APERÇU HISTORIQUE SUR LA MÉDECINE ARABE Comme l'homme accablé sous le poids des
APERÇU HISTORIQUE SUR LA MÉDECINE ARABE Comme l'homme accablé sous le poids des années se adresse et se réjouît aux souvenirs de sa jeunesse, (le même l'homme de science doit souvent relourner ses regards vers le passé pour se réchauffer et se fortifier dans l'élude de l'histoire. Cela n'est pas tout; la véritable éducation scientifique d'un homme se reconnaît surtout h la manière dont il juge du temps passé et du mérite de ceux qui l'ont précédé dans sa carrière. De toutes les époques de l'histoire de la médecine, celle des Arabes nous intéresse particulièrement par ses rapports à l'histoire de l'Empire Ottoman d'abord et, ensuite, par l'influence qu'à exercée ce grand peuple, en général, sur la civilisation en Europe. Aussi avons-nous osé otTrir à nos lecteurs un essai sur l'histoire de la médecine arabe, histoire glorieuse esquissée surtout d'après les ouvrages de Wuslcnfeld, de Haeser et de Choulant. Pour faire ressortir mieux le caractère et le génie de la médecine arabe nous sommes obligés de jeter un coup d'œil sur l'histoire de l'art médical avant Mouhammed. La véritable histoire de la médecine date de l'école de Cos où llippocrate a puisé lespdlfl^^s de larl de guérir, principes qu'il a si puissamment poursuivis et développés. Dédaignant les fanfaronades des procédés théui^iqucs, lutant que l'empirisme ignorant de l'école de Cnidc, lippocrate voulait établir l art médical sur la science de homme: science acquise par la saine et intelligente observation des phénomènes de la vie, indépendamment do toute induction pliilosophiquc. Cependant les hommes '-■ — tendance si puissante à philosopher et à vouloir arriver jusqu'aux liernières causes, que bientôt, les médecins oubliant les sages préceples Jii pure do la médecine, ennouragés surtout par l'imiiosant matériel deS'-connaissances empiriques et par les séductions de la philosophie de Platon, les médecins, dis-je, ont commencé à syslémaliser; et en voulant réunir les faits cliniques en un corps de doctrine philosophique ils ont prodnil une cofifusion regrellable. Jamais l'arl médical n'a présenté un aspect aussi bizarre iiu'à l'époque qui a suivi celle D’Hippocrate jusqu'à Galien. Les Htppocralistes, lesmErasislraléens, les Hérophiléens, les Ëcleclîques, .les J Dogmatiques, les Empiriques, les Méthodistes, les Épisynthétiques, tous disputaient la vérité avec une fureur et un acliarnenient dignes d'une meilleure cause. Et il j a fallu tout le génie a un Galien pour mettre de l'ordre I dans ce chaos de doctrines contradictoires. Possédant à lui seul toute la science philosophique el médicale de 1» Grèce, Galien entraîna le monde autant perses brillants travaux de médei^ine, que par l'apparence séduisante d'une doctrine fondée sur les déductions rigoureuses d'un principe philosophique. Aussi a-t-il 'régné en maître absolu pendant presque 15 siècles. Avec J Calien l'époque de la médecine grecque peut être considérée comme close. Tout ce qu'après lui les niédecins grecs ont produit ce sont des recueils, on des plagiats défigurés de son système cl de ses travaux ; car, h proprement parler, la doctrine de Galien n'a pas été parfaitemeiil saisie el adoptée par les médecins grecs. L'influence de cette doctrine ne se manifestait dans toute sa puissance que longtemps après sa mort, lorsque l'école empirique s' g Haïssai t sous la torpeur qui s emparait partout des esprits, et que la saine observation des phéïiomènos de la vie était remplacée par les vaines sublililés d'un dynamisme ontologique. Les meilleurs parmi les médecms grecs se conleniaient de traiter l'art médical d'une manière empirique.et le reste se plongeaitdepluseu Elus dans la superslilion el l’Ihéosophie. C'est que toute 1 culture intellectuelle étaitdéjà en décadence (Ilaeser}. El en effet, lorsque sous le règne de Théodose le paganisme succombait tout fi fait, le fanatisme des nouveaux dogmes arrivait ù son paroxysme; rien de l'antique oivilisalioik n'échappait alors h la fureur de destruction qui s'était flmpnrfe (ies masses ignorantes. La (^er^i^^c école ti'Alhiiiics éUiit tonnée en 529; St. Cyritie à Alexandrie condamnail à la niorlla plus cruellt) llypntia, la com- inentalrice de PInlon tn 414. firéguiceJ. intitulé le Grand, célèbre par sa manie de durnulition, déclarait so- lennellemeni que l'ignorance éiaiiia mèrcde piéié,eipar- lonlde ce principe, il chassait de Home toutes les éludes mathématiques, brûlait labibliollièque construite par Au* gU9ie,détrni9ailsurloul le.sn;uvrcâ de Tito-Live, proscrivait Tétiide des clas.'