HAUTE ÉCOLE GALILÉE LE CROWDFUNDING FINANCE TOUT ET N’IMPORTE QUI Quels sont le
HAUTE ÉCOLE GALILÉE LE CROWDFUNDING FINANCE TOUT ET N’IMPORTE QUI Quels sont les apports du crowdfunding au journalisme indépendant ? Travail présenté dans le cadre du Mémoire de fin d’études pour l’obtention du titre de Master en Presse et Information spécialisées Par Florent Marot Promoteur: Jean-François RASKIN Bruxelles - Octobre 2012 Je remercie sincèrement mon promoteur Jean-François RASKIN, pour son soutien et sa confiance en mon égard. Je tiens également à remercier M. Etienne MAGAIN, Mme Bernadette ROBERT et Mlle Eve-Laure HENIN pour leur conseils avisés, ainsi que toute l’équipe de maillage PI. A titre personnel, je suis reconnaissant envers les intervenants présents dans cet article. Via Skype, par téléphone, dans une voiture, un bureau ou en pleine rue, ils m’ont apporté un temps parfois considérable pour apporter leur contribution personnelle à ce travail. Merci à tous. 2 Table des matières Introduction 5 1. Définition et modes d’application du crowdfunding 8 1.1 Le crowd...what? 8 1.2 Le crowdfunding philanthropique, premier du nom 9 1.3 Crowdfunding et journalisme, un mariage polygame 9 1.4 Des plateformes pluridisciplinaires 11 2. KissKissBankBank : Etude de cas 13 2.1 Mode d’emploi à travers le webdocumentaire « Génération Tahrir » 14 2.2 La durée et le montant 14 2.3 Propriété intellectuelle et rentabilité de la plateforme 15 2.4 Les contreparties 15 2.5 La communication, gage de réussite du projet 16 2.6 Friends, Family and Fools 17 3.Crowdfunding et Journalisme 18 3.1 Retrait des médias 18 3.2 La fin des titres 20 3.3 Les tentatives de crowdfunding dans le journalisme moderne 21 3.4 Spot.us, pour changer le processus 24 3.5 L’avènement des plateformes généralistes 27 3 4. Les avantages du Crowdfunding pour un journaliste indépendant 28 4.1 L’intelligence collective 28 4.2 Indépendance 30 4.3 Un gain de crédibilité 31 4.4 Vers une collaboration équitable entre médias et journalistes 31 4.5 La disparition de l’éditeur 33 4.6 Au service de la qualité 34 4.7 Lien social 35 5. Désavantages du crowdfunding pour le journaliste 38 5.1 Perdre son scoop 38 5.2 Indépendance, oui mais... 39 6. Les limites du crowdfunding 41 6.1 Rentabilité 41 6.2 Un business model ? 42 7. Le crowdfunding en Belgique 44 Conclusion 47 Bibliographie 49 Annexes 57 4 Introduction « Financer un film qui vous ressemble. » avait lancé le réalisateur John Cassavetes en 1958 lors d’une entrevue nocturne accordée à Gene Sheppard dans l’émission Night People. Cassavetes évoquait durant cette entrevue la possibilité de réaliser un film indépendamment des contraintes commerciales. Il suffit que chaque auditeur lui envoie un dollar. Au petit matin suivant, Cassavetes reçoit à sa plus grande surprise deux milles coupures de 1 dollar pour financer un film encore à l’état embryonnaire. Shadows, film improvisé et imaginé au fil du tournage, fut un succès notoire à l’époque. « Je croyais tenir un outil magique pour filmer des impressions ; de ce que les gens sont plutôt que leur vie antérieure.[...] j’étais libre de filmer comme je le voulais ! » Pendant quatre mois, le réalisateur a tourné des scènes autour de la vie d’une famille noire afro- américaine, un film d’auteur original qui apparait comme le premier fait d’armes du crowdfunding dans le monde des arts contemporains. Son exemple a été reproduit plus récemment par l’équipe de production de Demain la veille en 2004, financé en partie par une multitude de donateurs providentiels. Le crowdfunding se développe de manière exponentielle ces dernières années grâce aux réseaux sociaux, à la crise de financement dans les arts contemporains et à la facilitation des paiements en ligne. Tous les milieux en crise sont des champs potentiels d’application pour le crowdfunding. En cinéma bien sûr, mais également en musique : Marillion est parvenu à financer une tournée à 60 milles livres par le biais d’Internet en 1997 grâce aux contributions de ces fans. Une dizaine d’années plus tard, Grégoire faisait la promotion de la plateforme de crowdfunding MyMajorCompany avec un disque entièrement financé par la collecte de microdonations. Les arts, la photographie, la mode, le spectacle, l’édition, l’évènementiel, et même le sport s’intéressent à ce style de mécénat collectif. Même la politique a accepté le crowdfunding comme un moyen efficace de financement de campagne électorale. En 2008, Barack Obama offre au crowdfunding ses lettres d’or avec une campagne de financement inédite, efficace et révolutionnaire. Les électeurs se sont réunis autour d’un projet commun : un président noir aux Etats-Unis. L’émulation ainsi créée, ils ont accepté de verser de 5 $ à plusieurs centaines de dollars pour financer la future victoire du 5 démocrate. En maniant habilement la mobilisation offline et la communication online, l’équipe de communication du président a réussi à réunir des centaines de millions de dollars. Conscient des potentialités du crowdfunding, le journalisme indépendant s’est lui aussi en intéressé au financement