 Rapport phare du BIT  Résumé analytique Rapport mondial sur la protection so

 Rapport phare du BIT  Résumé analytique Rapport mondial sur la protection sociale 2020-2022 La protection sociale à la croisée des chemins: bâtir un avenir meilleur 1 Résumé analytique Malgré les efforts déployés dans de nombreuses régions du monde pour étendre la protection sociale, beaucoup de pays rencontraient des difficultés considérables pour faire du droit humain à la sécurité sociale une réalité pour tous lorsque s’est déclarée la pandémie de COVID‑19. Ce rapport donne une vue d’ensemble des pro‑ grès accomplis dans le monde ces dix dernières années en vue d’étendre la protection sociale et de mettre en place des systèmes de protection sociale, y compris des socles, fondés sur les droits et traite de l’impact de la pandémie de COVID-19. Ce faisant, il apporte une contribution essentielle au cadre de suivi du Programme de développe‑ ment durable à l’horizon 2030 (Programme 2030). Cinq points essentiels se dégagent du rapport: La pandémie a mis en évidence les inégalités tenaces et les lacunes importantes qui subsistent dans tous les pays en matière de couverture, d’exhaustivité et d’adéquation de la protection sociale aux besoins des populations. Les pro‑ blèmes chroniques que sont les niveaux élevés d’insécurité économique, la pauvreté persistante, le creusement des inégalités, la persistance de l’emploi informel et la fragilité du contrat social ont été exacerbés par le COVID‑19. La crise a révélé aussi la vulnérabilité de milliards de personnes qui semblaient s’en sortir tant bien que mal mais qui n’étaient pas suffisamment protégées contre les ondes de choc socio-économiques de la pandémie. Les responsables politiques ont dû se rendre à l’évidence: plusieurs catégories de la population – les enfants, les personnes âgées, les aidants non rémunérés, ainsi que les personnes qui occupent certaines formes d’emploi ou travaillent dans l’économie informelle – étaient insuffisamment ou n’étaient pas du tout couvertes par les systèmes de protection sociale existants. Ce rapport fait ressortir ces lacunes et montre que la pandémie a conduit les pays à prendre des mesures inédites, en matière de protection sociale notamment. Répondant à la crise du COVID‑19, les pays ont placé une emphase sans précédent sur les poli‑ tiques de protection sociale. Les gouvernements ont donné la priorité à la protection sociale dans leur réponse visant à protéger la santé, les emplois et les revenus, ainsi qu’à préserver la stabilité sociale. Lorsque cela était nécessaire, ils ont étendu la couverture à des catégories de la population qui n’étaient pas protégées jusque-là, créé de nouvelles prestations ou relevé le niveau de celles existantes, adapté les mécanismes admi‑ nistratifs et les modalités de déboursement des prestations et mobilisé des ressources financières supplémentaires. De nombreux pays à revenu faible ou intermédiaire n’ont toutefois pas été en mesure, malgré le soutien apporté par la commu‑ nauté internationale, de répondre à la crise par des mesures de protection sociale et de relance proportionnées à l’ampleur de la pandémie, ce qui a contribué à créer un «écart de reprise» entre eux et les pays à revenu élevé, essentiellement dû aux importantes lacunes en matière de couverture et de financement. La reprise socio-économique demeure incertaine et il reste plus que jamais nécessaire d’investir dans la protection sociale. Dans ses prévisions les plus récentes, le Fonds monétaire international alerte sur le risque de trajectoires de reprise diver‑ gentes, les pays riches connaissant un redresse‑ ment rapide et les pays à faible revenu voyant au contraire s’annuler les progrès accomplis ces dernières années sur la voie du développement. Assurer une reprise centrée sur l’humain partout dans le monde passe par un accès équitable aux vaccins. C’est un impératif moral mais aussi une nécessité de santé publique: une disponibilité très inégale des vaccins provoquera de nouvelles mutations du virus qui annuleront les bénéfices de la vaccination partout dans le monde. D’ores et déjà, l’accès inéquitable aux vaccins, les écarts que l’on constate dans la réponse à la crise, les appels à la solidarité internationale restés sans réponse, l’aggravation de la pauvreté et des inégalités, et le recours à des mesures d’austérité sont autant d’éléments qui laissent présager une reprise à plusieurs vitesses. Dans cette éventualité, de nom‑ breuses personnes seraient abandonnées à leur sort, et les progrès accomplis vers la réalisation du Programme 2030 ainsi que sur la voie de la justice sociale seraient réduits à néant. Les pays sont à l’heure des choix en ce qui concerne la trajectoire à suivre par leurs sys‑ tèmes de protection sociale. La