Vers une contiguïté ville-océan Cyril Flury & Pierre le François des Courtis Vi

Vers une contiguïté ville-océan Cyril Flury & Pierre le François des Courtis Ville côtière Casablanca, ville côtière. Vers une contiguïté ville-océan Flury & le François des Courtis La baie de Casablanca présente un grand potentiel comme espace de rencontre entre la ville et l’océan. Il s’agit de comprendre et d’analyser la nature des relations changeantes entre ces deux entités, maritime et terrestre, ainsi que les moyens à travers lesquels elles se rencontrent. Ainsi, nous pourrons aménager cette frange en osmose avec le reste de la ville. Professeur responsable de l’Énoncé théorique : Yves Pedrazzini Directeur pédagogique du Projet de Master : Patrick Mestelan Maître : Barbara Tirone Casablanca, ville côtière Vers une contiguïté ville-océan. Cyril Flury & Pierre le François des Courtis Énoncé théorique de Master - Section d’Architecture EPFL - 2012 CONTIGU (ADJ) : Qui touche à quelque chose, à un lieu ; qui en est voisin. Qui est rapproché de quelque chose d’autre par le sens ou le temps. Note au lecteur Le nom des lieux ayant changé au cours du temps, nous tâchons d’utiliser les noms de l’époque dont on parle avec rappel si justifié du nom actuel. Ainsi, Casablanca sera alternativement nommée Anfa puis Dar el Beïda avant de devenir Casablanca. Les illustrations de cet ouvrage sont annexées en fin de document, dans la table des illustrations. Les photographies et schémas non répertoriée sont l’oeuvre des auteurs. En raison du statut ambigu du Sahara Occidental sur la scène internationale, il est différencié du reste du pays sur les illustrations représentant l’ensemble du pays. L’ensemble des définitions de ce document est sélectionné parmi celles du TLF , Trésors de la Langue Française, Paris : Éd. du Centre National de la Recherche Scientifique, 1974. Un grand nombre d’informations de cet énoncé vient de l’ouvrage de Jean-Louis Cohen et Monique Eleb : Casablanca, Mythes et figures d’une aventure urbaine, dans son édition de 1998. Véritable ‘bible’ de Casablanca, il nous a été précieux dans la rédaction de ce travail. 9 Sommaire Préambule 1. Contiguïté ville-océan 2. Contexte Le monde arabe, le Maroc et la mer 1. Un pays tourné vers l’intérieur des terres 2. Le retournement du pays Interstice Atlantique-Afrique 1. Origines 2. Planification d’une ville champignon 3. Développement incontrôlé 4. Le retournement de la ville sur la mer Mitoyen océan-terre 1. Rapport d’utilisation : le port 2. Rapport d’appropriation : promenades, plages et parcs. 3. Rapport d’observation : percements, axes pénétrants et mise à distance. 4. Rapport d’échelles : verticalité du front de mer. Synthèse Bibliographie Table des illustrations p.11 p.12 p.14 p.23 p.25 p.31 p.39 p.41 p.53 p.65 p.69 p.75 p.77 p.83 p.93 p.103 p.113 p.121 p.127 10 11 PRÉAMBULE 12 CONTIGUÏTÉ VILLE-OCEAN Au cours du temps, la plupart des villes se sont développées en rapport à l’eau, que ce soit le long d’une côte (quel meilleur exemple que le pourtour méditerranéen?), le long d’une rivière (le Caire, Rome autrefois, New York et New Delhi) ou d’un lac (Tenochtitlan, un grand nombre de villes suisses). Une lecture de la carte du monde relève la présence de cités à proximité d’un plan d’eau. Cependant chacune de ces villes développent un rapport différent à son cours ou plan d’eau. Les grandes villes historiques du Maroc forment un cas particulier puisqu’elles sont dispersées sur l’ensemble du territoire, ne s’exposant pas sur l’Atlantique sans pour autant être liées à un cours d’eau. Seules quelques villes se tournent vers la Méditerranée, Tanger en particulier. L’agglomération côtière (de El-Jadida à Kénitra, incluant Casablanca et Rabat), au développement plus tardif, est la trace d’une évolution du rapport qu’a tissé le Maroc avec son environnement. Notre choix d’étude se porte sur Casablanca, qui alterne son développement entre ouverture sur l’océan, via son port notamment, et les moments où elle se développe vers l’intérieur des terres, s’affranchissant de l’océan. Chacun de ces retournements modifie la forme urbaine et remodèle la relation entre la ville et l’océan. Le dernier retournement s’effectue dans les années 1980, avec le plan Pinseau (et les SDAU1 qui suivront). Ce plan prévoit une extension de la ville le long de la côte en direction de Mohammedia. L’océan n’est plus seulement vu comme une immensité hostile ou une source de dangers, ni comme un lien économique avec le reste du monde (trafic de conteneur, exportation de phosphate), mais aussi comme une opportunité de développement touristique et d’amélioration de la qualité de vie. Casablanca est un exemple de ville dont le littoral