Innovation etrecomposition territorialeau MarocUne mise en perspectivegéo-histo
Innovation etrecomposition territorialeau MarocUne mise en perspectivegéo-historique L’article est écrit par Said Boujrouf en 2002,c’est géographe et professeur à l’université cadi Ayyad de Marrakech. L’auteur aborde la question du renouvellement territorial du pays au 20 -ème siècle ,en se basant principalement sur une analyse des principes de la territorialité publique ( territorialités précoloniales- territorialités modernes et post-modernes) notamment dans la montagne du fait sa complexité territoriale , il décrit la façon dont il a réagi face aux transformations de la géographie administrative pendant le 20 -ème siècle , puis il propose une investigation des innovations territoriale et leur rôle joué dans l’institution d’un territoire uniforme ,intégré . La montagne comme une composante essentielle pour le territoire marocain, souffre d’un enclavement, une faiblesse des services publics et sociaux, la dégradation des ressources naturelles. Cette situation de crise ou blocage due à la fois des capacités limitées du territoire et aussi par l’histoire du fait l’attitude, rebelle de sa population vis-à-vis le pouvoir central. La territorialité au Maroc se caractérise par un pluralisme des référentiels et héritages provenant de l’islam, l’arabité, l’amazighité, l’africanité, l’occidentalité, donc croisement entre tradition et modernité, De ce fait, le territoire est le résultat de 3 sphères : - la sphère des référentiels qui regroupe la tradition et modernité ; - la sphère de la production de l’identité ; - la sphère de l'exercice du pouvoir et de la production du développement dans des cadres territoriaux liées aux deux premières sphères. Puis l’analyse de la nature du lien existant entre la tradition et la modernité a montré que , la modernité offre les moyens, les techniques, les formes, les règles et les principes de la territorialité publique, mais sa légitimité relève de la tradition. Cette coexistence inévitable se retrouve dans les grandes sources du droit administratif à savoir la législation, le droit coutumier, la juridiction et la jurisprudence, du fait qu'elle reflète une diversité de formes politiques et parfois contradictoires. En premier lieu, la législation ou la Chariâ représentaient les deux sources uniques du code religieux et civil de la communauté musulmane, trouvait ses références dans le livre sacré, le Coran et la tradition du Prophète (Sounna). A ce niveau et en se référant plus ou moins à la Chariâ, la coutume est appliquée par l'assemblée des notables et sages de la tribu, ]emaâ, soit par un compromis entre les partis, soit par un arbitrage . D’autre part, La législation territoriale et (ou) administrative makhzenienne, se référant aux bases des docteurs de la loi musulmane ,ahl al hal oua al aqd : se produisait sous forme essentiellement de dahir sultanien (décret royal) ayant comme objectifs la défense du trône et les intérêts de la communauté. Ce sont ces dahirs qui délimitèrent les territoires, désignèrent les représentants du Sultan commandeur des croyants. Considéré comme la seconde source en parallèle ou complétant la Chariâ, la tradition (droit coutumier Orf ) a lui aussi connu un renouvellement notable. La gestion territoriale traditionnelle touche à des domaines variés mais limités dans l'espace: gestion tribale des eaux, des terres, des parcours . En troisième lieu, la juridiction ou Alqadaa présentait de multiples formes. Il s'agissait de juridictions canoniques musulmanes et israélites qui, dans le cas des musulmans, assurées par un juge, cadi, qui interprète la loi religieuse par délégation du Sultan en tant que commandeur des croyants. Dans les juridictions « laïques» temporelles relevant des représentants du Makhzen, c'est-à-dire de l'État royal, (pachas en ville et caïds dans les campagnes), leurs missions n'étaient pas seulement d'assurer l'ordre public et la paix sociale, mais aussi d'appliquer le code pénal. On peut donc faire la différence entre : - une justice relevant de l'islam et s'appuyant sur le rite orthodoxe de l'école juridique malikite de Médine ; - une justice berbère relevant des coutumes et traditions locales. - une justice administrative qui a suivi l'arrivée des Français au Maroc. Les changements exogènes subis, n’ont pas réussi à instaurer un système uniforme inspiré des principes directeurs des législations modernes. Le premier aspect innovant, était le déclenchement du processus de la séparation des pouvoirs exécutifs, juridiques et législatifs, alors que d'autres grandes évolutions et rénovations allaient suivre à la suite de l'avènement de l'Indépendance avec la création de tribunaux administratifs, communaux, commerciaux. Ensuite, l’auteur décrit le contexte dans lequel le monde rural a passé de la trame tribale au maillage territorial complexe, Avant l’arrivée des français, la structure territorial, se basait principalement sur la trame tribale, un cheikh avec une assemblée des notables se trouvent à la tête de chaque tribu, désignait