Spécialité HGGSP – Première – Thème 3 : Les frontières – Chapitre 1 : Tracer le
Spécialité HGGSP – Première – Thème 3 : Les frontières – Chapitre 1 : Tracer les frontières : approche géopolitique. Séance 1 Tracer des frontières pour se protéger : le limes rhénan Document 1 : Les frontières de l’Empire romain aux Ier et IIe siècles avant JC Document 2 : Le limes rhénan, une frontière aux fonctions multiples Pendant près d'un siècle, le limes a été constitué d'une palissade de troncs de chêne, épais et taillés plus haut qu'un homme. Au IIIe siècle, quand les arbres commencèrent à manquer, l'armée passe alors à un système de tranchées et de murs. L'ensemble n'est pas infranchissable, mais le symbole est évident : ici commence l'Empire romain, quiconque y pénètre sans autorisation sera traité comme un ennemi. [...] A l'abri derrière la ligne de démarcation, on vit à l'heure romaine, sous le droit romain, et l'on commerce avec de l'argent romain. Les habitants [....] profitent des avantages du pouvoir et de la culture de l'Empire. Et surtout de sa sécurité. De l'autre côté du mur, où vivent les Germains libres, personne ne meurt de faim. [...] Il existe [...] un transit transfrontalier régulier [...]. Le limes n'était pas une sorte de muraille antigermanique, une frontière hermétique fermée. Mais, grâce à la chaîne de ses fortifications, Rome, pendant plus de cent cinquante ans, a clairement fait comprendre aux Germains où commençait sa sphère d'influence. Il était possible d'y entrer, mais seulement si on était prêt à s soumettre aux règles du jeu de l'Empire. Ulrich Grasser, "Limes de Germanie : de l'autre côté, c'était les Barbares", Courrier international, 6 novembre 2014 Document 3 : Le limes rhénan 1 Spécialité HGGSP – Première – Thème 3 : Les frontières – Chapitre 1 : Tracer les frontières : approche géopolitique. Document 4 : Les peuples du Rhin vus par un historien romain Tacite est un historien romain (54-120 apr. J.-C.), auteur des Annales et des Histoires, qui retracent l’histoire de Rome au Ier siècle. Même les Ubiens1, bien qu’ils aient obtenu le droit, pour service rendu, d’être une colonie romaine2 […], n’ont pas honte de leurs origines, puisqu’ils ont jadis traversé le Rhin ; une fois prouvée leur loyauté à notre égard, nous les avons fixés sur la rive même du fleuve, non pas pour être sous surveillance mais afin de servir de remparts contre les attaques extérieures. Les plus valeureux de ces peuples germains [installés en territoire romain] sont les Bataves. Ils n’habitent pas la rive du Rhin mais une île au milieu du fleuve... Ils ont conservé la gloire et l’honneur que leur conférait leur antique alliance avec nous, car ils ne sont pas soumis à la honte de payer tribut […]. Exemptés de charges et de contributions, gardés à l’écart pour un usage uniquement militaire, comme on le ferait avec des boucliers et des lances, on les conserve pour la guerre. On a établi la même forme de soumission sur les Mattiaques, car la grandeur du peuple romain a traversé le Rhin et les anciennes frontières, et imposé jusque là-bas le respect de son empire. C’est ainsi que, bien qu’établis sur leur rive, ils sont de cœur et d’esprit avec nous, semblables en toute chose aux Bataves, si ce n’est que leur vaillance est encore plus grande, qu’ils tiennent du ciel et du sol qui sont leurs et où ils se trouvent encore. Tacite, De Origine et Situ Germanorum (La Germanie), vers 98 apr. J.-C., chap. 28 et 29, trad. Florence Dupont dans A. Rousselle (dir.), Frontières terrestres, frontières célestes dans l’Antiquité, Presses universitaires de Perpignan, 1995. 1. Peuple germanique installé au Ier siècle dans la région de Cologne (Colonia Agrippina). Les Bataves sont établis sur l’embouchure du Rhin et les Mattiaques sur la rive droite du fleuve, au nord de Mayence. 2. Établissement créé par Rome pour contrôler un territoire récemment conquis. Document 4 : Une zone d’échanges culturels Document 5 : Une représentation du limes rhénan Tombeau d’une famille germanique à Nickenich, à 5km du Rhin et 40 km au sud de Cologne Document 6 : Le limes, un secteur « vivant » [À propos du limes] Reflet de réalités d’ordre socio-économique, il ne peut s’agir d’une ligne marquant le passage brusque d’une réalité à une autre, radicalement différente. Il ne peut s’agir, non plus, d’installations à but essentiellement militaire : il eût été totalement impossible aux armées romaines de rendre imperméables ces milliers de kilomètres, ou même, simplement, d’envisager la chose. Il faut donc prendre avec la plus extrême prudence les textes antiques assimilant le limes à une coupure. […] L’archéologie démontre, au contraire, la présence, à proximité immédiate des installations qui marquent la frontière, de populations parfois installées par les autorités romaines elles-mêmes et qui entretiennent avec ces dernières des rapports de nature diverse. […] Le limes, même lorsqu’il prend la forme d’installations linéaires, n’a donc pas pour but de séparer, de faire barrage, mais de contrôler, réguler, les déplacements et les échanges. C’est un secteur vivant, non une zone morte, stérilisée par des préoccupations militaires. Yvon Thébert, « Nature des frontières de l’Empire romain : le cas germain », dans A. Rousselle (dir.), Frontières terrestres, frontières célestes dans l’Antiquité, Presses universitaires de Perpignan, 1995. 