Isabelle Robinet L'alchimie interne dans le taoïsme [Procédés Secrets du Joyau

Isabelle Robinet L'alchimie interne dans le taoïsme [Procédés Secrets du Joyau Magique—Traité d'Alchimie Taoïste du Xle siècle, traduit du chinois par Farzeen Baldrian-Hussein, Paris 1984] In: Cahiers d'Extrême-Asie, Vol. 2, 1986. pp. 241-252. Citer ce document / Cite this document : Robinet Isabelle. L'alchimie interne dans le taoïsme [Procédés Secrets du Joyau Magique—Traité d'Alchimie Taoïste du Xle siècle, traduit du chinois par Farzeen Baldrian-Hussein, Paris 1984]. In: Cahiers d'Extrême-Asie, Vol. 2, 1986. pp. 241-252. http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/asie_0766-1177_1986_num_2_1_881 Bibliographie L'ALCHIMIE INTERNE DANS LE TAOÏSME ISABELLE ROBINET Compte- rendu de: Procédés Secrets du Joyau Magique - — Traité d'Alchimie Taoïste du XIe siècle, présenta tion et traduction du chinois par Farzeen Baldrian-Hussein, 322 pp., (Paris: Les Deux Océans, 148 FF), 1984. Remercions tout d'abord F. Baldrian-Hussein pour son étude sérieuse et approfondie — l'alchimie "interne" représente une face majeure du taoïsme, puisqu'elle représente à peu près la seule voie mystique dans le taoïsme à partir des Song, face escarpée, qui n'avait jamais été attaquée jusqu'à maintenant. Le travail de F. Baldrian-Hussein porte autant sur l'aspect spéculatif que sur l'aspect pratique de cette alchimie. Elle a choisi un texte de base, le Ling-pao pi-fa flïlllS? (LPPF), qu'elle explique en l'éclairant d'autres textes de la même école, mais dont l'orientation est essentiellement pratique. Son ouvrage se divise en deux parties principales, l'une étant l'exposé général et pratique des procédés de l'Œuvre et de leur succession, et l'autre la traduction du Ling-pao pi-fa. La première partie repose sur les données de ce dernier texte et d'autres de l'école Tchong-Lu MB? dont, principalement, le Tchouan-tao tsi MjÊM, le Houei-tchen p'ien #MM, le Houa-yang p'ien ipHIJi et le Tcheou-heou san-tch'eng p'ien frtîléHSScfi. L'exposé général est malheureusement difficile à suivre parce que les principes théoriques généraux - tels que les correspondances entre le macro- cosme et le microcosme, les mouvements du Yin et du Yang, la succession des Cinq éléments, etc. - ne sont pas développés de façon systématique comme cela aurait pu se faire, mais de façon diffuse dans l'ensemble de l'exposé, si bien que c'est à l'occasion d'une pratique alchimique que les correspondances entre les viscères, les souffles et les heures de la journée sont détaillées; le fil se perd un peu. De plus, la méthode suivie pour l'ordre de l'exposé n'est pas toujours heu reuse; ainsi, deux procédés complémentaires, le "vol de l'Essence d'or derrière les coudes" et le "retour au champ de cinabre de la Liqueur d'or" sont traités l'un au 4e cycle, l'autre au 5e (p. 136 et p. 152). Il apparaît en outre quelques diver gences entre la division des cycles dans l'exposé et celle qui existe dans la traduc tion: ainsi, la montée de l'Essence d'or et "l'ouverture des barrières" rangées dans le cycle 3 dans l'exposé et dans l'accomplissement mineur, fait partie, dans le texte traduit, de l'accomplissement moyen. Il faut cependant préciser qu'il est certainement très difficile d'exposer l'ordre de ces pratiques de façon claire pour les raisons que nous allons découvrir. Tentons donc, pour le moment de donner un bref aperçu du contenu de l'ouvrage. Cahiers d' Extrême- Asie 2 (1986) : 241-252 242 Isabelle Robinet Toute l'alchimie se résume en une méditation complexe sur les jeux du Yin et du Yang (bien illustrés dans le tableau figurant p. 58), qui, selon la formule du Ti king J|$£, "un Yin, un Yang, c'est le Tao", résument et illustrent le dé ploiement du Tao dans l'univers, sur "leurs montées et leurs descentes", leurs combinaisons, et ceci à la fois dans l'ordre cosmologique (le mouvement des saisons, du soleil et de la lune) , sur le plan du corps humain (les viscères, le souffle et la salive, la semence spermatique identifiée au Yang transmis par le père, et le sang menstruel, Yin transmis par la mère), dans l'ordre minéralogique (le plomb et le mercure, le cinabre et l'argent, le jade et l'or) et, enfin selon leurs combinaisons illustrées par les trigrammes et certains hexagrammes du Ti king. C'est à dire que le couple Yin- Yang est l'axe des correspondances entre divers plans du monde. Souffle et Fluide, ou Feu et Eau sont étroitement interdépej** dants et naissent l'un de l'autre, ne peuvent exister l'un sans l'autre et doivent être conjoints de façon indéfiniment réitérée. Cultiver le Yang sans le Yin, dit le Tchouan-tao