L’alsacien, deuxième langue régionale de France, est parlé en Alsace par près d
L’alsacien, deuxième langue régionale de France, est parlé en Alsace par près de quatre adultes sur dix. Cependant, il est nettement moins pratiqué par les jeunes générations. Même s’il résiste bien face au français, le dialecte se transmet de moins en moins de parent à enfant. Cette transmission se fait le plus souvent comme langue occasionnelle, en coexistence avec le français. A vec 545 000 personnes de plus de 18 ans décla- rant parler l’alsacien en 1999, ce dialecte est la deuxième langue régionale de France ; il arrive après l’occitan, qui rassem- ble plusieurs parlers romans (auvergnat, limousin, provençal, gascon…). L’alsacien est parlé en Alsace par 39 % des adultes, soit 500 000 personnes ; c’est, en proportion, un peu moins que pour la langue corse (45 %), mais beaucoup plus que pour la langue bretonne (15 %) parlée dans trois départements (voir encadré "L'Enquête Histoire Familiale"). Outre le français et l’alsacien, d’autres langues sont pratiquées dans la région, en premier lieu l’allemand, avec plus de 200 000 locuteurs ; on retrouve parmi eux les Allemands installés en France avec leur famille et les travailleurs frontaliers. Avec 75 000 locuteurs arrive ensuite l’anglais, dont la pratique est surtout liée au milieu professionnel : un cadre sur cinq déclare qu’il lui arrive de parler l’anglais, contre un sur vingt parmi les ouvriers et employés. Pour ces deux dernières langues, les motivations de leur parler sont assez diverses (attachement à une identité, raisons profession- nelles, etc.) et les migrations jouent un rôle prépondérant 3 Chiffres pour l’Alsace • revue n° 12 • décembre 2002 ■ ■ 545 000 adultes parlent l’alsacien en France, dont 500 000 en Alsace. ■ ■ Un quart des enfants nés en Alsace apprennent aujourd’hui le dialecte de leurs parents, contre neuf sur dix au début du siècle. SOCIÉTÉ L'alsacien, deuxième langue régionale de France L’Enquête Histoire Familiale L es données utilisées dans cette étude proviennent de l’enquête Étude de l’histoire familiale qui a eu lieu en 1999, en même temps que le recensement. Cette enquête a été conçue avec le concours de l’Institut national d’études démo- graphiques (Ined) et réalisée par l’Insee ; le traitement du volet sur les pratiques linguistiques a bénéficié d’un financement de la Délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF). C’est la première fois en France qu’une enquête nationale traite de la pratique et de la transmis- sion des langues, aussi bien étrangères que régionales, avec un échantillon important : 380 000 personnes de plus de 18 ans en France, dont près de 30 000 en Alsace. Zones géographiques : les don- nées concernant la pratique du corse concernent la région Corse. Celles sur le breton concernent trois départements : Côtes-d’Armor, Finistère et Morbihan. Les données sur le basque concernent les person- nes des Pyrénées-Atlantiques, ayant reçu le basque d’au moins un de leurs parents. Nombre de Part* Part* Langue autre que le français locuteurs adultes des locuteurs des locuteurs en Alsace en Alsace (en %) en France (en %) Alsacien 500 000 39,0 1,2 Autres langues régionales de France 13 300 1,0 4,9 Allemand 208 000 16,2 1,8 Anglais 75 200 5,9 6,3 Italien 27 600 2,2 1,8 Espagnol 15 300 1,2 2,7 Portugais 13 200 1,0 1,5 Turc 16 200 1,3 0,3 Arabe 29 200 2,3 2,5 Autres langues 33 600 2,6 2,9 * de la population de plus de 18 ans La pratique déclarée des langues en Alsace Source : Insee, enquête Étude de l'histoire familiale de 1999 (notamment la date d’arrivée en France, le désir ou non de retour- ner dans sa région d’origine, etc.). Les anciennes générations parlent plus l'alsacien Plusieurs facteurs influent sur la pratique de l'alsacien. Parmi les critères importants figurent les origines des individus : 51 % des personnes nées en Alsace prati- quent l’alsacien, et 58 % lorsque leurs deux parents sont nés en Alsace. Parmi les personnes nées en dehors de l’Alsace, seu- les 16 % parlent l’alsacien ; les deux tiers d'entre elles l’ont reçu d’au moins un parent. L’influence de l’âge est également prépondé- rante. Aujourd’hui, parmi les per- sonnes nées en Alsace, 6 sur 10 nées avant 1945 parlent l’alsa- cien, contre moins de 4 sur 10 pour celles nées après 1970. Cette baisse a commencé avec les générations d’après-guerre : c’est en effet à cette époque que la pratique du français a été encouragée et que de nombreux Français "de l’intérieur" sont venus s’installer en Alsace, notamment des fonctionnaires. L’alsacien est nettement moins parlé dans les trois grandes agglomérations (Strasbourg, Colmar