Sujet : La leƩre du climat - 25/02/2013 De : "La leƩre du climat" <leƩreduclima

Sujet : La leƩre du climat - 25/02/2013 De : "La leƩre du climat" <leƩreduclimat@overcast.fr> Date : 25/02/2013 15:02 Pour : ikone.mail@wanadoo.fr Afficher ceƩe leƩre dans votre navigateur internet Par Olivier GUY, édition du 25/02/2013 A la une "Nous n'avons pas oublié le changement climatique, nous avons seulement oublié que nous devions agir contre lui". Cette réflexion de l'économiste anglais Andrew Simms (The New Economics Foundation) trouvait écho il y a quelques mois, de façon moins diplomatique, dans la bouche de Claude Allègre : "le réchauffement climatique, tout le monde s'en fout." (interview dans La Provence). La différence c'est que lui s'en réjouit. Après tout, le changement climatique ne serait-il pas un problème parmi tant d'autres ? Et même est-il seulement digne de préoccupation ? Pourquoi la société devrait-elle y consacrer ses finances, son énergie et sa matière grise ? La question mérite d'être posée car en période de difficulté économique pour une partie du monde, celle dont on attend justement qu'elle prenne en charge les coûts associés à la lutte contre l'effet de serre, il serait moralement inacceptable de gaspiller nos ressources à la résolution d'un faux problème. Au mois de mai dernier, le Copenhaguen Consensus Center, think tank dirigé par Bjorn Lomborg alias "l'écologiste sceptique", a demandé à un comité de 5 économistes dont 4 prix Nobel, de répondre à la question suivante : "Quelles solutions devrait-on mettre en oeuvre prioritairement pour améliorer le bien-être global des pays en développement, à supposer que nous ayions à dépenser une enveloppe de 75 milliards de dollars sur les 4 ans à venir ?". Dix domaines d'actions ont été couverts par ces experts : conflit armé, maladies chroniques, éducation, maladies infectieuses, croissance démographique, biodiversité, changement climatique, faim et malnutrition, catastrophes naturelles, eau et assainissement. On peut voir leurs conclusions dans ce document. Toutefois, en examinant cette liste attentivement, il m'apparaît que la problématique du réchauffement devrait non pas figurer à égalité avec les autres, mais être positionnée de façon centrale. En effet, soit la résolution des autres problèmes contribue à son atténuation et devrait donc à ce titre faire partie d'un plan d'actions climat, soit les dérèglements liés à l'augmentation de la température du Globe auront des conséquences risquant de réduire à néant les efforts entrepris pour s'attaquer à d'autres maux (eau, faim, maladies, catastrophes naturelles, guerres). Bien plus encore, la lutte contre le changement climatique, dont le fondement reste avant tout la question énergétique, nous oblige à repenser notre modèle de société, son organisation, les relations internationales, la solidarité, l'équilibre des pouvoirs politiques et économiques. C'est d'ailleurs pourquoi certains milieux d'affaires s'efforcent d'en nier la nécessité et de retarder l'action : ils ont trop à perdre dans l'histoire. La lettre du climat - 25/02/2013 1 sur 4 10/01/2015 19:57 Enfin, la caractéristique essentielle du changement climatique est son irréversibilité à l'échelle humaine, si toutefois l'on accorde crédit aux avis de la majorité des climatologues (notre-planete.info). Il existe une forte probabilité que le problème non seulement s'aggrave avec le temps -de façon exponentielle à cause des phénomènes de boucles positives- mais aussi devienne simplement insoluble, obérant par là notre capacité à résoudre tout le reste. C'est pourquoi je ré-affirme que le changement climatique, doit être le catalyseur qui mobilise les énergies pour l'amélioration du Monde. La question peut être abordée de manière plus philosophique, en se reportant par exemple aux travaux de Nick Bostrom à l'Institut pour le Futur de l'Humanité (Université d'Oxford). Si nos choix collectifs doivent être avant tout guidés par le désir de sauvegarder le maximum de "quantité de vie humaine", entendue sur la durée de l'Humanité, toute action permettant de diminuer la probabilité d'occurence d'un "risque existentiel", c'est à dire un risque menaçant la survie de l'espèce ou sa condition à long terme, doit être entreprise sans délai. Démonstration mathématique à l'appui. Reste à savoir si l'on classe le réchauffement climatique parmi les risques existentiels (oui : Thinkprogres.org ou non : Claude Allègre, voir lien plus haut). Météo et climat [Changement climatique et finance] La banque HSBC s'intéresse au changement climatique pour des raisons de gros sous. Elle conseille à ses clients de se méfier des investissements dans les compagnies qui seraient engagées sur des projets pétroliers trop capitalistiques comme les sables bitumineux par exemple (rtcc.org). Le raisonnement est le suivant : l'Agence Internationale de l'Energie a calculé que pour avoir 50% de chances de rester sous la barre des 2°C d'augmentation, il faudrait limiter les rejets de CO2 dans l'atmosphère à 1440 milliards de tonnes pendant