îiqiies, mulillflit ou abattait les antiqtiiléâ arclii tectoniques delà grande ville. A Constaalinopla Léon l'Iconoclnste (en 726) aballait h fion tour les images snintes, ordonnait la suppression des écoles; Constantin Copronyme (en 7fiO) poursuivait les moines et démolissait les biuliutiièqiios. Ni les eflorlR do nmpéralrice Irène, ni la sagesse de Léon le philosopho, ni l'exemple encouraffcanl de Constantin Porpliirogénèlè, ni r intelligente activité de Photius, le Pairiarclio de Constanlinople, ne pouvaient arrêter la civilisation grecque dans sa cliute fatale. Do sorte que les rares ouvrages de médecine qui nous sont arrivés de celte époque ne sont que do tristes témoignages de la pan quel'an médical avait priso i la décadence générale. Certes toute trace de l'antique et glorieuse civilisation serait à jamais perdue, s'il n'était arrivé snr ta scène du monde un peuple, dont le génio puissant était seul capaLile de recueillir l'ensemble de cette civilisation el de le transmettre aux générations futures. Ce peuple était le peuple Arabe. La presqu'île de l'Arabie, d'une étendue de 45,000 milles carres, est entourée d'un cûlé par la Mer Rmige, les golfes arabique et persique el leurs inaccessibles rochers de coraux, el de l'autre par des déserts immenses. Dans les provinces du sud, -des villes el des campagnes riches et paisibles fleurissaient df)s la plus haute anti- quité, et des tribus nomades de bédouins liabilaîent te nord. Le royaume des Yoctanides prospérait vingl- cintj siècles avant l'ère chrétienne; le roi Héral Arruyes avait entrepris phiflleurs campagnes jusqu'il l'Intjus el dans In Chme, et In plus ancienne histoire de l'Egypte {tarte d'invasions de peuples arabes (des Hy^(os). Les riches ressources du pays attiraient de trûs-bonnc heure lèS navigateurs hardis vers ses rivages; et de» conquerants avides et ambitieux se hasardaient h se montrer surï ses frontières défendues par un peuple courageux. BmnA lût un commerce paisible s'établissait entre les indigène» et les phéniciens, les indiens, les persans, les égyptiensJj les juiîs et les grecs. Et le peuple Arahc se donnait souà? l'heureux ciel de sa patrie, « le pays de liberté et de pr£~i valions », une civilisation indépendante el surtout une] poésie que favorisait singulièrement la beauté du climat,! rardente sensualilL- du peuple, et, pardessus tout, une! langue qui avait toutes les qualités de se plier à une cul-1 ture supérieure (Haeser). I Aussi trouvons-nous, dans les temps les plus reculés! une médecine arabe, si une somme de connaissances] empiriques peut mériter ce nom. Mais la culture de! l'art de guérir ne laissait pas de suivre le progrès gêné- 1 rai ; et les éléments indiens, égyptiens, persans d'abord, j plus tard les éléments juifs et grecs sont venus exercerj une influence considérable sur cette médecine populaire. I Cependant l'histoire du peuple arabe, proprement J parlant, date delà fondation de l'Islam par iMouliam- I med. C'est par lui qu'il est arrivé non seulement à une a puissance politique prodigieuse, mais aussi ù un contact 1 intime avec les peuples les plus civilisés. Les écolesJ d'Alexandrie et cellea_ÉlaJj.liesen_Asie4)ar- Jes.JSeslOJifinaJ exercèrent la plus grande influence sur ce peuple ardent J à s'instruire. Celait en 608 de l'ère clirélienne que | Houhammed, issu de !a célèbre tribu des Koreïchiles, ' s'éleva pour annoncer une religion nouvelle à ses oom- I patriotes et pour la prêcher k tous les peuples de la terre. 1 Houhammeu voulait donner à son peuple une religion 1 qui fût conforme au caractère de celui-ci. Il voulait ' reunir par un lien moral les différentes tribus qui s'ex- terminaient par la haine el la vengeance. Animé de ces idées, possédant de grandes et de nobles qualités, éclairé par la divine lumière de la poésie, arme d'une volonté mfleïible et d'une âme ardente qui étaient modérées par la pitié, la bienveillance el la douceur, Mouhammed s est levé, a entrepris la mission ardue, p^ne de luttes formi- dables et ne s'est reposé que le jour où il fut arrivé au but qu'il s'était proposé. Implacable contre ses ennemis tant que ceux-ci l'attaquaient, il ne connaissait point la ven- geance ; il était doux envers les vaincus, indulgent et to- 1 léranl envers tous les dissidents. El quoique dés le débiil, ^ cuntrainl parles circonstances, il se soit servi de l'épéc pour propager sa doctrine, il n'a jamais forcé les vaincus d'accepter sa religion; et plus taradans les pays de l'Islam on ne demandait aux croyants d'autres religions qu'un léger tribut. L'entreprise de Uouhammed réussit u'une manière qui est sans exemple dans l'Iiistoire du mtmde. Dans l'espace de quelques années l'Arabie, la Syrie, la Phénicie," l'^yple, la Perse obéissaient au croissant, et bientôt la Sicile et l'Espagne furent aussi soumises au ^H sceptre des Khalifes. ^B- Les germes des sciences a peine fleuris chez les Arabes ne pouvaient, sans doute, prospérer à leur aise au cliquetis des armes et dans le tumulte continuel des guerres du commencement de l'Islam. Pendant presque un siècle et demi de uploads/Histoire/ apercu-historique 1 .pdf
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- Publié le Dec 02, 2022
- Catégorie History / Histoire
- Langue French
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