APERÇU SUR QUELQUES ESPACES LINGUISTIQUES DANS LE MONDE Ce document est une ver
APERÇU SUR QUELQUES ESPACES LINGUISTIQUES DANS LE MONDE Ce document est une version préliminaire produite par l’Observatoire démographique et statistique de l’espace francophone (ODSEF) de l’Université Laval et l’Observatoire de la langue française de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et ce, en collaboration avec le Centre interuniversitaire d’études québécoise (CIEQ) et le Centre GéoStat de l’Université Laval. Richard Marcoux, Directeur de l’ODSEF et Alexandre Wolff, Responsable de l’Observa toire de la langue française de l’OIF, ont assuré la direction du travail de production de ce document. Nous tenons à remercier Laura Barlot, Émilie Bombardier et Genny Sartorello pour le travail de recherche effectué dans le cadre de leurs stages à l’Observatoire de la langue française de l’OIF. De l’Université Laval, nous tenons à remercier Laurent Richard, professionnel de recherche à l’ODSEF, Marie-Eve Harton assistante de recherche à l’ODSEF, Simon Lavergne du Centre GéoStat et enfin Émilie Lapierre Pintal du Centre Interuniversitaire d’études québécoises (CIEQ) pour la conception graphique de ce document. Vous pouvez transmettre vos commentaires sur ce document à : Richard.Marcoux@soc.ulaval.ca et/ou Alexandre.Wolff@francophonie.org OBSERVATOIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE DE L’OIF 3 QU’EST-CE QU’UNE LANGUE MONDIALE ? Pour l’Observatoire de la langue française de l’OIF ce label de « langue mondiale » dépend de critères de type qualitatif dont les plus impor tants sont : la dispersion territoriale, le statut officiel national dans les pays, le statut officiel dans les organisations internationales, son enseignement comme langue étrangère, sa qualité d’outil de com munication entre locuteurs non natifs et de vecteur d’expressions culturelles diverses. D’autres critères agissant comme des facteurs indiciels du poids global d’une langue ont été proposés par le linguiste Louis-Jean Cal vet qui a mis au point un « baromètre Calvet des langues » (dont on trouvera la présentation sur http://www.portalingua.info). Parmi ces critères, on trouve le nombre d’articles dans Wikipédia, le nombre de prix Nobel de littérature, l’importance des traductions dans cette LANGUES CRITÈRES Anglais Arabe Espagnol Français Portugais Dispersion territoriale (a) 5 1 3 5 3 Enseignement comme une langue étrangère (b) 5 1 2 3 1 Statut officiel international dans les organisations (c) 3 2 2 3 1 Statut officiel national dans les pays (d) 5 3 3 3 1 SCORE 18 7 10 14 6 langue (source et cible), « l’entropie » (qui correspond à la capacité d’une langue à être présente en dehors de son espace originel), l’indice de développement humain (IDH) et le taux de pénétration d’Internet. Enfin, on devrait considérer, même si la mesure en est difficile, des réalités qui donnent à une langue une dimension internationale : • son usage comme outil de communication de locuteurs non natifs. C’est le cas lorsque la langue est utilisée comme passerelle sur un territoire où se pratiquent plusieurs langues ou comme langue de communication entre différents territoires ; • sa position de vecteur d’expressions culturelles diverses qui dépend de la diversité des origines culturelles et linguistiques des créateurs locuteurs non natifs s’exprimant dans la langue concernée (littérature, audiovisuel, spectacles vivants…) . (a) Sur un indice de 1 à 5 correspondant à la présence de la langue sur 1, 2, 3, 4 ou les 5 continents. (b) Sur un indice de 1 à 5 selon l’étendue de l’enseignement de la langue et l’importance des effectifs lorsqu’ils sont connus. (c) Sur un indice de 1 à 3 selon que la langue dispose d’un statut dans toutes les grandes organisations à vocation mondiale (ONU, UNESCO, OMC, OIT, FAO…) et de celui de langue de travail (d) Sur une échelle de 1 à 5 par tranche de 10 pays reconnaissant la langue comme officielle (de 1 à 10 pays = 1 ; de 11 à 20 = 2 ; de 21 à 30 = 3 ; de 31 à 40 = 4 et au-delà = 5) TABLEAU 1 Indices obtenus pour certains critères qualitatifs définissant le caractère mondial de cinq langues LE POIDS DE CINQ ESPACES LINGUISTIQUES La mesure de plusieurs paramètres de nature quantitative donne une idée du poids des langues dans le monde. Comme on peut le voir, les estimations quantitatives disponibles varient énormément étant donné les critères retenus pour définir un locuteur d’une langue donnée et compte tenu des difficultés à trouver des sources de données fiables et comparables dans le temps et dans l’espace. Dans ce document nous avons fait le choix de définir les espaces linguistiques en prenant en considération les limites géographiques Anglais 1 Arabe 2 Espagnol 3 Français 4 Portugais 5 Nombre de locuteurs Entre 328 millions et 1 milliard Entre 221 et 372 millions Entre 329 et 450 millions 220 millions (estimation minimale) 