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Suivez-nous sur les réseaux sociaux ! Facebook : facebook.com/editionsaddictives Twitter : @ed_addictives Instagram : @ed_addictives Et sur notre site editions-addictives.com, pour des news exclusives, des bonus et plein d’autres surprises ! Megan Harold ALWAYS YOU Intégrale 1. Pluie diluvienne Dix minutes. J’ai dix minutes pour me rendre à la gare routière et attraper mon bus pour New York ! Je dévale les escaliers du perron de la maison de Ruth sous une pluie battante. Orage, pluie diluvienne, entretien. Le combo idéal pour générer du stress puissance mille ! Pas la peine de me plaindre, de maudire le ciel. Je n’ai plus le temps pour ça. Il faut que je passe en mode concentration. J’ai besoin de ce job. J’ai besoin de quitter Newark. Cette banlieue de New York ne peut plus rien m’offrir désormais. Même si ça ne plaît pas à Ruth. Bon sang, je n’avais pas non plus besoin de ses larmes ! Mon vieux parapluie tente de me mettre à l’abri des trombes d’eau mais avec les rafales de vent, il peine à assurer sa tâche. Tiens le coup, mon vieux ! Je dois arriver présentable ! J’aime l’été, vraiment. Je pourrais même dire que j’aime la pluie, l’odeur de l’herbe humide aussi, les couleurs que prend le ciel quand l’orage s’en va. Et le soleil brûlant qui revient pour tout effacer. Mais là… Ce n’était pas vraiment le moment ! Je peste et nous bravons les éléments, mon protecteur de fortune et moi. Je fonce, tête baissée. Aux autres de m’éviter, pas le temps pour les slaloms. De toute façon, il n’y a personne. Qui aurait l’idée de se promener dehors par un temps pareil ! Tout le monde attend que l’orage passe, que la pluie s’arrête. Il n’y a que moi dans cette maudite rue ! Elle a toujours été aussi interminable ? L’eau coule sur mes jambes. Ma jupe noire commence à coller à mes cuisses. Heureusement que j’ai eu la bonne idée d’enfiler mes New Balance et de laisser mes talons dans mon sac ! Je peux avancer plus vite, presque me faufiler entre les gouttes. Ha ha, quel humour… Et mon maquillage n’est même pas waterproof ! Je dois me rendre à l’évidence. Je ne serai jamais présentable si je continue de m’entêter. Il faut que je respire, que je retrouve un peu de lucidité. Voir Ruth n’était pas une bonne idée, pas aujourd’hui, pas avant mon entretien, du moins. Mais comment lui dire non quand elle est plongée dans le désespoir de la solitude ? J’essaie d’avancer, de la soutenir, de la porter avec moi. Je suis tellement démunie parfois… Gérer sa peine, la mienne, et tout le reste… Il faut que je prenne un taxi. La course va me coûter un bras, c’est certain, mais tant pis. Je dois me mettre au sec ! Je change de trajectoire pour me rapprocher du trottoir. Ma chance n’est pas de la partie aujourd’hui, mais la rue est assez fréquentée pour que j’aie l’espoir qu’un taxi passe par là. Je me donne cinq minutes pour en attraper un. Après, je passe en mode Usain Bolt pour me rabattre sur l’option bus. À quoi ça sert de mettre des baskets si ce n’est pas pour courir avec ? Au bord de la route, je lève la tête, les yeux, le bras, prête à appeler la première voiture jaune. Mais ce n’est pas un taxi qui arrive sur moi, beaucoup trop vite. Je n’ai pas le temps de faire un pas en arrière, ni de mettre mon parapluie en protection, que je me fais éclabousser, de la taille jusqu’aux pieds. La douche. Et froide en plus. – Mais quel con ! Quel… Je hurle toutes les insultes qui me viennent. Je dois passer pour une hystérique ! Ou une pauvre fille qui ne regardait pas où elle fonçait. La voiture ne s’arrête pas, pas d’excuses, rien. Je reste plantée là, sur mon bout de trottoir, à tenter de réparer les dégâts. – Est-ce que ça va ? Montez ou vous allez finir complètement trempée ! Une voix lointaine, masculine, semble sortir de nulle part. Je relève la tête et croise le regard d’un homme, penché hors de sa voiture par la fenêtre côté passager. – Montez ! La voix se fait plus impérieuse et j’entends le clic de la portière qui se déverrouille. Mon cerveau a dû prendre l’eau car rien ne se passe dans ma boîte crânienne. Monter dans la voiture d’un inconnu… Il faudrait vraiment être désespérée