les produits de l’action dans des récits mémorisés ou transcrits. Il est l’instrument par excellence de la mémoire personnelle ou collective. Les objets fabriqués sont aussi des signes des actions, soit parce qu’ils les symbolisent (monuments aux morts, plaques commémoratives, arcs de triomphe...), soit parce qu’ils en sont les vestiges (les trous d’obus et les blockhaus sur les plages du débarquement, les ombres laissées par les corps de certaines victimes sur des pans de murs au moment de l’explosion atomique à Hiroshima), soit encore parce qu’ils en sont les produits (le panier produit par les actes du vannier). Les produits de l’action sont utiles, on le sait par déduction, puisque H. Arendt dit que les œuvres d’art « sont les seules choses à n’avoir aucune fonction dans le processus vital de la société ». Quelle est alors la fonction des produits de l’action ? Le texte ne le dit pas. Mais on peut voir que sans action, aucune production n’est possible. Les actions ont donc une utilité indirecte, via l’utilité du produit de leur produit. Mais les actions, en tant qu’elles produisent des actes, des paroles et des événements ont aussi une fonction directe : la mise en relation des acteurs dans l’exercice de leur liberté d’agir. Tout acte est une mise en situation : situation de communication, situation d’interaction. L’action est pour H. Arendt une mise en espace de la liberté humaine. « Être libre et agir ne font qu’un » dit Arendt (La Crise de la culture, «Qu’est-ce que la liberté?», p. 198). La liberté est une forme de « virtuosité dans l’action » : la capacité de faire advenir l’improbable par son intervention dans le monde. C’est en ce sens que Hannah Arendt dit que l’homme libre est un « faiseur de miracle »: il fait se produire un « événement » au sens fort du terme, c’est-à-dire ce qui, sans lui, aurait eu très peu de chance d’arriver. C’est cela la fonction de l’action : l’exercice de la liberté. Les produits de consommation Moins éphémères que les produits de l’action, les produits de consommation courante sont les denrées périssables comme la uploads/Industriel/ correction-hannaharendt-art.pdf
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- Publié le Fev 22, 2021
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