UNIVERSITE PARIS I (PANTHEON-SORBONNE) Laboratoire d’Anthropologie Juridique de
UNIVERSITE PARIS I (PANTHEON-SORBONNE) Laboratoire d’Anthropologie Juridique de PARIS I (LAJP) DYNAMIQUE VODOU ET DROITS DE L’HOMME EN HAITI Mémoire de DEA d’Etudes Africaines (Option : Anthropologie juridique et politique) présenté par Jean Rosier DESCARDES sous la direction du Professeur Etienne LE ROY Année Universitaire : 1998-1999 II DEDICACE A la mémoire de ma mère, Madame Rachelle DESCARDES pour que, par delà la tombe, elle sache que j’ai gardé une fidélité exemplaire à son enseignement et que le rêve n’est pas brisé … A Joëlle, Grégory, Junior, Frérot, Sherley pour qu’ils ne doutent point de mon amour pour eux … A Bernadine pour sa présence constante, ses encouragements renouvelés et ses conseils savants … III REMERCIEMENTS Nous remercions tous ceux qui nous ont aidé à concevoir et à réaliser cette présente étude : • Monsieur le professeur Etienne LE ROY, pour la qualité de son enseignement et l’encadrement pédagogique qu’il ne nous a jamais marchandé ; • Monsieur le Recteur Michel ALLIOT, pour son zèle et son dévouement dans la formation des jeunes chercheurs. • Tous les professeurs de l’Université Paris I ( Panthéon- Sorbonne) qui ont voulu nous donner une « tête bien pleine » et « bien faite ». • Les confrères du Laboratoire d’Anthropologie juridique de Paris I et ceux du club des Africanistes. • Mes amis Constant et Benahi. Qu’ils trouvent ici l’expression de notre plus profonde gratitude IV « … Ce qui a donné au peuple haïtien la force de supporter, d’abord, puis de secouer tous les jougs, ce qui a été l’âme de sa résistance, c’est le patrimoine africain qu’il a réussi à transplanter ici et à faire fructifier malgré les chaînes ». André BRETON Conférence prononcée à l’Institut Français d’Haïti, Port-au-Prince, décembre 1945 « … Nous n’avons pas à rougir de l’Afrique parce que ce continent a connu une époque de haute civilisation. Au contraire, soyons fiers d’être nègres. Parce que nous existons en tant que peuple, nous devons avoir une culture propre à nous-mêmes. Développons-la, mettons-la en valeur ». Docteur Jean Price MARS Ainsi parla l’Oncle V SOMMAIRE Introduction ................................................................................. 1 Première partie – Culture et Droits de l’Homme en Haïti .............. 5 Chapitre I. – Du Vodou ............................................................... 6 A. – Vodou comme religion .................................... 6 B. – Vodou comme culture ..................................... 15 Chapitre II. – Des Droits de l’Homme en Haïti ............................. 23 A. – Les instruments ................................................ 23 B. – Des applications ............................................... 33 Seconde partie – Dynamique vodou au lieu des Droits de l’Homme .......................................................... 44 Chapitre I. – Vodou antidote du pouvoir tyrannique .................... 45 A. – Vodou, espace de pouvoir ............................... 45 B. – Le pouvoir arrête le pouvoir ............................ 49 VI Chapitre II. – Dynamique vodou et régulation sociale .................. 55 A. – Les commandements du vodou ......................... 55 B. – Les fonctions du vodou ..................................... 60 Conclusion .................................................................................. 65 VII Petit Glossaire du Vodou (haïtien) Ason (asson) : Hochet du hougan ou de la mambo fait d’une calebasse recouverte d’un filet dans les mailles duquel sont prises des graines de porcelaine ou des vertèbres de couleuvre. Attribut royal, symbole de puissance. Asoto (assotor) : Tambour sacré de grande taille frappé par plusieurs tambourinaires. Il est utilisé au cours des grandes cérémonies. Baka : Génie malfaisant Chante pwen : Chansons engagées à travers lesquelles on envoie des messages ou des mises en garde. Chwal (cheval) : Personne possédée par un loa. Doctè fèy (docteur-feuille) : Guérisseur Etranje (étranger) : Toute personne n’appartenant pas à la famille mystique. Govi : Vase de terre dans lequel s’abritent les loas. Granmèt (Grand maître) : Nom donné à Dieu par les vodouisants. VIII Hounfò (humforts) : Temple vodou. Hougan : Prêtre du vodou. Hougenikon : Chef chœur dans une société vodou qui « envoie » les chants et les arrête. Hounsi : Homme ou femme qui a passé les rites d’initiation et qui assiste le hougan ou la mambo. Invisible : Autre appellation de loa. Kanzo : Cérémonie d’initiation qui habilite le néophyte à servir avec le hougan ou la mambo. Lakou : Regroupement de plusieurs ménages ou familles sur une grande habitation. Résidence du hougan ou de la mambo. Laplace : Maître de cérémonie. Il conduit les processions, rend honneurs aux loas et assiste l’officiant. Loa (lwa) : Génie, divinité du vodou. Loa-racine (lwarasin) : Esprit ancestral hérité d’une famille ou des ancêtres. IX Manger guinin (manje ginen) : Offrande offerte aux loas Rada. Manger loa (manje lwa) : Sacrifice d’animaux et offrandes de nourriture en l’honneur des loas. Manger marassa (manje marasa) : Offrandes aux jumeaux divins. Manger yam : Cérémonie qui consiste à donner à manger à l’âme de la terre. Elle se compose d’ignames accompagnées d’autres produits vivriers et de poissons séchés. Mapou : Arbre mystique géant. Résidence des loas. Mystère (mistè) : Loa. Nan Campèche : Haut lieu mystique dans le Nord. Nan Souvenans : Haut lieu mystique dans l’Artibonite. Nom vaillant (non vanyan) : Non rituel donné à un hougan ou une mambo à l’issue de son initiation complète. C’est aussi le nom sacré des plantes. Papa bon Dieu (Papa bondié) : Grand maître, autre appellation de Dieu. Péristyle (peristil) : Annexe de humfort où se déroulent les cérémonies. X Pitite-feuille (piti fèy) : Membre d’une congrégation vodou adopté par le hougan ou la mambo. Poin (pwen) : Force magique. Puissance surnaturelle. Pierre-l’orage : Pierres sacrées dotées d’une âme et possédant de grandes vertus magiques. Saint (sen) : Loa. Service (sèvis) : Cérémonie en l’honneur des loas. Tcha-tcha (tya-tya) : Instrument de musique fabriqué avec la coque évidée et séchée du fruit d’un arbre sacré, le calebassier. Vodouisme : Amour exagéré du vodou. Vèvè : Dessin sacré ou profane. Profane : décoration ; sacré : armoirie rituelle et blason d’un loa. Ouanga (wanga) : Fétiche, sortilège, charme. Zin (zen) : Pots en terre cuite dans lesquels on fait cuire les offrandes. Zombi : Individu dont un sorcier a enlevé l’âme et qu’il a réduit en servitude. 