et Mulhouse), avec moins d’un tiers des adultes. Les per- sonnes qui pratiquent peu le dia- lecte y sont en effet plus nom- breuses : personnes nées hors Alsace, personnes de moins de 35 ans, étudiants. De plus, les personnes qui connaissent l’alsa- cien et vivent dans ces grandes agglomérations ont également moins l’occasion de le pratiquer puisqu’elles côtoient beaucoup de gens ne le connaissant pas. À l’opposé, la pratique du dialecte reste la plus forte dans le nord du Bas-Rhin, avec plus de la moitié des adultes en moyenne pour l’ensemble des zones d’emploi de Saverne-Sarre-Union, Wissem- bourg et Haguenau-Niederbronn. Ce résultat est confirmé par d’au- tres sources ; une enquête réali- sée en 1993 par le Rectorat Chiffres pour l’Alsace • revue n° 12 • décembre 2002 4 SOCIÉTÉ L'alsacien moins parlé par les jeunes générations Part des personnes parlant la langue régionale en 1999 parmi les résidants * voir encadré « L'Enquête Histoire Familiale ». Lecture : parmi les personnes nées en Alsace en 1930, 62 % déclarent qu'il leur arrive de parler l'alsacien aujourd'hui avec leurs proches. Source : Insee, enquête Étude de l'histoire familiale de 1999 auprès des élèves de 3 à 12 ans montrait notamment que la trans- mission de l’alsacien restait forte dans ces trois zones d’emploi. Parmi les secteurs d’activité, c’est dans l’agriculture que les person- nes parlent le plus l’alsacien (55 %) ; cela s’explique en partie par la forte proportion, dans ce secteur, de personnes nées en Alsace. Viennent ensuite les acti- vités financières (46 %), l’indus- trie (40 %), puis le commerce et le secteur santé-social (39 %). Dans ces deux derniers secteurs, la proportion est assez élevée, bien que beaucoup de personnes y travaillant vivent dans les trois grandes agglomérations de la région ; le contact avec les clients ou les patients est en effet facilité par la connaissance du dialecte. La transmission de l’alsacien se fait plus rare L’évolution de l’alsacien est conditionnée par la transmission de parent à enfant ; en effet, seu- les 8 % des personnes parlant le dialecte ne l’ont pas reçu de leurs parents. Cette transmission de parent à enfant se fait cependant de plus en plus rare. Tout d’abord, la proportion de personnes nées en Alsace parmi les résidants de la région est en baisse : chez les plus de 18 ans, elle est ainsi pas- sée de 82 % en 1962 à moins de 70 % en 1999. Par ailleurs, parmi les originaires de la région, la transmission se fait également de moins en moins. Alors qu’au début du 20e siècle, 9 enfants sur 10 parlaient le dialecte avec au moins un de leurs parents, ils sont moins de 5 sur 10 dans les années 70. Ce niveau est légère- ment inférieur à ce que l’on ob- serve pour la langue corse, mais nettement supérieur au cas de la langue bretonne. En se basant sur les déclarations des person- nes enquêtées qui ont des enfants, on peut estimer qu’au- jourd’hui environ un enfant né en Alsace sur quatre reçoit l’alsacien de ses parents, et un enfant sur SOCIÉTÉ 5 Chiffres pour l’Alsace • revue n° 12 • décembre 2002 * Zones d'emploi de Saverne - Sarre-Union, Wissembourg et Haguenau-Niederbronn. Lecture : parmi les personnes nées en Alsace en 1970, 56 % des personnes résidant dans le Nord-Alsace pratiquent aujourd'hui l'alsacien, contre 29 % parmi celles qui résident dans les trois grandes agglomérations alsaciennes. 1905 En % 1915 1925 1935 1945 1955 1965 1975 1985 1995 2000 réception par les enfants nés en Alsace, d'après les déclarations de l'enfant. réception par les enfants, d'après les déclarations de l'enfant transmission de parent à enfant, d'après les déclarations du parent. transmission de parent à enfant, pour les enfants dont un parent est né en Alsace, d'après les déclarations du parent. 0 20 40 60 80 100 Part des personnes parlant l'alsacien en 1999 parmi les personnes nées en Alsace La transmission de l'alsacien se fait de plus en plus rare Transmission de l'alsacien de parent à enfant selon les générations Source : Insee, enquête Étude de l'histoire familiale de 1999 Source : Insee, enquête Étude de l'histoire familiale de 1999 Lecture : 93 % des personnes nées en Alsace en 1930 déclarent qu'elles ont reçu l'alsacien de leurs parents. Selon les déclarations des parents, parmi les enfants nés en 1990 dont un parent est né en Alsace, 41 % ont reçu l'alsacien. trois parmi ceux uploads/Geographie/ l-x27-alsacien-deuxieme-langue-regionale-de-france-selon-l-x27-insee-pdf.pdf
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- Publié le Mar 19, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
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