3 Entre 178 et 240 millions Nombre de pays l’ayant pour langue officielle 56 23 20 29 8 Nombre d’apprenants 6 2 milliards Aucune info. disponible 14 millions 116 millions 155 000 des États membres des Nations Unies et en fonction du statut officiel qu’y tient une langue donnée dans ces pays en 2010. Il ne s’agit donc pas des locuteurs réels mais plutôt du poids démographique du regroupement des pays dans lesquels une langue y dispose d’un statut de langue officielle unique ou avec d’autres langues. Les pays pour lesquels plusieurs langues examinées ici ont le statut de langue officielle sont donc présents dans plus d’un espace linguistique. TABLEAU 2 Quelques indicateurs quantitatifs pour chacune des cinq langues mondiales 1. David Graddol, The future of English, 1997 et English next, 2006. 2. Statistiques démographiques de Perspectives monde, Université de Sherbrooke, (http://perspective.usherbrooke.ca) et Centre de langue moderne de l’Université de Birmingham (www.birmingham.ac.uk/facilities/cml/about/arabic.aspx). 3. El español en el mundo, Anuario del Instituto Cervantes, 2009 ; Ethnologue, 16e édition, M. Paul Lewis, Editor 2009 ; El español una lengua viva, Instituto Cervantes, 2010. 4. La langue française dans le monde 2010, OIF/Nathan, Paris, 2010. 5.Observatório de la Língua Portoguesa, (www.observatorio-lp.sapo.pt) ; Ethnologue, 16e édition, M. Paul Lewis, Editor 2009 ; Institut Camoes 6. Les méthodes et les sources utilisées étant de nature très différente, il est déconseillé de comparer les données fournies sans précaution. À titre d’exemple, les apprenants inscrits dans la colonne « Français » comprennent à la fois ceux qui apprennent le français langue étrangère et ceux qui suivent un enseignement en français. Ainsi, les élèves étudiant le français comme une langue étrangère représentent environ la moitié du total indiqué. 5 INFORMATIONS SUR LES SOURCES DE DONNÉES DÉMOGRAPHIQUES UTILISÉES Les estimations des populations utilisées ici s’appuient sur le plus récent exercice proposé par la Division de la population des Nations Unies (22e exercice rendu public en 2011) 7. Un exercice de projec tion des populations conduit à faire des hypothèses sur chacun des trois paramètres qui conditionnent la croissance d’une population : la natalité, la mortalité et les migrations. Jusqu’à la fin du xxe siècle, les projections des Nations Unies reposaient sur certains postulats qui ont été abondamment critiqués. Les critiques portaient plus particulièrement sur la notion d’équilibre, centrale dans les exer cices de projection menés à New York, et concernaient plus particulièrement deux des trois paramètres, à savoir la fécondité et les migrations. D’une part, les experts des Nations Unies supposaient qu’il y aurait à l’échelle de la planète convergence des transitions de la fécondité vers le fameux seuil de 2,1 enfants par femme, niveau qui permet de garantir le remplacement des générations dans un contexte de faible mortalité. D’autre part, ces experts entrevoyaient une augmentation continue de l’espérance de vie à la naissance, et ce pour l’ensemble des pays en développement. Enfin, en matière de migration, on supposait que l’on assisterait à une certaine conver gence de tous les pays vers des soldes migratoires nuls. Depuis le début des années 2000 on a observé un virage majeur dans les exercices de projections des Nations Unies. Outre l’intégra 7. Marcoux, Richard, avec la collaboration de Marie-Eve Harton. 2012. Et demain la francophonie. Essai de mesure démographique à l’horizon 2060. Observatoire démo graphique et statistique de l’espace francophone, Université Laval, Québec, 28 p. tion attendue des effets de la pandémie du VIH-sida sur les niveaux de mortalité dans de nombreux pays et la prise en compte de la com plexité des modèles de migrations internationales en fonction des mouvements passés, les nouvelles projections se démarquent prin cipalement en ce qui a trait à la natalité : la convergence vers un seuil de remplacement des générations n’est plus le postulat retenu. En effet, les récentes études montrent que dans de nombreux pays en développement la fécondité a diminué beaucoup moins rapidement que le laissaient supposer les prévisions antérieures. D’autre part, la reprise envisagée de la natalité dans la plupart des pays développés ne s’est pas produite; ces pays présentent des niveaux de fécondité souvent inférieurs au seuil de remplacement des générations. De ce fait, la croissance démographique de certains pays en développe ment devrait être beaucoup plus importante que ne l’annonçaient les exercices de projection précédents. À l’inverse, la nouvelle approche prospective conduit à prévoir un ralentissement considérable de la croissance démographique dans les pays développés, et même une décroissance plus rapide pour certaines régions et uploads/Geographie/ espaces-linguistiques.pdf