EPICURE -341 -270 Lettre à Pythoclès Épicure à Pythoclès, salut. Cléon m’a appo
EPICURE -341 -270 Lettre à Pythoclès Épicure à Pythoclès, salut. Cléon m’a apporté ta lettre, dans laquelle tu te montrais à mon égard plein de sentiments d’amitié, dignes du soin que je prends de toi ; tu as essayé de façon convaincante de te remémorer les arguments qui tendent à la vie bienheureuse, et tu m’as demandé pour toi-même de t’envoyer une argumentation résumée et bien délimitée touchant les réalités célestes, afin de te la remémorer facilement ; en effet, ce que j’ai écrit ailleurs est malaisé à se remémorer, bien que, me dis-tu, tu l’aies continuellement en mains. En ce qui me concerne, j’ai reçu avec plaisir ta demande, et j’ai été rempli de plaisants espoirs. Aussi, après avoir écrit tout le reste, je rassemble tels que tu les as souhaités, ces arguments qui seront utiles à beaucoup d’autres, et tout spécialement à ceux qui ont depuis peu goûté à l’authentique étude de la nature, ainsi qu’à ceux qui sont pris dans des occupations plus accaparantes que l’une des occupations ordinaires. Saisis-les distinctement et, les gardant en mémoire, parcours-les avec acuité ainsi que tous les autres que, dans le petit abrégé, j’ai envoyés à Hérodote. Tout d’abord, il ne faut pas penser que la connaissance des réalités célestes, qu’on les examine en relation à autre chose, ou pour elles-mêmes, ait une autre fin que l’ataraxie et la certitude ferme, ainsi qu’il en est pour tout le reste. Il ne faut pas non plus faire violence à l’impossible, ni tout observer de la même façon que dans les raisonnements qui portent sur les modes de vie, ni dans ceux qui nous donnent une solution aux autres problèmes physiques, comme le fait que le tout est corps et nature intangible, ou que les éléments sont insécables, et toutes les propositions de ce genre qui sont seules à s’accorder avec ce qui apparaît; cela n’est pas le cas pour les réalités célestes : au contraire se présente une multiplicité de causes pour leur production, et d’assertions relatives à leur être même, en accord avec les sensations. Car il ne faut pas pratiquer l’étude de la nature en s’appuyant sur des principes vides et des décrets de loi, mais comme le réclame ce qui apparaît. En effet, notre mode de vie ne requiert pas une recherche qui nous serait propre, et une opinion vide, bien plutôt une vie sans trouble. Tout devient inébranlable pour tout ce que l’on résout entièrement selon le mode multiple en accord avec ce qui apparaît, lorsqu’on conserve, comme il convient, ce qu’à propos de ces réalités on énonce avec vraisemblance ; mais lorsqu’on admet une explication et qu’on rejette telle autre, qui se trouve être en un semblable accord avec ce qui apparaît, il est clair que l’on sort du domaine de l’étude de la nature, pour se précipiter dans le mythe. Certaines des choses qui apparaissent près de nous fournissent des signes de ce qui s’accomplit dans les régions célestes, car on les observe comme elles sont, à la différence de celles qui apparaissent dans les régions célestes ; il est en effet possible que ces dernières arrivent de multiples façons. Il faut toutefois conserver l’image de chacune des réalités célestes, et en rendre compte par ce qui lui est rattaché, ce dont la réalisation multiple n’est pas infirmée par les choses qui arrivent près de nous. Un monde est une enveloppe du ciel, qui enveloppe astres, terre et tout ce qui apparaît, qui s’est scindée de l’illimité, et qui se termine par une limite ou rare ou dense, dont la dissipation bouleversera tout ce qu’elle contient ; et elle se termine sur une limite soit en rotation soit en repos, avec un contour rond, triangulaire ou quel qu’il soit ; car tous sont possibles : rien de ce qui apparaît ne s’y oppose dans ce monde-ci, où il n’y a pas moyen de saisir ce qui le termine. Mais il y a moyen de saisir qu’à la fois de tels mondes sont en nombre illimité, et qu’aussi un tel monde peut survenir tant dans un monde que dans un inter-monde, comme nous appelons l’intervalle entre des mondes, dans un lieu comportant beaucoup de vide, mais pas dans un vaste lieu, pur et vide, comme le disent certains, et ce, dans la mesure où des semences appropriées s’écoulent d’un seul monde, ou inter-monde, ou bien de plusieurs, produisant peu à peu des adjonctions, des articulations et des déplacements vers un autre lieu, selon les hasards, et des arrosements provenant de réserves appropriées, jusqu’à parvenir à un état d’achèvement et de