Axe conclusif . L’histoire et les mémoires du génocide des Juifs et des Tsigane
Axe conclusif . L’histoire et les mémoires du génocide des Juifs et des Tsiganes (objet de travail conclusif) Introduction L’objet de travail conclusif nous conduira à étudier comment le génocide des juifs et des Tsiganes s'est inscrit dans la mémoire collective de la Seconde Guerre mondiale en Europe et aux États-Unis. Depuis les années 1970, l'hommage patriotique aux combattants morts à la guerre a fait place à un devoir universel de mémoire, célébrant les droits de l'Homme et la tolérance. Comment les mémoires du génocide des juifs et des tsiganes se sont-elles transmises depuis 1945 ? I) Lieux de mémoire du génocide des Juifs et des Tsiganes 1. Lieux de mémoire Les génocides de la Seconde Guerre mondiale représentent, dans le monde occidental, le paroxysme des souffrances : tourments en tant que supplices et tortures, tourments en tant que souffrances physiques, affectives, morales, et, enfin, tourments en tant que son souvenir continue de hanter nos sociétés contemporaines. Ainsi au cours des décennies 1970 1980, la notion de « devoir de mémoire » s’est progressivement imposée en France . La mémoire des lieux et les lieux de mémoire constituent un élément clef pour lutter contre l’oubli. L’un des points communs à la plupart des génocides] est que ceux qui les ont perpétrés ont tout fait pour qu’il ne subsiste plus trace de leur crime, on aboutit à la conclusion qu’il est souvent difficile de faire du lieu d’un génocide un lieu de mémoire : de cela, le cas de l’effacement des traces de la Shoah en Pologne est parfaitement représentatif. En effet, alors que les nazis décident de planifier dans le plus grand secret la « solution finale de la question juive » à la conférence de Wannsee (20 janvier 1942), Himmler charge l’un des commandants des sections meurtrières Einsatzgruppen d’« effacer les traces des exécutions ». L’effacement des traces se poursuivit avec la destruction totale des camps de Belzec, Sobibor et Treblinka, et des crématoires de Birkenau. Ces lieux de mémoire sont restés peu nombreux jusqu'aux années 1970, puis ils se sont multipliés notamment du fait de l’action de groupes mémoriels davantage pour le génocide des juifs que pour celui des Tsiganes. Les lieux de mémoire peuvent être des lieux d’arrestation, de regroupement ou d’extermination, aux infrastructures du génocide des juifs et des Tsiganes. Ils peuvent aussi avoir été implantés dans d’autres lieux(ex situ ) : Paris, Jérusalem, Berlin. 2Lieux de mémoire : histoire, dispositifs et questionnements actuels -Les musées-mémoriaux ex situ Éléments des grandes métropoles les musées à la mémoire du se multiplient : le Mémorial aux Juifs assassinés d’Europe et Roms assassinés, à Berlin, côtoie, au cœur de la capitale réunifiée, la porte de Brandebourg et le bunker d’Hitler. La circulation des visiteurs, devenus témoins, passeurs et porteurs de mémoires à l’issue de leurs visites dans les grands musées-mémoriaux contribue à produire et à renforcer la mémoire du génocide. -Les musées-mémoriaux in situ En 1947, le site d'Auschwitz-Birkenau (en Pologne, à l’Ouest de Cracovie, à proximité de la frontière tchèque) est devenu un musée. Il est alors devenu un lieu de mémoire, de pédagogie, de transmission, un « témoin de la barbarie »mais aussi le théâtre d'affrontements de mémoires concurrentes : catholique, communiste et résistante, juive. À des échelles plus modestes que les musées-mémoriaux de renommée mondiale, de multiples initiatives sont à l’origine de nombreux musées-mémoriaux, par exemple en France : Le Mémorial des enfants juifs exterminés de la Maison d’Izieu[89] (Ain). Le mémorial du camp de Rivesaltes[90] (Pyrénées orientales). Les musées-mémoriaux in situ sont des lieux qui produisent des émotions (la terreur, la peur, l'épouvante) et le touriste « revit » l’expérience des victimes, ce qui ne va pas sans soulever quelques questionnements historiques et éthiques Quels que soient leurs lieux d’édification, in situ comme ex situ, par l’émotion suscitée et au-delà de l’émotion suscitée, les lieux de mémoire se voient assigner plusieurs fonctions : Une fonction mémorielle : assurer la transmission de la mémoire des génocides. Une fonction pédagogique : s’adresser aux jeunes générations pour les associer au devoir de mémoire. Une fonction politique : mettre en garde, enraciner les valeurs de la démocratie et des droits de l’homme. II). Juger les crimes nazis après Nuremberg Quel rôle les procès mémoriels ont-ils joué dans la transmission de la mémoire de la Shoah ? 