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Tous droits réservés © Cahiers de géographie du Québec, 1988 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/ Document généré le 26 juil. 2021 05:30 Cahiers de géographie du Québec Les sept piliers de la géographie Orlando Peña Volume 32, numéro 87, 1988 URI : https://id.erudit.org/iderudit/021978ar DOI : https://doi.org/10.7202/021978ar Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) Département de géographie de l'Université Laval ISSN 0007-9766 (imprimé) 1708-8968 (numérique) Découvrir la revue Citer cet article Peña, O. (1988). Les sept piliers de la géographie. Cahiers de géographie du Québec, 32(87), 269–276. https://doi.org/10.7202/021978ar Résumé de l'article L'auteur procède à un examen critique de sept voies de cheminement de la géographie actuelle, depuis la géographie-description jusqu'à la géographie-spectacle. Cette démarche permet de constater l'état inquiétant de fluidité conceptuelle et méthodologique qui frappe la discipline. CAHIERS DE GÉOGRAPHIE DU QUÉBEC Vol. 32, no 87, décembre 1988, 269-276 LES SEPT PILIERS DE LA GÉOGRAPHIE par Orlando PEflA Département des sciences humaines, Université du Québec à Chicoutimi, Chicoutimi, Québec, G7H2B1 RÉSUMÉ L'auteur procède à un examen critique de sept voies de cheminement de la géographie actuelle, depuis la géographie-description jusqu'à la géographie-spectacle. Cette démarche permet de constater l'état inquiétant de fluidité conceptuelle et méthodologique qui frappe la discipline. MOTS-CLÉS : Description, explication, application, sensibilisation, appareillage, loisir, spectacle, spatialité. ABSTRACT The Seven Pillars of Geography The author draws a critical analysis of seven current disciplinary directions, from descriptive geography to the «geography-show». He notes that geography appears to be in a state of conceptual and methodological fluidity. KEY WORDS : Description, explanation, application, equipment, leisure, show, space. Par le biais de ce «colloque transatlantique interactif», il nous est proposé de revisiter ensemble les vastes domaines de la géographie et de faire rapport sur leur état. Il y aurait eu, semble-t-il, des changements importants dans la discipline depuis une vingtaine d'années (pourquoi pas depuis le début des années cinquante, c'est-à-dire depuis la publication de l'article de Fred K. Schaefer sur l'exceptionnalisme en géographie ?) et on aimerait les évaluer. L'exercice n'est pas nouveau puisque réguliè- rement les géographes se posent des questions sur le passé récent et sur l'avenir de la discipline, en essayant apparemment d'exorciser ainsi les démons qui l'habitent.. 270 CAHIERS DE GÉOGRAPHIE DU QUÉBEC, Vol. 32, no 87, décembre 1988 La chose n'est pas mauvaise en soi parce qu'elle stimule la réflexion et empêche l'«instrumentalisation» outrancière de la géographie et des géographes. Nous ne devrions cependant pas trop espérer d'un tel débat qui n'apportera pas la réponse finale et globale à nos inquiétudes. Il pourrait toutefois aider à préciser quelques caractéristiques de la géographie actuelle et, ce faisant, lui permettre de poursuivre ses cheminements. Car il s'agit, bel et bien, de plusieurs voies ou modalités de cheminement qui, si elles n'étaient pas devenues simultanées et concurrentielles, auraient pu atteindre des dimensions paradigmatiques (dans le sens suggéré par Thomas S. Kuhn dans son analyse sur la structure des révolutions scientifiques). Dans les faits, chaque moment du cheminement de la géographie a la vie longue et refuse de céder sa place aux nouveaux venus: à preuve, la persistance de la tradition idiographique dont, périodi- quement, de respectables revues de géographie se font les courroies de transmission. Nous sommes donc confrontés à une discipline à visages multiples où, bien que le centre d'attention soit toujours le même (l'espace géographique sous toutes ses formes), les techniques d'analyse et les manières de présenter les résultats sont essentiellement diversifiées. C'est à ces deux niveaux que nous pouvons mieux reconnaître la pluralité de la géographie, une pluralité qui, tout en stimulant un renouvellement constant de l'intérêt qu'on lui porte, lui confère un certain vernis d'ambiguïté et de fragilité épistémologique que d'aucuns mettent volontiers en évidence. Étant donné qu'il n'y a pas qu'un seul visage de la discipline, c'est l'existence parallèle de plusieurs façons de faire la géographie qu'il faudra prendre en considération. Ces façons, cheminements ou visages géographiques sont au nombre de sept (tels les fameux «piliers de la sagesse» de Lawrence d'Arabie). Dans un premier groupe, nous pourrions retrouver les piliers les plus traditionnels, ceux dont les géographes se sont souvent réclamés : la géographie-description, la géographie-explication et la géographie- application. Puis, dans un autre groupe, il y a ceux qui sont plus nouveaux et que l'on essaie actuellement de consolider: la géographie-sensibilisation, la géographie des appareils, la