Neurotoxiques : ces métaux lourds qui grignotent votre cerveau Les métaux lourd

Neurotoxiques : ces métaux lourds qui grignotent votre cerveau Les métaux lourds font partie de notre environne- ment et agressent tous les jours notre organisme et, au premier chef, notre cerveau. Jouent-ils un rôle dans l’explosion du nombre de patients tou- chés par les maladies neurodégénératives comme Alzheimer ? Quels sont ces métaux neurotoxiques et comment s’en prémunir ? Nous sommes en contact avec eux en permanence. Les métaux lourds s’accumulent dans la biosphère, dans l’eau, la terre, l’air. Ils sont partout autour de nous : amalgames dentaires, vaccins, poissons, capsules de café, véhicules automobiles, ustensiles de cuisine, cosmétiques… Même les végétaux en contiennent ! On en a relevé jusqu’au plus profond de nos organes et de notre cerveau. La barrière hémato-encéphalique n’est, semble-t-il, pas parfaitement hermétique, et ils y provoquent de sacrés dégâts. Des études scientifiques ont ainsi incriminé certains métaux lourds dans l’apparition de pathologies neu- rodégénératives comme Alzheimer ou Parkinson. Ils sont soupçonnés également dans le syndrome de fatigue chro- nique, la dépression, les migraines, les pertes de mémoire, les insomnies, l’inflammation, les désordres du comportement. Nous en sommes tous empoisonnés, à des degrés divers. Si nous voulons nous en préserver, il faut commencer par limiter au mieux notre exposition, et par bien choisir ce que nous mangeons, buvons ou appliquons sur notre peau. Et pour nous en débarrasser avant qu’ils ne commettent des dégâts irréparables, des solutions existent. Cependant, prudence, car le remède peut se révéler plus néfaste que le mal. Je vous explique tout. N° 33 SEPTEMBRE 2019 ÉDITO Manganèse : attention aux excès La frontière entre les oligo-éléments et les métaux toxiques est mince. En petite quantité, les oligo-élé- ments sont indispensables à l’organisme, mais dès qu’on dépasse une certaine dose, ils deviennent néfastes. C’est le cas du manganèse, trop mal connu. Crucial pour la santé osseuse et cérébrale, il devient neurotoxique s’il est en excès (dès 11 mg/jour). Une intoxication com- mence par des maux de tête, une somnolence… puis une forme d’irritabilité, jusqu’à des troubles pouvant faire penser à Parkinson. Les besoins de l’organisme sont largement couverts par l’alimentation : le manganèse est abondant dans les algues, les épices comme le clou de girofle, mais aussi le gingembre, les noisettes, les céréales, les mollusques, etc. Pas de carence à craindre, donc. En revanche, on a vite fait d’atteindre des seuils toxiques critiques. Les autori- tés de santé américaines recommandent ainsi de ne pas consommer plus de 0,14 mg de manganèse/kilo de poids corporel/jour. Mais il faut veiller aussi au manganèse inhalé (exposition industrielle, gaz d’échappement, pesti- cides) qui est beaucoup plus facilement absorbé par l’or- ganisme que le manganèse alimentaire. Normalement, le corps sait gérer ces excès de manganèse et les évacuer par les voies naturelles avant qu’ils ne fassent trop de dégâts. Mais sur un terrain très exposé, il faut parfois l’aider… Éric Sérée, chercheur à l’Inserm et maître de conférence à l’université de Marseille, a sélectionné pour vous les actifs naturels les plus efficaces en matière de détox des métaux neurotoxiques. Bonne lecture ! Elisabeth Honoré DOSSIER Neurotoxiques : ces métaux lourds qui grignotent votre cerveau. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 L'ACTUALITÉ SCIENTIFIQUE EN UN COUP D'ŒIL. . . . . . . . . 8 INTERVIEW DE JEAN PÉLISSIER « Nous avons tout en nous pour prévenir le cancer » . . . 10 LES COMPLÉMENTS AU BANC D’ESSAI Les probiotiques ne servent à RIEN, sauf si… . . . . . . . . . . 12 BIEN DANS MON ASSIETTE Retrouvez les bienfaits du VRAI bouillon maison. . . . . . . 15 Par Éric Sérée maître de conférence et chercheur DOSSIER 2 Les métaux lourds, ces empoisonneurs Il n’existe pas vraiment de consensus scientifique sur la défi- nition des métaux lourds. Dans le cadre de la législation sur les déchets, l’Union européenne a proposé en 2000 une défi- nition qui ne nous renseigne pas vraiment : « métal lourd » désigne « tout composé d’antimoine, d’arsenic, de cadmium, de chrome (VI), de cuivre, de plomb, de mercure, de nickel, de sélénium, de tellure, de thallium et d’étain ainsi que ces matériaux sous forme métallique, pour autant qu’ils soient classés comme substances dangereuses », une « substance dangereuse » étant « une substance qui a été ou sera classée comme dangereuse par la directive 67/548/CEE ou par ses modifications ultérieures1 ». Cette définition recouvre des éléments de natures variées et plus ou moins « lourds », qu’il est difficile de mettre dans un même panier (même si tout le monde le fait par commodité). L’aluminium n’en fait pas partie, mais je l’inclurai dans ce dossier vu son impact sur les maladies neurodégénératives et sa nature métallique. Les 5 maléfiques Les métaux lourds sont toxiques à plus