Section 2 : le concept de base de la théorie de l’entrepreneur La théorie de l’

Section 2 : le concept de base de la théorie de l’entrepreneur La théorie de l’entrepreneur la plus courante, et quasiment la seule, qui est présentée habituellement, est celle de J.A. Schumpeter. C’est la fameuse destruction créatrice. Schumpeter est né dans l’empire austro-hongrois. Sa théorie est peut-être inspirée de la théorie autrichienne, qu’il connaissait. Mais ce n’est pas la théorie de l’école autrichienne d’économie. Il y a une grande différence entre la théorie autrichienne et la théorie de Schumpeter. Ce dernier présente l’entrepreneur comme un choc externe. Il n’est pas intégré à la théorie économique. Tandis que l’entrepreneur est un élément clef de la dynamique de l’économie dans l’école autrichienne. La théorie schumpetérienne sera ici d’abord présentée, afin de mieux marquer le contraste ensuite avec l’école autrichienne, qui sera explicitée ensuite. Bien qu’au cœur de l’activité économique capitaliste, l’entrepreneur n’a pas retenu L’attention de la grande majorité des économistes, hormis quelques exceptions. Ceux-ci ont en effet principalement focalisé leur attention sur la dynamique économique. Pendant la forte croissance économique de l’après-guerre, l’entrepreneur est ignoré Dans un contexte marqué par l’épanouissement du capitalisme managérial. Pourtant au cours de cette période, une voix discordante se fait entendre, celle De Baumol (1968=, pour qui l’offre et la créativité entrepreneuriales sont fondamentalement Dépendantes du contexte institutionnel. La théorie de l’entrepreneur se développe d’abord avec Cantillon alors que le Capitalisme industriel émerge. Elle s’étoffe avec Say quand il s’affirme et se poursuit avec Schumpeter, lorsque le capitalisme managérial s’épanouit. La théorie de l’entrepreneur renait progressivement à partir des années 1970, période marquée par des bouleversements économiques et sociaux majeurs. Kirzner est l’un des principaux artisans de ce retour de l’entrepreneur en s’opposant à Schumpeter. L’entrepreneur n’a alors plus de points communs avec le héros schumpétérien. 1- L’entrepreneur : 1-1Qu'est-ce qu'un entrepreneur ? Un entrepreneur est une personne qui crée une entreprise. Très impliqués dans leurs projets, les entrepreneurs se distinguent des hommes d'affaires focalisés sur les revenus pouvant être tirés d'une activité professionnelle. Un entrepreneur n'hésite pas à s'investir personnellement et matériellement pour contribuer au succès de son entreprise, sans nécessairement rechercher à s'enrichir. L'entrepreneur se distingue donc par sa prise de risque, qui s'accompagne généralement d'une grande foi en son projet et parfois d'une forte personnalité. Au point d'incarner l'entreprise qu'il a créée, à l'image d'un Steve Jobs (Apple) ou d'un Marc Zuckerberg (Facebook). Il n'est pas rare que la fibre entrepreneuriale soit héréditaire : les trois quarts des entrepreneurs sont issus d'une famille comportant au minimum un entrepreneur. 1-2Qui peut devenir entrepreneur ? A priori, tout individu qui possède une idée et nourrit l'envie de lancer sa propre activité professionnelle peut devenir entrepreneur. En France, l'entrepreneur est d'abord et surtout une personne mâture, sûre de son parcours professionnel ou qui souhaite totalement changer d'orientation pour se diriger vers ce qui l'anime. On devient ainsi en moyenne entrepreneur à l'âge de 41 ans. L'État français encourage par ailleurs l'esprit entrepreneurial, et incite notamment ceux qui doutent de leurs projets à le tester via le dispositif d'auto- entrepreneur. Des salons sont également régulièrement organisés, pour accompagner les entrepreneurs dans leurs démarches vers l'indépendance et la création d'entreprise. 2- SON EVOLUTION : Pendant la période de forte croissance économique de l’après seconde guerre mondiale (1945-1975), l’entrepreneur est ignoré dans un contexte marqué par l’épanouissement du capitalisme managérial. Pourtant au cours de cette période une voix discordante se fait entendre, celle de Baumol (1968) critiquant les Marginalistes pour avoir ignoré l’entrepreneur. Celui-ci lui apparaît comme un acteur économique central, à tel point qu’il écrit que les Marginalistes cherchent à jouer Hamlet sans le personnage principal du prince du Danemark. Ainsi en 1990, Baumol souligne que l’offre et la créativité entrepreneuriales sont fondamentalement dépendantes du contexte institutionnel (définissant le droit de la propriété, du commerce, etc.). Contrairement à la proposition marginaliste, l’entrepreneur n’est pas isolé, mais encastré (Granovetter, 1985) dans un milieu économique, social, et politique dont il tire son identité et à partir duquel il définit son action. La théorie de l’entrepreneur occupe une place relativement marginale par rapport à l’ensemble des questions posées par les économistes, mais elle comprend ses concepts-clés et ses lignes épistémologiques de convergence et de fracture. Pour apprécier leur portée et comprendre leur signification, contextualiser les théories économiques et leurs auteurs s’avère indispensable. La théorie de l’entrepreneur se développe d’abord avec Cantillon alors que le capitalisme industriel commence son lent développement. Elle s’étoffe avec Say au début du XIXe siècle, quand elle s’affirme et se poursuit avec Schumpeter, lorsque le capitalisme managérial pendant