1 Structure financière et performance économique des PME : Étude empirique sur

1 Structure financière et performance économique des PME : Étude empirique sur les entreprises belges Tarek MILOUD (UCL)* Résumé : Notre But est de caractériser la propriété financière des petites et moyennes entreprises belges. Ces entités économiques attirent l’intérêt des responsables politique par leur poids dans l’économie et par leurs capacités de création d’emplois. Nous avons étudiés, particulièrement, les PME qui ont une forme juridique de société anonyme pour l’exercice comptable 1994. En effet, la structure de propriété de ces sociétés est très variable et nous estimons que les coûts d’agence varient en fonction de la structure de propriété. Les résultats montrent l’existence d’une forte corrélation entre la structure financière et la performance d’une part, la performance et l’excès des dépenses en avantages en nature, d’autre part. En d’autres termes, au plus les investissements sont financés par des fonds propres au plus la PME est performante. En outre, au plus les dépenses d’exploitations, y compris les avantages en nature, sont importantes, la performance financière de la société est moins importante. * Tarek MILOUD est assistant chercheur au sein de l’unité Finance de l’Institut d’Administration et de Gestion à l’Université Catholique de Louvain (re-joignable à : miloud@fin.ucl.ac.be). Cette étude a été réalisée dans le cadre des travaux de recherche de l’auteur. Il remercie les membres de son comité de thèse pour leur appui soutenu : les professeurs Aimable QUINTART (directeur), Michel LEVASSEUR et Eric de BODT. 2 I. Introduction Parmi les nombreuses « curiosités » de cette fin de siècle, il en est une qui frappe tout observateur attentif : ce sont les contradictions entre le politique, l’économie et le social. Les responsables politique de l’Europe se réunissent pour le bien de leurs concitoyens et les travailleurs de l’union européenne organisent de façon concertée des manifestations pour réclamer le respect de leurs droits et la sauvegarde de leur emploi. C’est à croire que la réussite politique se fait au détriment du social. Cette construction de l’Europe donne lieu à la formation de grandes entreprises qui sont en fait une réponse à la rivalité économique existant entre les États-Unis d’Amérique (USA), l’Asie et l’Europe. On observe des fusions de grands groupes dans tous les secteurs : banques, assurances, pétrole, chimie, sidérurgie, grande distribution, etc. le procès en cours contre Microsoft fait penser à un retour progressif des situations monopolistiques aux USA. Ces regroupements ont lieu alors que le défi du chômage auquel sont confrontées les nations européennes pousse leurs dirigeants à accorder une nouvelle attention aux petites et aux moyennes entreprises (PME). Les études sont en effet nombreuses, qui montrent que la solution pourrait venir de la capacité des PME à créer des emplois. Des rapports de l’OCDE, de la Small Business Administration aux États-Unis, de la commission BOLTON en Angleterre, etc. sont à l’origine de ce regain d’intérêt pour les PME. On observe la création d’un département PME dans les ministères et des politiques sont définies pour leur venir en aide. Mais les PME ne sont pas seulement créatrices d’emplois, ce qui est déjà beaucoup. Elles ont aussi un rôle important dans la création de valeur et on les retrouvent parfois leader dans certains secteurs. L’étude a pour objectif d’examiner la contribution économique et financière des PME en Belgique de 1994. C’est ici le lieu de préciser qu’il fait partie de notre étude de recherche sur le corporate governance (gouvernement d’entreprise) et la création de valeur. Il s’agit donc d’étudier le corporate governance durant le cycle de vie d’une entreprise : phase de création, de croissance et enfin de déclin. Il sera structuré en trois parties : une partie comprendra le cadre théorique de notre étude, suivie d’une seconde partie qui présentera notre méthodologie ainsi que les instruments de mesure utiliser pour mesurer les coûts d’agences et la performance financière. Enfin, la dernière partie traitera des performances concrètes des PME en Belgique en utilisant deux techniques statistiques à savoir l’analyse en composante principale et l’analyse factorielle discriminante. II. La théorie financière et les PME Il paraît difficile, pour ne pas dire inconcevable, d’étudier la performance financière de cette catégorie d’entreprise sans définir la notion de PME et préciser le cadre théorique de notre problème. 