STAGE AU BURKINA FASO Technologie de la construction Julien Rippinger Faculté d

STAGE AU BURKINA FASO Technologie de la construction Julien Rippinger Faculté d’Architecture de l’ULB // Bruxelles, le 8 juin 2012 INTRODUCTION L’artisanat est un art appliqué attaché à une culture spécifique, donc à un territoire. Effectuer mon stage sur une terre inconnue avait pour am- bition de rencontrer celle-ci à travers un savoir-faire local et vivant. Le travail et la création sont une ressource pour établir une relation au quo- tidien, en lien avec le lieu où tant de gens travaillent, habitent et vivent. Un ami et récent habitant du “pays des hommes intègres” m’a aidé à réaliser un voyage au Burkina Faso. Deux semaines à Koudougou, puis deux semaines à Ouagadougou durant le mois de juillet 2011 m’ont fait découvrir plus que je m’imaginais. Dont l’art du Batik et du bronze. KOUDOUGOU Récréation au Centre pour enfants vul- nérables que mon ami à initié et où j’ ai pris mes repas de midi et du soir. La maison que mon ami m’a prêtée durant mon séjour à Koudougou. L’ancien palais abandonné de Tho- mas Sankara, leader révolutionnaire qui continue a marquer les esprits burkinabé jusqu’à nos jours. Ruines du palais fondateur de la ville. La Librairie “La Référence”, endroit de récréation de Francis et moi. Hôtel en chantier dont le maître d’ouvrage est décédé. Les travaux se sont arrêtés le jour du décès. L’ATELIER DE BATIK Après l’apprentissage du métier par son oncle, Frank BOUDA s’est établi avec un propre atelier de Batik à Koudougou en 2006. Francis, son frère jumeau, l’a rejoint peu après. Il suivait initialement des cours d’ingénieur, mais la mort de leur père lui enlevait le revenu nécessaire pour ces études. La population locale est très pauvre. Hors saison touristique, l’atelier ne vend qu’un seul Batik par mois. Cette année les touristes ont évité l’Afrique de l’Ouest et le Burkina Faso à cause des émeutes en février et mars. Ce qui, cependant, n’enlève qu’une part de la recette des deux artisans. Ils ont depuis un certain temps modifié leur calendrier d’activités : une production importante et très intense, 150 à 200 pièces (en saison de canicule) qui sont destinées au voyage de Frank. Durant le mois de juillet, il vend les Batiks sur des festivals à travers toute l’Europe. Comme par exemple l’« Esperanzah » de Floreffe. Sans ce gain, leur atelier ne pour- rait pas persister. Le reste de l’année le travail à l’atelier constitue plutôt une permanence pour le cas où un potentiel client passerait jeter un coup d’œil. Ils suivent alors le rythme très relaxant de l’Afrique. Francis et moi avions donc tout notre temps pour nous échanger et apprendre durant ces deux semaines, notamment durant les nombreuses pauses dues au séchage d’un Batik. Il n’a pourtant pas attendu à m’immerger dans le métier. Les dessins étaient déjà tracés pour pouvoir com- mencer directement le travail le plus important et difficile. Je créais dès le premier jour un Batik en écoutant les instructions et conseils du maître de stage. Neuf Batiks ont suivi dans les neuf jours suivants. Le but de Francis était clair : le dixième jour du stage je créerais un Batik du début à la fin et en parfaite autonomie. Le travail commençait à huit heures, ce qui n’était pas très tôt, car on y vivait avec le soleil qui se levait deux heures et demie plus tôt. Souvent, sur mon chemin, je croisais Francis assis à la librairie « La référence » à côté du carrefour qui rejoignait « le goudron » (ainsi sont nommées les seules routes macadamisées) et on parcourait les derniers mètres ensemble, lui à moto, et moi à vélo. LA CREATION D’UN BATIK Le Batik est une technique ancienne de teinture et dessin de tissu. Importé de longue date de l’Asie par les Hollandais, il s’est imprégné de la culture Burkinabé et perfectionné dans celle-ci. De manière générale elle consiste à travailler la coloration du tissu en négatif, c’est à dire à empêcher, grâce à l’application de cire, la coloration de certaines parties du tissu. Un mode opératoire très simple, mais qui demande alors un perfectionnement et une appropriation d’autant plus subtiles par l’artisan. Toutes les matières premières sont locales. À Koudougou, tout le monde est artisan et/ou commerçant. L’atelier a des fournisseurs établis, une corporation s’est mise en place. On faisait le tour à moto pour s’approvisionner en tissu, en cire, en pigments et en fixatifs. Le tissu doit être blanc et avoir une épaisseur d’un