pour… Et pourtant, c’est ce que je fais. Mon corps prend le contrôle et se glisse dans la voiture aux côtés de mon sauveur. Il doit en avoir marre de se faire mouiller ! Cette journée m’échappe complètement. Je suis à bord du Titanic en train de sombrer. Ce n’est pas un iceberg qui a fendu la coque, ce sont des trombes d’eau qui le coulent vers le fond ! – Je vous ai vue foncer sur la route, heureusement, vous vous êtes arrêtée à temps ! La voiture aurait pu vous renverser ! – Je ne sais pas ce qu’il y a de pire entre être renversée ou trempée jusqu’aux os, plaisanté-je. Je regarde mes jambes, dégoulinantes. Le tissu de mes New Balance a littéralement changé de couleur, passant du bleu ciel au bleu foncé. Je soupire. – Il faut vous sécher, sinon vous allez attraper la mort. Tournez le chauffage vers le sol ! Pour la première fois depuis mon entrée mouillée dans la voiture, je tourne la tête vers l’inconnu qui se prend un peu pour mon père. Je suis à deux doigts de lui dire que je n’ai pas le temps, que je peux me débrouiller, mais je tombe sur des yeux bleus impressionnants de pureté qui m’imposent le silence. Un bleu juste parfait, limpide. Une nuance que je n’ai jamais vue en vrai, si ce n’est dans les magazines de voyage où la couleur de la mer est retouchée pour vendre encore plus de rêves. Sauf que son bleu à lui est totalement naturel. – Le chauffage… Mon hôte me regarde avec plus d’insistance et me montre l’aération. Quitter son regard me fait reprendre pied dans la réalité. – Le chauffage… répété-je bêtement. J’oriente les grilles vers moi alors qu’il pousse la soufflerie à fond. – Il y a un café plus loin, je pense qu’il devrait y avoir de quoi vous sécher. L’air chaud propulsé à fond chasse mon stupide ébahissement pour me replonger dans la réalité des minutes qui s’égrènent. – Merci mais je n’ai vraiment pas le temps, je dois être à New York d’ici trente minutes ! Bon sang, mais jamais je ne serai à l’heure ! Je fouille dans mon sac pour trouver un mouchoir que je passe énergiquement sur moi. Taux d’absorption : zéro… – Un rendez-vous ? – Un entretien ! – Un entretien ? Avec vos baskets ? – Quoi ? Mes baskets ? Ah oui… Non, ça, c’est pour marcher plus vite ! – Si vous devez passer un entretien, raison de plus pour vous sécher ! En l’état, vous êtes plutôt… – Trempée ! – Allez, un café pour vous réchauffer, deux, trois serviettes pour vous sécher, un miroir pour vous recoiffer, ça ne prendra que quelques minutes. Me recoiffer ? J’abaisse le pare-soleil pour apercevoir mon reflet dans le miroir de courtoisie. Et merde. – Bon, OK pour le café ! Je crois que je n’ai vraiment pas le choix, vous avez raison… accepté-je en relevant le pare-soleil d’un geste nerveux. – Ceinture ! Je vais me garer juste en face pour ne pas empirer les dégâts. Dans la boîte à gants, j’ai un parapluie. Prenez-le. Le vôtre a l’air en fin de vie. Je m’exécute. Est-ce que je vais arriver à être à l’heure ?! Et même si j’y arrive, dans quel état serai-je ? L’inconnu aux yeux bleus se gare en quelques secondes. Ni une ni deux, j’ouvre la porte de sa voiture, son parapluie noir au-dessus de la tête. Pas une seconde je ne pense à reprendre le mien. Je passe devant lui sans même lui jeter un regard. Je n’ai plus qu’une idée en tête, trouver les toilettes, me sécher, et repartir au plus vite. L’atmosphère chaleureuse du lieu, presque moite, me fait du bien. Mais je n’ai pas une minute à perdre ! L’inconnu est plus réactif que moi. À la table où il s’installe, le serveur apporte déjà des serviettes pour m’essuyer. Prompte à la réaction ! Je le remercie de me sauver la mise encore une fois, m’installe en face de lui et, sans aucune gêne, commence à m’essuyer les jambes au milieu du café. L’urgence de la situation… Dans ma tête, le lapin d’Alice tape de la patte, au rythme des secondes que je perds… – Vous comptez vous rendre comment à New York ? Vous avez une voiture ? – Non, je voulais attraper un taxi… Ou prendre le bus. – Vous uploads/S4/ayi.pdf

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  • Publié le Oct 01, 2022
  • Catégorie Law / Droit
  • Langue French
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