1 Jean-Michel Servet jean-michel.servet@graduateinstitute.ch L’INCLUSION FINANC
1 Jean-Michel Servet jean-michel.servet@graduateinstitute.ch L’INCLUSION FINANCIERE AU MAROC PAR LA MICROFINANCE : UNE RESPONSABILITE SOCIALE SOUS TENSIONS Compte-rendu de mission au Maroc du 19 au 29 juin 2010 Projet IRD / UMR n°201 Version 2010-10.02c 1. Les arbres ne montent pas jusqu’au ciel 2. Une tension sous contrôle entre interne et externe 3. Une forte concurrence entre organisations 4. Des relations entre sommet et base inégales et peu maîtrisées Conclusion : une diversification très limitée des modèles institutionnels et des services offerts 2 3 La mission a été effectuée du 19 juin au 29 juin 2010 successivement à Casablanca, Rabat et Marrakech, avec l’assistance technique de Yassir Chaouki, ingénieur agronome de l’Ecole Nationale d’Agronomie de Meknès, et avec l’appui du projet ANR Suds Rural microfinance and employment: do process matter? (UMR 201 Développement et sociétés de l’université Paris I Panthéon Sorbonne / IRD) coordonné par Isabelle Guérin (http://www.rume-rural-microfinance.org). Cette recherche a été soutenue par l’Institut CDC pour la recherche économique, sociale et financière (http://www.viadeo.com/fr/profile/isabelle.laudier). Solène Morvant-Roux a particulièrement suivi son organisation et les contacts essentiels à sa réussite. Saâd Filali Meknassi (doctorant en économie de l’université de Rabat), Fouzi Mourji (professeur d’économie à l’université de Casablanca) et Marc Roesh (CIRAD/projet RUME) m’ont aussi donné les premiers précieux conseils pour son organisation, ainsi que pour les contacts suggérés : Marion Allet (CERMI/IEDES), Saïd Bourjij (Epargne sans frontière), Nassim Oulmane (Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique), Dhafer Saïdane (université Lille 3) et Hassan Zaoual (université du Littoral Côte d’Opal). Je remercie vivement les personnalités rencontrées, pour le temps qu’elles m’ont consacré, les nombreuses informations qu’elles m’ont communiquées et pour les pistes qu’elles m’ont ouvertes. MM et Mme : Fouad ABDELMOUMNI, consultant, ancien directeur général Al Amana Ikhlas AMGHAR, cheffe du Service des Banques, Direction du Trésor et des Finances extérieures, Ministère de l’Économie et des Finances. Mohamed ASRI, directeur de l’Observatoire de la Finance, Centre Mohamed VI de Soutien à la Micro-Finance Solidaire Ahmed AZOUGA, directeur de développement, Fondation Banque populaire Micro-Crédit Nourreddine AYOUCH, président, Fondation Zakoura Éducation Mohamed BELMAACHI, directeur général délégué de JAIDA, Fonds de financement des organisations de microfinance au Maroc (Groupe CDG) Fouad BENJELLOUN, directeur des Études économiques et actuarielles, Agence Nationale de l’Assurance Maladie et CDG Mustapha BIDOUJ, secrétaire général de la Fondation Banque populaire Micro-Crédit Nabil CHAABANE, directeur, Association Bab Rizk Jamil Jamal DADI, Délégué Général, Fédération Nationale des Associations de Micro-crédit Mohamed EL HAITAMY, directeur du pôle Finance, Al Amana Youssef ERRAMI, directeur exécutif du Centre Mohamed VI de Soutien à la Micro-Finance Solidaire Rachid FILALI MEKNASSI, professeur de droit, Faculté de droit de l’univesité de Rabat Saâd FILALI MEKNASSI, doctorant, Faculté de sciences économiques de l’université de Rabat M’hammed GRIN, président délégué de l’Institut et Fondation Caisse de Dépôts et de Gestion 4 Driss GUERRAOUI, professeur de sciences économiques, Université de Rabat, conseiller du Premier Ministre Mustapha JEBBARI, chef du Département Ressources Humaines, Al Amana Abdelaziz KHAOUA, chef de la division Etablissement de crédit, Ministère de l’Économie et des Finances. Zakia LALAOUI, chef du département Développement, Al Amana Igor LOUBOFF, étudiant de l’ESSCA, stagiaire de l’Agence Française de Développement à Rabat et Paris Fouzi MOURJI, professeur d’économie, Université de Casablanca Ainsi que les collaborateurs de l’Agence Al Amana Sidi Bouchouka, Arset Lamâache à Marrakech Et pour les informations et contacts qu’ils m’ont donnés au cours de la rédaction de ce rapport : Irene Bono, Myriam Catusse, Blandine Destremau et Béatrice Hibou ; ainsi que Saâd Filali Meknassi, Isabelle Guérin, Igor Louboff, Solène Morvant-Roux, Fouzi Mourji et Marc Roesh pour leurs suggestions après la lecture d’une première mouture de ce texte. À ce jour, toutes les pistes suggérées n’ont pas encore pu être suivies. 