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Tous droits réservés © Cahiers de géographie du Québec, 1984 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/ Document généré le 12 mai 2020 12:59 Cahiers de géographie du Québec L’espace québécois et son expression toponymique Jean-Yves Dugas Volume 28, numéro 75, 1984 URI : https://id.erudit.org/iderudit/021670ar DOI : https://doi.org/10.7202/021670ar Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) Département de géographie de l'Université Laval ISSN 0007-9766 (imprimé) 1708-8968 (numérique) Découvrir la revue Citer cet article Dugas, J.-Y. (1984). L’espace québécois et son expression toponymique. Cahiers de géographie du Québec, 28 (75), 435–455. https://doi.org/10.7202/021670ar Résumé de l'article Toute discipline qui prétend au statut d'art ou de science doit disposer de notions fondamentales clairement établies. L'ensemble du phénomène toponymique québécois n'a jusqu'à maintenant fait l'objet que de peu d'études poussées. Après un examen circonstancié de termes fondamentaux comme espace, lieu, nom de lieu, toponyme, toponymie, choronymie, etc., le nom de lieu est prospecté comme mode privilégié d'appropriation de l'espace chez les Amérindiens, les Inuit et les Blancs du Québec. Le langage toponymique est examiné surtout des points de vue structurel et sémantique. On constate que la notion objective de l'espace s'oppose à la notion subjective de l'acte dénominatif. CAHIERS DE GÉOGRAPHIE DU QUÉBEC Vol. 28, no 75, décembre 1984, 435-455 L'ESPACE QUÉBÉCOIS ET SON EXPRESSION TOPONYMIQUE par Jean-Yves DUGAS 1877, rue des Granges, Ancienne-Lorette, Québec, G2E 5E5 RÉSUMÉ Toute discipline qui prétend au statut d'art ou de science doit disposer de notions fondamentales clairement établies. L'ensemble du phénomène toponymique québécois n'a jusqu'à maintenant fait l'objet que de peu d'études poussées. Après un examen circonstancié de termes fondamentaux comme espace, lieu, nom de lieu, toponyme, toponymie, choronymie, etc., le nom de lieu est prospecté comme mode privilégié d'appropriation de l'espace chez les Amérindiens, les Inuit et les Blancs du Québec. Le langage toponymique est examiné surtout des points de vue structurel et sémantique. On constate que la notion objective de l'espace s'oppose à la notion subjective de l'acte dénominatif. MOTS CLÉS: Onomastique, toponymie, linguistique, terminologie, sémiotique, nom de lieu, espace, province de Québec. ABSTRACT Space in Québec in Correspondance with its Toponymie Transposition Ail disciplines wishing to be recognized as true arts or sciences must hâve clearly defined fundamental concepts. The global toponymie phenomenon in Québec has still not been systematically studied. After a detailed examination of important terms such as space, place, place name, toponym, toponymy, choronymy..., a place name is investigated as an exceptional modality of space appropriation among Quebec's Amerindians, Inuit, and Whites. Toponymie language is examined largely from the structural and semantic points of view. One can see that an opposition exists between the objective notion of space and the subjective notion of denominative action. KEYWORDS: Onomastic, toponymy, linguistic, terminology, semiotic, place name, space, Québec Province. 436 CAHIERS DE GÉOGRAPHIE DU QUÉBEC, Vol. 28, no 75, décembre 1984 Nombrar es crear. Octavio PAZ Sache au moins qu'un jour, j'ai voulu donner un nom à mon pays, pour le meilleur ou pour le pire ; que j'ai voulu me reconnaître en lui, non par faux jeux de miroirs, mais par exigeante volonté. Jean-Guy PILON Jamais personne n'a nommé dans sa langue tant de terres ni tant d'eaux. Félix-Antoine SAVARD Dans toutes les disciplines ou les sciences dignes de ce nom, il existe des notions fondamentales dont la définition et le rôle doivent être rigoureusement posés afin d'éclairer tous les autres éléments connexes qui gravitent autour d'elles. Négliger cette activité de premier ordre risque d'hypothéquer sérieusement le fonctionnement de ces branches du savoir humain et de les reléguer au rang de simples activités intellectuelles à ne pas trop être prises au sérieux par les gens soucieux de précision et de rigueur scientifique. D'où la nécessité, pour une discipline comme la toponymie — certains la considèrent trop souvent comme une source de curiosité ou encore uniquement dévolue à leur révéler l'origine ou la signification de noms de lieux qui les intriguent — d'établir certains postulats de base essentiels, de préciser quelques notions cruciales pour la compréhension de l'ensemble du phénomène toponymique. Or, à ce jour, il nous paraît, sans aucune prétention, que cet aspect est demeuré par trop négligé, à tout le moins dans la mesure où le Québec est concerné. Selon ce que nous avons pu constater