RAPPORT FINAL DU COLLOQUE SUR LE THÈME APPRENDRE À VIVRE ENSEMBLE GRÂCE À L’ENS
RAPPORT FINAL DU COLLOQUE SUR LE THÈME APPRENDRE À VIVRE ENSEMBLE GRÂCE À L’ENSEIGNEMENT DE L’HISTOIRE ET DE LA GÉOGRAPHIE 12 JUIN 1998, GENÈVE, SUISSE ORGANISÉ CONJOINTEMENT PAR LE BUREAU INTERNATIONAL D’ÉDUCATION ET L’UNIVERSITÉ DE GENÈVE BUREAU INTERNATIONAL D’ÉDUCATION RAPPORT FINAL DU COLLOQUE SUR LE THÈME APPRENDRE À VIVRE ENSEMBLE GRÂCE À L’ENSEIGNEMENT DE L’HISTOIRE ET DE LA GÉOGRAPHIE 12 JUIN 1998, GENÈVE, SUISSE ORGANISÉ CONJOINTEMENT PAR LE BUREAU INTERNATIONAL D’ÉDUCATION ET L’UNIVERSITÉ DE GENÈVE Rédacteurs: Yves André et Abdelkrim Mouzoune BUREAU INTERNATIONAL D’ÉDUCATION Sommaire I. Introduction, par Yves André, Antoine Bailly, Bernard Ducret, Bernard Huber et Abdelkrim Mouzoune, page 3 II. Donner un sens nouveau à l’enseignement de l’histoire et de la géographie, par Antoine Bailly, page 5 III. La manière d’enseigner le vivre ensemble au Liban, au Salvador et en République tchèque : analyse à travers les connaissances explicites et implicites, par Abdelkrim Mouzoune, page 8 IV. Géographie et formation au vivre ensemble à Genève, par Bernard Huber, page 16 V. Enseignement de la géographie et idéologie en Angleterre et au Pays de Galles, par Norman Graves, page 19 VI. Les orientations de l’enseignement de la géographie au Portugal, par Sérgio Claudino, page 24 VII. L’éducation aux nouvelles citoyennetés en géographie : le cas de la France, par Robert Ferras, page 27 VIII. De Costa Rica : El libro de geografía de Costa Rica para niños de 4 grado de escuela, par Guillermo Carvajal, page 32 IX. Vivre ensemble grâce à l’enseignement de l’histoire et de la géographie au Maroc, par El Hassane Boubekraoui, page 41 X. Devoir et vouloir vivre ensemble : enjeux de la citoyenneté chez les jeunes au Sénégal, par Cissé Kane, page 46 XI. Apprendre à vivre ensemble grâce à l’enseignement de l’histoire et de la géographie au Burundi : idéal et limites, par Angelo Barampama, page 52 XII. Les modèles d’enseignement de l’histoire et de la géographie, par Bernard Ducret, page 63 XIII. Nouvelles directions pour l’enseignement de l’histoire et de la géographie, par Antoine Bailly, page 69 XIV. Conclusions : le dessous des cartes. Propositions pour l’enseignement de l’histoire de la géographie, par Yves André, page 71 ANNEXE : Liste des participants, page 63 © 1998. Bureau international d’éducation, Case postale 199, 1211 Genève 20, Suisse 3 CHAPITRE I Introduction Yves André, Antoine Bailly, Bernard Ducret, Bernard Huber et Abdelkrim Mouzoune L’enseignement de l’histoire et de la géographie a trop longtemps et trop souvent permis, et permet encore aujourd’hui, de justifier les conflits et les exclusions. Sans doute, parce que le développement de cet enseignement a accompagné la formation des États-nations au cours des XIXe et XXe siècles, l’objectif de « faire aimer son pays » et celui de justifier la légitimité historique et l’identité spatiale des territoires se sont-ils imposés avec force. Cette demande politique et sociale, qui pèse encore grandement sur l’enseignement de l’histoire et de la géographie, répondait à un besoin : « Les sociétés attendent principalement de la connaissance du passé qu’elle les instruise sur leur propre histoire, qu’elle fortifie le sentiment de leur originalité, quand elles ne demandent pas à l’historien de la créer de toutes pièces en entretenant des mythes fondateurs » (Rémond, 1988). De même, en géographie : « L’identité spatiale vise avant tout à légitimer les droits des sociétés qui ont créé, produit, organisé un espace politiquement affirmé » (Guérin, 1991). Fonction sociale fondée donc, mais propre à donner prise, si on la détourne de son objectif de cohésion sociale, aux dérives nationalistes les plus extrêmes. Machine à produire de l’identité historique, spatiale et sociale, l’enseignement de l’histoire et de la géographie peut-il cependant nous apprendre aussi à vivre ensemble, à connaître nos voisins et à les comprendre ? Tel est le thème de la recherche lancée à l’initiative du Bureau International d’Éducation (BIE) et menée par une équipe de l’Université de Genève sous la conduite du professeur Antoine Bailly. Ce groupe de recherches s’est donné trois objectifs : 1) connaître, par des analyses de manuels et par des enquêtes (notamment dans trois pays choisis pour leur sensibilité au concept de « vivre ensemble » - Liban, République tchèque, Salvador -), la place qu’occupe l’enseignement de l’histoire et de la géographie dans la construction des représentations de la société d’un pays, de son territoire et du monde extérieur ; 2) mesurer l’ampleur des changements induits par la mondialisation dans l’épistémologie des deux disciplines et dans leur rôle politique et social (dans un monde en mouvement, que devient l’enseignement de l’histoire et de la géographie ?) ; 3) proposer des éléments de réflexion pour une recomposition de l’enseignement de l’histoire et de la