1 CONCOURS GENERAL Discipline : Histoire Rapport de jury Session 2019 Rapport p

1 CONCOURS GENERAL Discipline : Histoire Rapport de jury Session 2019 Rapport présenté par Olivier Grenouilleau, IGEN, Président du jury 2 Composé de professeurs de l’enseignement secondaire et des classes préparatoires aux grandes écoles, le jury du Concours général d’histoire 2019 a examiné 534 copies. Le sujet Son intitulé (« L’année 1945 ») pouvait éventuellement surprendre par sa brièveté et sa simplicité, et, plus encore, parce qu’il portait sur une période très courte de notre histoire contemporaine. Mais l’étroitesse temporelle était compensée par l’étendue géographique, aucune limite n’étant posée à cette échelle. Et une rapide recension des sujets de ces dernières années montre qu’aucun axe thématique ou chronologique n’est privilégié. La règle, s’il en est une, conduit plutôt à proposer à la réflexion des périodes d’étendue variée, portant sur le temps long, une décennie, ou bien, cette fois, une seule année. Mais une année phare, délimitant classiquement les deux vingtièmes siècles, et conduisant à mobiliser des connaissances générales que l’on pouvait espérer être maîtrisées par les élèves, car régulièrement travaillées tout au long du cursus scolaire : déroulement des opérations militaires, conférences accompagnant la fin de la guerre, génocide et procès, bilan humain et moral, débuts de la guerre froide … De fait, pratiquement tous les candidats ont repéré les grandes articulations du sujet : sortie de guerre, reconstruction d’un monde nouveau, apparition de nouveau périls. Le caractère « année de transition » pour 1945 a été bien perçu et traité par les candidats. Les copies témoignent d’une assez bonne maîtrise des enjeux liés à la fin du conflit (particulièrement pour ce qui concerne le cas de l’Allemagne nazie), et à la mise en place des tensions entre les deux grands vainqueurs. Les connaissances sont globalement riches et quelquefois construites sur une connaissance de l’historiographie. Les difficultés concernent essentiellement le traitement du sujet à cause d’une approche tronquée de ce dernier qui ne débutait, pour nombre de candidats, que début mai 1945. Pour traiter le sujet, les candidats devaient cette année effectuer un travail de contextualisation important. En effet, 1945 est une année riche en événements et traiter ces événements en les sortant de leur contexte pouvait rapidement transformer la copie en catalogue où la connaissance événementielle prenait le pas sur la réflexion. Avec un sujet ne présentant pas de difficulté quant à la problématisation, avec un plan aisé à construire, ce sont bien la capacité à mobiliser des connaissances et celle à développer une réflexion organisée et argumentée qui étaient scrutées par le jury. Dès lors, les copies de moins 3 de huit pages (2 copies doubles), même si elles témoignaient d’une réflexion pertinente, ne pouvaient rivaliser avec des travaux plus consistants, argumentés, capables de mobiliser un large éventail de connaissances. Mais, il faut à nouveau y insister : au-delà d’une restitution de connaissances bien rédigées (préalable que l’on devrait considérer comme acquis), les candidats doivent comprendre que c’est leur capacité à réfléchir, analyser, argumenter et problématiser que l’on valorise. Les principaux écueils Les critères de sélection étaient connus. Le jury attendait des candidats une aptitude à définir les contours du sujet, à poser une problématique et à la mettre en œuvre au moyen d’une démonstration organisée et bien écrite. On est en mesure d’attendre une bonne maîtrise de la langue et une syntaxe correcte. On peut aussi attendre des copies lisibles et claires, n’obligeant pas à passer plus de temps à déchiffrer les mots qu’à suivre la réflexion et la démonstration du candidat. Parmi les qualités susceptibles de faire la différence, indiquons l’aisance du style, l’absence d’impasses, la capacité à intégrer un peu d’historiographie, à traiter le sujet de manière large (ici dans la totalité de l’année 1945, dans l’espace et dans ses dimensions thématiques variées) et à défendre une vraie thèse. Il est toujours dommage de constater que des candidats faisant parfois preuve de maturité intellectuelle, d’une relative érudition et de quelques références historiographiques se voient pénalisés en raison d’éléments rédhibitoire forts : expression parsemée de fautes ou contre-sens historiques graves, expressions malheureuses, maladresses dans l’évocation de certains débats historiographiques. L’histoire se dit avec des mots. Et, dans un concours, l’erreur grossière sur un point important ne peut être compensée par une bonne idée. Des candidats n’ont pas su dater le début et la fin de la guerre, ont confondu alliances de la Première et de la Seconde guerre mondiale, n’ont pas fait référence aux acteurs (à part Hitler et Staline)… S’il est désormais illusoire de lire une copie sans fautes d’orthographe et de syntaxe, celles de 2019 sont indiscutablement supérieures à cet égard à celles des deux années précédentes, ce qui permet d’être rassuré quant à l’utilité du rapport du jury. D’autre part, le nombre de copies susceptibles de remporter un prix a été également plus important que lors des deux années précédentes. S’il est déjà arrivé que le jury ne décerne pas tous les prix, cette année il a fallu faire des choix, ce dont on ne peut que se réjouir. 