la première moitié du XXe siècle s’étend, justifiant apparemment la conclusion pessimiste de Schumpeter quant à la disparition annoncée de l’entrepreneur. Le développement de l’économie industrielle, en tant que discipline scientifique, à partir des années 1950 dans un contexte précisément marqué par le développement du capitalisme managérial, marque une rupture fondamentale dans l’histoire de la théorie économique de l’entrepreneur, car cette approche l’ignore fondamentalement au profit d’une réflexion plus anonyme sur les structures industrielles, leur impact sur la stratégie des firmes et les performances de celles-ci. Pourtant, lorsque Marshall jette les bases de l’économie industrielle en publiant en 1879 Economics of Industry, son objet est précisément l’étude de l’organisation industrielle dans sa globalité, petites et grandes entreprises. Marshall remet en cause le paradigme marginaliste (remise en cause de l’homo œconomicus, atomicité du marché, organisation hiérarchique de l’économie, etc.), pour s’intéresser à la montée en puissance du capitalisme managérial, soulignant que l’industrie doit cependant tout à l’entrepreneur, à ce capitaine d’industrie, qui est le moteur essentiel du progrès. La consolidation d’une économie mondiale structurée à partir de grands groupes, principalement européens, nord-américains, puis japonais, justifie cette rupture épistémologique entre l’entrepreneur et l’entreprise. Pourtant, la théorie de l’entrepreneur renait progressivement à partir des années 1970, soit à la fin de la période de forte croissance qui a suivi la fin de la seconde guerre mondiale. Kirzner est l’un des principaux artisans de ce retour de l’entrepreneur en s’opposant à Schumpeter. L’entrepreneur n’est pas à ses yeux l’agent économique qui effectue de nouvelles combinaisons de facteurs de production, mais celui qui découvre de nouvelles opportunités d’affaires, lesquelles préexistent au processus de la découverte entrepreneuriale. Ce qui au demeurant est assez proche de ce qu’écrit Say. À partir de ce soubassement théorique, la théorie des opportunités entrepreneuriales explose. De nombreux chercheurs s’y réfèrent. Citons pour exemple les travaux de Shane qui opèrent une savante combinaison entre la théorie des opportunités de Kirzner (1973) et celle de l’innovation de Schumpeter. À partir de ce moment, l’entrepreneur n’a plus de points communs avec le héros schumpétérien, mais est un simple… détecteur d’opportunités. Depuis la fin du XXe siècle, en dépit de l’affirmation des grands groupes, qui structurent l’économie mondiale, l’entrepreneur attire de nouveau l’attention des économistes, telle une sorte d’aiguillon du changement, technologique, organisationnel et social. La fin des années 1970 est marquée par la crise du keynésianisme, une croissance économique ralentie et un taux de chômage élevé, ceci alors que les grandes entreprises ne semblent plus aussi performantes que par le passé en matière d’innovation. Au fil des siècles, l’entrepreneur est inséré dans des structures socio-économiques de plus en plus complexes. Par rapport aux structures précapitalistes du XVIIIe siècle dans lesquelles se positionne la réflexion de Cantillon, l’entrepreneur schumpétérien s’inscrit dans des structures économiques où les interrelations entre les agents économiques se positionnent dans un contexte fondamentalement différent, celui du capitalisme managérial où l’entrepreneur aurait disparu, remplacé par le binôme actionnaire-manager. La crise économique qui débute avec les années 1970, sans le remettre en question, fait émerger un nouveau profil, celui de l’entrepreneur en dernier recours, pour qui la création d’entreprise n’est pas le produit d’un projet ambitieux et réfléchi, mais d’une solution pour s’insérer sur le marché du travail dans un contexte de chômage structurel de masse et de précarité de l’emploi. 3- LES FONDEMENT HISTORIQUES DE LA THEORIE DE L’ENTREPRENEUR : 3-1 : les premiers pas de l’entrepreneur dans une économie préindustrielle : Pour sortir du carcan de l’économie vouée au Prince et exploiter les vertus du libre- échange, Richard Cantillon (1697-1735) compte sur l’entrepreneur. Il distingue les « gens à gages certains » et « à gages incertains », et classe l’entrepreneur dans la deuxième catégorie. L’entrepreneur prend des risques en s’engageant vis-à-vis d’un tiers de façon ferme, sans garantie de la solvabilité de son client ou de son commanditaire. Généralement sans fortune, l’entrepreneur, grâce à ses projets, fait cependant progresser l’économie, mais la société se méfie de lui et le rejette. Cantillon fut lui-même un entrepreneur, voire même une espèce d’aventurier. Il s’associa à John Law, et mourut dans des conditions obscures (probablement assassiné suite à une dette de jeu). Si l’économie est la science des affaires (Schumpeter, 1983), Cantillon fut très certainement un grand économiste, car il accumula une fortune considérable, précisément grâce à sa capacité à prendre des risques aussi bien dans les affaires que dans le jeu. Dans Essai sur la nature du commerce en général, publié en 1755, soit plusieurs années après sa mort, l’entrepreneur matérialise uploads/Finance/ true-pfe-enregistre-automatiquement.pdf

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  • Publié le Mar 29, 2021
  • Catégorie Business / Finance
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