1. Juger les crimes nazis au lendemain de la Seconde Guerre mondiale Rappel : le procès de Nuremberg (octobre 1945-octobre 1946) Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, des tribunaux internationaux et nationaux jugent une partie des principaux criminels nazis. À Nuremberg, les génocides des Juifs et des Tsiganes sont à l'origine de la qualification de crime contre l'humanité qui est intégrée dans le droit international. De Nuremberg au procès Eichmann (1946-1961) Entre décembre 1946 et 1949, tandis que des tribunaux militaires anglais jugent les principaux responsables du camp de Ravensbrück), les procureurs américains jugent 177 personnes et condamnent 97 accusés, dont des médecins, des membres du Haut Commandement militaire allemands, ainsi que d'importants industriels allemands. Par ailleurs, de nombreux pays occupés par l'Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale (Pologne, Tchécoslovaquie, Union soviétique, Hongrie, Roumanie, France, etc.) jugent des milliers d'accusés (collaborateurs allemands et nationaux) après la Seconde Guerre mondiale. 2Le tournant du procès Eichmann (avril-décembre 1961) État des lieux à la veille du procès Israël compte en 1949 plus de 350 000 survivants du génocide, soit un Israélien sur trois. Il n'existe alors pas pour autant de récits partagés, individuels ou collectifs, de la Shoah : comme ailleurs, les survivants avaient appris à se taire. La fin des années 1950 atteste un intérêt nouveau pour le génocide des Juifs 1953 : adoption d’une loi actant la création du mémorial de Yad Vashem. 1953 : création du titre de « Juste pour ceux qui avaient, au péril de leur vie et sans compensation financière, sauvé des Juifs. 1959 : création du Yom Hashoah, le jour de la Shoah (8 avril)[99]. Le procès Eichmann En mai 1960, Eichmann est repéré en Argentine et enlevé par les services secrets israéliens, qui le transportent en Israël pour y être jugé. En même temps qu'on prépare le procès, on organise sa médiatisation. Le procès est presque intégralement filmé pour les télévisions du monde entier. Le procès s'ouvre le 11 avril 1961. Dans son réquisitoire, le procureur présente Eichmann comme « l’architecte » d’un génocide au fonctionnement parfaitement centralisé, avec des directives partant de Berlin vers les lieux de mise à mort (une vision aujourd'hui obsolète), et un monstre décisionnaire de toute l'entreprise d'extermination. Il a surtout décidé de faire reposer l'acte d'accusation non seulement sur les pièces à conviction, mais aussi sur les dépositions des témoins (111 dépositions, dont beaucoup n’avaient eu aucun rapport direct avec Eichmann ou ses actes) : le procès Eichmann marque ainsi l'avènement du témoin. D’ailleurs, après le procès, la collecte et la publication des souvenirs de survivants se multiplient. Eichmann comparaît pour quinze chefs d'accusation, qui peuvent être regroupés en quatre catégories : crimes contre le peuple juif / crimes contre l’humanité /crimes de guerre / participation à une organisation hostile . La ligne de défense d’Adolf Eichmann consiste à affirmer n'avoir rien fait d'autre qu’obéir aux ordres. Déclaré coupable pour tous les chefs d'inculpation après un procès qui dure huit mois, il est condamné à mort Un effet de catalyseur Le procès est un événement médiatique mondial. En faisant pour la première fois du génocide des Juifs une entité distincte de la criminalité nazie dans la Seconde Guerre mondiale, le procès Eichmann installe la Shoah dans l’histoire, dans la conscience collective. On assiste à la faveur du procès Eichmann à un développement de la mémoire de la Shoah. Israël s’impose alors comme le centre de la mémoire du génocide. Les choses changent lentement à la fin des années 1970. Le centre de la mémoire se déplace insensiblement d'Israël vers les États-Unis en s'américanisant et en s'universalisant. Les États-Unis sont désormais un pays où les musées mémoriaux se comptent par centaines, 3.Après Eichmann, la multiplication des procès Après le Tribunal militaire de Nuremberg, d'autres procès ont été organisés contre les criminels de guerre nazis. Toutefois le contexte de la guerre froide, les enjeux liés à la reconstruction de l'Europe et des préoccupations politiques limitent la portée de la justice mise en œuvre contre les criminels nazis. Certains gouvernements, des descendants de victimes ou des associations participent à la traque contre l'impunité, et contribuent à sensibiliser l'opinion publique. De nouveaux procès marquent alors une rupture historique et mémorielle, contribuant à la transmission d'une mémoire juive de la déportation et accordant une place centrale aux témoins.(procès de Francfort 1963 1965 contre les responsables nazis allemands en Allemagne ) La République fédérale d’Allemagne amorce dès les années 1950 un processus de réparations envers les victimes juives -et non aux Tsiganes. La création, en 1958, du Service central d’enquête sur les crimes nationaux-socialistes permet de nouvelles enquêtes à l’encontre d’anciens nazis. En 1961, le juif autrichien Simon Wiesenthal, survivant de la Shoah, fonde à uploads/Histoire/ axe-conclusif-theme-3.pdf
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- Publié le Mar 01, 2022
- Catégorie History / Histoire
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