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Lettre à la jeunesse Étudiantes, étudiants, nos amours nos enfants Écho de nos

Lettre à la jeunesse Étudiantes, étudiants, nos amours nos enfants Écho de nos vingt ans, de nos plus beaux printemps Au profond de nos coeurs nous vous avons rêvés Pour fleurir en bonheur nous vous avons portés Et nous avons semé en vous nos espérances Comme la suite du monde sans vous n’a pas de sens Notre plus grande richesse, c’est vous belles jeunesses Et pour changer le monde nous vous faisons confiance Sur nos propres épaules nous vous avons portés Pour que vous puissiez voir venir votre avenir Ouvrir enfin vos ailes, voler en liberté À la hauteur de vos plus vives espérances Nous vous avons élevés au mieux de nos croyances Votre plus grande richesse, c’est bien votre jeunesse Vous vous tenez debout, vous allez jusqu’au bout D’accord avec vous : Qui ne risque rien n’a rien Jusqu’au bout de nos rêves nous vous avons portés Mais comme la vie est brève, nos grands rêves s’achèvent Heureusement vous êtes des rêveurs réveillés La tête dans le ciel et les deux pieds sur terre Vous voyez la lumière qui point à l’horizon Vous nous réapprenez notre droit de rêver D’une révolution dans la sérénité Nous étions en sommeil, vous sonnez le réveil Jusqu’au bout de vos rêves vous nous emmènerez Nous entendons vos voix et nos voix vous répondent Chaque génération veut recréer le monde Nous marchons chaque jour avec vous nos amours Plus de cent jours de grève à porter votre rêve: La gratuité scolaire pour tous sur cette terre 1 C’est vous qui nous portez vers la pleine liberté Vous donnez dignité à notre humanité C’est de l’éducation que dépend le destin De toute nation qui veut évoluer Quand toute une nation prend son destin en main Quand ses générations jettent entre elles des ponts Pour exprimer ensemble aux yeux du monde entier Un système de valeurs qui rend le monde meilleur Alors le plus grand rêve peut se réaliser À notre boutonnière un petit carreau rouge Et voilà tout un peuple qui parle et qui bouge Casseroles et tambours résonnent tout autour Nous marchons chaque jour avec vous nos amours La loi 78 ou les mesures de guerre Le poivre la matraque ne pourront nous faire taire Car notre point d’appui pour soulever le pays C’est la démocratie la solidarité Étudiantes étudiants c’est à votre tour de nous éduquer Gardez la bouche ouverte pour qu’on vous entende Merci pour la leçon “Si vous trouvez que l’éducation coûte cher, essayez l’ignorance”. Abraham Lincoln Vous êtes la jeunesse la plus éduquée de l’histoire. Votre intelligence créatrice constitue le plus grand capital convoité par les entreprises. Une infime partie des profits de ces grandes entreprises suffirait à l’alphabétisation du monde entier. Vous souvenez-vous de la révolution tranquille? En 1960, le Parti Libéral de Jean Lesage, annonçait dans le Devoir son programme électoral: “ Gratuité scolaire, de la petite école à l’université inclusivement, gratuité des manuels scolaires 2 dans toutes les écoles publiques, allocations de soutien couvrant logement, pension, vêtement…” Mais malheureusement, suite au Rapport Parent, le Parti Libéral n’a pas respecté tous ses engagements. Aujourd’hui, plusieurs pays offrent à leurs étudiantes et à leurs étudiants la gratuité scolaire. Vous souvenez-vous de la Crise d’octobre 1970, de Poèmes et chants de la Résistance, de la loi des mesures de guerre? Cette loi ignoble a eu pour effet de nous faire prendre conscience de notre identité culturelle unique au monde et de faire se lever en nous le rêve de devenir un pays indépendant. Comme vous aujourd’hui, nous étions étudiantes et étudiants, appelant la renaissance des valeurs humanistes: le respect de la vie et du bien commun, la dignité humaine dans la fraternité et le partage pacifique des biens de ce monde. Puis, après le dernier référendum, un silence assourdissant s’est installé. Voilà déjà trente ans que nous avons perdu confiance en la souveraineté de notre parole. Aujourd’hui, devant votre courage, votre audace, votre intelligence créatrice, votre persévérance et votre foi en vos droits, c’est vous, étudiantes, étudiants, qui nous réapprenez à rêver. Nous étions devenus des îles. Nous étions séparés. Nous voilà enfin réunis. Nous sommes une haute marée d’hommes, de femmes et d’enfants déferlant dans les rues de nos villes À l’heure où le destin de l’humanité se résume au choix entre le profit et la vie, entre l’avoir et l’être, entre l’économie et la culture, toutes nos générations marchent dans la rue pour donner un sens à nos existences et au mot liberté. Et vous me demandez pourquoi il faut encore croire en l’indépendance? La première chose que doit conquérir un peuple, c’est sa langue, source et fleuve de sa culture. La démocratie, c’est la volonté du peuple. Le peuple, c’est la nation. Une nation qui ne travaille pas à son indépendance sera à jamais colonisée. 