Louis MOLET LA FOI MALGACHE Cosmogonie, théologie et anthropologie (Imerina) TO
Louis MOLET LA FOI MALGACHE Cosmogonie, théologie et anthropologie (Imerina) TO MEl COSMOGONIE, THÉOLOGIE Thèse présentée pour l'obtention du DOCTORAT D'ID'AT EN THOOWGIE (Histoire des Religions) à la Faculté de Théologie protestante de l'Université de SfRASBOURG Je n'ai eu dans cet ouvr8ge que le désir d'augmenter la connaissance en servant la Vérité, aussi, je le dédie à mes frères malgaches pour les aider à construire l'avenir en s'appuyant sur le passé et pour qu'ils aient autant de courage pour regarder l'un que l'autre. Aux chrétiens, je citerai cette parole de Jésus : "Si vous êtes vraiment mes disciples, vous connaîtrez la vérité et la vérité vous affranchira (Jean, 8/31-32). Aux autres, je rappellerai cette parole des Anc@tres : "La vérité est comme un feu que l'on veut cacher dans un linge, on ne peut la dissimuler longtemps car elle brOIe". Ny marina tahaka ny afo kobonina anaty lamba ka tsv hay afenina ela fa mandoro. 5 0 M MAI R E Introduction • . . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 3 1. C05MOGONIE l - Univers, temps, espace • • • ••• astrologie, symbolisme, divination 19 63 II Les éléments air, eau, feu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95 III - Les règnes de la nature minéral, végétal, animal • ••••••••••••••• 110 II. THEOLOGIE 179 . . . l - Le surn2~urel. • II - Les personnages sacrés III - Les lieux sacrés • IV - Les moyer.~ d'action sur le sacré V - Les puissances surnaturelles••• III. ANTHROPOLOGIE . . . . . . . . . . . • 181 195 331 •• 339 379 405 l - La naissance, l'enfance, le nom II - La circoncision • III IV Le mariage •• La santé mentale et physique 407 • 460 523 • • • • 583 V - La mort et les cérémonies funéraires enterrement, exhumation •••••.•••••.•••• 651 IV. L'AME 699 A VER T l 5 5 E MEN T Dans ce texte, nous avons suivi les usages français et malgaches pour l'orthographe et accepté la francisation de certains noms propres: Tananarive, Tamatave, plutOt qu'Antananarivo ou Toamasina. Nous écrivons également "malgache" et non "malagasy". Nous avons délibérément francisé certains mots comme fady ou mérina, mais nous respectons la graphie mal- gache du nom géographique de l'Imerina. Pour la lecture ou la prononciation des mots malgaches, on se souviendra qu'en dialecte mérina (ou langue officielle malgache) toutes les lettres se prononcent. Le ~ sonne comme le français~, le ~ corres- pond au ~ de "bébé" et est généralement ac~entué. L'~ n'est qu'un i final orné d'une boucle. Les voyelles finales sont souvent quasi muettes. Les consonnes ont le m~me son qu'en français (~toujours dur, ~ sifflant). Le i correspond à dz, le ~ est roulé. L'accent d'intensité est sur la syllabe pénultième, sauf exception marquée par un accent, mais, dans les mots ter- minés par -ka, ~, ~, il remonte sur l'antépénultième. Exemple Ao Imerina, Talata ~ gorobaka. A O Imérina tal~ta ~drou gouroubaka . En Imerin~, (le) mardi (est un) jour percé des deux bouts. 3 l N T RaD UC T ION Aussi extraordinaire que le fait puisse paraître, il n'existe pas encore d'ouvrage donnant une vue générale des croyances, des usages reli- gieux, de la religion, de la spiritualité des peuples malgaches, alors.. qql? des synthèses beaucoup plus vastes puisqu'elles concernent un continent entier~ ont pu être publiées (1). Cette absence s'explique facilement: Madagascar, quatrième lIe du monde par sa superficie, compte près de huit millions d'habitants, répartis en une bonne vingtaine de peuples. Ces peuples sont suffisamment différents les uns des autres pour que des au- teurs honnêtes, connaissant de première main ce dont ils parlent, ne puis- sent les confondre et n'osent les réduire à un Malgache artificiel et inexistant, prototype statistique possible, mais sans consistance réelle pour notre discipline. Et m~me cette synthèse ne serait-elle possible que si l'on possédait sur cette vingtaine de peuples, et pour chacun d'eux, une bonne description ethnographique. On en est encore loin. Cette difficulté d'extrapoler pour l'ensemble de l'île à partir d'un groupe quelconque pourra d'autant plus surprendre que l'on se plait à reconnaître, à travers et au-delà des dialectes parlés dans llîle, une langue unique, le "malgache" sur laquelle nous allons revenir bientOt. Mais il suffit de se souvenir des difficultés sérieuses qui se sont mani- festées dans les villes principales de la cOte orientale et de la cOte occidentale en 1973, quand, pour réaliser la "malgachisation" de l'ensei- gnement primaire, on prétendit imposer dans l'11e entière l'usage de la langue "officielle", en réalité le mérina. Les différences de vocabulaire, les tournures locales, les expressions, les proverbes, les locutions, "les' prononciations et les accents provinciaux mêmes, sont encore autant de dis~ criminants qui empêchent, vus du clocher de chacun, de confondre les Malga'::' ches, chez eux, les uns avec les autres. (1) Par exemple pour l'Afrique: TEMPELS, DAMMANN, E.