5 L’INCLUSION FINANCIERE AU MAROC PAR LA MICROFINANCE : UNE RESPONSABILITE SOCIALE SOUS TENSIONS Jean- Michel Servet IHEID - Genève chercheur associé UMR IRD Paris 1 n°201 [http://www.rume-rural-microfinance.org/spip.php?auteur10] Environ un tiers des emprunteurs des institutions de microfinance actives dans un pays arabe habitent au Maroc1, où 7 % des 31,2 millions d’habitants est aujourd’hui considéré comme vivant en dessous du seuil national de pauvreté2. Le Royaume constitue, à une échelle plus large, un cas d’école pour analyser les processus d’inclusion financière. Cela tient : . à l’expansion très rapide de ses institutions de microfinance, . à leur quasi concentration sur un seul service, le microcrédit, . et à la crise de croissance les ayant frappées à partir de 2007 à la suite d’une forte détérioration de leur portefeuille de prêts soumis à une montée des impayés3. Cette crise marocaine doit être resituée dans le contexte général des tensions connues par la microfinance dans de nombreux autres pays et ayant provoqué aussi une montée récente des impayés au Pakistan, au Karnataka (Inde du Sud), en Bosnie- Herzégovine et au Nicaragua. Ceci s’est traduit dans ce dernier pays par la faillite de la banque de microfinance Banex en septembre 2010. Sans atteindre ce degré, la crise des institutions de microfinance du fait d’un 1 Pour situer la microfinance au Maroc par rapport à l’ensemble du monde arabe, voir notamment le site de SANABEL, réseau réunissant en 2009 soixante-quinze organisations membres originaires de douze pays arabes : www.sanabelnetwork.org/en (voir en annexe 1, la liste des organisations marocaines y adhérant) et en arabe The Arabic Microfinance Gateway (AMFG). Par rapport à l’ensemble du continent africain, voir le rapport de l’Africa Microfinance Action Forum pour le Women’s World Banking, AMAF, Diagnostic pour l’action : la microfinance en Afrique, 2009. 2 Sur 936 millions de personnes vivant en Afrique (2006), 411 millions vivent en dessous du seuil de pauvreté. Si l’on retient pour le Maroc l’indicateur d’un dollar par personne et par jour, le taux de pauvreté est passé de 3,5 % de la population en 1990 à 0,6 % en 2007 ; avec un seuil de deux dollars, le taux de pauvreté a baissé de 55,7 % en 1960, à 21 % en 1985, à 16,3 % en 1999, à 14,2 % en 2004 et à moins de 9 % en 2007 (Royaume du Maroc, Objectifs du Millénaire pour le Développement, Rapport National 2007, septembre 2008, p. 5). Selon le Rapport sur le développement humain, 2008/2009, l’Indice de Développement humain du Maroc (qui reflète l’espérance de vie, le taux d’alphabétisation et le produit intérieur brut par habitant) est inférieur à celui de la moyenne des pays arabes (0.654 contre 0.719). Comme dans tous les pays, ces indicateurs qui permettent des comparaisons très générales entre pays, sont contestés parce que représentant mal la réalité du niveau de vie et de la vulnérabilité des populations, On note que, selon le recensement général de la population et de l’Habitat du Haut Commissariat au Plan du Maroc, 7,2% des ménages habitent dans une maison dite « sommaire » ou dans un bidonville et que 29 % des ménages vivent dans une habitation dite « de type rural » ; 12,6 % des habitations n’ont qu’une seule pièce et 26 % deux pièces. Seuls 50,9 % des enfants en âge d’être scolarisés le sont ; et ce taux n’est que de 22,2 % pour les filles. Le taux de chômage (qui rend mal compte des réalités dans un pays où les activités dites « informelles » jouent un grand rôle), est passé de 13,8 % en 1999 à 9,6 % au début 2008 (voir Royaume du Maroc, Objectifs du Millénaire pour le Développement, Rapport National 2007, septembre 2008, p. 5). Voir aussi ci-dessous note 93. 3 Les principales données de cette crise sont bien analysées par Xavier Reille, « The rise, fall and recovery of the microfinance sector in Morocco, CGAP Brief, December 2009 ; il la met en relation avec une croissance du secteur qu’il qualifie « d’exubérante ». Pour son inscription dans un contexte plus général de crise, voir : Chen Greg, Rasmussen Stephen, Reille Xavier, Growth and Vulnerabilities in Microfinance, Focus Note, CGAP, n°61, Feb. 2010, 16 p. 6 surendettement des clients est latente aujourd’hui dans plusieurs États de l’Union indienne et au Pérou4. L’objectif du présent rapport est de restituer les conclusions d’une étude de terrain réalisée en juin 2010. Son but a été de comprendre la façon dont est abordée au Maroc la responsabilité sociale des parties prenantes de la microfinance. Cette responsabilité est ici appréhendée à partir des rôles qu’elles assument en vue d’une plus large inclusion financière de la population. La brièveté de ce séjour ne permet pas de donner à ce texte l’ambition de conclusions scientifiques définitives. Elle est davantage une invitation à poursuivre les échanges engagés et à construire des hypothèses que viendraient tester des recherches ultérieures. L’analyse s’appuie également sur une revue de la littérature existante, sans pouvoir prétendre à une recherche bibliographique à prétention exhaustive. Seront d’abord exposées les conditions générales de l’essor de la microfinance au Maroc. Pour comprendre comment les organisations marocaines de microfinance satisfont l’impératif d’inclusion financière constituant le cœur de cette responsabilité sociale5 en tant qu’institution du secteur financier, seront ensuite abordés : . la maîtrise nationale des tensions entre les niveaux internes et les uploads/Finance/ inclusion-financiere-par-la-microfinance.pdf
Documents similaires







-
36
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Apv 14, 2022
- Catégorie Business / Finance
- Langue French
- Taille du fichier 0.2841MB