Volume I N° 3 Revue de l’Entrepreneuriat et de l’Innovation 1 Mounia DIAMANE1,

Volume I N° 3 Revue de l’Entrepreneuriat et de l’Innovation 1 Mounia DIAMANE1, Salah KOUBAA2 1 GROUPE ISCAE, Casablanca, Maroc 2 Université Hassan II, Casablanca, Maroc mdiamane@gmail.com Résumé : La création d’entreprises innovantes valorisant des résultats de la recherche joue un rôle primordial dans la compétitivité des nations et dans la génération de nouvelles opportunités d’emplois de haute qualification [1]. Pourtant, dès qu’il s’agit de satisfaire les besoins de financement, les entreprises innovantes se heurtent à de nombreux défis [2] relatifs à l’asymétrie d’information et au bruit de communication entre les créateurs d’entreprises innovantes et les systèmes de financement traditionnels. L’objectif de cette contribution est de dresser un état des lieux des mécanismes de soutien et de financement (publics et privés) dédiés aux entreprises innovantes au Maroc. Mots-clés : Financement, Innovation, Université, Spin-offs, Maroc INTRODUCTION La création d’entreprises innovantes valorisant des résultats de la recherche joue un rôle primordial dans la compétitivité des nations et dans la génération de nouvelles opportunités d’emplois de haute qualification [1]. Ceci est d’autant plus vrai pour les pays développés, mais est aussi valable pour les pays en développement, dont le Maroc. « L’économie marocaine ne peut être compétitive que par l’introduction et le développement des innovations technologiques » [3]. Cependant, l’émergence de ce type particulier d’entreprises représente de nombreux défis relatifs à l’incertitude, au risque et à la complexité de la transformation des résultats de la recherche en firmes compétitives et durables. « Pour innover, il faut vouloir et pouvoir. Vouloir, c’est la pulsion du chercheur ; pouvoir, c’est le nerf de la guerre du financement. Sans financement, pas d’innovation »1. Pourtant, dès qu’il s’agit de satisfaire les besoins de financement, les entreprises innovantes se heurtent à de nombreux défis [2] relatifs à l’asymétrie d’information et au bruit de communication entre les créateurs d’entreprises innovantes et les systèmes de financement traditionnels. L’un des défis essentiels rencontrés par les jeunes entreprises innovantes est le comportement prudent de certains bailleurs de fonds. Cette prudence se traduit souvent par des effets d’évictions des jeunes entreprises innovantes des circuits de financement traditionnel [2]. Les entreprises innovantes issues de la recherche combinent plusieurs spécificités qui rendent leur financement très particulier. L’objectif de cette contribution est d’explorer, tout d’abord, les différentes phases de développement et de financement des jeunes 1 Betbeze (2003) cité par Isabelle Dherment-Férère, Le financement de projets innovants : Le cas des pôles de compétitivité Financement des entreprises innovantes au Maroc Etat des lieux Volume I N° 3 Revue de l’Entrepreneuriat et de l’Innovation 2 entreprises innovantes. Ensuite, une exploration des différentes sources de financement de l’innovation au Maroc s’impose, avant de clore avec des perspectives susceptibles de contribuer à l’amélioration du système de financement marocain. 1. Financement des entreprises innovantes : Quel financement, pour quelle phase de développement ? « All Money is not the same ». Les différents modes de financement n’ont pas forcément la même finalité [4]. Les critères d’investissement des différents acteurs de financement varient selon les phases de développement de la jeune entreprise innovante. En effet, le développement d’une entreprise innovante implique le franchissement de 4 phases différentes (Figure 1). Chaque phase possède ses propres défis et ses propres besoins de financement. Figure 1 : Phases de financement des entreprises innovantes Source : Le financement du stade précoce de l’innovation (Early Stage) : Quelques pistes de réflexion [5] - Phase d’amorçage et de démarrage (Seed Stage and startup stage) : Constitue une phase critique du cycle de développement de la jeune entreprise innovante. Le risque associé à cette phase est généralement très conséquent. En effet, durant ce stade, l’entreprise n’est pas encore active sur le marché et ne génère aucun chiffre d’affaire. Il est donc impossible d’évaluer ou de prévoir son succès commercial2. Le risque pour les investisseurs est très élevé et le financement est par conséquent très difficile à obtenir. Durant cette phase, les sources de financement proviennent généralement des business angels et des fonds personnels des entrepreneurs et de leurs proches « les 3F : freinds, family and fools ». Bien qu’utiles, ces fonds sont souvent insuffisants pour couvrir toute les charges engendrées par les activités relatives à la phase d’amorçage (R&D, plan d’affaires initial, études de marché, proof of concept et prototypage). L’argent des 3F est généralement complété par des fonds d’amorçage universitaire et des business angels. Des aides publiques peuvent également intervenir à ce stade. Celles-ci prennent la forme d’aides fiscales, de subventions