d’un titre : ils affectent le système immunitaire, provoquent un impor- tant stress oxydatif, passent pour des perturbateurs endo- criniens (certains peuvent mimer nos hormones). Ils ont ainsi des répercussions sur le cœur (hypertension, athé- rosclérose), sur l’immunité (allergies, cancers, maladie de Crohn), la sphère endocrine (diabète, hypo/hyperthyroï- die…), le cerveau et le système nerveux (vieillissement accéléré et maladies neurodégénératives). C’est ce qui nous intéresse ici. Cinq métaux lourds vont attaquer spécifiquement le sys- tème nerveux : l’aluminium, le cadmium, le mercure, le manganèse et le plomb. Il y en a peut-être d’autres, mais ces cinq-là sont les mieux documentés. Tous passent la barrière 1. https://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=CONSLEG:2000D0532:20020101:FR:PDF 2. Demi-vie : temps nécessaire pour que la moitié de la dose disparaisse. hémato-encéphalique. Une fois dans le cerveau, ils modi- fient de nombreuses voies moléculaires et l’action des neu- rotransmetteurs, perturbent les mitochondries (les petites centrales énergétiques de nos cellules), créent un très fort stress oxydatif et donc une inflammation importante… Frontière ténue entre métaux lourds toxiques et oligoéléments vitaux Tous les métaux lourds ne sont pas toxiques. Certains, en quantité infime, sont même vitaux pour l’organisme. Ce sont les oligoéléments : iode, chrome, bore, sélénium, zinc, fer, cuivre et molybdène, étain, manganèse, vanadium, nickel, silicium… Un oligoé- lément doit ainsi être présent en quantité constante dans l’organisme : une carence risquerait d’entraîner des désordres physiologiques plus ou moins graves, lesquels peuvent être corrigés par une supplémen- tation. Mais, à l’inverse, un excès peut également devenir toxique. Aluminium Rôle physiologique : Aucun. Voies d’intoxication : Voie orale, injection (vaccins). Passe la barrière hémato-encéphalique : Oui. Tissus cibles : Foie, rate, os, cerveau (surtout hippocampe et cortex entorhinal, impliqués dans la mémoire). Sources d’exposition principales : ■ ■Additifs alimentaires (E173, E520 à E523, E541, E554 à E556, E559) utilisés comme conservateurs (char- cuterie), levants ou agents de blanchiment (gâteaux, pain, farine), antiagglomérants (sel ou poudre de lait infantile), colorants (confiseries), etc. ■ ■Anciennes poches de dialyse. ■ ■Emballages et ustensiles de cuisine (papier alu, poêles et casseroles, cafetières italiennes…). ■ ■Eau du robinet dans certaines régions. ■ ■Certains déodorants. ■ ■Certains vaccins. ■ ■Médicaments antiacides. Neurotoxicité : ■ ■Provoque un stress oxydatif. ■ ■Favorise l’apoptose (« suicide » cellulaire). ■ ■Provoque l’agrégation des plaques ß-amyloïdes et l’enchevêtrement des protéines tau, caractéristiques de la maladie d’Alzheimer. Symptômes de l’intoxication : ■ ■Aiguë : encéphalopathie, coma, décès. ■ ■Chronique : encéphalopathie plus légère. ■ ■Troubles du langage et du mouvement. ■ ■Confusion, troubles de l’attention et de la mémoire irréversibles. ■ ■Incontinence. Seuil de toxicité : ■ ■Intoxication aiguë : à partir de 500 µg/L de sang et de liquide céphalo-rachidien. ■ ■Intoxication subaiguë : entre 7,5 et 25 µg/L de sang et de liquide céphalo-rachidien. Demi-vie2 : Plusieurs années. DOSSIER 3 Plomb Rôle physiologique : Aucun. Voies d’intoxication : Inhalation, voie orale. Passe la barrière hémato-encéphalique : Oui. Tissus cibles : Divers organes, os, cerveau (hippocampe, système limbique, jouant un rôle dans les émotions, la mémoire et l’apprentissage). Sources d’exposition principales : ■ ■Imprimerie. ■ ■Peintures. ■ ■Carburants. ■ ■Métallurgie, canalisations (à l’ère industrielle). Neurotoxicité : ■ ■Provoque un stress oxydatif qui tue les neurones. ■ ■Compétition avec le calcium qui joue un rôle dans la mémorisation et l’apprentissage. ■ ■Perturbe les neurotransmetteurs (voies choliner- gique et dopaminergique). ■ ■Intervient dans la surexpression du gène codant des protéines ß-amyloïdes et leur agrégation en plaques. Symptômes de l’intoxication : Troubles amnésiques et de l’attention, baisse des performances cognitives, diminution du volume cérébral (matière grise et subs- tance blanche), paralysie, problèmes moteurs. Seuil de toxicité : Pas de seuil, métal toxique qui n’a rien à faire dans le corps. Demi-vie : 30 jours dans le sang, 30 ans dans les os. Cadmium Rôle physiologique : Aucun Voies d’intoxication : Inhalation, voie orale, voie cutanée. Passe la barrière hémato-encéphalique : Oui chez l’enfant (surtout via les poumons). Tissus cibles : Tous les organes, les graisses, le cerveau (plexus choroïde). Sources d’exposition principales : ■ ■Sources naturelles (sols, eaux). ■ ■Eau de boisson. ■ ■Alimentation (viscères des poissons mais pas la chair, végétaux). ■ ■Fabrication de batteries. ■ ■Pigments, notamment coloration des cheveux. ■ ■Cigarette. ■ ■Engrais. ■ ■Incinération de uploads/Geographie/ journalmedecineantiage-septembre-2019.pdf

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