à l'occasion de nos recherches, aucune étude systématique n'existe sur des aspects pourtant névralgiques comme la notion d'espace en regard de son identification, celle de la désignation ou de la dénomination, du désignant et du désigné, des modalités d'appropriation de l'espace (sauf pour le monde inuit). L'un des objectifs que nous nous sommes fixé en élaborant la première tranche de notre recherche, c'est de tenter de préciser avec le plus d'exactitude possible et de façon scientifique ces notions et le champ sémantique des vocables qui les expriment. À notre sens, cet exercice demeure indispensable pour pouvoir poursuivre par la suite l'examen de l'univers toponymique québécois. Nous abordons également sur le double plan du sens et de la structure l'examen des constituants du nom de lieu, de ce que nous désignons comme l'équation toponymique, pierre angulaire de cette discipline. À cet égard, la sémantique, la semiotique, le structuralisme sont mis à contribution afin de présenter une image fidèle et moderne du fonctionnement du toponyme. Nous n'avons pas traité tous ces problèmes selon les canons usuels de la toponymie, d'une part, parce qu'il devient nécessaire de quitter la tranquille sérénité des sentiers battus si on désire progresser dans la connaissance et, d'autre part, parce que le fait d'aborder les problèmes toponymiques à la lumière de la démarche linguistique s'est d'emblée imposé à nous. Il faut garder à l'esprit que le nom de lieu se compose d'éléments qui appartiennent au langage. Partant, même si certains penseurs estiment qu'en sa qualité de nom propre le toponyme échappe aux impératifs du fonctionnement de la langue générale, nous estimons que les méthodes L'ESPACE QUÉBÉCOIS ET SON EXPRESSION TOPONYMIQUE 437 et la terminologie linguistique doivent être appliquées à l'étude de la toponymie afin d'en faire ressortir les caractéristiques intimes. Peut-être estimera-t-on que notre perception de linguiste demeure trop omniprésente dans cette étude, mais nous croyons sincèrement que si elle peut renouveler, un tant soit peu, la vision stéréotypée qui a trop longtemps affecté la toponymie d'ici, le jeu en valait la chandelle. Même s'il peut apparaître très prétentieux de vouloir jeter un éclairage neuf sur une discipline jadis prospectée admirablement par un Dauzat ou un Longnon qui lui auraient apporté selon certains ses fondements définitifs, nous estimons que le dépoussiérage des théories « dauzatiennes » ou « longnonistes » s'impose malgré le respect qui est dû à ces maîtres pour leur rôle de pionniers avec ce que cela comporte de grandeur et de misère. Certains sujets abordés dans cette étude ne relèvent pas spécifiquement de la toponymie québécoise, de sorte que nos remarques pourraient être appliquées à des toponymes non québécois. Cependant, autant que faire se pouvait, nous avons tenté de coller à la réalité québécoise, soit par les explications apportées, soit encore par les exemples fournis. Même si ces derniers ne sont pas légion, nous y avons eu recours chaque fois que la situation le commandait, sans toutefois donner dans le piège de la répétition outrancière, en raison du caractère théorique de certains développements et du potentiel d'exemplarité de plusieurs illustrations retenues. Malgré notre souci de dépouiller l'expression, certains lecteurs pourront se sentir mal à l'aise en présence d'un vocabulaire linguistique avec lequel ils ne sont pas familiers, faute d'un contact régulier avec celui-ci. Nous ne voulons pas trouver grâce à leurs yeux en nous cantonnant dans un rôle de spécialiste olympien avec lequel aucun compromis ne s'avère possible. On nous accordera, toutefois, que comme la géographie, l'histoire, la sociologie, etc., la linguistique possède sa terminologie spécifique à laquelle il convient de se tenir si on désire œuvrer de façon scientifique. Nous avons fourni, dans cette optique, toutes les explications qui nous sont apparues nécessaires à la compréhension, au risque même d'en offusquer le lecteur au fait de ces choses qui comprendra sans doute que l'intérêt général a guidé notre plume1. Nous ne prétendons pas offrir dans le présent travail une mise au point définitive sur tous les problèmes soulevés par l'espace et le langage toponymique au Québec ni le fin mot en ce domaine, car la «fonction première des toponymes (...) est évi- demment de désigner ou de nommer si l'on préfère (...) bien qu'il ne soit pas très facile de préciser en quoi consiste cette désignation ou nomination. Un ouvrage entier n'y suffirait pas...» (Bouvier, 1980, p. 15). La complexité des problèmes soulevés et leur relative nouveauté, du moins sous l'angle avec lequel nous les uploads/Geographie/ l-x27-espace-toponymique-quebecois.pdf

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