la première moitié du siècle, ce qui nous laisse aujourd'hui environ 1000 milliards supplémentaires à émettre. Cela correspond à la combustion d'un tiers seulement de nos réserves prouvées d'hydrocarbures. Conclusion : si les politiques de limitation nécessaires se mettent en place, la valeur boursière des sociétés pétrolières s'effondrera sous l'effet conjugué de la baisse des prix, due à la disparition de la demande, et de la dépréciation du capital représenté par des réserves devenues inutilisables. [Résilience] Les plantes possèdent une propriété d'adaptation à la quantité d'eau disponible pour leur croissance, ce qui fait qu'elles sont capables de résister à des périodes de sécheresse ou au contraire de précipitations anormales. Cela est montré par une étude des chercheurs américains et australiens parus dans Nature (bulletins-électroniques.com). Cependant, cette capacité de résilience a des limites et serait déjà mise en danger par l'allongement et la fréquence de plus en plus élevée d'épisodes sans précipitations, dans certaines zones comme l'Utah, l'Arizona et le Nouveau-Mexique. Energie et matières premières [Les rois du pétrole] Il y a quelques mois, Bloomberg avait dévoilé les conclusions ébouriffantes d'une analyste de la banque Citigroup extrapolant les tendances observables actuellement : en 2030, l'Arabie Saoudite pourrait bien être obligée d'importer du pétrole. Avec 28 millions d'habitants, le Royaume consomme aujourd'hui 50% de pétrole de plus que la France, soit un quart de sa propre production. Et la totalité de son gaz. La lettre du climat - 25/02/2013 2 sur 4 10/01/2015 19:57 Parmi les plus gros postes de consommation figurent la climatisation et la désalinisation de l'eau de mer qui nécessitent un apport d'énergie considérable. Les 14 usines de la Saline Water Conversion Corporation of Saudi Arabia fournissent en effet 50% de l'eau courante, dans un pays où la consommation par habitant est de ... 250 litres par jour soit le troisième rang mondial (blog de A.Evans-Pritchard dans The Telegraph). Il est loin le temps des chameaux... En fonction de l'évolution des courbes de population et des habitudes de consommation le scénario d'une pénurie d'ici 20 ans est sinon plausible du moins envisageable. Ce que démentent les officiels saoudiens (EurasiaReview.com). Mais pas tout à fait quand même puisque 100 milliards de dollars d'investissements ont été programmés dans l'énergie solaire (csmonitor.com) et autant dans le nucléaire pour les 20 ans à venir. Le pétrole étant vendu dix fois moins cher que les prix mondiaux sur le marché domestique, les saoudiens ont de toutes façons intérêt à le garder pour l'exportation. D'ici là, les USA seront probablement redevenus les rois du pétrole, grâce à leurs nouveaux gisements non conventionnels (Washington Times). [Bois] Sans l'apport du bois énergie, la France n'atteindra pas l'objectif fixé par l'Union Européenne d'une proportion de 23% d'énergies renouvelables dans sa consommation d'énergie finale en 2020. Remarquons au passage que le bilan carbone de la combustion du bois reste assez incertain sur l'ensemble du cycle d'approvisionnement (voir cette étude de l'Ecole Nationale des Ponts et Chaussées). Mais ce n'est pas le sujet. La France dispose, selon les sources, de la troisième ou quatrième forêt en Europe avec 15 millions d'hectares. Malgré cela, le bois représente notre 2ème poste de déficit commercial, après l'énergie, car la filière est désorganisée et inefficace. L'éparpillement des parcelles entre 3,5 millions de propriétaires et le manque d'intégration des opérateurs amont (gestion et récolte) et aval (valorisation) en sont les causes principales (Challenges). Les projets de centrales à bois de taille moyenne comme celle récemment inaugurée à Metz (50 MW) peuvent s'insérer dans un système de collecte locale vertueux (La Croix), mais dès que l'on passe aux dimensions supérieures comme par exemple le projet de 150 MW de E.ON France à Gardanne, l'importation de combustible devient nécessaire (L'Usine Nouvelle). Pendant la campagne présidentielle, François Bayrou avait chiffré à 500.000 le gisement d'emplois dans la filière. Economie et Politique [Réquisitoire 1] Dans le Huffington Post, Corinne Lepage se déchaîne contre l'industrie nucléaire française. L'article est argumenté mais ne donne pas dans la nuance, surtout quand elle déclare d'emblée : "Une grande part des difficultés économiques que rencontre notre pays vient du secteur nucléaire". Corinne, tu n'y vas pas un peu fort là? On peut dénoncer le déséquilibre de la R&D française au profit de l'atome, le dépassement de coût des EPR, l'investissement dans ITER (voir la lettre du climat n°07) sans pour autant tomber dans la caricature. Attaquer le nucléaire sur l'économie constitue évidemment une stratégie parfaitement pensée puisque c'est le principal argument des nucléaristes face aux problématiques du risque et des déchets qui elles, sont uploads/Geographie/ la-lettre-du-climat-n012.pdf

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