Un tournant historique Les Quatre cents coups, c’est “une date dans l’histoire

Un tournant historique Les Quatre cents coups, c’est “une date dans l’histoire du cinéma”. Si le premier long métrage de François Truffaut n’avait pas obtenu un tel succès critique – quasi unanime – et public, l’histoire du cinéma français en aurait été changée. Le succès des Cousins, de Claude Chabrol, n’aurait été qu’un feu de paille. Les producteurs n’auraient pas fait soudain confiance à des jeunes réalisateurs inconnus : Godard, Rivette, Rohmer, Demy resteraient des noms en marge des histoires du cinéma... Mais les Quatre cents coups n’arrive pas par hasard. L’échec de certaines réalisations de l’ancienne vague, irréprochables du point de vue du montage financier, des vedettes, de la qualité technique, comme Guinguette, de Jean Delannoy (1958), allié à celui des premiers Chabrol, permet d’imaginer le projet des Quatre cents coups. Un film sans vedette, au sujet difficile, avec pour héros un jeune adolescent pas nécessairement sympathique, sans un Jean Gabin pour dire la bonne marche à suivre (comme dans Chiens perdus sans colliers, du même Delannoy, que Truffaut exécrait). Le public est manifestement ouvert à de nouvelles expériences qui réconcilient le cinéma avec son temps. Ne nous cachons pas que Truffaut a multiplié les stratégies de séduction pour arriver à ses fins. Le film, et la Nouvelle Vague, arrivent après une longue guerre journalistique contre la Tradition de Qualité française, le cinéma des scénaristes, des réalisateurs-illustrateurs. Avec les Quatre cents coups, Truffaut joue son va-tout : il sera cinéaste ou rien. Le hasard ou l’histoire font qu’il en va de même pour le cinéma français. N’en déplaise aux nostalgiques de quelques nanars des années 30 ou 40, l’Histoire a tranché. SOMMAIRE APPROCHES DU FILM AUTOUR DU FILM Les Quatre cents coups Par Joël Magny et Yvette Cazaux SYNOPSIS 2 GÉNÉRIQUE 2 LE RÉALISATEUR : FRANÇOIS TRUFFAUT 3 LES ACTEURS 6 GENÈSE ET FORTUNE DU FILM 8 LES PERSONNAGES 9 DÉCOUPAGE SÉQUENTIEL 10 ANALYSE DE LA STRUCTURE 11 MISE EN SCÈNE 12 FICHE CINÉ-TECHNIQUE : LA PRÉHISTOIRE DU CINÉMA 12 ANALYSE D’UNE SÉQUENCE 14 SIGNIFICATIONS 17 LES ANNEES 50 19 LES ENFANTS FUGUEURS 20 L’ÉDUCATION SURVEILLÉE 21 LA NOUVELLE VAGUE 22 ACCUEIL CRITIQUE VIDÉO-BIBLIOGRAPHIE FRÉQUENTATION 23 PROPOSITIONS PÉDAGOGIQUES 24 Titre original Les Quatre cents coups Production Les Films du Carrosse, SEDIF. Scénario et dialogues Marcel Moussy, François Truffaut Réalisation François Truffaut Premier assistant Philippe de Broca Photographie Henri Decae Décors Bernard Evein Montage Marie-Josèphe Yoyotte Musique Jean Constantin Interprétation Antoine Doinel Jean-Pierre Léaud Ginette Doinel (la mère) Claire Maurier Julien Doinel (le père) Albert rémy Petite Feuille Guy Decomble M. Bigey Georges Flamant Mme Bigey Yvonne Claudie René Bigey Patrick Auffray Le directeur d’école Robert Beauvais Le professeur d’anglais Pierre Repp La femme au chien Jeanne Moreau Le dragueur Jean-Claude Brialy Un policier Charles Bitsch Un autre policier Jacques Demy Figurant dans le rotor François Truffaut Film Noir & Blanc Format CinémaScope (1/2,35) Durée 1h33’ Distributeur MK2 N° de visa 21 414 Date de sortie 3 juin 1959 SYNOPSIS Générique 2 Antoine Doinel, 12 ans, est la bête noire du strict instituteur, surnommé Petite Feuille. Distrait, il accumule les bêtises et écope d’un conjugaison à faire chez lui. Dans l’appartement étroit, il ne peut écri- re sa punition : sa mère, très froide, l’en- voie chercher de la farine, son beau-père jovial mais inconscient et faible, ne lui est guère utile. Le lendemain, son copain René l’emmène faire l’école buissonnière, en particulier à la fête foraine. Il aperçoit sa mère embras- sant un autre homme. Le jour suivant, il n’a guère le temps de recopier correctement le mot d’excuses que lui prête René et, devant l’insistance de Petite Feuille, Antoine lance pour justifier sa fugue que sa mère est morte ! Celle-ci, avertie par le “fayot” de service Morisset, est horrifiée par le men- songe de son fils et plus encore par le fait que c’est elle qu’Antoine a choisi de “sup- primer”… Antoine décide alors de vivre sa vie et dort dans les sous-sols d’une impri- merie que lui a trouvée René. La fugue passée, la mère tente d’ama- douer Antoine : il aura mille francs s’il a une bonne note en français. Las ! Petite Feuille n’apprécie guère le plagiat de la fin de la Recherche de l’absolu de Balzac, qu’Antoine vient de lire et qu’il utilise de mémoire pour décrire la mort de son grand-père. Nouvelle fugue, un temps chez René, dont la mère, alcoolique, est indifférente et le père, occupé par son “club”, ferme les yeux sur les activités et les chapar- dages de son fils. Pour survivre, Antoine vole une machine à écrire au bureau de son père