2 Spécialité HGGSP – Première – Thème 3 : Les frontières – Chapitre 1 : Tracer les frontières : approche géopolitique. Séance 2 Tracer des frontières pour se partager des territoires : la conférence de Berlin et le partage de l’Afrique Document 7 : La présence européenne en Afrique Document 8 : La colonisation de l’Afrique après la conférence de Berlin Document 9 : Acte final de la Conférence de Berlin Voulant régler, dans un esprit de bonne entente mutuelle, les conditions les plus favorables au développement du commerce et de la civilisation dans certaines régions de l’Afrique, et assurer à tous les peuples les avantages de la libre navigation sur les deux principaux fleuves africains qui se déversent dans l’océan Atlantique1 ; désireux, d’autre part, de prévenir les malentendus et les contestations que pourraient soulever à l’avenir les prises de possession nouvelles sur les côtes de l’Afrique, et préoccupés en même temps des moyens d’accroître le bien-être moral et matériel des populations indigènes, [les signataires] ont résolu […] de réunir à cette fin une Conférence à Berlin. […] Article 34 La Puissance qui, dorénavant, prendra possession d’un territoire sur les côtes du Continent africain situé en dehors de ses possessions actuelles, ou qui, n’en ayant pas eu jusque-là, viendrait à en acquérir, et de même la Puissance qui y assumera un protectorat, accompagnera l’acte respectif d’une notification adressée aux autres Puissances signataires du présent Acte, afin de les mettre à même de faire valoir, s’il y a lieu, leurs réclamations. Article 35 Les Puissances signataires du présent Acte reconnaissent l’obligation d’assurer, dans les territoires occupés par elles, […] l’existence d’une autorité suffisante pour faire respecter les droits acquis et, le cas échéant, la liberté du commerce et du transit. 1. Il s’agit des fleuves Congo et Niger. 3 Spécialité HGGSP – Première – Thème 3 : Les frontières – Chapitre 1 : Tracer les frontières : approche géopolitique. Document 10: L’Afrique en 1914, un continent colonisé Document 11 : Déclaration du roi de Bafilo (Togo) Déclaration signée le 5 janvier 1897 par les chefs africains et les représentants militaires français. […] Je déclare, sous la foi du serment et en présence de mon peuple : 1. N’avoir jamais signé un traité ou autorisé un de mes chefs à signer en mon nom un traité autre que celui passé le 3 avril 1895 avec Monsieur le lieutenant Baud, traité plaçant le royaume de Bafilo sous le protectorat de la France ; 2. N’avoir jamais consenti à accepter dans ma ville la présence d’un soldat indigène allemand, attendu qu’un poste français existe à Bafilo depuis le 18 octobre 1896. Emmanuel de Waresquiel (dir.), Dans les archives secrètes du Quai d’Orsay, L’Iconoclaste, 2015. Document 12 : Des frontières artificielles ? Document 13 : Support des frontières africaines actuelles Le partage de papier sur des cartes géographiques incertaines ne devint un partage de terrain, assorti de traités, qu’après la conférence de Berlin. À la différence de ce qui se passait en Europe, on commença en Afrique par définir sur la carte les territoires convoités puis on entreprit sur le terrain de les conquérir. La carte précéda le texte. […] Le discours de l’artificialité des frontières africaines […] néglige l’importance des négociations entre puissances pour produire les limites inter-impériales – deux décennies dans le cas de la frontière très sinueuse entre le Niger et le Nigeria (1890-1904). Il sous- estime la prise en compte, par les traceurs puis les administrateurs, des réalités politiques locales et régionales antécédentes sur lesquelles ils cherchaient à s’appuyer […]. J’ai évalué que dans un sixième des cas les configurations ethniques locales avaient été prises en compte dans les tracés. Chiffre minimal car il ne retient que les limites pour lesquelles le critère ethnique a été avancé explicitement dans les textes et étudié par uploads/Geographie/ fascicule-tracer-des-frontieres.pdf
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- Publié le Fev 15, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
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