participatif. Spot.us, Emphas.is, KissKissBankBank, KickStarter, Ulule sont des actes de mariage entre journalisme et crowdfunding, au plus grand bonheur des internautes. Quelles sont les facteurs de réussite du financement participatif dans le journalisme ? Avant d’entamer la phase de documentation, j’ai élaboré trois constats rapides et hypothétiques qui agissent en faveur de l’expansion du crowdfunding dans le journalisme indépendant. Premièrement, le journalisme est en crise financière. En plus de former des bataillons croissants de journalistes (in)dépendants, les médias d’information n’ont plus les moyens de financer suffisamment les reportages de ces mêmes journalistes. Le journalisme d’investigation est en proie aux coupes budgétaires, au retrait des traditionnels bailleurs de fonds et à la stratégie Internet des grandes entreprises de presse. Exploiter de nouveaux systèmes de financement devient une urgence et le crowdfunding fait partie intégrante du nouveau mix hybride des sources de financements alternatives. Deuxièmement, la mise en ligne de l’information permet au média et au journaliste d’identifier le noyau dur de sa communauté. Internet permet l’identification des lecteurs frivoles et mercenaires qui ne sont fidèles à aucun média unique. Le média peut donc se concentrer aisément sur le noyau dur de son lectorat : une ou plusieurs communautés d’une fidélité implacable. Ces lecteurs, facilement identifiables, seraient-ils prêts à financer de leur poche le journal ou le journaliste ? Troisièmement, le lecteur prendra conscience au fil du temps que l’information gratuite est un mythe. Tout information est payante, principalement les informations d’une qualité journalistique supérieure. L’information uniforme et consensuelle visible sur les sites d’informations traditionnels ne suffira plus à alimenter l’appétit des lecteurs. Avides et nostalgiques d’informations de qualité, des lecteurs sensibilisés aux difficultés financières du journalisme de qualité mettront peut-être la main au portefeuille pour financer un journalisme de qualité. A l’heure actuelle, seulement 11% des lecteurs paient pour de l’information en ligne. Mais dans les 89% restants, 11% se déclarent prêts à payer dans les prochains mois. 6 Ces constats ne sont que des hypothèses non vérifiées, préalables à la recherche d’information et à la phase de documentation inhérente à la rédaction de cet article. Peu d’ouvrages ont été rédigés sur le crowdfunding. Les seuls ouvrages sont anglophones et s’assimilent davantage à des guides de réussite qu’à une analyse globale du phénomène crowdfunding. Il était donc indispensable de rencontrer les penseurs, les utilisateurs et les spécialistes du financement participatif et du journalisme en ligne. Cet article est la résultante logique de toutes ces rencontres et une réponse nuancée à la question : Qu’est ce que le crowdfunding peut apporter au journalisme indépendant ? 7 1. Définition et modes d’application du crowdfunding 1.1 Le crowd...what? Le crowdfunding, littéralement traduit financement par la foule dans la langue de Molière mais plus connu sous la traduction financement participatif, « refers to the collective cooperation, attention and trust by people who network and pool their money and other resources together, to support efforts initiated by other people or organizations » (uslegal.com, consulté le 14.03.2012). Cette définition large mais fédératrice semble être la plus adéquate pour définir le crowdfunding dans sa formule la plus générale : du mécénat collectif, voire du mécénat social. D’autres définitions délimitent le terme crowdfunding à travers ses composantes d’intelligence collective, de lien social et de communauté. Ces définitions ne tiennent cependant pas compte des diverses applications du crowdfunding selon les motivations des acteurs et la nature des projets financés. Selon le critère choisi, les spécialistes comptabilisent trois ou quatre modèles différents. Cet article porte principalement sur l’application du crowdfunding au journalisme. Par conséquent, la nature des projets financés s’apparente à tout projet de type journalistique présenté sous la forme d’un reportage : webdocs, articles de presse, documentaires audiovisuels, etc. La nature des projets étant établie, nous allons prendre en compte le deuxième critère : les motivations des acteurs. Anaxago.com, plateforme française d'entrepreneuriat qui a fait du crowdfunding son fer de lance, considère que le crowdfunding peut être décliné sous trois grands modèles : le crowdfunding equity-based, le crowdfunding lending et le crowdfunding philanthropique. Les motivations des acteurs dans les deux premiers modèles sont similaires. Les internautes investissent leur argent dans des entreprises à fort degré de croissance tout en espérant un retour sur investissement soit sous forme de participation et de pouvoir de décision au sein du conseil d’entreprise (equity-based) uploads/Finance/ memoire-journalisme-4.pdf
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- Publié le Mai 04, 2021
- Catégorie Business / Finance
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