N o 9244 Aix - Pays d'Aix Mercredi 5 octobre 2022 ’:HIMKNA=[UVZU\:?b@k@a@f@k" 0
N o 9244 Aix - Pays d'Aix Mercredi 5 octobre 2022 ’:HIMKNA=[UVZU\:?b@k@a@f@k" 0 20306 - 1005 - 1,50 E - 0 Outre des événements comme un festival sur les Allées samedi dernier, l’association Ka Divers développe un parcours d’œuvres pérennes. Tour d’horizon. / PHOTO CYRIL SOLLIER P.5 CRISE DU COVID ÉLECTRONIQUE 247929 SOLIDARITÉ L’accueil d’urgence en état d’urgence P.I / PHOTO NICOLAS VALLAURI Marseille Des biens arrachés aux voyous vendus aux enchères P.6 / PHOTO DR AIX-EN-PROVENCE 7 e RENCONTRES FRANCO-JAPONAISES Unis pour améliorer demain P.4 / PHOTO ANTOINE TOMASELLI Le street art s’affiche à Aix ENTREPRISES AIXOISES L’activité en hausse malgré l’inflation P.7 Arrivée des vaccins dits "bivalents" P.IV L’Europe impose le chargeur unique P.IV Notre série (1/2) P.2 & 3 Et Jean-Marie Le Pen, 44ans, prit les rênes du Front national Toujours debout FOOTBALL - LIGUE DES CHAMPIONS Large vainqueur (4-1), dans un stade Vélodrome à huis clos, d’un Sporting Portugal rapidement réduit à 10, l’OM entretient l’espoir d’une qualification / PHOTO FRÉDÉRIC SPEICH P.22 à 25 / PHOTO DR Sortir Avec ce journal 28 pages 100% culture LE 5 OCTOBRE 1972... / PHOTO AFP CINÉMA "Novembre": Jean Dujardin à la poursuite des terroristes N on"… Non aux accords d’Evian, non à la perte des colonies, non au général de Gaulle. Non aux intellectuels et aux com- munistes qui soutenaient le FLN. Non à la défaite en Algé- rie, imposée par les politiques aux militaires. Non aux bradeurs d’empire… En Provence et sur la Côte d’Azur, le Front national est l’héritier d’un refus. Le 8 avril 1962, lors du référendum sur les ac- cords d’Évian, l’extrême droite se dresse contre tous les autres par- tis politiques français, qui ont choisi de voter "oui". Certes, avec 1809074voix obtenues sur l’ensemble du territoire, elle est ba- layée dans les urnes. Mais c’est à Nice, Marseille, Toulon, Avignon qu’elle récolte ses meilleurs scores, flirtant parfois avec les 15%. La machine à remonter le temps pourrait se hasarder plus loin mais c’est bien des décombres de l’Algérie française qu’est sorti le mouvement qui, dix ans plus tard, donnera naissance au Front na- tional. Mouvement longtemps passé inaperçu tant, sous le soleil de la Méditerranée, il mordait jusqu’au cœur de la droite, farou- chement anti-gaulliste de Marseille à Nice. ◗1965, LE PEN DANS L’OMBRE DE TIXIER-VIGNANCOUR Pourtant, en 1965, un autre vote aurait pu alerter les observateurs. Lors de l’élection présidentielle, l’extrême droite est représentée par Jean-Louis Tixier-Vignancour, ancien député, secrétaire géné- ral adjoint à l’Information de l’État français au sein du gouverne- ment de Vichy en 1940, avocat en 1962 du général Raoul Salan (un des putschistes d’Alger). Candidat déclaré dès le 17 novem- bre 1963, sa campagne est organisée par un jeune homme au phy- sique de catcheur, qui rêve de créer "un grand parti nationaliste": Jean-Marie Le Pen. Cet ex-député poujadiste a notamment mis sur pied "une caravane des plages" qui remporte un franc succès sur la Côte d’Azur. Plus classique, des meetings sont programmés. Celui de Marseille attire 15000personnes d’après les organisa- teurs, 6000 pour la police qui parle toutefois de "la plus forte parti- cipation constatée à Marseille" depuis la venue de Pierre Poujade en 1955)… "La Provence m’a adopté", se félicitera Tixier-Vignan- cour quelques jours plus tard. De fait, il obtient 14% dans le Var, 12,60% dans le Vaucluse, 12,45% dans les Bouches-du-Rhône… Mais la presse de l’époque ne s’intéresse guère à ce particula- risme méridional. "TV" n’obtenant au niveau national que 5,2%, elle renvoie ce candidat dans l’ombre et se focalise sur l’humilia- tion subie par Charles de Gaulle, contraint au ballottage face à Fran- çois Mitterrand alors qu’il a longtemps espéré être élu dès le pre- mier tour. Il faut dire que, sitôt l’élection passée, les "comités TV" montés par Le Pen ont littéralement explosé, chaque famille de l’ex- trême droite reprenant sa liberté, souvent en marchant sur les pieds du voisin. Mais, pour groupusculaires et antagoniques qu’ils soient, ces frères ennemis font preuve dans le Sud-Est d’un réel dy- namisme et ne manquent jamais un rendez-vous électoral. Dans cette fourmilière, on trouve un peu de tout, entre folklore passéiste, idéologues crispés et partisans du coup de poing. Des royalistes qui se réunissent chaque année à Montmajour, près d’Arles. Des achar- nés de l’Algérie française, comme le Comité de salut public du 13 mai ou l’Union syndicale de défense des intérêts des Français rapatriés d’Algérie et d’outre-mer (l’Usdifra, très implantée dans le Var, qui rassemble des pieds-noirs adeptes de l’action armée). Des catholiques franchement intégristes, tels les Marseillais du Centre Saint-Exupéry. Des obsédés de la bagarre liés à Occident, style Uni- té nationaliste, un groupuscule marseillais d’une dizaine de membres dirigé par le futur député de droite Guy Teissier, ou des étudiants