Pratique « L’histoire et la géographie, c’est… le savoir et la découverte ! » …
Pratique « L’histoire et la géographie, c’est… le savoir et la découverte ! » …ou comment construire le sens des disciplines dès le premier jour Christèle THIRIET, professeur d’histoire géographie éducation civique, Gfen Midi-Pyrénées 15 DIALOGUE n° 136 «Transmettre : enjeux sociaux et pratiques éducatives engagées» avril 2010 J – 5 avant la rentrée Pour la première fois depuis 10 ans, je vais retrouver des classes de 6ème. Comment vais-je les accueillir ? J’ai abandonné depuis déjà longtemps la pratique des fiches d’identité que les élèves remplissent à longueur de cours de rentrée. Je ne veux pas non plus commencer directe- ment mon cours. J’ai envie qu’il se passe quelque chose d’important pendant cette prise de contact. Oui, mais quoi ? Et si c’était l’occasion de rendre explicite ce qui, à moi me paraît évident, mais qui ne l’est pas forcément pour les élèves : les concepts d’histoire, de géographie et d’é- ducation civique. Ces trois matières, ils les ont prati- quées différemment à l’école primaire, venant de plu- sieurs petites écoles rurales. Ils n’en ont donc pas tous les mêmes représentations. De plus, l’éducation civique porte un nom différent dans les programmes du pri- maire. Font-ils forcément le lien entre l’instruction civique et l’éducation civique ? Savent-ils ce que repré- sentent ces trois matières, à quoi elles servent et pour- quoi ils vont passer trois heures avec moi, chaque semaine de l’année, à les étudier ? Sortant d’un stage de rentrée du GFEN, je décidais de m’inspirer de ce que je venais de vivre pour construire une démarche qui permette d’assurer un passage de relais entre le CM2 et la 6ème autour de ces trois matiè- res. C’est une démarche ambitieuse de conceptualisa- tion, mais reliée à des connaissances antérieures qui pourront être éventuellement modifiées, par une prise de conscience d’abord, par un échange avec les autres, puis par des explications. Il s’agit d’identifier des traits communs à des objets d’études sur lesquels ils ont tra- vaillé à l’école primaire, puis de les mettre en catégories (histoire, géographie, éducation civique), et de compa- rer ces catégories entre elles. L’objectif final est de four- nir aux élèves une représentation pertinente de ces trois matières pour qu’ils puissent se les approprier plus faci- lement et trouver du sens à les étudier. De plus, cette démarche peut être aussi l’occasion de construire, avec les élèves, le projet de l’année, à la fois sur le fond (Que va-t-on faire quand on fera de l’histoire, de la géogra- phie, ou de l’éducation civique ?), mais aussi sur la forme (Comment va-t-on travailler ensemble, eux et moi ? Mais aussi comment vont-ils travailler ensem- ble ?). Le jour de la rentrée arrive Je les accueille dans ma classe dans laquelle j’ai au pré- alable disposé les tables par petits groupes. Ils posent leurs cartables au fond de la salle et s’installent avec seu- lement leur cahier de brouillon. Retrouver des souvenirs Dans un premier temps, après m’être présentée, je leur demande d’écrire sur leur cahier, chacun pour soi, une liste de mots auxquels ils pensent quand on leur dit : Histoire-Géographie-Education civique. Partager, trier, classer Au bout de deux à trois minutes, je distribue trois affi- ches sur chaque table, une pour chaque matière (seul le titre de la matière est déjà inscrit). A l’intérieur du grou- pe cette fois, ils doivent lire leurs mots aux autres, puis se mettre d’accord pour les recopier en les classant sur chacune des affiches. J’accroche les affiches ainsi cons- tituées sur trois murs différents de la salle, chaque mur étant réservé à une matière. Mettre en commun des listes d’objets Les élèves circulent alors dans la salle et ont pour consi- gne de lire les affiches. Les listes consacrées à l’histoire et à la géographie sont chargées de mots, justes dans l’ensemble, celles consacrées à l’éducation civique presque vides, cette matière les inspirant moins ! Ils se déplacent de façon aléatoire dans la salle, s’interpellent parfois, réagissent, commentent, discutent, se souvien- nent…. Passer d’une liste d’objets à une définition de catégorie Lorsqu’ils ont regagné leurs tables, je leur demande alors de réfléchir à une définition personnelle de chacu- ne des trois matières, et de l’écrire en une phrase sur leur brouillon en respectant la formulation suivante : « L’histoire, c’est …, La géographie, c’est …, L’éduca- tion