Clotaire II Clotaire II, dit le Jeune, né en mai[1] 584, mort le 18 octobre 629
Clotaire II Clotaire II, dit le Jeune, né en mai[1] 584, mort le 18 octobre 629, est roi de Neustrie de 584 à 613 et roi des Francs de 613 à 629, après la conquête du royaume d'Austrasie et du royaume de Bourgogne. Sa victoire de 613 sur la reine Brunehilde (Brunehaut) met fin à la longue période de guerres entre rois francs, commencée en 570, et dont deux protagonistes ont été les parents de Clotaire, Chilpéric Ier et Frédégonde. 1 Introduction 1.1 Le contexte historique : les territoires francs au VIe siècle Le règne de Clotaire II se situe dans le cadre territorial et politique issu du partage du royaume franc effectué en 561 à la mort de Clotaire, fils de Clovis et grand-père de Clotaire II. À la mort de Clovis, en 511, quatre royaumes avaient été créés avec pour capitales : Reims, Soissons, Paris et Or- léans, l'Aquitaine étant répartie séparément. Dans les an- nées 550, Clotaire, dernier survivant des quatre frères re- constitue l'unité du royaume franc, augmenté du territoire burgonde (Burgundia, Burgondie, Bourgogne) conquis entre temps. En 561, les quatre fils de Clotaire effectuent un partage analogue à celui de 511 : Sigebert à Reims, Chilpéric à Soissons, Caribert Ier à Paris, Gontran à Orléans, ce der- nier royaume incluant maintenant le territoire burgonde. Ils se répartissent de nouveau l'Aquitaine séparément. Très vite, Sigebert déplace sa capitale de Reims à Metz ; Gontran déplace la sienne d'Orléans à Chalon. À la mort de Caribert en 567, sa part est partagée entre les trois survivants : en particulier, Sigebert (Metz) reçoit Paris et Chilpéric (Soissons) Rouen. C'est à cette époque, vers la fin du VIe siècle, qu'apparaissent les deux nouvelles dénominations d'Austrasie pour le royaume de Metz et de Neustrie pour le royaume de Soissons et ses dépendances. 1.2 Le contexte historique : la faide royale et les ambitions de Frédégonde Dans les années 560, Sigebert et Chilpéric épousent deux sœurs, filles du roi wisigoth d'Espagne Athanagild : les princesses Brunehilde (Brunehaut) et Galswinthe. Mais Chilpéric est attaché à une concubine, Frédégonde, et assez rapidement, Galswinthe réclame d'être renvoyée à Tolède. Vers 570, elle est assassinée et les soupçons se portent sur Chilpéric, qui aurait volontiers répudié Gals- winthe, mais ne voulait pas qu'elle emporte sa dot. Puis il fait officiellement de Frédégonde une reine des Francs. En l'absence de père, mort depuis quelques années, c'est Brunehilde qui devient responsable des représailles contre Chilpéric. Celui-ci accepte d'abord de payer une composition (wergeld), puis se lance dans une série d'opérations militaires contre Sigebert. C'est le début de ce qu'on appelle la "faide royale”[2], qui ne prendra donc fin qu'en 613. Les principaux épisodes sont, jusqu'à l'assassinat de Chilpéric en 584 : l'assassinat de Sigebert (575) ; l'emprisonnement de Brunehilde, puis son mariage avec un fils de Chilpéric ; le retour de Brunehilde auprès de son fils Childebert II, successeur de Sigebert. Par ailleurs, Frédégonde s’efforce d'assurer sa position, assez fragile, étant donnée qu'elle est d'origine servile, en éliminant les fils que Chilpéric a eu de sa précédent épouse Audovère : Mérovée et Clovis. Ses propres en- fants, cependant, meurent très jeunes dans des conditions qu'elle juge suspectes. Lorsque Frédégonde a un fils au printemps 584, il est le futur successeur de Chilpéric, à condition de vivre assez longtemps. 1.3 Les sources Les principales sources d'époque sont la chronique de Grégoire de Tours et celle de Frédégaire. Mais il faut savoir que leurs auteurs sont de parti pris, Grégoire, évêque de Tours, est même un acteur des conflits de l'époque. L'Histoire des Francs de Grégoire de Tours de la fin du VIe siècle, s’arrête vers 572. Elle est favorable à la reine Brunehilde et à Sigebert et extrêmement hostile à Chil- péric et à Frédégonde. La chronique de Frédégaire, du VIIe siècle, commence en 584, est en revanche hostile à Brunehilde. 1 2 2 BIOGRAPHIE DE CLOTAIRE II Clotaire II traitant avec les Lombards (miniature des Grandes chroniques de France ; manuscrit 512 de la bibliothèque munici- pale de Toulouse, fo 55 vo.) 2 Biographie de Clotaire II 2.1 Naissance de Clotaire (mai 584) Le nouveau-né ne reçoit pas de nom à sa naissance ; ce- ci dans le but de ne pas propager d'inquiétude liée à la symbolique du nom mérovingien. Voulant choisir un par- rain en fonction de l'évolution des troubles qui agitent le royaume des Francs, son père ne le fait pas baptiser immédiatement[3]. Chilpéric et Frédégonde ont aussi le souci de protéger leur enfant, étant donné que ses prédécesseurs morts jeunes ont peut-être été victimes d'assassinats. Il est élevé en