Pierre Larrouturou et Dominique Méda Einstein avait raison. Il faut réduire le

Pierre Larrouturou et Dominique Méda Einstein avait raison. Il faut réduire le temps de travail 2016 Sommaire Introduction Première partie. – Dans un contexte de croissance faible, les politiques classiques mènent toutes à l'impasse Chapitre 1. – Le chômage, ennemi public numéro 1 Un million de « fins de droits » en un an Entre 10 000 et 20 000 morts chaque année Un coût largement sous-estimé Chômage, précarité : une gigantesque épée de Damoclès On vaut mieux que ça Public et privé : tous concernés Un manque à gagner de... 150 % du PIB La perte de pouvoir de négociation des salariés Artisans, commerçants, restaurateurs ou retraités... tous concernés ! Chapitre 2. – Miser sur la croissance, un aveuglement dramatique Un cercle vicieux Japon : 0,7 % de croissance en moyenne Le plein-emploi américain : mythe ou réalité ? La croissance, un mirage universel La dette totale mondiale : + 57 000 milliards en sept ans ! Quand la Chine explosera... Une crise suicidaire Le chômage, cause fondamentale de la crise financière Retrouver l'esprit de Philadelphie Chapitre 3. – Chômage : que faisons-nous des gains de productivité ? Que faisons-nous de notre intelligence ? Une double révolution Un non-sens Un problème universel 30,05 heures en Allemagne Aux Pays-Bas : 30 heures par semaine en moyenne Un mouvement qui continue Chapitre 4. – Sortie de crise : aucun des scénarios actuellement en vogue ne convient Le scénario de la révolution technologique et... de la sortie du salariat Le démantèlement du droit du travail Dérégulation du temps de travail et promotion du temps partiel Deuxième partie. – Pourquoi la réduction collective du temps de travail reste l'un des éléments les plus prometteurs d'une sortie de crise Chapitre 5. – Une brève histoire du temps de travail La difficile naissance de la réglementation du temps de travail en France Une diminution très forte du temps de travail dans tous les pays développés Chapitre 6. – La véritable histoire des 35 heures De la loi de Robien aux lois Aubry La mise en œuvre de la réduction du temps de travail Chapitre 7. – Le véritable bilan des 35 heures Les 35 heures ont créé des emplois La RTT n'a en rien « plombé la compétitivité de la France » La RTT n'a certainement pas dégradé la valeur travail La RTT est la condition sine qua non de l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes Les effets ambivalents de la RTT sur les conditions de travail Les effets de la RTT à l'hôpital Le coup d'arrêt donné aux 35 heures et l'entreprise idéologique de déconstruction Chapitre 8. – Réduire le temps de travail, oui, c'est possible Financer les créations d'emplois Équilibre de la masse salariale La semaine de 4 jours, est-ce possible dans une PME ? Et pour les cadres ? 4 jours « à la carte » Flexibilité sans précarité Enrichir le travail, améliorer la formation Formation tout au long de la vie Les quatre piliers du succès La semaine de 4 jours : quel impact macro-économique ? Le coût pour l'État La France seule au monde ? Une arme parmi d'autres Investir pour le climat Investir massivement dans le logement 250 000 à 300 000 créations d'emplois 280 euros d'économie chaque mois Développer les services à la personne, les AMAP... Travailler moins, est-ce nier la valeur travail ? 35 heures vs 4 jours, pourquoi une telle différence ? 7 jours, 6 jours, 5 jours, 4 jours... et ensuite ? Régulation vs ubérisation : n'est-ce pas déjà trop tard ? Vers un nouveau partage des revenus, plus favorable aux salariés Combien d'étapes ? Conclusion. – Que de temps perdu ! Une question absolument fondamentale Comment faire ? Relancer l'expérimentation « C'est la Loi qui libère et la Liberté qui opprime » Miser sur l'intelligence Un nouveau Contrat social approuvé par référendum ? Civilisation ou barbarie ? Remerciements Introduction « Cette crise est singulièrement différente des crises précédentes, écrivait Albert Einstein au sujet de la crise de 1929, parce qu'elle dépend des circonstances radicalement nouvelles conditionnées par le fulgurant progrès des méthodes de production{1}. « Pour la production de la totalité des biens de consommation, seule une fraction de la main-d'œuvre disponible devient indispensable. Or dans une économie libérale, cette évidence conduit forcément à un chômage élevé. « Ce même progrès technique qui pourrait libérer les hommes d'une grande partie du travail nécessaire à leur vie, est le responsable de la catastrophe actuelle. « Pour supprimer ces inconvénients, il faut, selon moi : 1. Une diminution légale du temps de travail pour supprimer le chômage. 