LA PEINTURE ANGLAISE Des débuts 1260 à fin XVIII ème INTRODUCTION Dans de nombr

LA PEINTURE ANGLAISE Des débuts 1260 à fin XVIII ème INTRODUCTION Dans de nombreux pays, les écoles artistiques avancent d'un bloc. au contraire c'est la liberté du talent individuel qui constitue la spécificité de la peinture anglaise. On la voit réaliser pleinement, avec Hogarth, son souci de refléter l'ensemble de la vie sociale. Avec Gainsborough, elle exprime le coeur de sa sensibilité poétique. Constable et Turner couvrent le champ de son amour du paysage à l'infini romantique. Rien ne la rattache au classicisme : sa perfection est d'un autre ordre qu'ailleurs en Europe. Elle ne possède ni la grandeur Renaissance ou Baroque, ni la rigueur de pensée esthétique de la peinture française. Elle se lit plutôt dans la complexité due aux mutations socio-économiques qui marquent clairement le passage d'une période à une autre. La peinture anglaise est d'abord le fait de peintres venus du continent, bien qu'indissociables de l'art anglais. C'est néanmoins une évolution nationale qui engendre les grandes expositions du 18ème et début 19è s. 1. L'HERITAGE MEDIEVAL On considère que l'école anglaise débute avec le règne des Tudors. En rejetant l'autorité du pape en 1534, et en ordonnant la dissolution des monastères en 1536, Henri VIII met un terme à la tradition de l'art sacré tel qu'on le pratiquait dans les monastères au Moyen age. La cassure est nette. Tout change : le sujet, le style, les techniques. Le style anglais où la virtuosité graphique (trait fin, style linéaire, délicatesse des lignes, élongation des silhoutettes) prime sur la plastique et l'épaisseur des formes (voir les psautiers du XIII è et XIVè s.), ce sens de la ligne, lié à un grand raffinement de couleurs, fait toute la beauté de la tapisserie anglaise du Moyen-Age. Cela nous donne une idée du travail des peintres qui dressaient les maquettes des ateliers de tapisserie (XIIIe et XIVè s.) ex. la tapisserie de Bayeux (1080) est étroitement liée aux modèles anglo-saxons par la vigueur de son graphisme et probablement réalisée en Angleterre, montre un enthousiasme narratif et un souci du détail que l'on retrouvera chez Hogarth. Le XVème siècle s'ouvre sur le déclin du Moyen-Age. La peinture marque une pause dans le pays au moment même où elle allait revêtir en Italie les splendides atours de la Renaissance. 2. DES TUDORS A JACQUES 1ER La dissolution des ordres monastiques supposait la liquidation de la peinture religieuse en tant qu'activité annexe du catholicisme. L'idée même d'un nouvel essor artistique comme celui que déclanche la contre-Réforme à travers l'Europe du XVI ème siècle était évidemment exclu. Elle aurait relevé de la haute trahison. La disparition des centres culturels locaux entraîne le repli des artistes sur Londres où se tient la Cour. 1 / 11 Quant aux mécènes, ils ne s'intéressent qu'aux portraits et prennent l'habitude d'inviter des peintres étrangers, ce qui coupe court aux traditionnels échanges internationnaux d'artistes et d'artisans. L'art du portrait au Moyen-Age prenait surtout la forme d'iconographie royale (voir le portrait de Richard II de l'abbaye de Westminster, qui bien que repeint plusieurs fois, fait encore impression). Mais l'Humanisme du XVIème siècle engendre un véritable culte de la personnalité que l'icône médiévale ne satisfait pas. Les peintres étrangers formés à une école plus réaliste, ont la préférence des mécènes parce que leurs portraits sont plus ressemblants. A l'époque, les mécènes anglais ignorent la passion du "beau", celle qui incite les princes de la Renaissance italienne à se faire représenter dans de grandes oeuvres d'inspiration mythologique. Ex.: un portrait fidèle qui met en valeur ses bijoux et les détails de sa tenue d'apparat suffisait à combler Henri VIII, tandis que François 1er rehaussait son prestige en s'entourant d'une pléiade de créateurs comme Hans Holbein le Jeune, allemand. Holbein débarque à 29 ans en Angleterre avec une recommandation d'Erasme à l'intention de l'humanisme Thomas More. Il participe à l'histoire de la peinture anglaise, tout comme Van Dyck au siècle suivant. Holbein le Jeune est parfaitement informé de l'évolution des arts en France et en Italie et possède une vaste culture artistique. Il a déjà fait des portraits dans des compositions religieuses, peintures murales, compositions destinées à la gravure, joallerie et l'argenterie. Il s'installe chez Thomas More d'abord et reste 13 ans en Angleterre. Il meurt de la peste en 1532. Sa place dans l'art anglais pose la question de l'influence de l'Angleterre sur son oeuvre ou/et réciproquement. Cela tient-il aux goûts rudimentaires de ses mécènes ? En tous les cas, son sens de la personnalité donne à son oeuvre un cachet typiquement anglais. Ex : le portrait qu'il a fait de Henri VIII