La science, les strates et le déluge * Analyse des principes essentiels de la s

La science, les strates et le déluge * Analyse des principes essentiels de la stratigraphie sur la base de données expérimentales par Guy Berthault ** Tout ce qui touche à la question des origines du monde est l’enjeu de dis- cussions passionnées, du moins là où l’on dispose d’une certaine liberté de s’exprimer. En France, le dogme de l’évolution et la laïcité obligatoire de l’en- seignement (maçonnique) empêchent ce débat. Ceux qui ne sont pas « scientifiquement corrects » sont impitoyablement rejetés dans les ténèbres extérieures. C’est pourquoi, nous ouvrons parfois nos colonnes à de courageux cher- cheurs indépendants, afin de faire savoir que la réalité n’est peut-être pas si simple et univoque que dans les manuels scolaires et les revues dites scientifiques. Aujourd’hui, nous proposons à nos lecteurs cet article de Guy Berthault. Étant donné le caractère assez technique de ce texte, nous l’avons fait précéder d’un avant-propos d’Yves Nourissat, qui a aussi ajouté quelques notes explicatives 1. La déontologie veut qu’une revue ne soit pas moralement responsable des opinions de ceux qui y écrivent. Une revue catholique comme la nôtre s’at- tache néanmoins à ce que rien n’y offense le dogme catholique. Mais, dans les questions purement scientifiques, nous n’engageons pas notre autorité, laissant aux lecteurs la faculté de juger par eux-mêmes. Si cet article conduit à un sain débat, souhaité par son auteur lui-même, nous en serons heureux 2. Le Sel de la terre. * * — Le titre est de notre rédaction. ** — 28 Boulevard Thiers, 78250 Meulan, France. — Guy Berthault n’est pas inconnu de nos lecteurs : voir Le Sel de la terre 16, p. 55 ; Le Sel de la terre 20, p. 164 ; Le Sel de la terre 38, p. 218. 1 — Il va sans dire que la publication de cet article ne signifie pas de notre part une approbation de l’appui que ces deux personnes ont pu apporter au CESHE (voir Le Sel de la terre 7, p. 204). 2 — Ce débat a été amorcé dans Le Sel de la terre 20, p. 164 et sq. É T U D E S 98 Le présent document est la traduction d’une communication de Guy Berthault à l’Académie des sciences de Russie 1. L’auteur est catholique prati- quant, ancien élève de l’École Polytechnique (promotion 1945). Dès sa jeu- nesse, il a pris conscience, comme beaucoup de chrétiens, des difficultés à concilier la Genèse biblique et certaines sciences, dont la géologie historique, en ce qui concerne l’âge de la terre et l’évolution supposée des espèces. Parce que l’enseignement présente cette science comme un ensemble de dogmes absolus, beaucoup d’étudiants, futurs adultes responsables, tout comme de nombreux prêtres et théologiens, en viennent à relativiser, voire perdre, la foi. Guy Berthault a eu l’idée et l’audace de remettre en question la géologie historique en invoquant le précepte de Fénelon selon lequel « la plu- part des erreurs des hommes ne tiennent point tant à ce qu’ils raisonnent mal à partir de principes vrais, mais plutôt qu’ils raisonnent juste à partir de prin- cipes faux ou de jugements inexacts. » Il démontre, non seulement par le raisonnement, mais aussi par des expé- riences qu’il a menées d’abord en région parisienne, puis à l’Institut de Mécanique des Fluides de Marseille, et enfin au Laboratoire de Sédimentologie de Fort Collins au Colorado (États-Unis) que les principes sur lesquels a été fondée la géologie historique sont faux. Ces travaux ont été publiés dans les Compte-rendus de l’Académie des sciences de Paris, dans le Bulletin de la Société Géologique de France et, plus récemment, dans les Compte-rendus de l’Académie des sciences de Russie (dans le texte ci-dessous). Pour l’essentiel, Guy Berthault relève que la stratigraphie a été fondée en 1667 par Nicolas Sténon en méconnaissance de la sédimentologie, et que c’est la connaissance des conditions de formation des sédiments, ignorée par les géologues, qui est indispensable à la détermination de la genèse véritable des roches sédimentaires : érosion, transport et sédimentation par le courant d’eau agent de la sédimentation. Ces conditions peuvent être déterminées au cours d’expériences à partir des relations entre les conditions hydrauliques et la for- mation des sédiments contemporains. Considérant que l’échelle des temps géologiques attribuant à la terre un âge fabuleux ne représente pas la genèse sédimentaire qui a donné naissance aux roches ni dans l’étendue, ni dans le temps absolu, il appelle les savants à une refondation de la géologie qui infirme l’uniformitarianisme 2, restaure le catas- trophisme 3 et la vérité historique du déluge de Noé, attestée par bien d’autres témoignages. On peut penser alors avoir démontré que les fossiles enfouis dans les roches sédimentaires ne se succèdent pas dans le temps verticalement et ne nécessitent pas de faire appel, pour expliquer leur présence, à l’hypothèse évo- lutionniste. Yves Nourissat (X 61) 1 — Geological Institute, Russian Academy of Sciences. L’article est paru dans le journal de l’Académie des sciences de Russie : Lithology and Mineral Resources Vol. 37, N° 5, 2002, p. 442-446. 