géographie, propres à apprendre à vivre ensemble dans un monde qui s’internationalise et remet en cause le rôle de l’État- nation. Ces travaux ont permis d’identifier et de comprendre les représentations des manuels, des maîtres et des élèves, et leur rôle dans l’enseignement de l’histoire et de la géographie (UNESCO/BIE, 1998). Il restait à élargir le champ des investigations. C’est pourquoi, à l’initiative du BIE et de son directeur, M. Jacques Hallak, un colloque international s’est tenu à Genève le 12 juin 1998. Les participants, représentant tous les continents et dont on retrouvera les contributions dans la présente publication, ont exposé, à travers leur connaissance de l’enseignement et des manuels, à travers leur vécu également, les diverses manières de « vivre ensemble » dans leurs pays. Comment mieux enseigner les valeurs de la connaissance, de reconnaissance, de tolérance, d’ouverture grâce à l’histoire et à la géographie ? Comment profiter des expériences bénéfiques pour aider ceux qui ont besoin d’un nouvel apprentissage pour « vivre ensemble » ? 4 Il est apparu, au cours des discussions, que les changements qui affectent le monde ont des conséquences sur cet enseignement, et qu’il est désormais non seulement possible, mais également nécessaire, d’enseigner l’histoire et la géographie d’une façon nouvelle. Les processus de mondialisation réduisent l’espace-temps, ils font s’affronter les cultures et ils troublent les identités. Les forces économiques s’affranchissent des contraintes et considèrent le monde comme un tout. Les États s’interrogent sur leurs pouvoirs et sur leur pertinence. Autant de processus qui conduisent à proposer de nouveaux objectifs à l’enseignement de l’histoire et de la géographie. Être de chez soi et être citoyen du monde en même temps, comprendre la continuité qui relie désormais l’espace vécu quotidien et le vaste monde, vivre ensemble en bonne intelligence et pour le bien de tous, tel est le sens des conseils-cadres délivrés par les participants. Encore faut-il qu’un minimum de conditions soient réunies. Trois d’entre elles paraissent fondamentales : - Le droit à l’éducation qui implique une priorité politique et des conditions matérielles décentes : des classes, des livres, des crayons, des maîtres formés. - Le droit à un enseignement objectif, honnête, ouvert et non pas doctrinal ou « officiel ». Ce qui suppose des maîtres formés à la critique scientifique et l’existence d’un contexte démocratique. - Une volonté politique affirmée de rechercher le concept de « savoir-vivre ensemble ». On mesure encore en de nombreux points du globe, la difficulté de réunir ces trois conditions. Cela représente la justification d’un nouveau rôle de l’État qui, poussé vers la porte par la mondialisation, reviendrait par la fenêtre comme l’agent de la cohésion sociale et de l’apprentissage au « vivre ensemble ». RÉFÉRENCES Guérin, J.-P. 1991. « Enseigner l’Europe » dans CHAM’S, Enseigner la géographie en Europe, Anthropos/Reclus, Paris, pp. 11-24. Rémond, R. (dir. pub.). 1988. Être historien aujourd’hui UNESCO, Éditions Erès, Toulouse (France). UNESCO, Bureau International d’Éducation. 1998. « Apprendre à vivre ensemble grâce à l’enseignement de l’histoire et de la géographie », Perspectives Vol. XXVIII, n° 106, Genève. ENGLISH SUMMARY The social and particular function of history and geography teaching is now widely accepted. But can history and geography education also teach us peaceful co-existence? This was the theme of the seminar organized by the IBE and the University of Geneva and structured around three major themes: - the place of history and geography teaching in constructing conceptions of society, of locality and of other peoples; - the epistemological changes affecting these two disciplines and their political and social role resulting from the process of globalization; - the influences affecting the structure of history and geography teaching for peaceful co-existence in a world undergoing major changes. The work of the seminar demonstrated the vital need to give a new meaning to history and geography teaching in order to understand the continuity between one’s daily living space and the world. This should be conditioned by a political will enabling objective teaching to take place inculcating a sense of peaceful co-existence. RESUMEN ESPAÑOL La función social y espacial de la enseñanza de la historia y de la geografía no necesita ser más demostrada, sin embargo, la enseñanza de las mismas nos puede enseñar a convivir? Este es el tema del coloquio organizado conjuntamente por la OIE y la Universidad de Ginebra, articulado alrededor de tres grandes temas: 5 - el lugar de la enseñanza de la historia y de uploads/Geographie/ apprendre-l-x27-histoire-vivre-en-semble-pdf.pdf
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- Publié le Dec 01, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
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