Revue d'histoire de la pharmacie Nicolas Lémery et ses fils Louis et Jacques à

Revue d'histoire de la pharmacie Nicolas Lémery et ses fils Louis et Jacques à l’Académie royale des sciences (2e partie) Patrizia Catellani, Renzo Console, Bruno Bonnemain Abstract The first part of our study of the activities of Nicolas Lémery and his sons Louis and Jacques at the Académie royale des sciences began with a description of the structure of the Académie as a result of its reformation in 1699. Then we explained how Nicolas Lémery performed his duties at the Académie beginning from 1699 until his death in 1715. In this second part we are concentrating in a similar way on the activities of Nicolas’s son Louis for the Académie, where he was a member from 1700 to 1743. Résumé La première partie de notre étude sur les activités de Nicolas Lémery et de ses fils Louis et Jacques à l’Académie des sciences a commencé par une description de la structure de l’Académie après la réforme de son organisation en 1699. Nous avons ensuite expliqué comment Nicolas Lémery a répondu à ses obligations à l’Académie de 1699 à sa mort en 1715. Dans cette deuxième partie, l’étude a porté sur les activités de Louis Lémery pour cette Académie dont il fut membre de 1700 à 1743. Citer ce document / Cite this document : Catellani Patrizia, Console Renzo, Bonnemain Bruno. Nicolas Lémery et ses fils Louis et Jacques à l’Académie royale des sciences (2e partie). In: Revue d'histoire de la pharmacie, 98e année, N. 371, 2011. pp. 351-370; doi : 10.3406/pharm.2011.22344 http://www.persee.fr/doc/pharm_0035-2349_2011_num_98_371_22344 Document généré le 28/08/2017 351 Revue d’histoire de la pharmacie, LIX, N° 371, 3e trim. 2011, 351-370. Nicolas Lémery et ses fils Louis et Jacques à l’Académie royale des sciences (2e partie) par Patrizia Catellani*, Renzo Console** (traduit en français par Bruno Bonnemain) Les activités de Louis Lémery le Fils à l’Académie royale des sciences Louis Lémery, le premier fils de Nicolas, fut invité à rejoindre l’Académie royale, alors qu’il n’avait que 23 ans, comme élève botaniste de Joseph Pitton de Tournefort. Son rôle n’était donc pas spécifiquement dans le domaine de la chimie, qui fut par la suite reconnue comme son domaine de prédilection. Louis n’était pas aussi connu que son père mais sa carrière a été décrite dans plusieurs biographies et encyclopédies médicales. Pratiquement toutes les informations biographiques concernant Louis Lémery, dénommé Le Fils ou L’Aîné (1677- 1743), ont pour origine son Éloge écrit et lu quelques mois après sa mort par Jean-Jacques Dortous de Mairan, secrétaire perpétuel de l’Académie royale des sciences1. Louis est né en 1677 à Paris où il reçut son éducation et débuta son activité professionnelle. Il fut excellent dans les domaines académiques et professionnels très tôt sous la houlette de son père et avec son aide. Il fut reçu comme médecin en 1698 (à l’âge de 21 ans seulement) et fut nommé élève botaniste à l’Académie royale des sciences deux ans plus tard. En 1702, il publia son premier ouvrage, le Traité des Aliments ; et en 1704, c’était la parution de la Dissertation sur la Nourriture des Os. Louis écrivit également plusieurs mémoires pour l’Académie et fut nommé en 1708 professeur de chimie au Jardin Royal des Plantes. Puis, en 1710, il devint médecin à l’Hôtel-Dieu. En 1712, il fut promu comme chimiste associé à l’Académie et succéda à son père en 1715 comme chimiste pensionnaire. En 1716 et 1717, il fut nommé sous-directeur de l’Académie. En 1722, il acheta une charge de médecin royal et devint le médecin personnel du Prince de Conti. Il mourut en 1743 d’anasarque ou de gangrène. * Via Mavora 106, Gaggio di Piano, 41010 Modena, Italie. ** Tillington, Ridgway Road, Pyrford, Woking, Surrey GU22 8PR, Grande Bretagne. É T U D E 352 Revue d’Histoire de la pharmacie Louis avait de nombreux centres d’intérêt, dont l’un des premiers fut la nutrition. Dans ce domaine, il écrivit très tôt, en 1702, un traité qui fait encore référence, le Traité des Aliments (qui fut traduit en anglais et en italien) et un autre ouvrage, la Dissertation sur la Nourriture des Os qui fut présenté à l’Académie en 1704 et publié comme un traité à part la même année. La carrière de Louis comme médecin fut brillante : il eut une longue carrière au célèbre Hôtel-Dieu et pour la famille royale. Il eut aussi finalement le poste prestigieux de professeur de chimie au Jardin Royal des Plantes, que son père Nicolas n’avait pas pu obtenir. Louis était très assidu aux séances de l’Académie et prit la parole à de nombreuses