Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres Sur

Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres Sur le système primitif de la numération chez la race berbère Joseph-Toussaint Reinaud Citer ce document / Cite this document : Reinaud Joseph-Toussaint. Sur le système primitif de la numération chez la race berbère. In: Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 4ᵉ année, 1860. pp. 108-110; doi : https://doi.org/10.3406/crai.1860.66329 https://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1860_num_4_1_66329 Fichier pdf généré le 22/10/2018 <08 SÉANCES Dû MOIS DE JUILLET. déterminer la signification. Exposer les modifications qu'ont subies les radicaux et les désinences suivant les temps et suivant les pays. 3° Examen des sources du Spéculum historicité, de Vincent de Beauvais. Distinguer les portions du Spéculum qui ont été empruntées à des ouvrages dont le texte original nous est parvenu ; signaler ce qui a été tiré d'ouvrages perdus ou inédits et ce qui est l'œuvre personnelle de Vincent de Beauvais. . L'Académie met au concours du prix Bordin, pour 1862, la question transcrite en caractères italiques sous le n° <. M. de Longpérïer fait part à l'Académie d'une découverte importante qui vient de lui être annoncée. Le curé de l'église Notre-Dame de Mantes faisant, en l'absence de l'architecte, abaisser les marches qui précèdent le maître-autel de son église, a trouvé sous ces marches, dans une fort petite excavation, pratiquée et ménagée dans la maçonnerie, deux petites boîtes en plomb sans aucun ornement, sans aucun signe distinctif, et renfermant, l'une, un cœur, l'autre, des restes d'entrailles entourées d'épongés, que M. le docteur Loir croit avoir été imbibées d'aromates. Une tradition accréditée dans le pays veut que Philippe-Auguste mourant ait ordonné de déposer son cœur sous les marches de l'église Notre- Dame. Cette tradition est rapportée dans l'ouvrage historique que Armand Cassan a publié il y a trente ans. Si l'on parvenait à établir que le cœur retrouvé à Mantes est celui de Philippe-Auguste, on devrait peut-être examiner si cette découverte n'est pas de nature à faire étudier de nouveau les données du problème soulevé par la célèbre histoire du cœur découvert, il y a quelques années, dans la Sainte-Chapelle. Une certaine conformité dans la disposition très-simple des enfouissements, dans la pauvreté des capsules employées pour renfermer les viscères, pourrait être relevée et donner lieu à de nouveaux aperçus. M. Reinaud lit, en communication, un Mémoire intitulé : Sur le système primitif de (a numération chez la race berbère? ANALYSE. On sait qu'autrefois tout le nord de l'Afrique, depuis la vallée du Nil jusqu'à l'Océan, depuis la Méditerranée jusqu'au Niger, était habité par une seule et même race appelée, par les anciens, libyque, et dont les restes sont compris aujourd'hui sous le nom de Berbères. SÉANCES DU MOIS DE JUILLET. 109 Des révolutions sans nombre ont bouleversé cette vaste contrée, et des peuples d'origines diverses sont venus s'implanter sur le sol primitif; il est cependant facile de reconnaître encore çà et là quelques tribus de Berbères restées pures de mélange. Les Égyptiens, les Phéniciens, les Grecs, les Romains, les Vandales enfin et surtout les Arabes laissèrent des traces de leur passage et de leur influence. Mais il n'est pas impossible de retrouver, à travers tous les emprunts faits par la langue berbère aux idiomes étrangers et principalement à l'arabe, un vocabulaire évidemment indigène qui s'éloigne très-sensiblement des langues sémitiques. Depuis qu'on s'occupe des origines du berbère, on se demande s'il faut rattacher cette langue au copte ou à quelque langue sémitique. M. Reinaud a toujours pensé que c'est une langue sut generis et particulière aux contrées où l'on en retrouve les débris : comme cette opinion n'est pas généralement admise, le savant professeur de l'École des langues orientales s'empresse d?apporter dans la discussion un argument qui lui semble décisif en faveur de la thèse qu'il soutient. M. Hanoteau avait donné le tableau comparatif du système de numération usité chez les Kabyles, chez les Béni-Mozab , et enfin chez les Touaregs qui habitent le Sahara. Chez les Berbères de la côte, la première unité est indigène ; toutes les autres sont empruntées aux Arabes. Chez les Touaregs, il n'y a que six, sept, huit et neuf qui soient exprimés par des dénominations arabes. M. Hanoteau s'est contenté de consigner ces résultats sans en déduire aucune observation philologique. Or, M. Letourneux, qui vient d'avoir occasion de visiter les oasis du Souf, le pays de Chamba et l'Oued- Ghyr, y trouva en usage un système de numération quinaire. Ces indigènes ont cinq mots pour expliquer les cinq premières unités, après quoi ils recommencent et ils disent : cinq-un, cinq-deux, cinq-trois. Exemple : \ ighem, un; i occas, quatre; 2 tzern, deux; ο fous, cinq; α charet, trois; 6 fous-ighem, six, ou cinq-un; 110 SÉANCES SU M0I6 DB JUILLET. 7 fous-tzem, sept, ou cinq-deux ; 8 fous-chant, huit, ou cinq-trois; 9 fous-occas, neuf, ou cinq-quatre ; 10 meraoun, dix, ou cinq-cinq; M meraoun-4ghem^ opze, ou dix-un, etc. ; 45 meraoun-fous, quinze, ou dix-cinq; 46 meraoun-fous-ighem, seize, ou dix-cinq-un, etc.; 20 tzem-meraoun, vingt, ou deux-dix ; 21 tzem-meraoun-ighem, deux-diX-un, etc.; 30 charet+meraoun, trois-dix; 60 fous-ighem-meraoun, cinq-un-dix (1). Voici le tableau correspondant que M. Hanoteau a donné dans son Essai de grammaire de la langue tamacheck : { tien, un; 7 essaa, sept; 2 sin7 deux; 8 ettam, huit; 3 keradh, trois; 9 tezzaa, neuf; 4 hokkoz, quatre; 10 meraou, dix; 5 semmous, cinq; 41 meraoudiien, dix-un; 6 secfts, six; 42 rnemoudsin, deux-dix, etc. 20 senatet-temerouin> deux-dix; 21 senatet-temerouindiien, deux-dix-un; 30 keradeth-temerouin, trois-dix, etc. On peut conclure de ce qui précède que le système quinaire était en usage chez les peuples berbères. Les peuples woloff du Sénégal s'en servent encore aujourd'hui, comme l'a observé M. l'abbé Boilat dans sa Grammaire woloffe, page 28. On a pu remarquer, dans le second tableau, que les quatre unités qui suivent le nombre cinq sont exprimées par des dénominations arabes, chez les peuples qui ont eu des rapports plus suivis avec ces [conquérants. Cette observation suffit à démontrer que le système quinaire devait être général chez les Berbères avant les influences étrangères. (\) Ce tableau aété adressé par M, Letourneux à M. Charles Texier, qu en avait déjà donné communication à l'Académie. 11 a été publié dans la Revue orientale et américaine, cahier de juillet i 860, p. 239. uploads/Geographie/ crai-0065-0536-1860-num-4-1-66329.pdf

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