Armand Colin Principes de fonctionnement de la préposition "en" et absence d'ar
Armand Colin Principes de fonctionnement de la préposition "en" et absence d'article dans son régime Author(s): Yukiyo Homma Source: Langue Française, No. 171, Détermination et prédication (SEPTEMBRE 2011), pp. 77- 88 Published by: Armand Colin Stable URL: https://www.jstor.org/stable/41639752 Accessed: 02-03-2022 03:38 UTC JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at https://about.jstor.org/terms Armand Colin is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Langue Française This content downloaded from 147.46.3.73 on Wed, 02 Mar 2022 03:38:48 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms Yukiyo Homma Université Paris Ouest Nanterre La Défense & Laboratoire MoDyCo (CNRS UMR 7114) Principes de fonctionnement de la préposition en et absence d'article dans son régime 1. INTRODUCTION La présente contribution repose sur l'hypothèse qu'il est possible de concevoir les mêmes principes de fonctionnement sous-tendant tous les emplois de la préposition en, autrement dit un invariant lexical, lequel ne peut être réduit aux définitions habituellement proposées. Soit, en effet, les énoncés : (1) Benoît habite en ville. (2) Pierre travaille en France. (3) Yann est né en 1980. (4) Emilie a fini son devoir en une demi-heure. (5) En l'occurrence / en l'espèce / en la matière Il est largement admis que la préposition en évoque une certaine intériorité, et que cette intériorité est souvent d'ordre abstrait. Si cette définition vaut pour l'exemple 1, surtout en comparaison avec le cas de dans (Benoît habite dans la ville), dans (2) et (3), le régime de en ne représente rien d'abstrait. Quant à (4), contrairement aux cas précédents, il manifeste un aspect dynamique : Emilie met/passe une demi-heure à réaliser l'accomplissement de son devoir. Et les emplois de type (5) sont considérés comme exceptionnels car en s'y combine avec un groupe nominal commençant par un article. Étant donné la place qui nous est impartie, nous ne ferons que rapidement illustrer l'hypothèse initiale, en saluant l'apport des travaux de N. Furukawa sur les principes qui régissent les emplois des articles, y compris leur absence, car ils permettent d'interpréter les constructions de la préposition en. LANGUE FRANÇAISE 171 (ARTICLE ON LINE 77 This content downloaded from 147.46.3.73 on Wed, 02 Mar 2022 03:38:48 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms Détermination et prédication 2. CADRE THÉORIQUE Notre étude s'inscrit dans le cadre du mouvement linguistique relevant de la Théorie des Opérations Prédicatives et Énonciatives (TOPE) d'A. Culioli. Selon la définition de ce linguiste, L'énoncé est un agencement de marqueurs, qui sont eux-mêmes la trace d'opéra- tions, c'est-à-dire que c'est la matérialisation de phénomènes mentaux auxquels nous n'avons pas accès, et dont nous ne pouvons, nous linguistes, que donner une repré- sentation métalinguistique, c'est-à-dire abstraite. (Culioli, 2002 : 27) Cet agencement de marqueurs n'est pas considéré comme une simple suc- cession linéaire statique de mots, mais comme un lieu où les marqueurs inter- agissent pour la signification. Par conséquent, dans la TOPE, l'identité d'un terme est entendue comme le rôle spécifique que joue ce terme dans son inter- action avec les éléments de son environnement (le co-texte) pour produire un sens, ce rôle spécifique du terme sous-tendant tous les emplois de celui-ci. La préposition est considérée comme un relateur entre deux éléments X et Y, rap- port décrit comme : X prép Y. Son identité se définit donc, comme l'affirment J.-J. Franckel et D. Paillard (2007 : 12), par le rôle spécifique qu'elle joue dans son interaction avec les deux éléments X et Y, par l'ensemble des principes régula- teurs qu'elle impose au rapport entre X et Y. Ces principes, qui sous-tendent tous les emplois d'une préposition donnée, conditionnent des interactions aux résul- tats différents 1. Notre travail consiste à dégager ces principes qui manifestent une régularité à travers la variation 2 . L'ensemble de ces principes est appelé « forme schématique » (dorénavant FS) du terme étudié. Pour expliquer cette dénomination, citons J.-J. Franckel et D. Paillard (1998 : 61) : « C'est un schéma au sens où elle organise le co-texte et où elle l'interprète. C'est une forme au sens où elle est susceptible de prendre plusieurs valeurs, où elle est variable ». 