2 — Uniformitarianisme : théorie selon laquelle les évènements du passé ont toujours été semblables aux évènements actuels. 3 — Catastrophisme : contrairement à l’uniformitarianisme, cette théorie admet la possibilité de catastrophes dans le passé qui ont eu un caractère unique (par exemple le déluge). L A S C I E N C E , L E S S T R A T E S E T L E D É L U G E LE SEL DE LA TERRE Nº 47, HIVER 2003-2004 99 * Résumé : La stratigraphie qui est la base de la datation géologique, fut fondée au XVIIe siècle sur les trois principes bien connus postulés par Nicolas Sténon : superposition, continuité et horizontalité originelle. Des observations et des expé- riences successives montrent que le modèle stratigraphique de Sténon ne corres- pondait pas aux données expérimentales, parce qu’il avait « négligé » le facteur va- riable majeur de la sédimentologie : le courant et ses effets chronologiques. On a réalisé des expériences simulant la formation de couches sédimentaires produites à des vitesses de courant variables à partir de particules de granulation inégale. Les résultats des expériences ont montré que la stratigraphie de Sténon ne peut être appliquée que dans le cas particulier de dépôt à une vitesse de courant nulle. La modélisation du processus de sédimentation et l’interrelation entre sédi- mentologie 1, stratigraphie 2 et datation géologique, permettent de considérer les conditions paléohydrauliques 3 comme la nouvelle approche de la datation géologique. Introduction N ICOLAS STÉNON est le fondateur de la stratigraphie. C’est en 1667, dans son ouvrage Canis Calchariae, qu’il introduisit son postulat de base : les couches du sous-sol sont des strates d’anciens sédiments successifs. De cette interprétation partielle, Nicolas Sténon a tiré les trois principes initiaux de la stratigraphie, qu’il a formulés en 1669 dans son ouvrage Prodromus. A savoir : 1. Le principe de superposition : « Au temps où se formait l’une des strates les plus élevées, la strate inférieure [à elle] avait déjà acquis une consistance solide. Au temps où se formait une strate quelconque, la matière surincombante était tout en- tière fluide, et, de ce fait, au temps où se formait la strate la plus basse, aucune des strates supérieures n’existait. » 2. Le principe de continuité : « Les strates sont redevables aux sédiments d’un fluide. Au temps où se formait une strate quelconque, ou bien elle était circonscrite sur ses côtés par un autre corps solide, ou bien elle couvrait tout le globe de la terre. D’où il s’ensuit qu’en quelque lieu que ce soit où l’on observe les côtés nus des strates, il y a lieu, ou bien de rechercher la continuation de ces mêmes strates, ou bien de trouver cet autre corps solide, qui a retenu la matière des strates en l’empêchant de se répandre en coulant. » 1 — Étude des sédiments (dépôts formés par la précipitation de substances en suspension dans un liquide). 2 — Partie de la géologie consacrée à l’étude des strates (couches parallèles) constitutives des terrains. 3 — Paléohydraulogie : partie de la géologie qui étudie les couches de l’écorce terrestre en vue d’établir l’ordre normal de superposition et l’âge relatif. É T U D E S 100 3. Le principe d’horizontalité originelle : « Au temps où se formait une strate quelconque, sa surface inférieure, comme aussi les surfaces de ses flancs, corres- pondaient aux surfaces du corps sous-jacent et des corps latéraux, mais sa surface supérieure était [alors] parallèle à l’horizon, autant qu’il était possible. De ce fait, excepté la plus basse, toutes les strates étaient contenues [entre] deux plans paral- lèles à l’horizon. D’où il suit que les strates, tant perpendiculaires à l’horizon qu’inclinées sur lui, en un autre temps ont été parallèles à l’horizon. » Le modèle sédimentologique correspondant à ces trois principes est donc le suivant. Dans un fluide couvrant tout le globe, excepté les terres émergées, un précipité se dépose strate après strate, couvrant toute étendue immergée. Après chaque dépôt de uploads/Geographie/ la-science-les-strates-et-le-deluge.pdf

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