CIRPÉE Centre interuniversitaire sur le risque, les politiques économiques et l

CIRPÉE Centre interuniversitaire sur le risque, les politiques économiques et l’emploi Cahier de recherche/Working Paper 06-43 Analyse de l’incidence des dépenses publiques en éducation en Côte d’Ivoire: une approche par dominance stochastique Mathieu Audet Paul Makdissi Quentin Wodon Novembre/November 2006 _______________________ Audet: GRÉDI, Université de Sherbrooke et AFTPM, World Bank, 1818 H Street, NW, Washington, DC 20433, USA maudet@worldbank.org Makdissi: Département d’économique, CIRPÉE et GRÉDI, Université de Sherbrooke, 2500, boulevard de l’Université, Sherbrooke, Québec, Canada J1K 2R1 paul.makdissi@usherbrooke.ca Wodon: AFTPM, World Bank, 1818 H Street, NW, Washington, DC 20433, USA qwodon@worldbank.org Le support du Bank Netherlands Partnership Program pour ce travail est grandement apprécié. Résumé: Dans cet article, nous utilisons et adaptons une approche par dominance stochastique proposée par Duclos, Makdissi et Wodon (2005) à l’analyse des dépenses publiques en éducation en Côte d’Ivoire. Nous montrons qu’une réallocation des dépenses publiques en éducation vers le niveau primaire et secondaire peut faire diminuer la pauvreté et que cette conclusion demeure valide pour une large classe d’indices et de seuils de pauvreté. Nous analysons aussi le rôle de l’efficacité relative des dépenses aux différents niveaux et montrons que même si on tient compte de cette différence relative entre les dépenses publiques au niveau universitaire et technique et celle au niveau secondaire et primaire, la conclusion précédente sur la réallocation des dépenses publiques demeure vérifiée. Mots Clés: Analyse d’incidence, pauvreté, dominance stochastique Classification JEL: D31, H42, H44, I32, I38 1 Introduction Les gouvernements de pays industrialisés ainsi que ceux de pays en voie de développement tentent d’aider les ménages pauvres à l’aide d’une multitude de programmes allant des subsides alimentaires aux fournitures publiques de certains biens. Bien que tous ces programmes ne sont pas mis en place exclusivement pour lutter contre la pauvreté, il est opportun d’évaluer l’im- pact que ceux-ci peuvent avoir sur le bien-être des ménages pauvres. Les dépenses publiques en éducation sont un cas intéressant car elles permettent de lutter contre la pauvreté de façon statique et de façon dynamique. De façon statique, les dépenses publiques en éducation e¤ectuent un transfert réel de ressources vers les ménages ayant des enfants fréquentant l’école. De façon dynamique, une augmentation du niveau d’éducation des individus est un bon outil a…n de sortir de la pauvreté. Les résultats de régressions pour 1998 en Côte d’Ivoire en milieu urbain indiquent par exemple que l’écart de la dépense par tête, toutes choses égales par ailleurs, avec un ménage dont le chef est sans niveau scolaire est respectivement de près de 13 % pour le niveau primaire, 27 % pour le secondaire, et 40 % pour le supérieur, et de 49 % pour le professionnel et le technique. En milieu rural, les écarts entre un ménage dont le chef n’a pas été à l’école et les ménages dont le chef a le niveau primaire et secondaire sont moins prononcés, mais la démarcation est nette avec les ménages dont le chef a reçu une formation supérieure (voir Banque Mondiale, 2006). L’analyse d’incidence des dépenses publiques est devenue un outil stan- dard d’analyse dans la science économique appliquée. L’outil est utilisé dans la plupart des Rapports d’Evaluation de la Pauvreté et des Revues des Dé- pense Publiques préparés par la Banque mondiale pour informer le dialogue de politique publique avec les autorités des pays en développement, souvent 2 avec des recommandations fortes en ce qui concerne le besoin de réorienter les dépenses vers les populations pauvres. Comme l’a documenté Demery (2003), l’analyse d’incidence est typiquement obtenue en combinant des données sur l’usage de services gouvernementaux obtenues via les enquêtes auprès des ménages avec des données sur le coût pour les gouvernements de maintenir ces services pour la population. La technique implique essentiellement trois étapes. Premièrement, le coût unitaire des prestations de service est estimé avec des données budgétaires (par exemple, en tenant compte des dépenses publiques pour di¤érents cycles de scolarisation). Dans un deuxième temps, les enquêtes auprès des ménages sont utilisées pour allouer les dépenses pu- bliques aux ménages utilisant les services publics. Troisièmement, les données d’allocation des dépenses publiques au niveau des ménages sont agrégées pour obtenir des statistiques d’incidence pour di¤érents sous-groupe de la popula- tion a…n de comparer comment les subsides publics sont distribués à travers ces groupes. La façon la plus commune de grouper les ménages consiste à se baser sur les indicateurs tels que revenu ou la consommation par personne ou par adulte équivalent, et de considérer par exemple cinq quintiles de population, du plus pauvre au plus riche. Une question