crise actuelle aura eu le mérite de nous rappeler à quel point il est crucial d’investir dans la protection sociale. De nombreux pays font néanmoins face à des contraintes budgétaires très fortes. Ce rapport montre que tous les pays ou presque, quel que soit leur niveau de développement, ont un choix à faire: soit ils adoptent une stratégie ambitieuse et investissent dans le renforcement de leur système de protection sociale, sortant ainsi de la crise par le haut, soit ils cèdent aux pressions budgétaires ou politiques et se contentent d’une approche minimaliste qui consiste à tarir les res‑ sources allouées à la protection sociale. Les pays peuvent saisir la chance offerte par la pandémie et s’appuyer sur leurs mesures de réponse à la 2 X Rapport mondial sur la protection sociale 2020-2022: la protection sociale à la croisée des chemins – bâtir un avenir meilleur crise pour consolider leurs systèmes de pro‑ tection sociale et combler progressivement les lacunes en matière de protection, afin de faire en sorte que chacun soit protégé à la fois contre les chocs systémiques et les aléas de la vie. Cela suppose qu’ils redoublent d’efforts pour mettre en place des systèmes de protection sociale universels, complets, adéquats et durables, et notamment des socles de protection sociale solides qui puissent au moins garantir à tous un niveau élémentaire de sécurité sociale tout au long de la vie. L’autre voie possible serait de se contenter de sortir de la crise par le bas moyen‑ nant une approche «moins-disante» et de ne pas investir dans la protection sociale, au risque de se retrouver piégés dans une voie sans issue «à bas 1 Sans compter les soins de santé et les prestations de maladie. coût et faible développement humain». Ce serait une occasion perdue de renforcer les systèmes de protection sociale et de transformer les sociétés en vue de bâtir un avenir meilleur. La mise en place de systèmes de protection sociale universels et la concrétisation du droit humain à la sécurité sociale pour tous constituent la pierre angulaire d’une approche centrée sur l’humain pour parvenir à la justice sociale. La protection sociale contribue grandement à réduire la pau‑ vreté et les inégalités, à renforcer les capacités des individus, à améliorer la productivité, à favoriser la dignité, la solidarité et l’équité, et à revitaliser le contrat social. X L’état de la protection sociale: des progrès, certes, mais insuffisants En 2020, seulement 46,9 pour cent de la popu‑ lation mondiale bénéficiait effectivement d’au moins une prestation de protection sociale1 (indi‑ cateur 1.3.1 des ODD, voir figure 1), tandis que les 53,1 restants – soit pas moins de 4,1 milliards de personnes – ne disposaient d’aucune protection. Ces pourcentages mondiaux masquent d’impor‑ tantes disparités entre les régions et au sein de celles-ci: si le taux de couverture est supérieur à la moyenne mondiale en Europe et Asie centrale (83,9 pour cent) et dans les Amériques (64,3 pour cent), il se situe en deçà dans la région de l’Asie et du Pacifique (44,1 pour cent), dans les États arabes (40,0 pour cent) et en Afrique (17,4 pour cent). L’accès aux soins de santé et aux indemnités jour‑ nalières de maladie et prestations de chômage s’est avéré d’une importance capitale durant la crise du COVID‑19. Si près des deux tiers de la population mondiale bénéficient d’une couverture santé sous une forme ou une autre, d’importantes lacunes subsistent en matière de couverture et d’adéquation du niveau de prestations de soins. Ces lacunes sont encore plus prononcées en ce qui concerne la protection du revenu en cas de maladie et de chômage. Environ un tiers seule‑ ment des personnes en âge de travailler bénéfi‑ cient d’une sécurité de revenu garantie par la loi en cas de maladie, et moins d’un cinquième des demandeurs d’emploi perçoivent effectivement des prestations de chômage. Les lacunes en matière de couverture, d’exhaus‑ tivité et d’adéquation des systèmes de protec‑ tion sociale sont liées à un sous-investissement notable, notamment en Afrique, en Asie et dans les États arabes. Les pays consacrent en moyenne 12,9 pour cent de leur PIB à la protection sociale (hors santé), mais ce chiffre masque des écarts considérables. Ces dépenses représentent en moyenne 16,4 pour cent du PIB dans les pays à revenu élevé, soit deux fois plus que dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure (8 pour cent), six fois plus que dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure (2,5 pour cent) et quinze fois plus que dans les pays à faible revenu (1,1 pour cent). Le déficit de financement pour la mise en place de socles uploads/Geographie/ rapport-mondial-sur-la-protection-sociale-2020-2022.pdf

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