a longtemps 1. Schémas Directeurs d’Aménagement Urbain 13 été exclusivement fonctionnel et qui tend à s’ouvrir plus sur la mer avec de nouvelles fonctions récréatives. La ville s’inscrit donc dans un phénomène plus global qui touche d’autres villes du monde telles que Barcelone, la Havane, Marseille ou Gênes. Plutôt que l’analyse des quartiers de Casablanca et de l’habitat traditionnel marocain ou une analyse d’un «brouillon pour demain»2 qu’est la ville en raison de l’innovation architecturale qui y eut lieu, c’est cet aspect changeant et régulièrement remis en question au cours du temps de la relation de Casablanca avec son front de mer qui motive ce travail. Malgré sa proximité exceptionnelle avec l’eau, on observe une alternance de lieux qui prennent plus ou moins leur distance avec l’océan sur ce mitoyen qu’est le front de mer. Il entraîne différents rapports entre la ville et son océan. Le port en premier lieu, s’étale longitudinalement le long de la côte, coupant toute une frange de la ville à l’océan qui devient outil. Toute une série d’équipements que sont les plages, les transports publics et les promenades permettent plus ou moins l’appropriation du front de mer par les casablancais. De même, le développement urbain de la ville induit une alternance d’ouverture et de mise à distance de l’océan, à la fois dans le temps et dans l’espace. Enfin, le front de mer alterne verticalité et horizontalité, se forgeant une échelle propre, qui participe à l’image de la ville. Ces différents rapports d’utilisation, d’appropriation, d’observation et d’échelle devront être pris en compte pour produire un projet sur le site de la baie de El Hank. La raison première de ce travail est le grand potentiel que la baie de Casablanca présente en tant qu’espace de rencontre entre la ville et l’océan. Il s’agit de comprendre et d’analyser la nature des relations changeantes entre ces deux entités, ainsi que les moyens à travers lesquels elles communiquent. Ainsi, nous pourrons aménager cette frange en osmose avec le reste de la ville. Cet énoncé permettra de produire un projet qui sera basé sur les résultats de cette étude. 2. G. Bertrand, « Casablanca d’hier et d’aujourd’hui; I. Un brouillon pour demain », La France indépendante, 5 août 1950 14 MAROC Monarchie constitutionnelle 31 514 000 habitants (HCP 2004) 70 hab/km² (44 hab/km² avec S. Occidental) PIB : 91,4 Milliards de $US (DEPF 2010) 15 <10 hab/km2 10<25 hab/km2 25<42 hab/km2 42<80 hab/km2 80<240 hab/km2 240<500 hab/km2 <500 hab/km2 0 100km 16 RÉGION DU GRAND CASABLANCA 33° 34’ 42’’ Nord 7° 36’ 24’’ Ouest 17 <10 m Rivière 10<25 m 25<75 m 75<100 m 100<125 m 125<150 m 150<175 m 175<200 m >200 m 0 5km 18 PROVINCE DE NOUACEUR PROV ME PREFECTURE DE CASABLANCA RÉGION DU GRAND CASABLANCA 3 783 000 habitants (HCP 2009) 2342 hab/km² PIB : 17,4 Milliards de $US (env 19% du PIB Nat.)(DEPF 2010) 19 PROVINCE DE MEDIOUNA PREFECTURE DE MOHAMMEDIA COMMUNE DE EL MANSORIA 0 5km 20 CASABLANCA 21 22 23 LE MONDE ARABE, LE MAROC ET LA MER « Le Maroc est un arbre dont les racines sont profondément ancrées en Afrique et dont les feuillages sont en Europe. » S.M. Hassan II 24 25 UN PAYS TOURNÉ VERS L’INTÉRIEUR DES TERRES « L’attrait, entre autres, des richesses provenant du commerce du Sud (le Sahara) vers le Nord (l’Occident) va attirer les convoitises de diverses tribus avec pour ville carrefour Marrakech (la porte du désert) qui deviendra naturellement la capitale de diverses dynasties, en particulier celles venant du Sud (Almoravides, Almohades, Saadiens) ; c’est la raison pour laquelle, toute l’histoire du Maroc (des Idrissides aux Alaouites) fut marquée par le commerce des richesses du Sud vers le Nord. L’histoire et l’origine du Maroc furent, sont et seront marquées par le lien avec le Sahara » Bernard Lugan3 On observe sur la série de cartes, que depuis 2000 ans les capitales se situent, à l’exception de Rabat et Tanger, exclusivement à l’intérieur des terres plutôt que sur le côte, que ce soit atlantique ou méditerranéenne. Non seulement les capitales ne sont pas côtières, mais jusqu’à l’époque récente, peu de villes majeures le sont. Plusieurs facteurs ont influencé cet état de fait, qu’ils soient géographiques, sociologiques ou économiques. En premier lieu, l’Atlantique n’est pas la Méditerranée : pendant de longues années, il marque la fin des terres connues alors que la mer Méditerranée est une voie commerciale importante. « La Méditerranée, cette mer si connue, traversée de tous les sens possibles par une infinité de navigateurs » Fontenelle, Eloge de M. Delisle 3. Encyclopédie Universalis : uploads/Geographie/ casablanca-ville-cotiere.pdf

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