importante est cependant de savoir si les résultats obtenus par quintile sont robustes. L’analogie avec les mesures de la pauvreté est utile, puisque di¤érents quintiles représentent implicitement di¤érentes lignes de la pauvreté. On peut utiliser un indice de pauvreté spéci…que pour l’analyse, par exemple, un indice de la classe de Foster, Greer et Thorbecke (1984), et on peut évaluer l’impact des politiques économiques ou des dépenses publiques sur la valeur de cet indice. Dans un tel cadre les résultats obtenus sont cependant contingents au choix e¤ectués par l’analyste quant à l’indice et au seuil de pauvreté. Il en est de même 3 pour une analyse d’incidence à partir de quintiles ou déciles de bien-être. Un autre problème de l’analyse d’incidence traditionnelle est qu’elles en reste souvent à la mesure de qui béné…cie des dépenses publiques. Pour in- former les décisions de politiques publiques, il est plus intéressant d’analyser comment des modi…cations à la marge des dépenses publiques a¤ectent des mesures de bien-être ou de pauvreté. Mais pour cela, il faut associer aux transferts publics en nature une valeur monétaire, et il faut baser les éva- luations d’impact sur des classes d’indices de pauvreté et de bien-être. C’est l’approche que nous utilisons ici. Notre façon de procéder consiste à chercher des réformes des dépenses publiques qui peuvent être considérées comme souhaitables au vu de leur impact sur un grand nombre d’indices de pauvreté et/ou de fonctions de bien-être social di¤érents. C’est ce genre d’approche qui est développée par Yitzhaki et Slemrod (1991) et Yitzhaki et Thirsk (1990) pour identi…er des réformes de la …scalité indirecte qui augmentent le bien-être pour toutes les fonctions de bien-être social présentant de l’aversion à l’inégalité. Par la suite, Makdissi et Wodon (2002) ont proposé une méthode qui permet d’indenti- …er des réformes de la …scalité indirecte qui font diminuer la pauvreté pour plusieurs classes d’indices de pauvreté. Duclos, Makdissi et Wodon (2005) ont adapté cette méthode à l’analyse de l’impact des politiques de transferts. Dans cet article, à la suite de Makdissi et Wodon (2006), nous utilisons la méthode développée par Duclos, Makdissi et Wodon (2005) pour l’analyse de l’incidence sur la pauvreté des dépenses publiques en éducation de sorte à obtenir des résultats robustes. Le reste de l’article est construit de la façon suivante. La prochaine sec- tion présente un portrait de la pauvreté et des dépenses en éducation en Côte d’Ivoire. La Section 3 décrit un cadre analytique qui permettra d’ana- 4 lyser l’incidence des dépenses publiques d’éducation en Côte d’Ivoire dans la Section 4. La dernière section présente une brève conclusion. 2 Contexte ivorien Les résultats de cet article sont basés sur des calculs utilisant le …chier de micro-données de l’enquête "Niveau de vie des ménages" pour l’année 1998. Cette enquête réalisée par l’Institut National de la Statistique de Côte d’Ivoire contient des informations sur l’utilisation des services d’éducation ainsi que le type de service utilisé. L’enquête de 2002 était aussi disponible. Par contre, le fait que nous ne disposions des coûts unitaires des services publics que pour l’année 1998 nous a conduit à utiliser cette enquête. La Tableau 1 présente un bref pro…l de pauvreté pour la Côte d’Ivoire tiré du document Banque Mondiale (2006). Sans surprise, on remarque que la pauvreté est plus élevée en milieu rural. Selon l’enquête de 1998, les ménages dirigés par une femme ont une plus grande probabilité d’être pauvre, surtout en milieu urbain. Ce résultat est sans doute associé au fait que les femmes ont un potentiel plus faible qui peut faire suite aux discriminations sur le marché du travail et aux accès plus di¢cile au capital productif. On remarque aussi que l’incidence de la pauvreté est moins importante chez les ménages plus instruit, ce qui peut indiquer que les dépenses en éducation peuvent servir d’instrument dynamique de lutte contre la pauvreté. Le Tableau 2 présente une comparaison de deux estimations des e¤ectifs des écoles publiques selon les niveaux d’éducation. La première présente l’es- timation des e¤ectifs à l’aide des données d’enquêtes tandis que la seconde présente cette estimation à l’aide de données administratives. Bien qu’on ob- serve une certaine divergence entre les résultats, celle-ci demeure acceptable. Le Tableau 3 présente les e¤ectifs décomposés selon la région de résidence, 5 les quantiles de revenus ainsi que selon le genre. On remarque qu’en zone rurale une forte proportion des e¤ectifs est concentrée au niveau primaire. En zone urbaine, la majorité des e¤ectifs sont encore au niveau primaire. Par contre, on remarque une plus forte proportion d’étudiants au niveau uploads/Finance/ cirpee-centre-interuniversitaire-sur-le-risque-les-politiques-economiques-et-l-x27-emploi.pdf

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  • Publié le Apv 19, 2021
  • Catégorie Business / Finance
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