directes (prix lors de participation à des concours de création des entreprises innovantes) ou encore de prêts à taux zéro non remboursables en cas d’échec [6]. Les banques, quant à elles, sont rarement actives durant cette phase. En effet, les banquiers s’appuient essentiellement sur l’historique comptable de l’entreprise, sur sa capacité de remboursement et sur les garanties offertes. Pourtant, durant la phase d’amorçage, la jeune entreprise innovante n’a aucun bien matériel à 2 Le capital-risque en Suisse (Berne, juin 2012). Rapport du Conseil fédéral donnant suite aux postulats Fässler (10.3076) et Noser (11.3429, 11.3430, 11.3431) Volume I N° 3 Revue de l’Entrepreneuriat et de l’Innovation 3 offrir en garantie. Toute sa valeur réside dans son actif immatériel difficilement évaluable (connaissances, savoirs faire, etc). Les sources de Financement sont donc principalement les 3F (freinds, family and fools), les business angels, les fonds d’amorçage universitaire et les aides publiques. - Phase de développement initial (Early Stage) Correspond aux premières années d’activités commerciales. A ce stade il existe un produit fini prêt à être commercialisé souvent à une échelle réduite afin de confirmer sa viabilité économique. Durant cette phase, les dépenses relatives aux activités de production et du marketing sont les plus conséquentes. Pourtant, il est difficile de prédire à ce stade le succès commercial du projet2. Ce qui justifie, encore une fois, la réticence des banques à accorder un prêt aux entreprises en phase de développement initial (early stage). A ce stade, l’entreprise innovante peut faire appel aux investisseurs publics spécialisés ou à quelques acteurs privés, notamment les business angels qui apportent du capital, de l’expérience du réseau et du temps. Les anglo-saxons parlent alors de smart money (argent intelligent). - Phase de croissance (Later stage) A ce stade, l’entreprise doit gérer l’augmentation conséquente de son activité et de ses ventes. Pour maintenir le rythme de sa croissance, elle a besoin de fonds supplémentaires destinés à développer les capacités de production et de distribution2. L’intervention d’un capital-risqueur (Venture Capital ou VC) peut se révéler primordiale, aussi 2 Le capital-risque en Suisse (Berne, juin 2012). Rapport du Conseil fédéral donnant suite aux postulats Fässler (10.3076) et Noser (11.3429, 11.3430, 11.3431) bien au niveau du financement qu’en termes de conseils et d’accompagnement de l’équipe dirigeante. En plus des fonds du capital risque, les premiers résultats financiers permettent de se retourner, dans certains cas, vers le financement bancaire. - Phase de maturité (maturity stage) A ce stade, l’entreprise est bien établie et entre dans une situation de plein développement. Elle peut accéder plus facilement à des emprunts bancaires et ouvrir son capital au public via une introduction en bourse (IPO). La phase de maturité est généralement marquée par la fin du partenariat entre l’entreprise et l’investisseur [7]. En d’autres termes, à ce stade, les fonds de capital-risque se désengagent de la société. Nous distinguons plusieurs modes de désengagement (aussi appelés « stratégie de sortie » ou «exit strategy») : - Trade sale : C’est la stratégie la moins couteuse et la plus rapide à mettre en œuvre. Elle consiste à revendre la totalité de l’entreprise à une autre société souvent issue de la même branche. - Secondary sale : Cette stratégie de sortie permet à l’investisseur en capital risque de céder sa participation à un autre investisseur financier qui prend le relais du VC [7]. - Buy out : Cette stratégie consiste à racheter les actions du capital risqueur par l’entrepreneur lui-même. - IPO : Initial Public Offering (Introduction en Bourse) : Cette technique renforce la notoriété de l’entreprise. Elle permet au VC de lancer la vente des actions au public. Volume I N° 3 Revue de l’Entrepreneuriat et de l’Innovation 4 2. Mécanismes de financement de l’innovation au Maroc : La recherche scientifique et technique est fiancée en grande partie par le secteur public. En effet, en 2008, « le secteur public a financé 73% de la recherche au Maroc, le secteur privé 22% [8], le partenariat public-privé 1%, le partenariat public-public 1% et la coopération 3% » [9]. Les fonds publics et privés affectés à la recherche et développement ont représenté 0,8% du PIB en 2012, contre 0,64% en 2006. Il est prévu de faire passer ce chiffre à 1% en 2016. Actuellement, le Maroc a mis en œuvre plusieurs mécanismes de financement afin de soutenir la création d’entreprises innovantes. 2.1. Instruments publics de financement 2.1.1. Le Fond de Soutien à l’Innovation (FSI) Le CMI (Centre Marocain de l’Innovation) est créé dans le cadre de l’initiative « Maroc Innovation » lancée par le Ministère chargé du Commerce et de l’Industrie et le Ministère chargé de la Recherche Scientifique. uploads/Finance/ 8680-20753-1-pb-pdf.pdf

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  • Publié le Dec 26, 2021
  • Catégorie Business / Finance
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