- Die Religionen Afrikas lité et pensée africaines, etc ••• R.P.- La 'Philosophie bantou ; ZAHAN, D.- Religion, spiritua- 4 L'éloignement géographique ou la distanciation méthodologique n'autorisent pas une confusion que les intéressés refusent. De m~me, l'ex- tension ou la généralisation à la totalité de la population de ce qu'on peut écrire au sujet de l'Imerina ou des Mérina, récusable dans le domaine géographique, n'est pas non plus possible sur d'autres plans sans faire violence à ceux qui, pour des raisons·v-al-ables', refusent l'assimilation au peuple de la région centrale, du fait que leurs ancêtres et leurs tradi- tions, leurs rites et leurs croyances sont autres. LA LANGUE Il convient cependant de s'arr§ter dès maintenant un instant sur ce que l'on appelle, et non sans de sérieuses raisons, la langue malgache. En fait, et malgré un nombre respectable d'ouvrages portant des textes re- cueillis dans les diverses régions ou les provinces périphériques de l'île, les monuments linguistiques essentiels sont écrits en mérina, dialecte de la population que nous mettons au centre de notre étude, et qui a eu dans l'île un rôle politique considérable. Ce peuple avait, en effet, à la fin du XIXè siècle, réussi à soumettre à son hégémonie les trois quarts de l'îie grâce à la persévérance de plusieurs de ses rois qui avaient le dessein, exprimé il y a près de deux siècles par l'un des plus grands, Andrianampoi- nimerina, de faire de l'île entière leur royaume, "la limite de leur rizi- ère". Le dialecte mérina, écrit en caractères latins dès 1818, adopté dès 1830 par les missionnaires protestants qui, en quelques années traduisirent- la Bible et l'imprimèrent, fut accepté comme langue principale par les colo- nisateurs français dans les années finales du XIXè siècle et fut déclarée langue officielle, conjointement au français, lors de l'instauration de la République Malgache en 1958. Cette langue qui constitue donc, sinon le "pur malgache" du moins le malgache officiel, appartient, comme les autres dia- lectes de l'île,au groupe des langues austronésiennes, dans la famille des langues malayo-polynésiennes (1) très proche du maanjan, comme l'a démontré O. Ch. Dahl (2). Séparée du tronc commun et m~me du rameau le plus proche depuis de nombreux siècles, elle s'est, comme toute langue vivante vigou- reuse, enrichie de multiples emprunts étrangers, plus ou moins assimilés selon l'ancienneté de l'emprunt. (1) (2 ) HAUDRICOURT, A.- Une no~velle classification' des langues austroné- siennes, p~ 136. DAHL, O.Chr. Malgache et Maanjan~ Ce m~me auteur a reconnu depuis la publication de son ouvrage que le malgache était apparenté étroi- tement à 13 langues de l'île de Bornéo. (renseignement personnel). 5 Parmi ces emprunts anciens, figurent de très nombreux mots arabes dont beaucoup n'ont pas encore été reconnus .par les rares étymologistes malgaches ou malgachisants -(1). Ils témoignent, conjoini;ement avec les sora-be (littéralement: grande écriture) ou textes arabico-malgaches de la profondeur et de l'intensité de l'influence arabe ou arabophone dans plusieurs provinces (sud-est, nord-ouest, et, moins massivement, le centre). Ces textes en' langue malgache éçrits en caractères arabes selon une graphie quelque peu fluctuante (2), comportent fréquemment des paragraphes ou des phases 'en arabe ou en swahili. Un bon nombre a été étudié, publié et tra- duit (3). Ils n'auront qu'un intér~t accessoire pour nous du fait que ceux, qui ont subpisté et sont parvenus jusqu'à nous, concernent principalement les populations cetières du Sud-Est, temoro et tambanoaka, voire tanosy. Ils attestent c!3pendant les contacts culturels prolongés des Arabes dans l'tle, atte~tés par ailleurs par des vestiges archéologiques (4). Cette diffusion de certains traits culturels se retrouve sur le plan du vocabu- laire dans l'utilisation ancienne dans toute l'île des noms arabes donnés aux jours de la semaine hebdomadaire ou, sur le plan des techniques, dans la connaissance ancienne et généralisée de la divination par le sable ou par les graines (5). Par la suite, et en conséquence des contacts ~uropêensamorcés dès le début du XVlè siècle, ce sont les langues de l'Europe occidentale, uploads/Geographie/ la-foi-malgache-cosmogonie-theologie-et-anthropologie-louis-molet.pdf
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- Publié le Dec 25, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
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