HEEC Fiche de Lecture : Qu’est-ce que la mondialisation ? de Charles-Albert Mic

HEEC Fiche de Lecture : Qu’est-ce que la mondialisation ? de Charles-Albert Michalet Réalisée par : 2010/2011 Introduction : Charles-Albert Michalet, est un économiste français du 20e siècle membre et co-fondateur du Cercle des économistes* (*cercle de réflexion ayant pour but d’organiser un débat économique). Professeur d'économie à l’Université Paris- Dauphine, Charles-Albert Michalet a entre autres travaillé plusieurs années au Centre sur les transnationales des Nations unies, puis au « Foreign Investment Advisory »Service de la Banque mondiale. Il est spécialiste des firmes multinationales et de la promotion des investissements directs. Son ouvrage *Qu’est ce que la mondialisation ?* est l’une de ces dernières œuvre qui sera ensuite complété par : Mondialisation, la grande rupture .Il met en évidence que la mondialisation est un phénomène ancien mais dont les modalités d’existence se sont modifiées au cours du temps. On pense généralement que dans la mondialisation il n’y a qu’une seule dimension et qu’elle permet une homogénéité négative ou positive soit-elle, ce qui n’est pas le cas. On peut donc se demander ce qu’est réellement la mondialisation ? Analyse : On a toujours pensé que la mondialisation n’avait qu’une dimension : l’analyse du commerce entre les pays. Cette approche purement économique a démontré que la mondialisation est nécessaire à la survie de l’Etat nation. Cette nécessitée a entrainé l’expansion du capitalisme causant une expansion sans précédent du marché mondial. La dynamique de la mondialisation repose sur la mobilité des biens, des services, des capitaux, des unités de production, cela nous amène à avoir une nouvelle approche de la mondialisation. Il y a donc une nouvelle approche de la mondialisation : c’est un phénomène économique complexe intégrant différentes dimensions qui fonctionnent simultanément dans une relation d’interdépendance et de complémentarité. La mondialisation est un phénomène multidimensionnel, c’est ce qui permet de comprendre l’originalité de l’intégration actuelle et rapide des économies nationales dans l’économie mondiale. La régulation de la mondialisation repose sur deux bases différentes, car pour une période donnée chaque mode de mondialisation est caractérisé par une situation économique précise, mais ces modes changent au cours de l’histoire. Il y a donc deux approches : l’utopie mondialiste et antimondialiste. Or la dynamique de la mondialisation dépasse ces deux approches. Sur la base de l’interdépendance des trois dimensions de la mondialisation, trois modes peuvent être distingués : international, multinational, global qui nous servent de référence pour définir les caractéristiques des différentes phases historiques de la mondialisation. Il y a quatre critères de caractérisations : la dimension dominante, logique économique dominante, interdépendance entre les dimensions, la gouvernance. Le mode/configuration internationale : La mondialisation s’est inscrit dans cette configuration internationale depuis le 15e siècle et a commencé à développer son coté théorique à la fin du 18e siècle. Le paradigme de l’économie internationale* (*ensemble d’analyse théorique et de concept qui ont été forgés par des économistes pour expliquer la régulation de la configuration internationale) demeure encore aujourd’hui la référence. Son principe de régulation est la spécialisation internationale qui est fondé sur le libre échange. De plus, c’est défini par la prédominance de la dimension des échanges commerciaux de biens sur les autres dimensions. La théorie de la spécialisation a été élaborée par les classiques anglais et les efforts pour la rapprocher de la réalité ont débouché sur une mise en cause radicale de ses hypothèses de bases. Une régulation du mode international sera concrètement mise en place après la seconde guerre mondiale sur la base du consensus élaboré entre les alliés durant la conférence de Bretton Woods. La référence aux grands principes de la spécialisation internationale et du libre- échange est proclamée avec insistance. Mais les mécaniques de la régulation vont reposer sur un modèle de coopération entre gouvernements : la gouvernance a remplacé la régulation. Le mode/configuration multinationale : La configuration multinationale, qui connu son essor dans les années 1956 est caractérisée par la place dominante de la dimension des IDE*(* Integrated Development Environment) effectué par les firmes industrielles et financières. Cela entraîne la mobilité de certaines activités économiques hors de leur pays d’origine. La compétitivité est une des principales caractéristiques de la logique économique de la configuration multinationale car il y a une multiplication des multinationales qui cherchent la conquête ou la défense de leurs parts de marché mondiale. Or la concurrence sur le marché mondial est d’une telle férocité obligeant donc ces firmes à adopter de nouvelles stratégies (multinationales) permettant de renforcer leur compétitivité comme la stratégie de décolonisation de la production. La configuration multinationale