géographie-loisir et la géographie-spectacle. LES PILIERS TRADITIONNELS DE LA GÉOGRAPHIE Malgré le risque d'« enfoncer des portes ouvertes », il est bon d'insister sur l'intérêt que les géographes portent depuis belle lurette aux travaux de description et d'explication des événements à caractère spatial, ainsi qu'à l'application éventuelle des connaissances qui en découlent. La géographie-description est, en effet, enracinée dans l'histoire ancienne de la géographie, bien que tous s'entendent pour dire que son expression la plus achevée ne remonte qu'au XIXe et au début du XXe siècles. Dans une vision critique de la conception idiographique et régionale, qui n'est qu'une autre dénomination (élégante) pour cette géographie-description, on a beaucoup reproché aux géographes français d'avant 1950 (et même d'après) les faveurs qu'ils lui ont accordées. Ils n'ont cependant pas été les seuls à avoir privilégié une telle approche : Alfred Hettner en Allemagne et Richard Hartshorne aux États-Unis (pour ne nommer qu'eux) ont beaucoup fait également pour asseoir le caractère exceptionnel de la géographie ainsi que l'unicité des phénomènes qu'elle étudie. LES SEPT PILIERS DE LA GÉOGRAPHIE 271 Ce fut justement en réaction à ce prétendu exceptionnalisme de la géographie que Schaefer prépara l'article précité et que certains identifient comme étant l'un des points de départ de la «nouvelle géographie» (Capel, 1981). La recherche de lois spatiales qui caractérise cette nouvelle géographie ne peut pas se faire sans passer par l'analyse explicative des phénomènes attirant son attention. C'est la géographie- explication qui va ainsi de l'avant, avec une connotation scientifique que ses tenants refusent, par contre, de reconnaître à la géographie-description. Toute l'étude que nous avons faite ailleurs (Peiîa et Sanguin, 1986) sur les concepts et les méthodes de la géographie a été réalisée dans la perspective de la géographie-explication et nous n'abonderons plus dans ce même sens. Malgré les commentaires critiques voulant que celui-ci ait été un choix théorique plutôt vieillot (ce ne serait finalement que l'adaptation à la géographie d'une «démarche scientifique universelle issue du positivisme et du rationalisme du XIXe siècle »), nous continuons à croire qu'il s'agit d'une conception de la méthode géographique qui reste encore fort valable et sur l'utilité de laquelle il faut toujours insister. La simple lecture du court texte nous invitant à participer à ce colloque ou une révision plus poussée de la littérature géographique publiée tout au long des dernières décennies nous confirme dans l'idée que la grande coupure dans l'histoire de la géographie contemporaine est celle du passage de l'approche descriptive à l'approche explicative. La géographie « a cessé d'être une simple histoire naturelle des paysages et des organisations régionales. Elle cherche, désormais, à démontrer les mécanismes qui régissent les répartitions des groupes humains, de leurs activités et de leurs œuvres» (Claval, 1982). Ceci dit, notre examen des autres « piliers » de la géographie devrait faire en sorte que l'alternative méthodologique et conceptuelle représentée par la géographie- explication apparaisse comme la plus cohérente et, surtout, la plus solide entre toutes. Ce qui n'empêche pas, bien au contraire, qu'elle soit aussi, en même temps, l'une des approches les plus maltraitées par les artisans de la discipline. Une partie importante de ce mauvais traitement prend ses sources chez les géographes dits professionnels, c'est-à-dire ceux qui ont décidé de faire de la géographie une pratique professionnelle dans le sens strict du mot. C'est tout le problème de la géographie-application qui est ainsi posé: un problème auquel les organismes et les politiques (universitaires) de formation de géographes pour le marché capitaliste du travail ne sont pas du tout étrangères. En effet, tant que la géographie resta une discipline d'intérêt principalement académique, liée à l'enseignement et à la connaissance générale du monde, elle put voguer plus ou moins tranquillement sur les seules eaux de la description (parfois bucolique) et, plus tard, de l'explication (souhaitons-le, scientifique). Mais les fonctions d'application de la géographie ne pouvaient plus rester au stade d'une formulation purement implicite. Celle qui n'était qu'une discipline au service des gouvernants et des états-majors, selon l'opinion d'Yves Lacoste (1985), est finalement devenue un instrument d'application plus global pouvant aider à rectifier les incongruités et dysfonctions spatiales existantes. Cette réorientation des relations de la géographie avec la société est également assez récente. Chez les géographes francophones, elle marque l'éclosion des grandes opérations d'aménagement du territoire. Chez les géographes anglo-saxons, elle accompagne les analyses de localisation industrielle uploads/Geographie/ les-sept-piliers-de-la-geographie-orlando-pena.pdf

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