UL 2000 DAVID MATTEO L'INTERPRETATION DE LA TERREUR ET LA CONCEPTION DE LA RÉPU
UL 2000 DAVID MATTEO L'INTERPRETATION DE LA TERREUR ET LA CONCEPTION DE LA RÉPUBLIQUE DANS LES HISTOIRE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE DE JULES MICHELET ET DE LOUIS BLANC Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures de l'Université Laval pour l'obtention du grade de maître es arts (M.A.) Département d'histoire FACULTÉ DES LETTRES UNIVERSITÉ LAVAL MARS 2000 David Matteo, 2000 RESUME Chez les historiens Jules Michelet et Louis Blanc, l'interprétation de la Terreur est déterminée par leur conception respective de la République, par leur explication de l'échec de la IIe République et du retour de l'Empire. Pour Michelet, un républicain libéral ouvert à une réforme sociale, la légitimation de l'idée républicaine passe par la dissociation de ce qui l'incarna en l'an II, le peuple et la Convention, de la guillotine et de la dictature de salut public. La faute en revient au « fanatisme monastique » de la secte jacobine et à la démesure idéologique de son pontife, Robespierre. Au contraire, pour le socialiste jacobin qu'était Blanc, l'an II avait été l'anticipation de la fraternité socialiste ; Robespierre et les Jacobins, les défenseurs du peuple et de l'idéal de justice de la Révolution. La Terreur et la dictature furent des nécessités transitoires attribuables au grave péril qui menaçait la République. - , ,—, ^ , - v a — Christine Piette Bavid Matteo Directrice de recherche Candidat REMERCIEMENTS Je tiens à remercier ma directrice de recherche, madame Christine Piette pour la patience et la grande compétence avec lesquelles elle m'a guidé tout au long de cette entreprise. Ses conseils et ses critiques éclairés furent d'un secours précieux. J'ai une profonde gratitude pour l'inestimable support apporté par mes parents. Je dédie ce mémoire au doux souvenir de Stéphane Matteo. TABLE DES MATIERES Page RÉSUMÉ i REMERCIEMENTS ii TABLE DES MATIÈRES iii INTRODUCTION 1 PREMIÈRE PARTIE : LA TERREUR RÉVOLUTIONNAIRE 21 CHAPITRE I : BILAN CRITIQUE DES CONNAISSANCES 21 1.1 La Terreur : phases et institutions 22 1.2 Les circonstances et l'idéologie jacobine 28 1.3 La Terreur en province : les résistances à la Révolution et les contextes locaux 32 1.4 L'instrumentalisation de la Terreur par le gouvernement révolutionnaire 38 DEUXIEME PARTIE : .JULES MICHELET, L'HISTOIRE DE LA TERREUR ET LA LÉGITIMATION DE LA RÉPUBLIQUE-PEUPLE 45 CHAPITRE I : MICHELET, L'HISTORIEN DE LA RÉVOLUTION ET LE PROPHÈTE DE LA RÉPUBLIQUE 45 1.1 La vie intellectuelle et l'engagement politique de Michelet 46 1.2 La République et la question sociale 49 1.3 La Révolution : la révélation de la justice et l'avènement du peuple 55 IV Page CHAPITRE II : LA TERREUR, OU LA CONFISCATION DE LA RÉPUBLIQUE PAR LA MACHINE JACOBINE ET LA DICTATURE DE ROBESPIERRE 60 2.1 La chute de la Gironde : la Convention violée 61 2.2 Le péril national 68 2.3 La dictature jacobine : la solution à l'indifférence publique 73 2.4 La papauté de Robespierre 83 2.5 La fin de l'Incorruptible 94 TROISIÈME PARTIE : LOUIS BLANC, ROBESPIERRE ET LA RÉPUBLIQUE SOCIALISTE 103 CHAPITRE I : BLANC, SOCIALISME ET RÉVOLUTION 103 1.1 Blanc : le journaliste, l'historien et l'homme politique 104 1.2 Blanc et le socialisme jacobin 112 1.3 La Révolution : l'aube de la fraternité 116 CHAPITRE II : LA TERREUR, L'ANTITHESE DE LA RÉPUBLIQUE ROBESPIERRISTE 121 2.1 Le 2 juin : quand l'arme se retourne contre son créateur 123 2.2 Les circonstances, ou la nécessité temporaire de la Terreur 130 2.3 Les Hébertistes : les excès de la Terreur 142 2.4 Robespierre : la République, l'équilibre et la justice 148 2.5 Le dernier républicain : la chute de Robespierre 158 CONCLUSION 169 BIBLIOGRAPHIE 177 ANNEXE A : La grille de lecture 183 INTRODUCTION La Révolution française proclama la souveraineté populaire, mais elle coïncida avec la dictature du Comité de salut public et la Terreur de l'an II. Comment le pouvoir nouvellement acquis du peuple sur lui-même a-t-il pu aboutir au despotisme de quelques-uns au nom de tous? Ce questionnement a été au centre des préoccupations de nombreux penseurs du XIXe siècle. Il était fondamental pour les Français, encore en quête d'une solution à la rupture révolutionnaire, obsédés par la recherche de l'équilibre entre la société et ses institutions politiques. Suivant le constat de François Furet, « [l]a France du XIXe siècle ne pense la politique qu'à travers son histoire »'. Ainsi, la vie politique de l'époque était dominée par des catégories héritées de la Révolution de 1789 ; par l'antagonisme essentiel entre la Révolution et la Contre-Révolution. Il était dans l'ordre des choses que la mort de la Seconde République et le retour de l'Empire poussent les historiens républicains à revoir l'histoire de la Révolution. Aussi, « ...l'image obsédante [de la guillotine] couvrait celle de la République pour la majorité des Français de ce temps »2. Du régime de Juillet finissant à l'aurore de la Troisième République (1847-1870), l'interprétation de la Terreur et la question du jacobinisme constituaient à la fois une ligne de partage et un champ de bataille entre les républicains libéraux et les républicains socialistes3 : il fallait conjurer et expliquer au profit de son option politique le double héritage de Terreur et de dictature associé à la République. Cette superposition des clivages La gauche et la Révolution française au milieu du XIXs siècle : Edgar Quinet et la question du jacobinisme. 