1 Albichir Analyse approfondie des marchés et de la sécurité alimentaire au Nig
1 Albichir Analyse approfondie des marchés et de la sécurité alimentaire au Niger No. 132–septembre 2020 I. Point spécial : Déroulement de la campagne agricole Les points saillants pour septembre 2020 Une légère diminution des prix des céréales locales, du fait de l’amélioration de l’offre issue des nouvelles récoltes dans plusieurs localités et du début de l’autoconsommation dans les ménages agricoles et agropastoraux. Toutefois les niveaux de prix des principales céréales restent fortement en hausse par rapport à l’année passée et par rapport à la moyenne quinquennale 2015/2019 : (+42% et 32% respectivement pour le mil). Ce qui traduit une préoccupation majeure pour l’accessibilité économique des ménages notamment les couches vulnérables. De même, les termes de l’échange bétail contre céréales sont en défaveur des éleveurs fragilisant ainsi leur capacité d’accès économique aux céréales de base (un éleveur doit vendre 2 boucs pour acquérir à peine 1 sac de 100 Kg du mil au mois de septembre 2020). Néanmoins, les termes de l’échange restent favorables aux producteurs vendeurs d’oignon pour leur approvisionnement en céréales. Concernant l’état d’approvisionnement extérieur, on note un tassement des flux entrants et sortants depuis le début de renforcement des mesures de prévention Covid-19 en mars 2020 par les Etats de la sous-région. Malgré cela, l’analyse de prix de parité à l’importation confirme l’existence d’une forte incitation économique pour les acteurs nigériens à poursuivre leur approvisionnement en céréales sur les marchés extérieurs du Bénin, du Burkina Faso et du Nigéria. Cependant, le taux de change (FCFA/Naira) reste en défaveur des importateurs nigériens des céréales et des exportateurs nigériens des animaux et des produits de rente vers les principaux marchés du nord – Nigéria. Le taux de change de septembre 2020 se situe à 800 Naira pour 1 000 F CFA contre un taux moyen sur les 5 dernières années de 575 Naira pour 1 000 F CFA. D’après le Bulletin de la Direction des Statistiques Agricoles du Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage, la situation phénologique (Fin Septembre-Début Octobre 2020) des cultures se présente comme suit : - Pour le mil le stade à dominance est la maturité (69% contre 76% l’année passée à la même période). - Pour les produits de rente, le niébé et l’arachide sont également à dominance au stade de la maturité. 2 II. Répartition spéciale des marchés suivis par typologie La carte ci-après illustre en préambule, la répartition spatiale de l’échantillon des marchés suivis par le SIMA (Système d’information sur les Marchés Agricoles) par typologie. Ce sont environ quatre-vingts (80) marchés qui sont suivis hebdomadairement par le SIMA avec l’appui du Gouvernement et de ses Partenaires (notamment le Programme Alimentaire Mondial au Niger et le PASEC). Carte 1 : Echantillon des marchés suivis par le SIMA par typologie III. Analyse de la disponibilité alimentaire L’analyse de la disponibilité alimentaire en septembre 2020 est marquée par l’arrivée des nouvelles récoltes du mil et du niébé, amorcée dans certaines zones agricoles de Dosso, Maradi, Tahoua et Zinder. En outre, de l’avis des commerçants enquêtés, l’offre des céréales au mois de septembre a été fortement suppléée par les opérations massives de déstockage des graines de la production 2019 dans les régions de Maradi et de Zinder1. Cependant, l’état d’approvisionnement extérieur à travers les importations des céréales en provenance des pays voisins (notamment le Nigéria, le Benin et le Burkina Faso), connait depuis les mois de février-mars 2020, un tassement des flux, imputable aux mesures préventives de la COVID-19 avec comme corollaire la diminution du volume d’approvisionnement et l’augmentation des charges et de délais de transfert des produits. D’autre part, comme l’indique la carte ci-dessous, le niveau d’approvisionnement des marchés de la bande pastorale et des zones soumises à l’insécurité civile (nord Tillabéri, Tahoua et Agadez), est resté atypiquement faible2 depuis le démarrage de la présente campagne de commercialisation. 1 Dans ces dernières, la collecte du nouveau niébé a déjà amorcé par endroit dans les zones de production des départements de Magaria, Mirriah, Matamèye, Madarounfa, Tessaoua, etc. 2 Le faible niveau de l’offre dans les zones d’insécurité pourrait également se justifier par les conséquences des mesures d’Etat d’urgence lesquelles limitent les mouvements des personnes et des produits afin de minimiser le risque de ravitaillement des insurgés. 