GUENAIS BAPTISTE Comment détermine-t-on, selon Hume, la règle du goût ? GUEB090
GUENAIS BAPTISTE Comment détermine-t-on, selon Hume, la règle du goût ? GUEB09058809 Hume, dans sa dissertation, prend pour point de départ l'opinion populaire selon laquelle les goûts et les couleurs ne se discutent pas, même pour un « esprit clairvoyant », pour qui ces différences ne paraitraient que plus grandes. Pourtant on se sert généralement des mêmes expressions pour désigner des sentiments différents. C'est à dire que si nous pouvons facilement trouver un consensus sur les éléments qui nous rendent agréable, l'expérience esthétique que nous faisons d'un objet, lorsqu'on en vient au cas particulier, au « détail » de cette expérience, l'uniformité des opinions disparaît. La similarité des préceptes chez tous les hommes ne serait qu'une illusion de langage. Un simple mot auquel nous attacherions chacun un sentiment, un affect différent. Il n'y aurait donc que peu d'intérêt à ériger des préceptes généraux dans le domaine des mœurs, et de la morale, puisque suivant la traduction qui en est faite dans une langue différente, la valeur qu'elle exprime sera interprétée différemment (bien que certaines expressions contiennent déjà le blâme ou le louange en elles-mêmes). Mais il existe selon Hume un sens commun qui limite le premier, le fait que lorsque nous disons que tous les jugements se valent, on parle d'un ensemble restreint d'objets à la valeur esthétiques à peu près égales. Il serait difficilement admis que l'on compare la tragédie au vaudeville, ou du Tim Burton à du Ed Wood. Il s'agit donc de chercher une règle du goût qui pourrait nous permettre de décider entre les divers sentiments des hommes ceux à conserver et ceux à réfuter. Hume commence par faire la distinction entre le jugement, propriété de l'entendement, et la sensation, propriété de l'imagination. Si les jugements découlent d'états de faits, ils peuvent aussi s'élaborer plus librement et s'éloigner de la règle – de leur archétype – au moins momentanément. Ils ne sont pas nécessairement vrais. La sensation contient en elle-même sa part de réalité, elle est ce qu'elle doit être, elle est toujours vérité. Mais elle ne représente pas un objet réel, plutôt qu'un rapport entre l'objet et les organes sensibles du sujet. Le beau, plus particulièrement, n'est pas inhérent aux choses, mais il est dans l'âme qui fait l'expérience de l'objet. Le beau est une relation entre l'objet et la personne, une manière dont elle l'affecte. Comme les règles de la beauté sont fondées sur la règle, ou le modèle et sur l'observation attentive, si un objet nous plaît, il est en général possible d'expliquer pourquoi, ou au moins de désigner les qualités qui nous affectent. Si les objets manquent leur effet, il s'agit plutôt de l'imperfection (ou l'imprécision) de l'organe qui les perçoit. Les concepts et les principes, les règles générales qui peuvent guider l'esprit dans son jugement de goût, aucune de ces règles donc, ne peut se déterminer à-priori, dans les sphères métaphysiques des idées immuables. Ces règles trouvent leurs fondements dans l'expérience, une synthèse de ce qui a pu plaire ou déplaire aux différents juges à travers les siècles. Ces règles ne sont pas des critères stricts, elles peuvent se découvrir et s'enseigner. Fondées sur l'expérience et les observations, sur les sentiments (au sens de sensations intellectualisées), elles sont donc communes à tous les hommes. Selon Hume, « affectés à la nature humaine », autrement dit l'idée d'une disposition naturelle de l'homme pour inter-agir avec son environnement. Hume part d'un postulat naturaliste en supposant une mécanisation, une certaine organisation dans la nature, au moins supposée et supposable par l'esprit, qui d'une suite de sensations récurrentes peut déduire certaines règles générales sur le monde autour de lui (les principes de cause à effet, ou de contiguïté par exemple). S'il y a des principes de reconnaissance, d'approbation et de blâme, opérations de l'esprit, il y à donc certaines formes ou qualités dans la nature et les objets, déterminées à nous plaire ou nous déplaire. Mais il ne s'agit pas de dire que tous les hommes doivent se référer à la même règle (puisque le jugement peut justement en dévier) et la suivre. Les émotions de l'esprit sont fragiles, et il faut pour expérimenter une œuvre d'art, optimiser les conditions d'expérimentation de la relation entre la forme de l'objet et le sentiment, de manière à ce que le jugement se fasse de manière claire et distincte. Car pour juger du beau, il existe plusieurs critères nécessaires. Le premier est de posséder une certaine « délicatesse » de goût. Hume note la ressemblance entre le goût corporel et spirituel. Car si les sensations(internes