3. HYPOTHÈSE SUR LA FORME SCHÉMATIQUE DE EN Nous commençons par présenter la FS de en pour la justifier, par la suite, en traitant différents emplois variés. L'hypothèse retenue sur la FS de en 3 se formule comme suit 4 : 1 . Prenons comme exemple le cas de la préposition à : avec Je vais à Paris , il s'agit d'un emploi spatial alors que ce n'est pas du tout le cas dans une salade au thon. De plus, dans le premier énoncé, « Paris » s'interprète comme destination tandis que, dans le second, « thon » s'appréhende comme valeur distinctive conférée à « une salade ». 2. Il s'agit bien d'un travail d'abstraction, mais notre but est radicalement différent de celui d'un mouve- ment linguistique qui, selon l'expression de Franckel & Paillard (2007 : 12), tente de dégager un plus petit dénominateur sémantique commun à tous les emplois d'une préposition étudiée. 3. Pour une justification détaillée, cf. Homma (2009). 4. Bien entendu, la simple lecture de cette formulation de la FS de en ne permet pas aux lecteurs de comprendre la différence entre en et dans. Nous renvoyons sur ce point à Homma (2009). 78 This content downloaded from 147.46.3.73 on Wed, 02 Mar 2022 03:38:48 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms Fonctionnement de la préposition 'en' et absence d'article Dans la configuration X en Y, - X est inclus (situé dans son intégralité) par /dans Y : XÇY ; - ce cas d'inclusion XÇY a pour effet de mettre en adéquation une extension et une exclusivité. Par « X est inclus par/dans Y », nous entendons la situation par laquelle l'exis- tence de X ne se poursuit pas au-delà de la limite de Y (elle n'outrepasse pas Y) Il s'ensuit que : - soit les limites respectives de X et de Y peuvent se trouver en parfaite adéqua- tion : c'est le cas, par exemple, dans un dictionnaire en dix tomes (X correspond ici à un dictionnaire et Y à dix tomes) ; ou encore le cas de une bague en or : la limite de l'extension de « une bague » (X) est en parfaite adéquation avec la limite qualitative de « or » (Y) ; - soit X peut se trouver dans une situation de libre parcours en deçà de la limite de Y : c'est le cas, par exemple, de Jean habite en France (X correspond ici à Jean et Y à France). Par « exclusivité », nous entendons un caractère excluant et exclusif, qui sup- pose : - soit l'existence (potentielle ou non) de ce qui fait l'objet d'une exclusion (par abolition, par cessation, etc.) ; par exemple, dans le cas de Patrick est en mission , l'état de « Patrick » caractérisé par « mission » (Y) s'abolit au bout d'un certain temps pour retrouver l'état de référence de « Patrick », c'est-à-dire l'état hors de mission. - soit un caractère qui exclut une altérité possible ou qui n'accepte pas une éventuelle altérité ; c'est le cas, par exemple, de Yann est né en 1980, dans lequel « 1980 » (Y) représente une année unique 5. L'exclusivité du cas de l'inclusion XÇY se manifeste sous différentes formes : - accomplissement d'un 'parcours' d'action (abolition de ce qui était à assumer) : lire un livre en deux heures (au terme des deux heures, le livre est lu) ; - complétude, saturation (ces caractères impliquent l'absence de complémen- tarité avec une autre entité) : un dictionnaire en dix tomes ; - pré-programmation de la disparition de Y (l'exclusion de Y par son abolition) au bout d'un certain temps : X est en mission ; - exclusivité qualitative de Y (ces caractères impliquent l'absence de complé- mentarité avec une autre entité) : X est en France ; - etc. Les éléments de la FS de la préposition en (en l'occurrence 'extensio sivité', etc.) se manifestent de manière très différente selon les emplo le montre chacun des quatre cas de figure possibles : 5. C'est aussi le cas de l'emploi Jean habite en France , dans lequel France est autonome sur le pl LANGUE FRANÇAISE 171 79 This content downloaded from 147.46.3.73 on Wed, 02 Mar 2022 03:38:48 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms Détermination et prédication - 1er cas de figure : accomplissement d'un 'parcours' d'action, que je dénomme- rai 'parcours' : Je lis ce livre en deux heures ; - 2e cas de figure : Y est concevable comme suspension de l'état de référence : Les cerisiers sont en fleurs. La floraison des cerisiers n'étant que momentanée, il s'agit d'un état circonstanciel uploads/Finance/ 6-homma.pdf
Documents similaires









-
36
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Oct 22, 2021
- Catégorie Business / Finance
- Langue French
- Taille du fichier 1.0366MB