tsi (I6.6a-b) revient à se purifier soi-même à l'exclusion de l'e nsemble des êtres, ce qui est la négation de l'esprit même de l'alchimie interne qui, d'emblée, place l'homme dans l'ensemble du cosmos. Les principaux états du Yin et du Yang qui sont considérés dans ces spécula tions sont le Yang du Yang, le Yang du Yin (ou Yang dans le Yin), le Yin du Yin et le Yin du Yang (ou dans le Yang) . Il existe dans le corps trois Yang : celui du Cœur (Yang du Yang), celui des Reins (Yang dans le Yin) et celui de la Vessie (Yang dans le Yin, car la vessie est un organe Yang dans la partie Yin du corps). A ces distinctions, s'ajoutent celles du Yang et du Yin extérieurs et du Yang et du Yin intérieurs, ainsi que les notions de Souffle Originel (Yang) et d'Eau véritable (Yin) qui sont en l'homme les principes Yang et Yin transcen dants, éternels. Ce sont eux, essentiellement, qui seront l'Objet de l'Œuvre. Sur le plan pratique, on retrouve toutes les anciennes méthodes taoïstes: exercices respiratoires, visualisations, mouvements gymnastiques, mais délibér ément subordonnées au but ultime, c'est à dire, par delà la Longue vie, à la sortie hors du cosmos, à l'union au Tao, au "rejet de l'écorce". L'alchimie interne est donc l'héritière directe du taoïsme ancien: elle adopte la théorie du Yin et du Yang et des Cinq éléments, ainsi que la disposition des hexagrammes du Ti king qui lui fournissent son cadre et son langage théorique. A partir de ces données, tout le travail alchimique peut se résumer en quelques points qui sont constamment repris. Le Yang monte et le Yin descend, puis remonte, tandis que redescend le Yin; ou encore: le Yang monte pour former le Ciel et le Yin descend pour former la Terre; puis le Ciel descend et la Terre monte pour former l'univers avec l'Eau et le Feu. Les Reins représentent en l'homme l'élément Eau-yin, le Cœur, l'élément Feu-yang. Dans les Reins, il est un Souffle, comme dans le trigramme k'an #v qui leur correspond il est un trait yang. Ce Souffle est le "Feu véritable" ou en core le Souffle du Yang originel que doit extraire l'alchimiste. Il monte. Il est le principe ascendant qui œuvre au plus bas, le "char du fleuve", le germe yang qui, su fort de l'hiver, fait croître les jours. Le Cœur, de même, contient un Fluide, l'"Eau véritable", équivalent du L'alchimie interne dans le taoïsme 243 trait yin contenu dans le trigramme du Cœur, le trigramme li ]H. Cette Eau est le principe descendant qui fait descendre le Yang sur terre et apporte les effluves célestes, et que doit également extraire l'alchimiste. Ce Feu véritable et cette Eau véritable naissent, le premier sous l'action du souffle yang de la Vessie mentionné plus haut, et le second sous celle des Pou mons (organe yin dans le domaine yang, c'est à dire supérieur, du corps). A partir de quoi, le Souffle véritable monte des Reins et l'Eau véritable des cend du Cœur. L'alchimiste doit les unir, et de cette union extraire de nouveau, en chacun, le principe opposé. Du Souffle des Reins, naît alors l'"Eau du Un véritable" et du Fluide du Cœur, le "Souffle du Yang correct". Ayant ainsi pris l'amande qui est dans le noyau qui est dans le fruit, l'intérieur dans l'in térieur, ayant ainsi fait s'accoupler les contraires, de sorte que chacun enveloppe l'autre, l'alchimiste obtient le Tigre (animal yin) qui est encore l'Eau du Un véritable, mais à un autre niveau, et le Dragon (animal yang) qui est le Souffle du Yang correct, mais cette fois-ci, c'est le "monde renversé" : l'Eau monte et le Feu descend. De nouveau, ces deux éléments contraires s'unissent: c'est le "croisement du Tigre et du Dragon" dans la Chambre jaune (couleur du Cent re), qui engendre le Germe jaune, ou le Plomb véritable. Ce Plomb véritable qui est aussi l'Essence d'or, et qui est comparé à l'argent extrait du plomb ordinaire, fait pendant au Mercure véritable, Fluide yang en gendré par le Souffle des Reins uni à celui du Cœur (Souffle sur Souffle, excès de Souffle ou de Yang engendre du Fluide ou du Yin), qui est la "Perle obscure" (ou "mystérieuse", une image tirée du Tchouang tseu, la Perle obscure qui se trouve au fond de l'Eau rouge ou ignée) est descendue dans le champ de cinabre inférieur. En fait, à vrai dire, il ne s'agit là que de l'une des explications con cernant ce Mercure véritable, les textes n'étant pas tout à fait cohérents sur cette question.1 En effet, si on épluche les textes de trop près et leur demande des précisions strictes, il semble difficile, à partir uploads/Geographie/ robinet-l-x27-alchimie-interne-dans-le-taoisme.pdf

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