civique, c’est … ». Au sein de groupes brassés, ils se mettent ensuite d’ac- cord sur une définition commune de l’histoire, de la géographie et de l’éducation civique qu’ils écrivent selon le même principe que précédemment, sur trois affiches différentes, toujours en respectant la même formula- tion. Mettre en commun des définitions Ces feuilles sont à nouveau affichées par les élèves eux- mêmes, par matière, sur les trois murs de la classe et ils en prennent connaissance en circulant. Certains grou- pes, mais peu, ont essayé de donner une définition syn- thétique, d’autres n’ont fait que reprendre des listes de mots, certains ont identifié des objets, d’autres des outils, d’autres des savoirs faire. Là encore certains groupes n’ont pas formulé de définition de l’éducation civique. Quelques exemples de définitions prises sur les affiches des élèves La géographie c’est : « tout sur le monde », « la présenta- tion de la terre, du monde », « savoir se repérer dans le monde, se localiser », « les pays, les villages, les villes, les régions, les dépar- tements », « la population », « la nature », « la terre, les cartes, le globe », « les océans et les continents », « l’endroit où nous habi- tons et vivons », « la découverte », « les planètes, les galaxies », « la science du monde », « raconter, expliquer, décrire le monde », « l’exploration du monde »... L’histoire c’est : « les évènements qui se sont passés », « le savoir et la découverte », « les guerres, les hommes, les lois », « nos ancêtres », « comment nous avons évolué », « tout ce qui s’est passé avant nous », « l’ancien temps », « l’époque des rois et des rei- nes », « découvrir le passé », « le temps », « connaître le passé et les personnes qui ont fait des exploits », « le Moyen Age, la pré- histoire, les époques », « la chronologie et les dates », « de l’appa- rition de l’homme à aujourd’hui », « ce qui s’est passé il y a long- temps »… L’éducation civique, c’est : « les droits de l’homme », « se conduire en bons citoyens et savoir les lois à respecter », « le respect des autres », « la protection de notre santé », « les droits et les devoirs », « l’éducation des gens », « la citoyenneté », « la polites- se, la civilité », « le peuple », « la politique », « le devoir ou le vou- loir », « les droits de la civilisation », « la vie présidentielle », « la formation du jeune citoyen », « notre vie »… Ainsi s’achève cette première heure de cours. Commenter, discuter, argumenter Au cours suivant, consacré à l’histoire, j’affiche les défi- nitions élaborées par chaque groupe, nous les lisons et nous les commentons. Chacun a la possibilité de don- ner son avis. Nous ferons la même chose lors des pre- miers cours de géographie et d’éducation civique. Les discussions sont riches et permettent de soulever des questions intéressantes : « Pourquoi la géographie n’é- tudie pas d’autres planètes que la terre ? Les fleurs et les animaux ? », « En quoi la pollution peut être un sujet d’étude pour la géographie ? » « Pourquoi l’histoire n’é- tudie que le passé ? » « A partir de quand l’histoire com- mence-t-elle ? », « Qui a décidé cela ? », « Que veut dire le mot évoluer ? », « Pourquoi la vie privée du président de la République ne nous intéresse pas en éducation civique ? »… Je n’apporte pas toujours des réponses, je les laisse discuter, argumenter, défendre leurs opinions. A l’issue de la discussion, je les aide à formuler une défi- nition commune de chaque matière, qui sera recopiée sur la première page du cahier. Mon Premier bilan de la démarche Je distingue deux extrêmes dans les rapports au savoir chez les élèves que l’on peut repérer dans leurs défini- tions : G ceux qui ont une conception utilitaire, « bancaire » du savoir (ça sert pour plus tard, avoir un métier…), et qui disent : l’histoire c’est « la chronologie et les dates », l’éduca- tion civique c’est « la protection de notre santé », la géogra- phie c’est « les cartes, le globe »… Ces élèves font partie de ceux qui pensent qu’ils viennent à l’école pour se pré- parer un avenir et qu’il est donc nécessaire d’acquérir les connaissances données par les adultes pour avoir de bonnes notes et « mieux s’en sortir dans la vie après » ! Le présent, fait de uploads/Geographie/ l-x27-histoire-et-la-geographie-c-x27-est-le-savoir-et-la-decouverte.pdf
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- Publié le Aoû 09, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
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