mais, ne pouvant la vendre, il la rapporte et se fait prendre. Son beau-père le conduit au commissariat et la famille se décharge de lui. Au centre de détention, même René ne peut lui rendre visite. Il profite d’une partie de football pour s’enfuir, voir la mer qu’il n’a jamais vue, avant de se retourner vers la caméra, c’est-à-dire vers nous… Truffaut est né le 6 février 1932, à Paris, d’un père architecte-dessinateur et d’une mère secrétaire à L’Illustration. Sur le plan social, la légende qui fait de lui un enfant malheureux, voire maltraité, est absurde. Il apprendra plus tard, et ce sont des faits aujourd’hui connus, dont certains alimentent très partiellement les Quatre cents coups, que sa mère, Janine de Montferrand – il utilisera parfois le pseu- donyme de François de Montferrand –, appartenant à une aristocratie désargen- tée mais très soucieuse des apparences, avait “fauté” et fut envoyée, durant sa grossesse dans une institution religieuse pour filles-mères. Après avoir placé l’en- fant un temps en nourrice, Janine épouse Roland Truffaut, qui donne son nom à l’enfant. À l’époque de Baisers volés, François fit des recherches et découvrit que son père était dentiste dans l’Est et d’origine juive. Enfant, François Truffaut admire sa mère, mais elle ne le supporte pas, l’oblige sou- vent à se faire oublier, à lire en silence (comme le héros de l’Homme qui aimait les femmes)… Il se réfugie d’abord dans la lecture, puis, avec son camarade d’école Robert Lachenay, dont la situation fami- liale est moins difficile mais tout aussi dénuée d’affection, sèche fréquemment l’école pour le cinéma. Bientôt, il voit plu- sieurs fois les mêmes films, constitue des fiches, encyclopédies et dictionnaires du cinéma n’existant pas à l’époque. Dès l’âge de 14 ans et demi, il quitte volontairement l’école et exerce des “petits métiers” : garçon de course, employé de bureau, soudeur à l’acétylè- ne… Il fréquente les ciné-clubs qui exis- tent à profusion après la Libération et fonde, en 1947, avec Robert Lachenay, le “Cercle Cinémane”. Il rencontre alors André Bazin, responsable de la section cinématographique de “Travail et Cul- ture”, une organisation de culture popu- laire née dans la mouvance de la Libération, proche du Parti Communiste, qui deviendra, après l’évolution vers la Guerre froide, “Peuple et culture”, de ten- dance chrétienne et sociale (comme la revue Esprit, à laquelle collabore Bazin). André Bazin, militant acharné de la cause cinématographique et tenu aujourd’hui pour un des grands théoriciens de la modernité cinématographique, jouera jusqu’à sa mort, un rôle de père et le fera travailler en sa compagnie puis, grâce à ses recommandations, lui permet d’écrire ses premiers articles dans Le Bulletin du Ciné-Club du Quartier latin, dont s’occu- pe, entre autres, Éric Rohmer, mais aussi dans des journaux comme Elle. Une déception sentimentale pousse Truffaut à devancer l’appel et à s’engager dans l’artillerie, le 27 décembre 1950. Comprenant que dans six mois, il partira pour l’Indochine, il demande aide à Bazin, Rohmer et le directeur de Elle, pour être affecté à Baden-Baden, à la Revue LE RÉALISATEUR François Truffaut 3 FILMOGRAPHIE 1954 Une Visite (court métrage, muet) 1958 Les Mistons (court métrage) Histoire d'eau (court métrage, co-réalisé avec Jean-Luc Godard) 1959 Les Quatre cents coups 1960 Tirez sur le pianiste 1962 Jules et Jim Antoine et Colette (sketch du film l'Amour à vingt ans) 1964 La Peau douce 1966 Fahrenheit 451 1968 La Mariée était en noir Baisers volés 1969 La Sirène du Mississipi 1970 L'Enfant sauvage Domicile conjugal 1971 Les Deux Anglaises et le continent 1972 Une Belle Fille comme moi 1973 La Nuit américaine 1975 L'Histoire d'Adèle H. 1976 L'Argent de poche 1977 L'Homme qui aimait les femmes 1978 La Chambre verte 1979 L'Amour en fuite 1980 Le Dernier Métro 1981 La Femme d'à côté 1983 Vivement dimanche ! François Truffaut sur le tournage des Quatre cents coups. (DR) Charles Denner (Bertrand Morane) et Brigitte Fossey (Geneviève Bigey) dans l’Homme qui aimait les femmes (1977), un film où Truffaut exprime ses goûts les plus personnels, comme sa passion pour les livres. 4 Domicile conjugal (1970) est le quatrième film de la saga Doinel : Antoine (Jean-Pierre Léaud) a grandi. Mal marié, il se partage entre deux femmes. Une Belle Fille comme moi (1972) est une comédie bien enlevée où un jeune sociologue (André Dussollier) enquête à ses risques et périls sur une jolie détenue (Bernadette Lafont). d’information des troupes d’Occupation en Allemagne… En vain. Rentré uploads/Histoire/ 400-coups-les-de-francois-truffaut.pdf

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  • Publié le Jui 18, 2022
  • Catégorie History / Histoire
  • Langue French
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