3 La réponse qui m’apparaît la plus juste à votre question se trouve dans l’hymne national que je propose à notre peuple. La thématique de Ô KÉBÈK s’est articulée autour des symboles propres à notre nation avec des références à notre histoire, aux particularités de notre géographie, de notre climat, de notre faune et de notre flore, de même que de notre culture spécifique en Amérique, de nos traditions, de nos valeurs morales et de notre langue. Cet hymne Ô KÉBÈK, énonce un projet de société. Il propose une philosophie humaniste de la vie en communauté, un humanisme qui porte l’idéal de l’unité dans la diversité. Deus providebat kebeka liberata La transformation de la graphie du mot Québec en Kébèk est inspirée de cette inscription au-dessus de l’autel de l’église Notre-Dame-des-Victoires, place Royale, Vieille Capitale, 1688. KébèK Ô Québec Pays de nos amours Paroles: Raôul Duguay Musique; Raoôul Duguay et Alain Sauvageau Kébèk c’est nous gens d’ici gens de coeur Pays unique du nord de l’Amérique Grand peuple uni sous le fleurdelisé Nation qui fleurit et aspire au bonheur Sous l’arc-en-ciel de l’amour nous chantons liberté Au fil des jours nous gardons en mémoire notre histoire Notre fierté notre victoire C’est de vivre en paix et ensemble parler français Nous gardons vive souvenance de la France 4 D’où sont partis par un vent d’espérance Nos chers ancêtres qui en nous ont fait naître La soif d’un pays où règne l’abondance Avec les sages autochtones nous avons fait alliance Avons appris à parler à l’Esprit de la Terre Il nous a fait vivre de la chair Des fruits de la nature et survivre à la froidure Québec c’est nous gens de toutes les couleurs Gens venus de Grande-Bretagne et d’Irlande Gens venus d’ailleurs prendre ici demeure Nous échangeons nos savoirs nos légendes Nous allons à la rencontre de nos ressemblances Accueillons nos différences respectons nos croyances Vivons heureux dans l’unité Notre diversité enrichit notre pays L’héritage de nos mères et de nos pères C’est le courage de nous tenir debout Ouvrir nos chemins marcher jusqu’au bout Grandir souverains choisir notre destin Lorsque se lève l’aurore nous entendons encore Résonner fort dans nos coeurs la voix de nos aïeux Dans leur parlure ils jasent entre eux De l’avenir des enfants Des enfants de leurs enfants Le Saint-Laurent nage dans notre sang Coule en nos veines mille vagues d’espoir Notre grand fleuve berceau de notre histoire Abreuve notre foi dans nos droits et devoirs Comme ses eaux nourricières se mêlent à l’océan Nous embrassons les nations venant d’autres horizons Notre raison notre passion notre fraternité Nous engagent à partager 5 Québec c’est nous aussi grands que nos rêves De nos racines monte joyeuse sève Quand va éclore l’iris versicolore La vie allélouille l’hirondelle gazouille Nous baignons dans les beautés de notre immensité Sous les aurores boréales brame brame l’orignal Près des bouleaux une merveille Les ailes au soleil Le harfang des neiges s’envole Notre puissance c’est l’imagination Faire en même temps l’utile et l’agréable Bâtir un monde équitable et viable Un monde prospère qui protège la nature Notre culture a bon vent dans ses vastes voilures Les lumières de nos esprits rayonnent autour de la Terre Dans la vibrante symphonie De notre humanité Nous chantons: Je me souviens Les belles jeunesses voilà notre richesse La fraîcheur de leurs rêves change le monde Avec sagesse les aînés leur répondent Chacun son univers pourvu qu’il soit ouvert Entre nos générations allons jetons des ponts Entre les rives du fleuve buvons à la même eau Avec l’ancien et le nouveau Créons le beau pays Le pays qu’il nous faut KÉBÈK Ô QUÉBEC Pays de nos amours Raôul Duguay, poète et philosophe 6 uploads/Geographie/ lettre-a-la-jeunesse-16.pdf