1865-18 70, textes présentés par Marina Valensise, Paris, Hachette, 1986, p. 8. Maurice Agulhon, Nouvelle histoire de la France contemporaine, t. 8 : 1848 ou l'apprentissage de la République. 1848-1852, nouv. éd. rev. et aug., Paris, Seuil, 1992 (1973), p. 44. A cette époque, le socialisme (prémarxiste) ne désignait pas une idéologie collectiviste clairement codifiée, mais bien plutôt un élan humanitariste, un « esprit social ». C'est la raison pour laquelle nous réunissons sous le vocable de socialiste l'ensemble des courants plus à gauche que les radicaux, qu'ils soient communistes ou non. Idem, « Les républicains sous le Second Empire », dans Dictionnaire du Second Empire, Jean Tulard, dir., Paris, Fayard, 1995, p. 1117. historiographique et politique est particulièrement marquée dans les Histoire de la Révolution française de Louis Blanc et de Jules Michelet. Notre sujet se positionne bien dans l'évolution de la discipline historique. L'histoire politique, fondée sur l'idée qu'ont ses praticiens de la primauté relative du politique sur les autres sphères de l'activité humaine, est passée, au cours des trente dernières années, de l'étude « ...des trônes et des dominations... »4 à l'étude du pouvoir et de la vie politique dans leur relation à la société. La critique, largement justifiée, faite de l'histoire politique par les tenants du courant annaliste et du primat des déterminants socio-économiques - à savoir, que celle-ci s'était ossifiée dans une approche positiviste, événementielle, narrative, élitiste - ne tient plus aujourd'hui5. L'histoire du politique, au contact d'autres sciences sociales telles la sociologie et la science politique, prend désormais en compte les phénomènes de masse quantifiables et leur structuration dans le temps long, la permanence et le changement. Entre autres, de nouveaux objets - l'étude des partis, des idéologies et des cultures politiques ; de la sociologie et de la géographie électorales - et de nouvelles méthodes - compilation statistique, analyse multivariée, analyse de contenu et sondage d'opinion - ont permis d'observer les relations étroites et multiples qui se tissent entre l'État et son substrat social. Traditionnellement proche de la philosophie politique par son intérêt pour les grandes oeuvres, l'histoire des idées politiques a également subi un renouvellement profond. Les historiens portent maintenant beaucoup plus d'attention aux rapports entre les oeuvres et leur contexte de production6. Notre mémoire se rattache ainsi à l'évolution récente de l'histoire politique et de l'histoire des idées politiques : il considère un affrontement idéologique à l'intérieur de la famille politique républicaine, c'est-à-dire dans une perspective qui dépasse le temps court (1847-1870) et le strict fonctionnement de l'État tout en restant du domaine politique. Nous serons aussi attentifs au contexte politique, à l'impact de la succession des régimes et des événements sur les auteurs et leurs oeuvres. En définitive, cette double filiation y René Remond, « Une histoire présente », dans Pour une histoire politique, 2e éd. rev., René Rémond, dir., Paris, Seuil, 1996 (1988), p. 16. 5Ibid., p. 15-16. Michel Winock, « Les idées politiques », dans Pour une histoire..., p. 239. se marie dans une approche historiographique à la confluence de l'histoire de l'idée républicaine et de l'historiographie de la Terreur. Notre sujet prescrit une récapitulation des récents développements historiographiques concernant la Révolution française et la Terreur jacobine ainsi que le positionnement de Blanc et de Michelet dans l'historiographie révolutionnaire au XIXe siècle. Contrairement aux historiens du siècle dernier, qui avaient une intelligence principalement politique de la Révolution, ceux du XXe siècle, depuis Jean Jaurès, ont surtout expliqué le cours de la Révolution par le jeu des structures socio-économiques. Participant à la fois au mouvement des Annales et à la montée du marxisme, « l'interprétation sociale classique » de la Révolution française, arrivée à maturité avec Georges Lefebvre et Albert Soboul, présentait celle-ci comme l'aboutissement logique d'une lutte de classes entre uploads/Histoire/ david-matteo-de-la-republique-dans-les-histoire-de-la-revolution-francaise.pdf
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- Publié le Mai 23, 2022
- Catégorie History / Histoire
- Langue French
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