permanence, pour autant que les fondations posées permettent de les recevoir. Car il ne suffit pas que se produise un agrégat, ou un tourbillon dans le vide où il est possible qu’un monde surgisse, d’après ce que l’on croit être par nécessité, et qu’il s’accroisse jusqu’à ce qu’il heurte à un autre monde, ainsi que l’un des réputés physiciens le dit ; car cela est en conflit avec ce qui apparaît. Le soleil, la lune et les autres astres, qui se formaient par eux-mêmes, étaient ensuite enveloppés par le monde, ainsi évidemment que tout ce qu’il préserve, mais dès le début ils se façonnaient et s’accroissaient (de la même façon que la terre et la mer) grâce à des accrétions et des tournoiements de fines particules, qu’elles soient de nature ventée ou ignée, ou bien les deux ; la sensation nous indique en effet que cela se fait ainsi. La grandeur du soleil et des autres astres, considérée par rapport à nous, est telle qu’elle apparaît, car il n’y a pas d’autre distance qui puisse mieux correspondre à cette grandeur. Si on le considère en lui-même, sa grandeur est ou plus grande que ce que l’on voit, ou un peu plus petite, ou identique (pas en même temps). C’est ainsi également que les feux, qu’auprès de nous l’on observe à distance, sont observés selon la sensation. Et on résoudra aisément tout ce qui fait obstacle dans cette partie, si l’on s’applique aux évidences, ce que nous montrons dans les livres Sur la nature. Levers et couchers du soleil, dé la lune et des autres astres peuvent résulter respectivement d’une inflammation et d’une extinction, Si l’environnement est tel - et ce en chacun des deux lieux correspondants - que ce qui vient d’être dit s’accomplisse ; car rien de ce qui apparaît ne l’infirme ; et c’est encore par une émergence au-dessus de la terre, puis au contraire par une interposition, que levers et couchers pourraient se produire ; car rien de ce qui apparaît ne l’infirme. Pour leurs mouvements, il n’est pas impossible qu’ils résultent soit d’une rotation du ciel tout entier soit du fait que, si celui-ci est en repos, eux connaissent une rotation engendrée à l’orient suivant la nécessité à l’œuvre à l’origine, lors de la naissance du monde, ensuite, prenant en compte la chaleur, du fait d’une certaine propagation du feu qui progresse toujours vers des lieux contigus. Les rétrogradations du soleil et de la lune peuvent survenir en raison de l’obliquité du ciel qui se trouve par moments contraint à obliquer ; également parce que de l’air les repousse, ou bien aussi parce que la matière dont ils ont constamment besoin, et qui s’enflamme progressivement, les a abandonnés ; ou il se peut aussi que dès le début un tourbillon ait enveloppé ces astres, un tourbillon que leur mouvement soit comme celui d’une spirale. Car toutes ces raisons et celles qui leur sont apparentées ne sont en désaccord avec aucune des évidences si, pour de tels aspects particuliers, s’attachant au possible, l’on peut ramener chacune d’elles à un accord avec ce qui apparaît, sans redouter les artifices des astronomes, qui rendent esclave. Les évidements et les remplissements de la lune pourraient se produire aussi bien en raison du tour qu’effectue ce corps qu’en raison également des configurations de l’air, mais encore en raison d’interpositions, et de tous les modes par lesquels ce qui apparaît auprès de nous, nous appelle à rendre compte de cet aspect-là, à condition que l’on ne se satisfasse pas du mode unique et que l’on ne repousse pas de façon vaine les autres modes, n’ayant pas observé ce qu’il était possible et ce qu’il était impossible à un homme d’observer, et désireux en conséquence d’observer l’impossible. En outre, il se peut que la lune soit lumineuse par elle-même, possible aussi qu’elle le soit grâce au soleil. De fait, autour de nous, l’on voit beaucoup de choses qui sont lumineuses par elles-mêmes, et beaucoup qui le sont grâce à d’autres. Et rien de ce qui apparaît dans le ciel ne fait obstacle à cela, Si l’on garde toujours en mémoire le mode multiple et si l’on considère ensemble les hypothèses et les causes qui sont conformes à ce qui apparaît, si l’on ne considère pas ce qui ne lui est pas conforme, que l’on grossit en vain, et si l’on n’incline pas d’une manière ou d’une autre vers le mode uploads/Geographie/ epicure-lettre-a-pythocles.pdf
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- Publié le Jul 20, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
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