1 TABLE DES MATIERES Introduction ................................................................................... 1 Première partie : Culture et Droits de l’Homme en Haïti ................... 5 Chapitre I. – Du Vodou .................................................................. 6 A. – Vodou comme religion ............................................................ 6 1. – Formation du Vodou ........................................................ 6 2. – De la religion .................................................................. 11 B. – Vodou comme culture ............................................................. 15 1. – De la culture ................................................................... 15 2. – Vodou, synthèse culturelle ............................................... 17 Chapitre II. – Des Droits de l’Homme en Haïti ................................. 23 A. – Les instruments ....................................................................... 23 1. – Les Constitutions ............................................................. 23 2. – Les instruments internationaux .......................................... 29 B. – Des applications : de la théorie à la pratique ............................. 33 1. – Nature du système politique haïtien .................................. 33 2. – Fragilité du modèle occidental en Haïti ............................. 38 Seconde partie : Dynamique Vodou au lieu des Droits de l’Homme ............................................................ 44 Chapitre I. – Vodou antidote du pouvoir tyrannique .......................... 45 A. – Vodou, espace de pouvoir ....................................................... 45 1. – Vodou : bouclier protecteur .............................................. 45 2. – Le Hougan ...................................................................... 47 3. – Les adeptes ..................................................................... 48 2 4. – Le problème de la sorcellerie ........................................... 48 B. – Le pouvoir arrête le pouvoir .................................................... 49 1. – La force de résistance ...................................................... 50 2. – Le vodou et l’Indépendance haïtienne ................................ 51 3. – Les responsables politiques et le vodou ............................ 52 Chapitre II. – Dynamique vodou et régulation sociale ....................... 55 A. – Les commandements du vodou ................................................ 55 1. – La recherche de l’équilibre ............................................... 55 2. – L’humanisme ................................................................... 56 3. – Le communautarisme ....................................................... 57 4. – Respect des aînés ............................................................ 58 B. – Les fonctions du vodou ........................................................... 60 1. – Fonction éducative et ludique ........................................... 60 2. – Fonction sociale et économique ........................................ 61 3. – Fonction thérapeutique ..................................................... 62 4. – Fonction judiciaire ........................................................... 63 Conclusion .................................................................................... 65 Bibliographie ................................................................................. 67 Table des matières ......................................................................... 73 3 INTRODUCTION Avant l’arrivée de Christophe Colomb et de ses compagnons espagnols, le 5 décembre 1492, l’île d’Haïti hébergeait une civilisation amérindienne représentée par cinq caciquats ou royaumes : le Marien, la Maguana, le Xaraguah, le Higuey et la Magua. Assez tôt, les Espagnols réduisirent les Aborigènes d’Haïti en esclavage. Contraints aux travaux forcés, les Indiens moururent en très grand nombre. Leur décimation rapide entraîna l’importation de Noirs venus d’Afrique : Ouloffs, Peulhs, Bambaras et Mandingues issus du Sénégal ; Bouriquis et Misérables provenant de la Côte-des-Graines et de la Côte d’Ivoire. Il y eut aussi les Aradas ou Dahoméens originaires de la Côte-de- l’Or et les Congolais. Après trois siècles de vicissitudes dans la géhenne de l’esclavage, le va- nu-pieds de Saint-Domingue arrachèrent à la France, successeur de l’Espagne dans la partie occidentale de l’île, leur indépendance. Le 1er janvier 1804, Jean- Jacques Dessalines, à l’issue d’une épopée sanglante, fonda le premier Etat nègre du monde. Malheureusement, après l’Indépendance le pays conserva la même structure coloniale. Ses dirigeants, successeurs des colons, vont suivre à la lettre les modèles occidentaux : leurs modes de pensée, leurs coutumes vestimentaires, alimentaires, uploads/S4/ descardes-haiti-vaudou-droit-de-l-x27-homme.pdf
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- Publié le Sep 24, 2021
- Catégorie Law / Droit
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