c o l l è g e d e f r a n c e – c n r s c e n t r e d e r e c h e r c h e d ’ h
c o l l è g e d e f r a n c e – c n r s c e n t r e d e r e c h e r c h e d ’ h i s t o i r e e t c i v i l i s a t i o n d e b y z a n c e travaux et mémoires 21/2 Autour du Premier humanisme byzantin & des Cinq études sur le xi e siècle, quarante ans après Paul Lemerle Association des Amis du Centre d’Histoire et Civilisation de Byzance 52, rue du Cardinal-Lemoine – 75005 Paris 2017 Ouvrage publié avec le concours de l’université Paris-Sorbonne édité par Bernard Flusin & Jean-Claude Cheynet ©Association des Amis du Centre d’Histoire et Civilisation de Byzance – 2017 ISBN 978-2-916716-64-0 ISSN 0577-1471 ORIENT ET MÉDITERRANÉE (UMR 8167) / monde BYZANtin collège de France / institut d’études byzantines TRAVAUX ET MÉMOIRES – publication annuelle paraissant en un ou deux fascicules – Fondés par Paul Lemerle Continués par Gilbert Dagron Dirigés par Constantin Zuckerman Comité de rédaction : Jean-Claude Cheynet, Vincent Déroche, Denis Feissel, Bernard Flusin Secrétariat de rédaction, relecture et composition : Emmanuelle Capet Wolfram Brandes (Francfort) Jean-Luc Fournet (Paris) Marlia Mango (Oxford) Brigitte Mondrain (Paris) Peter Schreiner (Cologne – Munich) Werner Seibt (Vienne) Jean-Pierre Sodini (Paris) Comité scientifique : Autour du Premier humanisme byzantin & des Cinq études sur le xi e siècle, quarante ans après Paul Lemerle, éd. par B. Flusin & J.‑C. Cheynet (Travaux et mémoires 21/2), Paris 2017, p. 53-74. L’éducation à Byzance aux ixe-xe siècles : problèmes et questions diverses par Athanasios Markopoulos Sans vouloir apporter des chouettes à Athènes, comme le dit le très ancien proverbe 1, je voudrais souligner, avec une insistance particulière, que l’étude de l’éducation et de la culture en général à Byzance a vu dans son ensemble son cheminement totalement bouleversé après la parution du Premier humanisme byzantin (Paris 1971). Paul Lemerle, étudiant avec minutie les sources, principalement, et soumettant au crible de multiples questions la bibliographie existant jusqu’alors, qui souvent n’avait pas su éviter les nombreuses et lassantes généralités, a composé un tableau vivant extrêmement impressionnant du système éducatif byzantin, qu’il a indissociablement lié à la notion de παιδεία, de culture à Byzance, comme il a veillé à le signaler en l’indiquant en exergue dans le sous-titre de son livre : « Notes et remarques sur enseignement et culture à Byzance des origines au xe siècle ». Bien entendu, la notion de culture telle que l’a décrite et retracée Lemerle est très éloignée de la paideia étudiée autrefois par Werner Jaeger, dont l’objectif et la perspective étaient tout à fait différents et par rapport auquel d’ailleurs le savant français a maintenu des distances évidentes 2. Cependant, le désaccord à propos de la notion de culture-paideia dans le monde byzantin se focalisait principalement sur l’arrière-plan philosophique grec qui, selon Jaeger, joua un rôle important dans le progrès du christianisme ; Lemerle, sans méconnaître le rôle de la pensée philosophique grecque, a tenté de suivre le quotidien et le « fonctionnement » du monde nouveau qui émergea à pas timides dès le ive siècle, moins dans sa conception que, surtout, dans les applications 3 : dans ce processus purement intellectuel, l’éducation commença à jouer un rôle essentiel, en continuant à suivre des pratiques didactiques bien éprouvées, mais sans 1. Voir CPG I, 59, 359 ; II, 20, 345, 348. 2. Lemerle, Premier humanisme, p. 43, n. 1. Voir tout récemment E. Chrysos, Περί παιδείας λόγος, dans Myriobiblos : essays on Byzantine literature and culture, ed. by Th. Antonopoulou, S. Kotzabassi and M. Loukaki, Boston – Berlin – München 2015, p. 85-97, ici p. 85 et passim. 3. Sur ce thème majeur, cf. l’opinion différente de P. Athanassiadi, From man to god, or The mutation of a culture (300 bc-ad 762), dans Heaven & earth : art of Byzantium from Greek collections, ed. by A. Drandaki, D. Papanikola-Bakirtzi & A. Tourta, Athens 2013, p. 29-43. Voir aussi le point de vue très important exprimé récemment par S. Steckel, Networks of learning in Byzantine East and Latin West : methodological considerations and starting points for further work, dans Networks athanasios markopoulos 54 éviter les ruptures idéologiques plus ou moins attendues que soulignent de la manière la plus nette les décrets pris par Julien (361-363) 4 puis par Justinien (527-565) 5 pour exclure du système éducatif les individus affichant certaines convictions religieuses concrètes, quoique différentes selon le cas. Trois ans après la parution du grand livre de Lemerle, vit le jour la monographie, importante sous bien des aspects, de Paul Speck, Die Kaiserliche Universität von