secret dans la villa royale de Vitry, en Ar- tois. 2.2 La mort de Chilpéric (septembre 584) et ses conséquences En septembre 584, Chilpéric Ier est assassiné près de sa villa de Chelles, peut-être sur ordre de la reine Brunehilde[4], après une partie de chasse. Cet événement produit un désordre général. Désordres dans le royaume Les Grands de Neustrie pillent les trésors de Chilpéric, notamment son missorium d'or[5] et s’emparent de tous les documents importants, pour se réfugier en Austrasie. La princesse Rigonde, en chemin vers l'Espagne en vue d'épouser le prince Recarède, est attaquée à Toulouse par le duc Didier, lié à la conspiration de Gondovald, qui lui vole tout ce qui reste de sa dot, de sorte qu'elle est obligée de renoncer à son mariage[6]. Des guerres éclatent entre des cités rivales, ainsi Orléans et Blois se dressent contre Chartres et Châteaudun[7]. Rapprochement de Frédégonde avec Gontran La reine Frédégonde réussit à conserver ses trésors personnels et quelques officiers, comme Ansoald et Audon[8], alors que d'autres l'abandonnent, comme le chambrier Eberulf[9]. Elle fait emmener son fils de Vitry à Paris et envoie un message à Gontran, roi de Bourgogne, pour qu'il accepte d'adopter l'enfant[10] et d'exercer la ré- gence jusqu'à sa majorité. Childebert II, qui se trouvait vers Meaux au moment du meurtre de Chilpéric, se déplace à Melun[réf. nécessaire], en- visageant de prendre Paris, mais Gontran le devance. Des pourparlers s’engagent entre Childebert II et Brunehilde d'une part, Gontran d'autre part : mais Gontran refuse qu'ils entrent dans la ville. Il refuse également[11] de leur livrer Frédégonde, que Brunehilde réclame en invoquant le régicide de Sigebert Ier, des princes Mérovée et Clovis et même de Chilpéric Ier. L'assemblée de Neustrie et la reconnaissance de Clotaire Gontran convoque ensuite une assemblée des Grands de Neustrie, au cours de laquelle l'enfant de Frédégonde est reconnu comme fils de Chilpéric Ier, bien que des doutes sur sa paternité aient été évoqués[11],[12]. Ils décident de lui donner le nom de Clotaire[11], nom du grand-père du nouveau-né. Celui-ci est alors adopté par Gontran. 2.3 Le gouvernement de Gontran (584- 587[13]) Reprise en main du royaume de Neustrie L'officier[14] Ansoald est chargé de reprendre le contrôle des villes neustriennes délaissées depuis la mort du roi. Elles font alors serment de fidélité à Gontran et à Clotaire[15]. Gontran tente de remettre de l'ordre dans les affaires de Neustrie : contre l'avis de Frédégonde et peut- être pour montrer son autorité[16], il redonne son siège épiscopal de Rouen à Prétextat[17] et démet de ses fonc- tions Melaine qui le remplaçait. L'évêque Promotus de Châteaudun, dont le diocèse avait été rétrogradé en paroisse à la suite du concile de Paris 2.5 Les relations avec l'Austrasie et la Bourgogne (592-613) 3 en 573 pour avoir été nommé à ce poste au mépris des lois canoniques, réclame sa restitution après avoir été exi- lé à la mort de Sigebert Ier. Il ne récupère que ses biens personnels[18]. Quelque temps après, réapparaît la menace austrasienne. Deux envoyés de Brunehilde, le duc Gararic et le cham- brier Eberon, réussissent à faire passer Limoges[19], Tours et Poitiers sous influence austrasienne, avec l'aide des évêques Grégoire de Tours et Venance Fortunat[20]. Gon- tran envoie des troupes récupérer les cités perdues qui sont toutes reprises et retournent dans ses états. Frédégonde est envoyée dans la villa de Vaudreuil, dans le diocèse de Rouen[21], où elle est sous la surveillance de l'évêque Prétextat. Le baptême de Clotaire Durant l'été 585, Gontran revient à Paris pour être le parrain de Clotaire ; il fait jurer à Frédégonde, trois évêques et trois cents aristocrates de Neustrie, que Clo- taire II est bien fils de Chilpéric Ier. Mais le baptême est annulé[réf. nécessaire]. Il est prévu de réunir un concile à Troyes, mais les Austrasiens refusent d'y participer si Gontran ne déshérite pas Clotaire. Le concile est donc déplacé à Mâcon (en Bourgogne) et a lieu le 23 octobre 585[22]. Frédégonde visite Prétextat sur son lit de mort par Lawrence Alma-Tadema. 2.4 Le rétablissement de Frédégonde[23] et le conflit avec Gontran (587-592) Alors que Gontran tente de s’emparer de la Septimanie wisigothique, Frédégonde tente de d'échapper à la sur- veillance de l'évêque Prétextat pour fuir Rouen. Durant une messe dominicale, Prétextat est poignardé. Comme il ne meurt pas tout de suite, Frédégonde va se recueillir auprès de lui et lui demande s’il a besoin de ses méde- cins. L'évêque l'accuse ouvertement uploads/Histoire/ clotaire-ii.pdf
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- Publié le Oct 06, 2021
- Catégorie History / Histoire
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