par jmaa , Cette structure était très simple du fait de la prédominance d'une économie agropastorale, de la faiblesse des rapports entre les différentes composantes du pays. Cette structure politique de l'espace dans la montagne a inquiété le Makhzen (le pouvoir central) à cause de l’instabilité et les turbulences. Zone « stress territorial ». Pour retrouver sa place comme pouvoir unique, le Makhzen adoptait une stratégie basée sur l’exploitation du principe musulman du Djihad, le but étant de limiter les pouvoirs des zaouïas et pour attirer la sympathie des populations. Afin d’écarter le rôle décisionnel de Jmaa. A partir du XIX' siècle, Le Makhzen a favorisé davantage, le poste de chef de la tribu qui développe un pouvoir personnel éventuellement au-delà du groupe tribal, nommé par le Sultan comme caïd. Ces caïds allaient devenir des grands «seigneurs» principalement en zone de montagne en assurant le commandement de leurs zones entre 1897 et 1916 tout en n'étant pas totalement soumis à l'autorité du Makhzen , notamment dans l'Atlas , Ils n'ont pas seulement utilisé leurs pouvoirs pour faire régner l'ordre et assurer la collecte de l'impôt pour le compte du Makhzen, mais ruiné « toute l'organisation traditionnelle des populations, sans lui remplacer d'autre loi que celle de leur volonté, d'autre fin que celle de leur richesse» En peu de temps et dans une montagne pauvre, ces caïds ont pu coloniser des territoires, par la force, soumettre les tribus et exploiter leurs biens . Malgré Ces transformations, la pratique du pouvoir territorial au Maroc et principalement en zone de montagne n'a pas entièrement changé. Les faits ont montré que le système caïdal, malgré sa durée dans le temps et sa force d'intégration dans les configurations territoriales nouvelles et sans doute ultérieures, n'a pas vraiment eu les capacités de s'imposer comme un modèle de gestion territoriale Un nouveau maillage dualiste apparait et qui fait émergé la région, en effet dès l'arrivée des Français, le traité du protectorat de 1912 visait la réorganisation du réforme du makhzen chérifien. l’exploitation, le contrôle et la modernisation était leur principal souci . Dans les villes, les pachas, nommés comme avant, vont dès lors avoir d’exercer les fonctions de maire «à la française» sous contrôle d'un fonctionnaire français. Dans le monde rural, les caïds'", commencèrent à perdre leur poids politique et militaire tout en restant à la tête des tribus jouant le rôle d'administrateur, également d'un officier français. Ils étaient sélectionnés dans les grandes familles locales connues pour leur dévouement au régime du Protectorat .Cette formule de sélection limitée à l'élite et à la notabilité alliées n'était pas une innovation française au Maroc, Les tribus, n'eurent plus le droit de gestion autonome des affaires locales ,Les membres de leurs Jmaâs représentaient légalement leurs groupes, mais avec un simple rôle consultatif et après nomination par un arrêté du chef de région. La nouvelle architecture territoriale était fondée sur l'institution de la région qui devait assurer par sa forme « hiérarchique». La division en régions était adoptée depuis l'arrivée des Français en 1912, parce que seule de nature à permettre une action immédiate et efficace dans un pays très vaste où les moyens de communication étaient lents et précaires ». L'une des principales innovations territoriales était la création d'un dualisme administratif au sein de l'armature territoriale conjuguant des unités modernes de provenance étrangère et des unités traditionnelles de provenance locale makhzenienne. Ensuite le maillage territorial de l’indépendance L’époque de l'Indépendance est marquée par. des questions de l'ordre, de la sécurité et du contrôle, de la modernisation (rationaliser les structures, décentraliser, déconcentrer et régionaliser les actions territoriales), de la marocanisation territoriale, de l'équilibrage spatial et du développement socio-économique furent au cœur des politiques publiques. Pour répondre à ces choix, trois volets furent privilégiés: Le volet politique et territorial allait devenir un champ de bataille entre les différents acteurs de la vie publique. Après le départ des Français, de nombreux conflits éclatèrent entre la monarchie et le parti de l'Istqlal ou de l'Indépendance à tendance urbaine. Ils concernaient le partage du pouvoir et les choix stratégiques du pays. De ce fait, le cadrage territorial restait un domaine réservé à l'administration où l'action politique des acteurs locaux était très réduite. Mais cette marge devint de plus en plus large avec la « montée du local » dans les années 1970 et le désengagement de l'État à partir du début des années 1980. Le volet sectoriel avait un souci de modernisation de l’ensemble des secteurs de l’économie, uploads/Geographie/ synthese-de-l-x27-article-innovation-et-recomposition.pdf
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- Publié le Jan 17, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
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