mil- limètre au moins. Ainsi la couleur dont s’imprègne le tissu a assez de matière pour rester accrochée toute une vie. Le dessin qu’on veut appliquer sur le Batik se fait soit au crayon soit au stylo à bille. En tout cas, il est important qu’il puisse être effacé par un lavage dans de l’eau bouil- lante. Les motifs préférés par l’atelier sont des scènes de travail, particulièrement celui des femmes dont le rôle et l’engagement ont une valeur importante dans la culture africaine. Les dessins définitifs d’un Batik sont au trait blanc. Il s’agit donc d’appliquer la cire sur les traits de crayon pour protéger le tissu encore blanc de se colorier à ces endroits. La cire utilisée durant cette manipulation doit être toute nouvelle (blanche) (sinon elle est perméable) et très chaude (pour rentrer profondément dans le tis- su). Elle est appliquée avec un outil spécial fabriqué par le ferronnier du coin. Une cire trop froide fait seule- ment se poser sur le tissu et ne garantit pas sa protec- tion. Dans le cas où on veut un fond blanc, on applique deux couches de cire récupérée. Cette couche de cire sera un peu traversée par la couleur ce qui donne un blanc cassé qui provoque un contraste avec le blanc entier des traits. Un pinceau rond en bon état est le meilleur outil, car un peu spongieux il permet d’étaler la cire facile- ment sur une grande surface. L’intuition pour la bonne température, plus faible que celle de la cire blanche, et l’épaisseur de la couche est acquise avec l’expérience. Ce qui déterminera les fissures, ni trop faibles ni trop importantes et caractéristiques du Batik. La couleur la plus claire est appliquée en premier. Une poignée de pigments et de fixatif est mélangée avec la quantité d’eau nécessaire pour pouvoir tromper le tissu en entier. Le fixatif en contact avec l’eau provoque une fumée qu’il faut éviter d’inspirer, car elle donne mal au ventre. D’abord on pose le tissu doucement sur la sur- face du mélange. Puis, quand il a aspiré la couleur, on le noie entièrement à l’aide d’une baguette. Après dix minutes d’immersion et un séchage au soleil de la même durée, la prochaine couche de cire peut être appliquée. Le principe reste le même que pour la couche du fond. C’est la manière dont la cire est appliquée qui varie. Pour étaler la cire dans les personnages et éléments du contexte, un pinceau usé, dur au bout, est utilisé. Le but est de créer un dégradé. En inclinant le pinceau pour dessiner avec un côté mou, on pose la cire sur un bord du dessin. Puis, avec le même pinceau mais rincé, la cire posée qui a déjà un peu froidi est frottée dans le sens du dégradé. Les poils durcis permettent ce balayage. Avant de tremper le Batik dans la deuxième couleur, le fond reçoit une troisième couche de cire. La méthode de coloration reste invariable. Le dégradé est poursuivi de la même manière que le précédent, toujours en commençant au bord du dessin. Le noir est la dernière couleur ; il termine le coloriage du Batik. Le tissu étant à nouveau sec, la cire va devoir en être retirée. Le tissu est trempé dans de l’eau bouillante pour la faire fondre, puis lavé dans l’eau ambiante. La cire qui s’est mélangée à l’eau bouillante va être récupérée en laissant évaporer celle-ci dans le soleil. Le repassage final fixe les couleurs définitivement dans le tissu. Un bon Batik comme celui-ci pourra même être lavé dans une machine à laver. REALISATIONS OUAGADOUGOU Le grand marché couvert au centre de Ouagadougou. Centre National d’Artisanat d’Art. Une statue dans le parc à Luongo. Fête traditionnelle qui a lieu tous les dimanches dans un village voisin. L’occasion de goûter de la viande de chien qui, à part d’être goûteuse, im- munise contre les sortilèges. Le père de Charlie, le musicien chez lequel je vivais durant mon séjour à Ouagadougou. Issu d’une famille de couturiers depuis des générations, il maintient son poste dans son ateleir. Façade en chantier d’un immeuble de résidence. LE BRONZE Yacouba TOURE est né dans une famille de bronziers. Il a suivi le chemin de ses ancêtres et travaille au Centre national d’artisanat d’art, une institution créée par l’état burkinabé avec la mission de donner un lieu de travail aux artisans qui veulent perfectionner leur art durant 5 ans. Il impose une cotisation et un pour- centage sur les œuvres vendues contre un titre reconnu, une méthode qui est aussi utilisée uploads/s3/ rapport-de-stage - 2022-12-26T144430.864.pdf

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