2. Parallèlement, la fixation d'un salaire minimum pour garantir le pouvoir d'achat des masses en fonction des marchandises produites. 3. Une vraie régulation des stocks de monnaie en circulation et du volume des crédits [...]. 4. Une limitation du prix des marchandises qui, à cause des monopoles ou des cartels, se dérobent de fait aux lois de la libre concurrence. » « Ce même progrès technique qui pourrait libérer les hommes d'une grande partie du travail nécessaire à leur vie, est le responsable de la catastrophe actuelle . » Cette magnifique réflexion d'Albert Einstein, qui dénonce l'absurdité d'un progrès technique mal utilisé, un progrès technique né de l'intelligence humaine mais qui se retourne contre le bien-être de l'humanité, s'applique autant à la crise que nous subissons aujourd'hui qu'à celle de 1929. Einstein, à cette époque, n'était pas le seul à se prononcer pour une réduction du temps de travail. En 1926 déjà, l'entrepreneur américain Henry Ford avait plaidé pour un meilleur partage des gains de productivité : sa « semaine de 5 jours payés 6 » avait fait grand bruit. Mais une poignée d'entreprises seulement avaient mis en pratique son idée. Henry Ford : « Pourquoi j'ai mis en place la semaine de 5 jours{2} » Henry Ford récidive. Douze ans après avoir doublé les salaires de ses ouvriers – le fameux « Five Dollars a Day » (5 dollars par jour) –, ce grand industriel récidive en montrant que non seulement l'innovation sociale n'est pas un frein au développement économique mais que le développement économique n'est pas durable sans innovation sociale : « refusant de s'attarder sur le côté humaniste de la réduction du temps de travail », Ford explique que le capitalisme a besoin d'entreprises qui produisent mais qu'il a besoin aussi de consommateurs qui ont des revenus et des modes de vie qui leur permettent de consommer. Dans cette interview, le constructeur automobile raconte pourquoi il a réduit la semaine de travail à 40 heures sans diminution de salaire. « Nous avons mis en vigueur dans toutes nos usines la semaine de 5 jours. Il n'y aura donc plus de travail chez nous le samedi et le dimanche. Ce seront des jours libres, mais les travailleurs recevront la même rémunération que pour une semaine de 6 jours. La journée de travail continuera d'être de 8 heures, sans heures supplémentaires. [...] « Le pays est prêt pour la semaine de 5 jours. Cela va se généraliser à toute l'industrie. [...] La semaine courte sera généralisée, parce que, sans elle, le pays ne sera pas en mesure d'absorber sa production et de rester prospère. [...] « L'industrie de ce pays ne pourra exister longtemps si nombre d'entreprises reviennent à la journée de 10 heures de travail, car alors les gens n'auront plus de temps pour consommer les biens produits. Par exemple, le travailleur devrait avoir accès à l'automobile pour aller faire du shopping de l'aube jusqu'au crépuscule. Et cela aura des conséquences innombrables, pour l'automobile, en permettant aux gens de se déplacer rapidement et facilement, on leur donne une chance de découvrir ce qui se passe dans le monde, ce qui les conduit à une vie plus riche qui nécessite plus de nourriture, plus et de meilleurs produits, plus de livres, plus de musique – plus de tout. [...] « Tout comme la journée de 8 heures a inauguré notre chemin vers la prospérité, la semaine de 5 jours va ouvrir le chemin d'une prospérité encore plus grande. Il est grand temps de nous débarrasser de l'idée que les loisirs pour les ouvriers sont soit du temps perdu, soit un privilège de classe. [...] « Ce n'est que récemment qu'un Français a parlé de la consommation accrue d'alcool en pointant la journée de 8 heures, la dénonçant comme un dispositif qui donne plus le temps de boire aux ouvriers. Nous, nous constatons au contraire que les hommes reviennent frais et dispos, après un repos de 2 jours, et qu'ils sont capables de mettre leur esprit ainsi que leurs mains immédiatement au travail. » World's Work, octobre 1926 En 1926, Ford ne sera pas pris au sérieux quand il proposera un partage plus juste des gains de productivité. Seule une poignée d'autres patrons suivront son exemple. Trois ans plus tard éclatera la crise de 1929 et, treize ans plus tard, la Seconde Guerre mondiale. Après 1945, on mettra en place dans tous nos pays la semaine de uploads/Geographie/ einstein-avait-raison-il-faut-reduire-le-temps-de-travail-la-semaine-de-quatre-jours-c-est-possible-pdfdrive.pdf

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