4 Les principaux éléments attendus ayant été assez facilement perçus par les candidats, la sélection s’est opérée cette année moins en fonction de l'originalité de la problématique ou du plan (même si cela a pu, ponctuellement, être le cas) que dans le travail de problématisation et la maîtrise des connaissances. Deux points qu'il convient de développer afin de rappeler aux candidats ces attentes fortes du jury. La formulation d’une problématique reste un exercice difficile. Il ne suffit pas de mettre le sujet à la forme interrogative (en l’associant ici aux termes de rupture ou d’année charnière) et d’y revenir rapidement en conclusion. Il faut que l’angle d’approche choisi permette d’aborder tous les éléments du sujet et soit, explicitement, constamment mis en œuvre ; que les transitions, et tous les éléments de la copie soient mis à son service. Il en va de même des connaissances. Indispensables, nombreuses, précises, faisant référence aux acteurs, aux événements, aux faits, elles doivent être contextualisées, commentées, et venir étayer une démonstration. Seules et « récitées », elles ne peuvent suffire. Ce que l’on pouvait attendre Deux approches du sujet sont apparues parmi les candidats : un focus sur l'année 1945 stricto sensu, ou une réflexion plus élargie analysant l'année 1945 comme le point d'aboutissement ou d'émergence d'événements antérieurs et postérieurs. Il fallait, au brouillon, établir un panorama (sous forme de tableau par exemple) des faits, acteurs, thèmes, événements, idées… incontournables sur le sujet, et trouver ensuite un moyen de les organiser en parties cohérentes et équilibrées. Certains éléments pouvaient apparaître dans l’une ou l’autre des parties. Aucun plan n’était donc privilégié. On attendait de l’introduction qu’elle explicite les enjeux du sujet notamment ceux de la fin de la guerre et de sa sortie, à l’échelle européenne et mondiale. Les candidats pouvaient facilement entrer dans le sujet par des citations historiographiques ou littéraires relatives, par exemple, au « dernier degré de sauvagerie » atteint par « la civilisation mécanique » (Albert Camus, à propos de l’explosion de la première bombe atomique sur Hiroshima, dans un éditorial du journal Combat daté du 8 août 1945). Il fallait aussi se positionner sur les bornes chronologiques. En n’oubliant pas (ce qui a été souvent le cas) les dernières phases de la guerre en Europe (ex : la bataille des Ardennes) et dans le Pacifique (reprise extrêmement difficile des îles occupées par les Japonais, bombardements américains de Tokyo faisant plusieurs dizaines de milliers de morts en mars 1945…). En 1945, le monde doit donc d’abord finir la guerre. Il doit aussi se reconstruire ; 5 point sur lequel les candidats ont été plus prolixes. Il voit, enfin, apparaître de nouvelles sources de tensions (entre l’Est et l’Ouest, les puissances coloniales et les peuples colonisés, en Indochine, Indonésie, Algérie…). Ce qui importait, à ce propos, c’est de souligner les éléments annonciateurs de ces tensions, visibles en 1945, sans anticiper sur ce que l’on ne pouvait prévoir à l’époque, et sans se lancer dans des développements hors sujet d’un point de vue chronologique. La fin de la guerre, en Europe puis en Asie (les territoires libérés étant parfois difficiles à reprendre en main par les Alliés avec comme illustration possible la question des contestations du colonialisme) pouvait donner lieu à une première partie. Un deuxième temps étant consacré à ce monde détruit et traumatisé : le lourd bilan humain, la « découverte » des camps, les comportements de l’armée japonaise, l’utilisation de l’arme atomique, les populations déplacées et les destructions matérielles, l’endettement public obérant les capacités de reconstruction et rendant les Etats encore plus dépendants de la puissance américaine... Pour terminer, on pouvait s’intéresser aux espoirs de reconstruction d’un monde nouveau (projets issus de la Résistance), à leurs premières réalisations (dénazification, Bretton Woods, BIRD, FMI – dès 1944…), mais aussi à leurs limites, avec l’annonce de la grande rivalité entre les USA et l’URSS. Les deux grandes conférences (Yalta et Postdam) avaient une place de choix tout comme le procès de Nuremberg. On aurait souhaité que les candidats face preuve d’une analyse critique notamment pour la uploads/Histoire/ cgl-2019-histoire-rapport-de-jury.pdf

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  • Publié le Dec 26, 2022
  • Catégorie History / Histoire
  • Langue French
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