Table of Contents Page de titre Exergue Préface, par Arnaud de La Grange I – Mo
Table of Contents Page de titre Exergue Préface, par Arnaud de La Grange I – Moi, Henry de Monfreid, écrivain aventurier, et mes amis Une visite à Henry de Monfreid (juin 1974) Le questionnaire de Proust Petit regard sur l’existence Credo qui a absurdum Teilhard de Chardin, Abbé Breuil, les peintures rupestres et la préhistoire en Éthiopie Abbé Breuil, les coulisses de sa mission archéologique en Éthiopie En mer Rouge avec Kessel Les coulisses de la mission Kessel Antonin Besse II – Séquences de vie sans collier L’appel de la mer Mon premier grand voyage Dernière visite de Paul Gauguin Comment fut sauvée une des plus belles œuvres de Paul Gauguin L’aventure du Rodali Le Ras Blanchard Qui voit Ouessant, voit son sang III – Au cœur de la contrebande de hachich Convoyer et livrer la marchandise Réunion de crise au Caire Tel est pris qui croyait prendre Guet-apens IV – Nouvelles de la mer Rouge La mousson Serpent de Cheikh Hussen Le nagadi Histoires de perles La bouée La perruche L’âme errante Notes Du même auteur Page de Copyright Table TABLE Couverture Page de titre Exergue Préface, par Arnaud de La Grange I – Moi, Henry de Monfreid, écrivain aventurier, et mes amis Une visite à Henry de Monfreid (juin 1974) Le questionnaire de Proust Petit regard sur l’existence Credo qui a absurdum Teilhard de Chardin, Abbé Breuil, les peintures rupestres et la préhistoire en Éthiopie Abbé Breuil, les coulisses de sa mission archéologique en Éthiopie En mer Rouge avec Kessel Les coulisses de la mission Kessel Antonin Besse II – Séquences de vie sans collier L’appel de la mer Mon premier grand voyage Dernière visite de Paul Gauguin Comment fut sauvée une des plus belles œuvres de Paul Gauguin L’aventure du Rodali Le Ras Blanchard Qui voit Ouessant, voit son sang III – Au cœur de la contrebande de hachich Convoyer et livrer la marchandise Réunion de crise au Caire Tel est pris qui croyait prendre Guet-apens IV – Nouvelles de la mer Rouge La mousson Serpent de Cheikh Hussen Le nagadi Histoires de perles La bouée La perruche L’âme errante Notes Du même auteur Page de Copyright TEILHARD DE CHARDIN, ABBÉ BREUIL, LES PEINTURES RUPESTRES ET LA PRÉHISTOIRE EN ÉTHIOPIE Il y a environ trois ans, avec le père Teilhard de Chardin, nous remontions à mulet le lit desséché et sablonneux de la rivière qui conduit de Diré-Daoua au cœur des montagnes, au pied du plateau du Harar38. Le soleil du matin ne pénétrait pas encore dans la profonde vallée encaissée de pentes abruptes. Tout en haut du versant, faisant face à l’ouest, c’est-à-dire celui qui reste à l’ombre jusqu’à midi, le père Teilhard me fit observer au pied d’une paroi rocheuse l’ouverture d’une grotte assez vaste. « Voilà probablement, me dit-il, un abri sous roche. — Pour les singes ? demandai-je en riant. — Sans doute en est-il ainsi aujourd’hui, mais je veux parler du temps où il abritait des hommes. » Aussitôt commencée l’escalade de la montagne, le père Teilhard ramassa un éclat de silex : « Voilà la preuve, ce vestige d’industrie humaine vient certainement de là-haut. » Et tout en gravissant les éboulis de roches, nous trouvons des éclats de plus en plus nombreux à mesure que nous approchons de la grotte. Ces silex ont gardé nette et précise la trace du travail de l’homme ; ils semblent garder sous la patine du temps le souvenir de ces ouvriers disparus et ces pierres alors prennent une âme. À deux cents mètres au-dessus du lit de la rivière, l’abri s’ouvre comme un porche haut de quatre mètres et large de dix environ. Maintenant que toutes ces pierres, trouvées à la montée, nous ont révélé le labeur des hommes qui ont vécu là, maintenant qu’elles nous ont conté leurs luttes corps à corps avec la nature entière, il nous semble les sentir présents dans l’ombre chaude et le silence de ces roches. Des guêpes énormes bâtissent des nids étranges suspendus à la voûte ; notre arrivée les inquiète et résolument elles foncent sur nous ; il faut battre en retraite. Après les avoir enfumées, nous restons enfin maîtres de la place. L’abri a la forme d’une demi-coupole ; au centre affleure une roche où des cavités semblent avoir été aménagées pour poser des objets. Le cintre est noirci par la fumée, une fumée très ancienne dont les traces se sont superposées avec les sécrétions calcaires. La minute de silence n’a pas été inventée, elle est instinctive, car nous restons immobiles, sans souffle, étreints par une profonde émotion, comme si nous avions peur de