3 1. La notion de PME Diverses définitions existent dans la littérature pour le sigle PME (Petites et Moyenne Entreprises). Dans notre étude, nous retenons celle proposée par la commission européenne. Celle-ci s’est efforcée d’analyser les différentes définitions de la PME pour en retirer les éléments principaux. De son analyse, la Commission Européenne concluait en 1992 « qu’il ne serait pas opportun d’établir une définition unique et rigide des PME »1. Il faut retenir les critères, selon elle, les plus pertinents en fonction du but poursuivi et du secteur concerné. Néanmoins, la commission estimait devoir faire œuvre de coordination et de cohérence afin d’éviter les effets pervers d’une « prolifération incontrôlée des définitions ». Dès sa création, l’observatoire européen constate qu’il n’existe aucune définition standard, ni scientifiquement fondée utilisant un critère quantitatif de taille basé sur le nombre de travailleurs. En effet, la commission a défini la notion de PME en 1996 dans le cadre d’une recommandation2. Selon la commission, sont considérées comme PME, les entreprises : − employant moins de 250 personnes ; le nombre de personnes employées correspond au nombre d’unités de travail-année ; − dont, soit le chiffre d’affaires n’excède pas 40 millions d’EUROs (soit 1 600 millions de BEF), soit le total du bilan annuel n’excède pas 27 millions d’EUROs (1 100 millions de BEF) ; − qui respectent un critère d’indépendance, les entreprises qui ne sont pas détenues à hauteur de 25% ou plus du capital ou des droits de vote par une ou plusieurs grandes entreprises. La commission utilise donc trois critères quantitatifs et un critère d’ordre plus qualitatif. Elle estime que le critère du nombre de personnes occupées doit impérativement être utilisé, mais qu’il faut le combiner à un critère financier reflétant l’importance économique relative d’une entreprise. En outre, considérant que le seul critère de chiffre d’affaires est trop dépendant du secteur auquel appartient l’entreprise, elle introduit également le critère du total du bilan, l’un des deux critères pouvant être dépassé. 2. Le cadre théorique de l’étude Comparées à des sociétés cotées en bourse, les PME sont les plus proches des sociétés décrites dans le modèle théorique des coûts d’agence développé par Jensen et Meckling [1976]. Selon leur modèle, nous pouvons imaginer trois situations extrêmes des structures de la propriété et du management. La première, concerne les entreprises où les dirigeants détiennent le capital à 100%. Par définition, ces entreprises n’ont pas de coûts d’agence3. Par contre, la deuxième situation extrême concerne les sociétés où les dirigeants sont rémunérés comme des salariés simples sans aucune rémunération par des titres représentatifs du capital de la firme. Enfin, entre ces deux situations extrêmes, nous trouvons les sociétés où le 1 Commission des C.E. Rapport au Conseil, sec. 92, 351 – 29 avril 1992. 2 Recommandation de la Commission du 3 avril 1996, J.O.C.E., L 107/4, 1996. 3 Ces auteurs définissent les coûts d’agence par la somme des « coûts de surveillance » (monitoring costs) supportée en totalité par le « principal », des « coûts de dédouanement » (bonding costs) consentis par l’« agent » et un « coût résiduel » (residual cost). 4 dirigeant détient une proportion du capital de la société et le reste est détenu par d’autres actionnaires. Les coûts d’agence surgissent une fois que les intérêts des dirigeants dans la firme ne s’alignent pas nécessairement à ceux de(s) propriétaire(s), et préfèrent profiter des avantages en nature, éluder des fonds, privilégier leurs intérêts personnels et prendre des décisions leurs permettant de s’enraciner d’avantage au détriment de la performance de la firme. L’importance de ces coûts est limitée par la volonté des propriétaires ou une troisième partie déléguée, une banque par exemple, à contrôler les actions des dirigeants externes (outside managers). Pour clarifier notre démarche, prenons le cas d’une firme où le propriétaire contrôle 100% des actions mais délègue la tâche de direction de celle-ci à un dirigeant externe. D’un coté, les coûts d’agence peuvent être relativement faibles du fait que l’unique actionnaire à la possibilité d’activer ces coûts de surveillance dans les charges de sa société, comme il a le droit de désigner et congédier le dirigeant qu’il veut. Plus précisément, un telle propriétaire risque de supporter la totalité des coûts de surveillance mais reçoit, par conséquent, la totalité des bénéfices réaliser par sa firme. D’autres part, ce propriétaire unique peut être incapable de surveiller parfaitement sa firme pour les mêmes raisons qu’il a engagé un dirigeant externe à cause du manque de temps et de compétences pour assurer cette tache. Les propriétaires des petites et moyennes entreprises présentent des difficultés pour comprendre les opérations financières complexes et souvent ils sont même incapables de mener des opérations d’audit interne ou comprendre les résultats financiers et opérationnels. Par conséquent, ces firmes encourent les coûts d’agence résiduels et si ces coûts sont important, ils doivent refléter l’échec des activités de surveillance uploads/Finance/ structure-financiere-et-performance-economique-des-pme.pdf

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  • Publié le Oct 10, 2022
  • Catégorie Business / Finance
  • Langue French
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