Konstantinopel 6. Comme l’auteur le précise dans l’avant-propos, il avait quasiment achevé de rédiger son ouvrage au moment de la parution du Premier humanisme, ce qui l’incita à réviser de nombreux points, sans pouvoir échapper aux inévitables répétitions, recoupements, etc. 7. Speck a consacré à la synthèse de Lemerle un compte rendu 8 qui, malgré sa longueur, couvre seulement les premiers chapitres de l’ouvrage ; dans un esprit particulièrement critique, il y formule sa propre vision des choses concernant l’éducation, principalement, de la période protobyzantine – la notion de culture en général ayant plutôt été laissée de côté –, vision le plus souvent aux antipodes de celle de Lemerle. En tout cas, Lemerle a, lui aussi, porté un jugement négatif sur Speck, et cela à plusieurs reprises, soulignant avec insistance que le travail du byzantiniste allemand se distinguait en bien des points par son conservatisme 9. Aujourd’hui qu’une grande distance nous sépare de ces deux livres, la comparaison pourrait éventuellement s’avérer intéressante, notamment pour ce qui est de la conception structurelle régissant les deux ouvrages. Il est incontestable que Lemerle, nettement plus théoricien, insistant sur les longues durées et les protagonistes, presque toujours guidé par une intention visible de codifier les informations existantes et de tracer de nouvelles voies, spécialement pour la période iconoclaste et les années qui suivirent, offre énormément, formant une école et imposant presque un mode de pensée et même une vision des choses. Speck, au contraire, concentre son attention sur une période nettement plus limitée, utilise sans hésiter des termes tels que Universität, malgré quelques réserves 10, et, d’une manière générale, restant attaché à la lettre du texte, évite de prendre position, contrairement à Lemerle, là où les sources sont silencieuses ou ne livrent pas tout ce que le chercheur pouvait en escompter. Le conservatisme avec lequel Speck examine les choses, qui est sans aucun doute visible of learning : perspectives on scholars in Byzantine East and Latin West, c. 1000-1200, ed. by S. Steckel, N. Gaul & M. Grünbart, Zürich – Berlin – Münster 2014, p. 185-233, ici p. 185-191, p. 199-202. 4. CTh 13, 3, 5. 5. Voir infra, p. 68-69. 6. P. Speck, Die Kaiserliche Universität von Konstantinopel : Präzisierungen zur Frage des höheren Schulwesens in Byzanz im 9. und 10. Jahrhundert, München 1974. 7. Kaiserliche Universität (cité n. 6), p. vii. Je note à titre d’exemple ce qu’indiquent les deux auteurs concernant le professeur anonyme : Premier humanisme, p. 246-257 ; Kaiserliche Universität, p. 29-35. Voir aussi infra, p. 55-57 et passim. 8. BZ 67, 1974, p. 385-393 ; voir maintenant P. Speck, Understanding Byzantium : studies in Byzantine historical sources, ed. by S. Takács, Aldershot 1999, no II (traduction anglaise). 9. Lemerle, Cinq études, p. 196, n. 1 et 2. Voir aussi les ajouts apportés par Lemerle aux traductions du Premier humanisme après la publication de l’ouvrage de Speck ; cf. à titre tout à fait indicatif la traduction grecque du livre sous le titre Ο πρώτος βυζαντινός ουμανισμός, Αθήνα 1981, p. 324, n. 52 ; p. 327, n. 60 ; p. 364, n. 75 ; p. 376, n. 1 et passim. 10. Voir la notice de N. Gaul, Rising elites and institutionalization, ēthos/mores, “debts” and drafts : three concluding steps towards comparing networks of learning in Byzantium and the “Latin” West, c. 1000-1200, dans Networks of learning (cité n. 3), p. 235-280, ici p. 239, n. 23. L’éducation à Byzance aux ixe-xe siècles 55 indépendamment même de ce que dit Lemerle, est utile d’un autre côté ; je note deux exemples indicatifs : ce qu’il dit des activités d’enseignement de Photius et de la période de l’école de la Magnaure 11, questions sur lesquelles Lemerle, venu d’un autre point de départ, avait une opinion totalement différente 12. J’estime que le grand apport de Lemerle pour ce qui touche à l’enseignement à Byzance en général consiste dans sa tentative presque anxieuse de signaler, tout d’abord, puis d’étudier les acteurs de chaque système d’enseignement institutionnel. Cet acteur, qu’il s’agisse d’un individu qui a exercé de manière avérée la fonction d’enseignant, comme Léon le Mathématicien, ou d’une école, par exemple celle du professeur anonyme, jouit d’un traitement privilégié dans son grand ouvrage, contrairement à certaines « particularités » byzantines telles que, par exemple, l’enseignement public de Léon le Mathématicien sur ordre de l’empereur uploads/Geographie/ markopoulos-l-x27-education-a-byzance-aux-ixe-xe-siecles.pdf
Documents similaires










-
38
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Jul 02, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
- Taille du fichier 0.4572MB