profaner un sanctuaire où dorment depuis des millénaires les mânes de ces hommes oubliés. Ne sommes-nous pas les premiers qui venons là depuis que le dernier feu s’est éteint entre les trois pierres de l’âtre ? Pendant des siècles, des millénaires peut-être, aucun pied d’homme ne s’est posé sur ce sol fait de la cendre des foyers, de la poussière apportée par le vent, de tout ce qui flotte invisible dans l’air et qui peu à peu se dépose dans le calme des cavernes et lentement ensevelit le passé sous son voile ténu. Les hommes dont nous venons de violer la demeure n’étaient-ils pas les véritables rois de la nature ? Ne représentaient-ils pas le chef-d’œuvre de la création en qui la vie avait atteint l’apogée de son organisation et de sa puissance ? Seul, avec son cerveau, sans autre arme que quelques pierres, l’homme tenait tête à toute la nature. Rien en surface, seulement la poussière des siècles, puis à vingt centimètres les premiers silex taillés : pointes de flèches, grattoirs, poinçons, etc., les uns en obsidienne, les autres en silex ou en quartzite. La couche descend à plus de deux mètres avant d’atteindre la roche. Dans le fond de la tranchée, le père Teilhard est méconnaissable tant la poussière le recouvre et l’enrobe. Je dois lui ressembler car nous éclatons de rire en nous apercevant la première fois que nous levons les yeux après la fièvre des premières recherches. C’est alors que je vis, sur la paroi rocheuse, des taches rougeâtres comme du sang desséché. Je n’y aurais prêté aucune attention sans l’expérience de mon compagnon : « Mais ce sont des peintures ! » Nous mouillons la surface et, en effet, des figures étranges, des signes mystérieux apparaissent sur le basalte. Tout est très vague et en partie recouvert de calcaire. « Ah, me dit le père Teilhard, si l’abbé Breuil39 était là, il déchiffrerait ces énigmes et saurait en prendre des calques. Voyez ici cette figure, je la reconnais, c’est “l’homme de Breuil”, la même trouvée par lui au Portugal et qu’il a identifiée pour être la représentation schématique d’un homme. » Nous ne touchons à rien et décidons de ne rien dire de notre découverte ; il faudra faire venir l’abbé Breuil car le pays doit avoir encore d’autres peintures de ce genre. Cependant, je fais connaître cette découverte au père Azaïs, alors conservateur du musée d’Addis-Abeba. Il me promet de se mettre en campagne. Cet homme au flair prodigieux, cet infatigable prospecteur qui découvrit les célèbres pierres phalliques, ne tarda pas à trouver d’autres peintures rupestres parmi lesquelles celles de Souré dont je parlerai un peu plus loin. Tout ceci décida l’abbé Breuil à venir me rendre visite en Abyssinie40. Il m’annonça son arrivée en compagnie du docteur Wernert, professeur d’anthropologie à Strasbourg. Je connais Breuil, c’est quand il le faut à tous points de vue un homme des cavernes infatigable, mangeant n’importe quoi d’un égal appétit, dépeçant lui-même le gibier tué, dormant à la belle étoile, et toujours d’une admirable bonne humeur dans les moments les plus pénibles. Mais ce professeur ? Ma femme qui est de Strasbourg m’a dit un jour qu’il était un ami de son père41. Je me demande maintenant comment ce vieux savant, ce vieillard, pourra s’accommoder de l’inconfort d’une caravane et subir les intempéries sur le pont de mon bateau. J’en viens à imaginer pour lui des transports en civière, je n’ose cependant le maudire par amitié pour Breuil, mais je suis inquiet en abordant à la coupée de l’Aramis42 qui vient de rentrer en rade et sur lequel se trouve la mission43. Mais qui donc me fait des signaux sur le pont supérieur ? C’est le père Teilhard. Nous nous embrassons comme deux vieux amis et il me présente à un homme de haute taille, 40 ans à peine, hâlé par le soleil, débraillé à cause de la chaleur et montrant une poitrine velue. J’entends très mal son nom et je réponds machinalement: « Enchanté, monsieur…, pendant qu’il me broie les phalanges d’une main puissante et poilue. — Breuil achève sa toilette, me dit Teilhard… — Mais le professeur Werner, interrompis-je, inquiet, comment a-t-il supporté le voyage ? » Un éclat de rire. « Mais je viens de vous le présenter, le voilà44… » Breuil paraît enfin dans son costume kaki, casqué, botté, prêt à partir. Teilhard continue sa uploads/Geographie/ vivre-libre-le-testament-spiri-henry-de-monfreid.pdf
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- Publié le Mai 25, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
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