très connu, les admirables croquis qu'il a fait des membres de la Cour des Windsors et ses portraits des négociants allemands de Londres : le caractère de chancun y est parfaitement différencié ! Vers la fin de sa vie, il n'exécute que des miniatures. Son influence sera décisive, notamment pour le miniaturiste élizabéthain Nicolas Hilliard. La plupart des peintres étrangers venaient des Pays-Bas : GUILLIN, SCROTS ou Stretos nommé peintre de la cour de Henri VIII et Edouard IV, l'allemand Gerlach FLICKE (11 ans en Angleterre), Hans EWORTH, flamand (25 ans en Angleterre), etc... 3. LES PEINTRES D'ORIGINE ANGLAISE Ils soutiennent la comparaison avec les peintres étrangers. Par ex.: Serge GOWER, connu de 1575 à 1596, nommé en 1581 peintre de la reine Elisabeth. La Tate Gallery abrite de nombreux portraits anomynes du XVIème siècle que la simplicité et la légèreté de touche différencie des oeuvres d'origine étrangère et des surprenants tableaux que la reine-vierge Elisabeth 1ère aimait beaucoup (solennité quasi byzantine). De cette période élizabèthaine, par contraste, la miniature reste pour les anglais l'innovation la plus émouvante. La miniature diffère radicalement par sa technique et ses origines, de la peinture à l'huile chère aux peintres étrangers : issue de l'enluminure des manuscrits (ces miniatures s'appelaient des "limmers" qui vient du français "enlumineurs"). Les premiers à remplacer la peinture religieuse par des mini portraits sont les hollandais comme Horenbout (Cour d'Henri VIII) qui initia Holbein à la miniature. C'est une peinture traitée comme un joyau, de couleurs limpides et brillantes, au décor simple très intimiste. Ce fut l'apport de Holbein qui bouscula les règles d'un genre emprunt de magnificence. 2 / 11 4. SOUS LES STUARTS L'Angleterre continue d'importer ses peintres. Sous Jacques 1er, l'Italie jusqu'ici ignorée en Angleterre, arrive au 1er plan. Henri-Frédéric, prince de Galles, fils aîné de Jacques 1er et le jeune prince Charles (futur Charles 1er) constituent la première grande collection de peintures d'Angleterre. Presqu'aussitôt, l'art du portrait connait une amélioration avec l'élimination du formalisme élizabethain. Les hollandais arrivent et marquent un pas vers le réalisme. Charles 1er successeur de Jacques 1er, ne se sépare pas des peintres qui ont servi son père. Mais très vite, l'étendue de ses connaissances par la fréquentation des chefs-d'oeuvres pour lesquels ses agents sillonnaient l'Europe modifient sa politique à l'égard des peintres vivants. Attirer des artistes de talent, oui, mais les meilleurs ! il veut des hommes de génie. Il réussit à attirer VAN DYCK en Angleterre en 1632 qui marque un tournant dans l'histoire de la peinture anglaise ! Van Dyck a alors 33 ans et est en pleine possession de ses moyens. Il a passé 7 ans en Italie à étudier les grands vénitiens et plus particulièrement Le Titien : il a assimilé les subtilités de la composition baroque, des attitudes et des gestes de ses modèles, l'aisance, la grâce, une dignité hautaine, la splendeur du décor et les raffinements de composition lui ont servi à transformer le portrait de groupe. La noblesse de l'arrière-plan (paysage en échappée sur une architecture imposante), la décontraction aristocratique, le mouvement expressif des mains, la complémentarité entre les personnages, voilà ce qui caractérise le portrait anglais pendant plus d'un siècle en Angleterre. Il mène une vie fastueuse, couvert d'honneur et est fait Chevalier par le roi. Il meurt en 1641. Au XVIIIème , Gainsborough sera son héritier en matière de portrait et Constable en matière de paysage. Ses portraits étaient altèrés par le côté artificiel de la société qu'il peint et du gouvernement dont l'autorité est déjà très contestée. A l'approche de la guerre civile, ce vernis craque et apparait une nouvelle austérité des portraits des aristocrates dévoués à la cause du roi ou de leurs adversaires démocrates. L'austérité du moment imprègne les portraits de la période du CommonWealth (17ème s.). La république puritaine rejète définitivement l'élégance pour un réalisme sans fard, une absence d'artifice qui resteront inégalées jusqu'au siècle suivant. Ex. les portraits du révolutionnaire Cromwell, et de Charles II. Globalement, sous les règnes de Charles II, et avant, Guillaume et Marie (fille de Charles 1er) d'Orange, l'essor des sciences et de l'architecture vaut plus que celui de la peinture. Quelques peintres de l'époque : COOPER, LELY, John GREENHILL, John Michael WRIGHT (il a peint Charles II couronné : petit chef d'oeuvre), John RILEY, etc... La monotonie de la peinture anglaise au XVIIIème est frappante quand on compare à ce qui se passe à l'étranger : - Hollande/Flandre : genres nouveaux uploads/s3/ histoire-de-la-peinture-anglaise.pdf

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