niçois conduits par Michel Schneider, l’un des hommes clés du Front national dans les années 1980. Des anciens des guerres coloniales, comme les membres de l’Association des com- battants de l’Union française dont les Alpes-Maritimes sont un bas- tion (l’Acuf a eu pour président national le général Salan et faisait partie de la Ligue mondiale anticommuniste, créée sous l’égide de la CIA). Pour pimenter le tout, la plupart de ces groupuscules ont un pied, voire les deux dans les réseaux de moins en moins clandes- tins de l’OAS, dont certains responsables s’affichent en public et participent à des meetings, alors que l’amnistie de 1968 n’est pas encore passée par là. Enfin, quelque peu à l’écart de cette nébuleuse, il y a les intellec- tuels du Groupement de recherches et d’études pour la civilisation européenne -le Grece-, fondé par Alain de Benoist. Ses statuts sont déposés à la préfecture des Alpes-Maritimes le 17 janvier 1969. Ap- puyé sur les jeunes de la Fédération des étudiants nationalistes, le Grece se caractérise alors par des orientations souvent contradic- toires: s’il est carrément fasciste à Aix, il est libertaire à Marseille et se veut socialiste à Nice… "Le plus inquiétant, c’est que l’extrême droite était très présente à Aix où des jeunes de toute la région ve- naient suivre leurs études, rapporte Jean-Victor Cordonnier, uni- versitaire et premier adjoint de Gaston Defferre de 1983 à 1986. À la fac de droit et à l’Institut d’études politiques, c’était manifeste: le gars débarquait de chez lui tout timide, et il repartait à Nice ou à Digne avec des idées bien carrées. Mais tout cela ne troublait pas grand monde. Le développement de cette idéologie, que l’on retrou- vera au Front national, était alors assez partagé à droite comme à gauche, que ce soit à Marseille, dans la majorité defferriste qui n’est qu’un conglomérat anti-gaulliste et anti-marxiste, à Nice avec la coalition mise en place par les Médecin père et fils ou ailleurs…" Ce que confirme Ronald Perdomo, avocat marseillais, qualifié par Jean-Marie Le Pen de "vétéran du Front", élu député des Bouches-du-Rhône à la proportionnelle en 1986 : "À l’époque, tout était beaucoup plus mélangé qu’aujourd’hui, particulièrement à droite, sourit-il. Les gens allaient et venaient d’une formation à l’autre; on s’associait le temps d’une élection, on se disputait, on se réconciliait. Pour certains, c’était parfois par calcul. Mais cela per- mettait de confronter des idées, de nouer des relations." Et celui qui avait fait campagne pour Tixier-Vignancour de parler de "même famille" entre la droite et l’extrême droite… "sauf avec les rares gaullistes marseillais" : "Entre eux et nous, c’était la guerre…" ◗5 OCTOBRE 1972, LES ESPOIRS DU FRONT NATIONAL Inspirée par le modèle du MSI, parti néofasciste italien fondé en 1946 par des proches de Mussolini, l’idée traînait depuis un an dans le petit monde de l’extrême droite française: enterrer les que- relles de clocher, effacer les fâcheries de famille et créer une struc- ture qui puisse servir de bannière commune pour les élections. Avec un objectif : les législatives de 1973. Porté par les activistes ultra-violents d’Ordre nouveau, groupuscule né en 1969 des cendres d’Occident, le projet aurait pu échouer au bout de deux réunions et trois disputes. Pourtant, il se concrétise le 5 octo- bre 1972, à Paris, avec la naissance du Front national pour l’unité française. Quelque 70 personnes participent à une réunion privée à la salle des Horticulteurs, rue de Grenelle. En guise de président, les jeunes loups d’ON auraient souhaité enrôler Jean-Jacques Susi- ni, un des fondateurs de l’OAS, condamné deux fois à mort par contumace, puis amnistié en 1968. Mais celui-ci ayant décliné l’offre, ils se rabattent sur Jean-Marie Le Pen, qu’ils pensent pou- voir manipuler : âgé de 44 ans, l’ex-lieutenant de Tixier-Vignan- cour anime alors un Cercle Panthéon quasi inexistant. Le 27 oc- tobre, accompagné par l’ancien Waffen-SS Pierre Bousquet, il dé- pose les statuts du jeune parti à la préfecture de Paris. La longue marche du Front national en Provence Ilyatoutjuste50ans,leschapellesconcurrentesdel’extrêmedroite parviennentàs’unirdansunparticommun.Fautedecandidat,Jean-Marie LePenestdésignéprésident.Lesdébutssontchaotiques,particulièrement dansnotrerégionmalgréunterreauélectoralfavorable.Personnen’imagine alorsquelemouvementprendrasonenvolàpartirde1984ettransformera leSud-Estenbastion,jusqu’àobtenirici20députésauxdernièreslégislatives Demain: 1984-2022 Premier parti du Sud-Est La naissance du mouvement Dossier "À l’époque, tout était beaucoup plus mélangé qu’aujourd’hui, particulièrement à droite. Les gens allaient et venaient d’une formation à l’autre." RONALD PERDOMO, CANDIDAT FN AUX LÉGISLATIVES DE 1973 Par Fred GUILLEDOUX fguilledoux@laprovence.com uploads/Geographie/ la-provence-aix.pdf
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- Publié le Jui 06, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
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