ou externes) possèdent une part de réalité propre, il faut des objet possédant les qualités propres à susciter ces sentiments. Or ces qualités peuvent s'y trouver seulement en petites quantités, parfois mêlées et ne touchant le sentiment que de manière très confuse. Lorsque les organes de l'observateur sont assez fins, il est possible de démêler ces qualités et de les expliquer (c'est l'exemple des parents de Sancho Pancha dans « Don Quichotte » qu'utilise Hume), tout en saisissant les légères nuances et en ne laissant rien échapper. La finesse d'un organe nous permettra donc de recomposer les éléments et de les définir, de faire preuve de goût. Mais les différences entre les goûts délicats persistent, et survivent dans bien des domaines. Il ne suffit pas de posséder un goût délicat pour pouvoir juger du beau, il faut avoir contemplé le même objet plusieurs fois et beaucoup d'objets du même type, maintes et maintes fois. Car la première fois qu'un objet se présente à l'imagination, le sentiment qui s'en dégage est qu'obscur et confus. On peut saisir un sentiment général, mais il est bien difficile de définir proprement son expérience esthétique, d'avoir un point de vue réfléchit sur le sujet, et donc un jugement certain. Si on s'est suffisamment exercé avec des objets du même genre, des peintures par exemple, provenant de différentes époques et de différentes cultures, il deviendra facile lorsqu'on « expérimente » une nouvelle toile de lui attribuer une valeur relative, en comparaison des autres œuvres et l'usage de mon imagination à me les représenter le plus adéquatement possible. Plus on connait de peintures, plus on est à même de juger d'une nouvelle toile et d'en reconnaître les qualités. Ce qui donnerait un avantage non négligeable aux hommes du futur sur les hommes du présent, puisqu'il est presque impossible d'avoir un jugement juste sur les œuvres qui nous sont contemporaines, et que c'est dans le regard de l'historien de l'art que celui-ci fait sens. Pour produire un effet, une œuvre d'art exige une situation, un point de vue. L'exemple de Hume est celui d'un orateur qui aurait à tenir compte des dispositions du public à son égard, et à s'adapter au contexte. Une personne qui jugerait ce discours sans tenter de se replacer dans les conditions de production de l'œuvre (même si Hume n'écrit pas le terme il s'agit d'une mise en situation, ou en contexte) ne pourrait pas répondre aux critères de la règle du goût. Afin d'habiliter nos jugements de goût, nous devons donc également nous débarrasser notre esprit de ses préjugés, de ne pas fausser les opérations de ses facultés intellectuelles. Car si la raison n'est pas essentielle au jugement de goût, elle est néanmoins requise pour en diriger les opérations. Lorsqu'on juge, on effectue une proposition pour laquelle on attend une confirmation, par la raison, qui départage entre les préjugés que nous pouvons avoir sur une œuvre particulière et le sentiment qu'elle crée en nous. Une œuvre d'art possèdent une finalité, vers laquelle elle doit tendre (la poésie doit faire naître les passions par exemple), et le juge doit pouvoir déterminer si l'artiste a bien utilisé les moyens convenables en vue de ces fins, pour attacher une cohérence dans l'ouvrage. Puisque c'est l'ouvrage d'un homme, il contient « une chaîne de proportions et de raisonnement plausibles », qui doit s'y fondre. Si on manque de « l'étendue d'esprit » (au sens ouverture d'esprit ?) nécessaire, il est dès lors contestable de pouvoir procéder à la comparaison d'autres œuvres « similaires », ou à la mise en relation des parties, de leur amalgame dynamique, de leur fusion dans un tout uniforme. On croit souvent qu'il existe un critère fixe de connaissance dans les sciences, alors que la relativité règne dans les jugements artistiques. En fait c'est tout le contraire, puisque les méthodes scientifiques ont fort changé depuis l'antiquité, alors que certaines œuvres immuables au panthéons(celles du poète Homer par exemple datent de la même période) procèdent de la même admiration, de tous temps, chez tous les hommes, ou presque. Si les principes qui régissent le goût sont universels et communs à tous, seuls quelques uns ont un sentiment qui puisse servir de base pour déterminer la règle du goût, dont les sens délicats puissent faire l'association du général au particulier, expérimentant un sentiment en conformité avec la règle générale. La règle du goût selon Hume, constitue en un consensus de faits des juges possédant les qualités de finesse uploads/s3/ quot-comment-determine-t-on-la-regle-du-gout-selon-hume-quot-philosophie-de-l-x27-art.pdf
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- Publié le Sep 27, 2021
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