3 Carte 2 : Appréciation des niveaux d’approvisionnement en céréales par département au cours du mois de septembre 2020 Par ailleurs, l’analyse de différentiels de prix entre les marchés nationaux et les marchés transfrontaliers confirme l’existence des marges économiquement incitatives/favorables pour les importations du mil et/ou du maïs à partir des marchés extérieurs de Maï Adua et Jibia au Nigéria, de Malanville au Bénin et Namounou au Burkina Faso. Graphique 1 : Différentiels de prix du maïs (Marchés transfrontaliers et Marchés nationaux) au cours du mois de Septembre 2020 De même, les opportunités commerciales en termes d’approvisionnement extérieur des céréales se confirment à travers l’analyse de prix de parité à l’importation qui est un modèle d’estimation de prix de vente à la consommation de la source extérieure d’approvisionnement aux marchés nationaux de consommation. Cette analyse intègre ainsi toutes les charges de transfert (transport, manutention, taxes, etc.) et les marges commerciales grossistes et détaillants. Elle permet également d’apprécier la marge commerciale appliquée par les commerçants. 4 En effet, les résultats de l’analyse de prix de parité à l’importation du maïs béninois montrent qu’en septembre 2020, le kilogramme de maïs payé à 130 FCFA sur le marché de Malanville /Bénin, estimé rendu à Niamey devrait se vendre à 181 FCFA le kilogramme toutes charges comprises. Cependant, le prix moyen pratiqué sur les marchés de Niamey au cours de cette même période, s’élevait à 212 FCFA illustrant ainsi (i) une forte incitation pour les commerçants à poursuivre l’approvisionnement des marchés locaux à partir du Benin et (ii) une marge commerciale excessive appliquée par les commerçants de Niamey. Le tableau et le diagramme ci-après décrivent le processus d’estimation de prix de parité à l’importation du maïs de Malanville à Niamey. IV. Analyse de l’accessibilité alimentaire Habituellement, l’évolution de prix des céréales au Niger est soumise aux fluctuations saisonnières inter mensuelles, lesquelles sont également fonctions de plusieurs facteurs (aléas climatiques, niveau de la production locale et celle des pays voisins, de politiques commerciales agricoles, de la régularité des importations, de l’assistance alimentaire etc.). En outre, un autre déterminant de l’évolution de prix au Niger réside traditionnellement dans la forte intégration des marchés nationaux par rapport à ceux du Nord Nigéria, du Burkina et du Bénin. Ce commerce transfrontalier est principalement régulé par le jeu de l’offre et de la demande, ce qui peut également participer en cas de choc, à la volatilité des prix par la transmission directe des fluctuations de prix (des marchés transfrontaliers d’approvisionnement aux marchés locaux de consommation). Aussi, les coûts de transfert (transport, manutention) représentent un élément clé de la détermination ou de la formation de prix sur les marchés nigériens notamment avec les détours occasionnés par les mesures restrictives d’exportation des céréales prises par le Gouvernement fédéral du Nigéria. Toutefois, ces coûts peuvent également varier d’une saison à une autre et d’une localité à une autre aussi. A l’instar des mois précédents3, la tendance évolutive de prix des céréales de base est caractérisée par (i) des niveaux de prix élevés à très élevés dans les parties nord et sud-ouest du pays et dans l’extrême Est du pays (plus précisément de département de Diffa à celui de N’Guigumi et en passant par Bosso). A l’inverse, comme l’indique la carte ci-après, les niveaux les plus bas sont relevés dans la bande agricole de Dosso, Tahoua, Maradi et Zinder (plus précisément dans les départements de Dioundou, Malbaza, Aguié, Magaria, Dungass, etc.). 3 Depuis le début de l’année 2020. Tableau 1 : Processus d’analyse de prix de parité Calcul PPM maïs sur le marché de Niamey en Septembre 2020 Axe: Malanville/Benin - Niamey N° Désignation Coût / Prix 1 Prix du maïs importé de Malanville (F CFA/tonne) 130 000 2 Frais de transport 25 000 3 Chargement 1 000 4 Déchargement 1 000 5 Taxes 1 000 6 Frais de route (Autres charges informelles et imprévues) 1 500 a) Total dépense transport 29 500 b) Prix de revient de la tonne (F CFA) 159 500 c) Marge bénéficiaire grossiste (7% de b) 11 165 d) Prix de vente en gros de la tonne TTC rendue à Niamey (b+C) 170 665 e) Marge bénéficiaire détaillant (6% de b) 10 240 f) Prix de vente au detail en F CFA du Kg de maïs rendu à Niamey (d+e)/1000 181 Graphique 2 : Niveaux comparés (prix estimé versus prix observé) 5 Carte 3 : Niveaux des prix du mil sur les marchés par départements Malgré la légère baisse enregistrée par rapport au mois d’août passé, le prix du mil relevé en septembre 2020 est considérablement en hausse par rapport à son niveau de l’année passée (+42%) et par rapport à la moyenne des 5 dernières année (+32%) dépassant ainsi le seuil historique de 2012 (une année des hausses atypiques de prix des céréales). Cette situation se justifie principalement uploads/Geographie/ albichir-n132-pdf.pdf
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- Publié le Sep 07, 2022
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