Document généré le 5 août 2018 22:04 L'Actualité économique Les fondements de l

Document généré le 5 août 2018 22:04 L'Actualité économique Les fondements de la théorie d’Heckscher-Ohlin Michel Bergeron Volume 52, numéro 2, avril–juin 1976 URI : id.erudit.org/iderudit/800673ar DOI : 10.7202/800673ar Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) HEC Montréal ISSN 0001-771X (imprimé) 1710-3991 (numérique) Découvrir la revue Citer cet article Bergeron, M. (1976). Les fondements de la théorie d’Heckscher-Ohlin. L'Actualité économique, 52(2), 243–248. doi:10.7202/800673ar Ce document est protégé par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des services d'Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d'utilisation que vous pouvez consulter en ligne. [https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique- dutilisation/] Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. www.erudit.org Tous droits réservés © HEC Montréal, 1976 Les fondements de la théorie d'Heckscher-Ohlin Le but de ce travail est d'essayer de dégager les fondements théori- ques d'une des principales branches de la littérature sur la théorie pure du commerce international. Le modèle d'Heckscher-Ohlin vise au point de départ à expliquer la présence des flux commerciaux. Comme l'a démontré Melvin *, différentes bases d'échanges commerciaux entre les pays sont générées selon que l'on relaxe l'une ou l'autre, ou une combi- naison des cinq conditions suivantes, lesquelles sont nécessaires et suffi- santes pour qu'il n'y ait pas d'échanges commerciaux : 1) les pays possèdent des fonctions agrégées d'utilité homothétiques et celles-ci sont les mêmes pour tous les pays ; 2) les fonctions de production diffèrent entre les biens mais sont les mêmes entre les pays ; 3 ) les dotations relatives des facteurs sont les mêmes entre les pays ; 4) on retrouve la concurrence pure et parfaite sur tous les marchés ; 5) les fonctions de production sont homogènes linéaires. A partir de ces cinq conditions, nous pouvons dégager deux des principales théories expliquant la présence de base réciproque d'échange. La théorie des avantages comparés, que l'on associe au nom de Ricardo, justifie la présence de prix relatifs différents en situation d'isolement par une relaxation de la deuxième condition. Le Portugal exporte du vin à l'Angleterre et en importe du tissu parce qu'il possède un avan- tage comparé dans la production du vin. La théorie d'Heckscher-Ohlin relâche la troisième condition et établit que les bases d'échanges réciproques sont dues à la présence de dotations relatives de facteurs de production différentes entre les pays 2. Comme * Ce texte fait suite à une réflexion sur ma thèse de doctorat présentée à l'Université Western Ontario. Il fut rédigé alors que j'étais professeur à l'Université de Sherbrooke et présenté au Congrès de l'ACFAS à Moncton (1975). 1. Voir Melvin, J.R., « Commodity Taxation as a Determinant of Trade », Cana- dian Journal of Economics, février 1970. 2. Dès que l'on relâche une des cinq conditions pour établir une base d'échange, il faut ajouter d'autres conditions pour garantir que cette base d'échange ne sera pas effacée. Par exemple, il faut ajouter au modèle l'hypothèse que les facteurs de production ne sont pas mobiles entre les pays. 244 L'ACTUALITÉ ÉCONOMIQUE telle, elle s'inscrit plus dans la pensée classique, se fiant sur un processus instantané de transmission d'information technologique. Le reste du travail se divise comme suit. Dans la section 1, nous discuterons des fondements de la théorie d'Heckscher-Ohlin. Dans la section 2, nous discuterons sur les principales propositions qui découlent du modèle. La section 3 servira de conclusion. 1. Les fondements de la théorie d'Heckscher-Ohlin Le modèle d'Heckscher-Ohlin origine d'une série de considérations empiriques que les auteurs ont tenté de rationaliser. Un pays va expor- ter tel bien plutôt qu'un autre, non pas parce que les travailleurs sont nécessairement mieux pour produire ce bien, mais parce que les condi- tions données dans le pays le rendent apte à combiner les facteurs entre les industries de manière à générer un prix relatif rendant le bien attrayant aux yeux des autres pays. De cette considération empirique se dégage une idée maîtresse sur laquelle tout le reste du modèle est construit. La cause principale des différences entre les nations réside dans des dotations relatives différentes des facteurs. Suite à cette idée maîtresse, il est possible de construire un modèle théorique isolant l'effet de dotations relatives différentes entre les pays. Pour ce faire, il faut s'assurer que les autres causes possibles aux échanges internationaux n'entrent pas en jeu ; c'est pourquoi il faut garder les conditions 1, 2, 4 et 5 énoncées plus haut3. A ce stade, il nous faut bien distinguer entre le modèle d'Heckscher- Ohlin, d'une part, et le théorème du même nom, d'autre part. Le modèle est cette idée maîtresse que la cause principale des différences entre les nations réside dans leurs dotations relatives différentes. Le théorème, comme tout théorème, est la conclusion logique d'un raisonnement rigoureux, sous certaines hypothèses explicites dont celles de dotations relatives différentes. Il stipule qu'un pays exportera le bien se servant le plus intensément de son facteur abondant4. Le théorème peut ne pas être vrai empiriquement, même si la proposition de base est vérifiée. 