est également caractérisée par une augmentation de l’interdépendance entre les dimensions par rapport à la configuration internationale. On assiste à l’internalisation des activités de l’entreprise ce qui revient à créer un marché interne à la firme avec le plus grand nombre possible de ces fournisseurs et clients. Cela entraîne une modification des structures organisationnelles des firmes entraînant lui même une intensification de l’interdépendance entre les différentes dimensions de la mondialisation. Ce qui a pour effet de créer une nouvelle base de la spécialisation. Avec les mutations de l’environnement on assiste à un nouveau principe de régulation : Etats/multinationale. En effet, la réglementation entre gouvernements mise en place après la guerre ne va pas disparaître ce qui va aboutir à la transformer en « économie mixte ». Il y a une concertation entre les gouvernements et les acteurs privés, les multinationales. Cette régulation aura des conséquences lors du Tokyo Round. La configuration multinationale va être marquée par une mutation profonde de la régulation du système monétaire internationale. On assiste à un démantèlement du « gold exchange standard ». Désormais ce sont des organismes privés qui vont réguler le marché des changes et le marché international des capitaux. Ce qui accélère le processus de la globalisation financière marquée par deux innovations : les eurodollars et les pétrodollars. Le mode/configuration globale : A partir du milieu des années 1980 on assiste au triomphe de la globalisation entraînant ainsi des changements dans la régulation de la mondialisation. En effet, on va passer du consensus de Bretton Woods à celui de Washington. Cela est dû à la crise économique qui a entraîné un changement de pouvoir. La crise a pour origine une baisse de la productivité dans les économies industrialisées, une situation de stagflation*(* situation d'une économie qui souffre simultanément d’une croissance économique faible ou nulle et d'une forte inflation) et l’apparition d’une grave crise de l’endettement international qui montre l’incapacité des pays du Sud à rembourser leurs dettes. Cela va entrainer l’arrivée de nouvelles équipes en Angleterre et aux Etats Unis avec un programme économique « néolibérale » et anti keynésienne. Une nouvelle doctrine se met donc en place. Un nouveau consensus est créé : « le consensus de Washington » dont la règle est la conviction que les lois économiques sont universelles et qu’il n’y a pas d’autre vérité que celle du marché, cette doctrine prône la dérèglementation afin de lutter contre l’interventionnisme de l’Etat. La déréglementation va s’appliquer à tous les niveaux du processus de la mondialisation : au niveau financier ce qui a entraîné de nouvelle norme de gouvernance, au niveau des IDE ce qui a pour effet de créer une concurrence entre les différents pays pour attirer les IDE sur leur territoire, au niveau des échanges cela conduit à l’intégration régionale. Mais la globalisation est porteuse d’inégalités qui sont dues aux conditions d’émergence de la globalisation. C’est un processus généralisé de déréglementation, mais qui ne comprend pas vraiment un principe de régulation. La supériorité des acteurs privés entraîne une situation critique du marché qui est renforcée par le fait que pour être plus concurrent les entreprises jouent sur l’innovation, l’absorption des concurrents ou la multinationalisation. Il y a donc une disparition progressive des marchés alors et on observe trois réseaux d’échange différent : « marché interne », l’organisation Hub-Spoke, l’alliance des firmes. Les actionnaires sont principalement des personnes qui ne dirigent pas les entreprises, mais exigent un seuil de rentabilité de 15%. Ainsi, par peur de perdre, les entreprises lancent des OPA *(*offres publiques d’achats). La mondialisation n’est pas planétaire au contraire elle est captivée par les pays du nord. Les pays émergeants sont également concernés même si l’intégration est asymétrique entre les différentes dimensions. Les pays les moins avancés (PMA) sont quant à eux en marge de la mondialisation. Un malaise est donc créé au centre même de cette mondialisation. En effet les partisans du protectionnisme considèrent que la globalisation et les IDE entraînent le chômage. Il faut donc trouver les bases d’une nouvelle régulation, car la configuration globale ne comporte pas de mécanisme régulateur comme le prouve les récentes crises ayant bouleversé le marché mondial. Pour cela il faudrait pouvoir identifier un contrepouvoir qui ne peut ni être l’Etat nation, les syndicats, un Etat mondial, ni les ONG. Le seul contrepouvoir possible serait donc les Etats Unis même si c’est précisément là que se situent les institutions de la globalisation. On pourrait envisager l’installation de nouveaux territoires : des ensembles régionaux, le renouveau du district industriel. Mais, ces deux modèles ne permettent pas de réguler la uploads/Finance/ la-mondialisation.pdf

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  • Publié le Jui 02, 2021
  • Catégorie Business / Finance
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