reprises. Après s’être concentré sur la chimie, il s’intéressa plus tardivement à l’anatomie, et plus spécialement aux causes de la naissance de monstres, c’est-à-dire de fœtus présentant de graves malformations. Louis présenta aussi des études nouvelles concernant des sujets déjà travaillés par son père. La proposition pour la candidature de Louis à l’Académie fut discutée le 3 février 1700. Comme on peut le voir dans le compte rendu de cette séance, l’assemblée décida de présenter sa candidature au roi, mais sans que son père, bien que présent, ne participe à la discussion. Ceci n’aurait pas été considéré comme légitime. On peut lire dans le compte rendu du 6 mars 17002 : « M.r le President m’a donné a lire a la Compagnie une lettre de Mgr. le Comte de Pontchartrain qui luy est addressée et dattée de Versailles du 3. Mars 1700. Par laquelle il luy mande que le Roy a agréé M.r Lemery le Fils pour eleve de M.r Tournefort. » L’admission de Louis à l’Académie fut facilitée par toute une série d’événements. Comme nous l’avons vu, le pensionnaire chimiste Bourdelin était mort et Nicolas Lémery avait été promu pour le remplacer ; Geoffroy, l’élève de Homberg, avait été nommé associé pour remplacer Nicolas ; on donna Berger, un élève de Joseph Pitton de Tournefort, à Homberg comme élève ; et Louis entra à l’Académie comme élève de Tournefort. Celui qui lut la lettre à l’assemblée fut (bien sûr) le secrétaire Fontenelle, qui rédigeait aussi le compte rendu. À l’époque, le président était Jean-Paul Bignon, membre honoraire, le neveu du comte Louis de Pontchartrain (1643-1727), l’auteur de la lettre en tant que chancelier de Louis XIV. Le célèbre botaniste pensionnaire Joseph Pitton de Tournefort (1656-1708) et Nicolas, le père de Louis Lémery, étaient présents, mais Louis n’était pas encore là. Il vint pour la première fois à l’Académie à la session du 10 mars suivant. La première communication à l’Académie de Louis Lémery que nous avons pu retrouver date du 29 mai 1700 et concernait quelques éléments extraordinaires observés au cours d’une autopsie à laquelle Louis avait assisté. Bien qu’il soit officiellement présent comme botaniste, il intervint pour sa première communication sur un sujet d’anatomie. Cependant, moins de trois mois plus tard, le 18 août, il intervint sur un sujet de botanique3 : « M.r Lemery le Fils a l’occasion du scorbut qui devient plus commun en France qu’il n’etoit a donné une description et differentes distillations du Cochlearia, qui en est un tres bon remede. » Un résumé donne ensuite quelques explications. Nicolas Lémery et ses fils à l’Académie royale des sciences 353 Louis poursuivit l’étude des plantes contre le scorbut, comme nous le verrons, mais on trouve d’abord une intervention de sa part le 16 février 1701 sur un sujet de chimie. Le secrétaire nota4 : « M.r Lémery le Fils a lu un Discours sur les Eaux minerales de Passy dont il a fait des Experiences tres exactes, sur lesquelles il fonde differentes reflexions. » C’est la première intervention de Louis sur la chimie qui sera son sujet de prédilection. En 1702, Louis devint l’élève de son père. Nous allons montrer ici comment cela s’est produit. Comme nous l’avons indiqué dans la première partie de cette étude, à l’été 1702, Nicolas Lémery perdit son élève Adrien Thuillier qui mourut. Pour le remplacer, il fut décidé que le meilleur candidat serait Louis, l’élève de Tournefort. Cela signifiait qu’il fallait trouver un nouvel élève à Tournefort et l’assemblée recommanda Pierre-Jean-Baptiste Chomel (qui fut par la suite associé botaniste). Ces changements furent annoncés par le secrétaire au début de la session du 26 juillet 17025 : « J’ay lû à la Compagnie une lettre de M.r de Pontchartrain par laquelle il mande à M.r l’abbé Bignon que le Roy a agréé M.r Chomel pour eleve de M.r de Tournefort, et M.r Lémery Fils pour eleve de M.r Lémery. » L’étape suivante pour Louis à l’Académie fut sa nomination comme associé chimiste dix ans plus tard, et voici ce qui lui en donna l’opportunité : dans les comptes rendus de la séance du 9 juillet 1712, on s’aperçoit que l’associé chimiste de Langlade avait demandé à devenir associé chimiste vétéran car il ne pouvait plus être un membre actif de l’Académie ; le roi accepta sa requête et l’Académie chercha donc un successeur ; le 20 juillet, l’assemblée décida de proposer au roi un successeur pour de Langlade ; le choix de la majorité, comme le voulait uploads/Geographie/ nicolas-lemery-e-seus-filhos-louis-e-jacques-na-royal-academy-of-sciences-2-parte.pdf

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