3. Dans un texte récent, B. Guillochon se méprend sur l'approche théorique et démontre que la relaxation des conditions 1 et 3 peut entraîner des effets contraires aux effets prévisibles de la relaxation de la condition 3. Il en conclut qu'on ne peut pas prédire l'effet d'avoir des dotations relatives différentes. Non seulement sa logique est fausse, mais encore il n'a rien dit de nouveau sur le plan théorique, R. Robinson ayant déjà attiré l'attention sur cette possibilité en 1956 (Quarterly Journal of Economics, mai 1956). 4. Le théorème découle logiquement des hypothèses. Il est donc faux de chercher à vérifier les hypothèses et de dire que le théorème ne tient pas. Si c'est le cas, c'est qu'une des hypothèses n'a pas été respectée. Voir mon commentaire sur un texte récent, L'Actualité Economique, juillet-septembre 1974. THÉORIE D'HECKSCHER-OHLIN 245 2. Les principaux théorèmes du modèle Du modèle d'Heckscher-Ohlin, avec deux biens et deux facteurs, on a dégagé une série de théorèmes que nous énonçons brièvement5. a) Le théorème de Samuelson-Rybczynski. — Une augmentation de la quantité d'un des facteurs de production augmentera la quantité produite du bien employant le plus intensément ce facteur et une baisse de la production de l'autre bien, pour des prix des biens courants. b) Le théorème de Stopler-Samuelson. — Une augmentation du prix d'un bien augmentera le paiement réel au facteur de production dont ce bien se sert de façon intensive et diminuera le paiement réel de l'autre bien. c) Le théorème de Végalisation du prix des facteurs. — Même si les facteurs de production sont amovibles entre les pays, les échanges com- merciaux génèrent des prix identiques pour les facteurs. d) Le théorème d'Heckscher-Ohlin. — Un pays exportera le bien qui se sert de façon intensive du facteur dont ce pays est relativement plus abondant. e) Le théorème des gains du commerce international. — Le com- merce international permettra à chaque pays d'atteindre un niveau agrégé d'utilité supérieur au niveau qu'il pourrait atteindre en situation d'isolement. Le deuxième théorème n'est pas propre au modèle d'Heckscher- Ohlin ; de plus, il se généralise facilement à des situations qui sont plus près du monde réel6. C'est pourquoi nous n'allons considérer que les quatre premiers théorèmes. Avant de discuter des quatre théorèmes, nous allons introduire une matrice qui est fondamentale à toute l'analyse : la matrice des coeffi- cients techniques de production ; appelons-la A. Nous définissons l'élé- ment typique a{j comme la quantité du facteur i entrant dans la produc- tion d'une unité du bien ;. Notons que ces coefficients sont variables et dépendent des prix relatifs pour les facteurs de production. Les deux premiers théorèmes (Samuelson-Rybczynski et Stopler- Samuelson) reposent sur une propriété bien spéciale d'une matrice d'ordre deux par deux ; la preuve du théorème de l'égalisation du prix des facteurs repose sur la matrice A mais ne nécessite pas cette pro- priété spéciale. Finalement, la preuve du théorème d'Heckscher-Ohlin 5. Nous sommes certains que le lecteur a déjà vu la preuve de chacun de ces théorèmes ; c'est pourquoi nous nous contentons de les énoncer. Tout bon textbook sur la théorie pure du commerce international contient une preuve rigoureuse de ces théorèmes. 6. Voir Kemp, M.C., The Pure Theory of International Trade and Investment, Prentice-Hall, 1969, chap. 12. 246 L'ACTUALITÉ ÉCONOMIQUE repose non seulement sur cette même propriété spéciale mais aussi sur une autre condition, laquelle garantit l'égalisation du prix des facteurs 7. La propriété bien spéciale des matrices d'ordre deux par deux est la suivante : pour une matrice d'ordre deux par deux, avec tous les éléments positifs, il est possible de déterminer les signes des éléments de Vinverse si Von connaît la relation de proportion entre les éléments des colonnes. Prenons la matrice : 4 = Supposons que > (1) Nous savons que la matrice adjointe de A sera : 'Adjii —O,. Finalement, pour trouver l'inverse nous n'avons qu'à diviser par le déterminant uploads/Geographie/ les-fondements-de-la-theorie-d-x27-heckscher-ohlin.pdf

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