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4ème colloque « Métamorphose des Organisations » : Logiques de création Nancy-

4ème colloque « Métamorphose des Organisations » : Logiques de création Nancy- 21-22 Octobre 2004 La création et le développement d’opportunités : vers une relecture du rôle de l’accompagnement en entrepreneuriat Franck BARES (1) Amine CHELLY (2) Thierry LEVY-TADJINE (2) (3) (4) (1) GREFIGE - Université de Nancy 2 (2) ERMMES - Université du Sud-Toulon-Var (3) PREACTIS - Université de St-Etienne (4) A.L.E.XI.S. - Boutiques de Gestion de Lorraine franck.bares@univ-nancy2.fr amine.chelly@univ-tln.fr thierry.levy@univ-st-etienne.fr 4ème colloque « Métamorphose des Organisations » : Logiques de création Nancy- 21-22 Octobre 2004 La création et le développement d’opportunités : vers une relecture du rôle de l’accompagnement en entrepreneuriat RESUME La pertinence d’un croisement entre la recherche en entrepreneuriat et l’intelligence économique est réelle. En effet, l’entrepreneuriat impose nécessairement l’existence d’opportunités tandis que la détection d’opportunités est une des composantes de l’intelligence économique. Cependant, le processus d’identification d’opportunités n’est pas toujours aisément repérable dans la mesure où chaque porteur adopte une attitude différente face à cette recherche d’opportunités entrepreneuriales. Certains sont proactifs puisque la décision de créer précède l’identification d’opportunités. D’autres, au contraire, s’appuient davantage sur les acteurs de l’accompagnement à la création pour réaliser la mission. Cette seconde attitude pose davantage de questionnements et appelle une relecture du triptyque « Porteur-Portant-Porté ». De manière plus précise, il s’agit de mettre en exergue dans ce travail les « best-practices » en matière d’accompagnement à l’identification d’opportunités entrepreneuriales en insistant sur une nécessaire co-adhésion du porteur et du portant dans le cadre d’une démarche commune. MOTS-CLES Entrepreneuriat ; Opportunité ; Intelligence Economique ; Accompagnement ; Appropriation ; Spin-offs universitaires ; Entrepreneurs issus de l’immigration. 2 La création et le développement d’opportunités : vers une relecture du rôle de l’accompagnement en entrepreneuriat D’aucun s’accordent à dire que les opportunités sont un élément central pour les activités entrepreneuriales. Sans « opportunité », on ne peut parler d’« entrepreneuriat ». Pourtant, jusqu’à la dernière décennie, la notion d’opportunité n’a reçu qu’une faible attention de la part des chercheurs en entrepreneuriat. Ainsi, cet engouement récent a donné lieu à des débats intéressants à partir des quelques études sur les définitions d’opportunité en tant que concept (Gartner, Carter et Hills, 2003), sur l’exploration des processus d’identification d’opportunités (Corbett, 2002 ; Craig et Lindsay, 2001 ; Shepherd et DeTienne, 2001) et aussi sur la valeur et l’intérêt du concept d’opportunité pour la recherche dans le domaine (Eckhardt et Shane, 2003 ; Gartner et al., 2003, Kirzner, 1997). De manière plus précise, si l’idée d’identification d’opportunités renvoie intuitivement à l’idée d’Intelligence Economique (IE), ce thème de recherche transdisciplinaire demeure un concept en maturation puisqu’il n’a suscité que peu de travaux théoriques ou empiriques. Il faut attendre 1994, après le rapport du groupe de travail du Commissariat Général du Plan présidé par Henri Martre, pour qu’une première définition opérationnelle de l’IE émerge, entendue comme « l’ensemble des actions coordonnées de recherche, de traitement et de distribution en vue de son exploitation de l’information utile [nécessaire à l’élaboration et à la mise en œuvre de la stratégie] aux acteurs économiques ». Parmi les différentes définitions données à l’IE, celle de Marmuse (1996) retient davantage notre attention. Cet auteur définit l’intelligence stratégique comme étant « la capacité à identifier les opportunités stratégiques et à en évaluer la qualité potentielle ». Cette définition met en relief une des fonctions1 de l’IE qui est la détection des opportunités et des menaces (Levet et Paturel, 1996). 1 Levet et Paturel (1996) identifient quatre fonctions pour l’IE à savoir : la maîtrise du patrimoine scientifique et technologique et des savoir-faire, la détection des opportunités et des menaces, la coordination des activités et la pratique d’influence (p. 6-10). 3 Etant donné que l’opportunité est primordiale à toute activité entrepreneuriale et que l’un des rôles de l’IE est de détecter des opportunités (Chelly, 2002), le croisement entre IE et Identification puis Développement d’Opportunités d’affaires apparaît donc comme une approche pertinente pour l’entrepreneuriat même s’il importe de préciser qui exerce l’intelligence économique. Le porteur de projet seul ? Le porteur de projet assisté par d’autres acteurs, réseaux d’accompagnement, banquiers, etc.2 ? Le croisement naturel entre I.E. et Entrepreneuriat appelle donc une relecture du triptyque « Porteur-Portant-Porté »3 dans la mesure où en exerçant une IE dans la détection d’opportunité, le portant pourrait palier dans une certaine mesure l’absence de réseau relationnel du porteur. Ainsi, nous tenterons à partir de la relecture de ce triptyque et plus précisément du rôle du portant dans l’accompagnement des porteurs, de répondre à la problématique suivante et à son corollaire : Problématique : Peut-on concevoir un modèle de création ou d’identification d’opportunités entrepreneuriales indépendamment des réseaux et des relations du Porteur ? Corollaire : Si les réseaux relationnels sont importants pour créer ou reprendre une entreprise, peut-on imaginer qu’en l’absence d’un réseau relationnel important, le Porteur peut malgré tout accéder à l’entrepreneuriat grâce à la relation avec les Portants de son projet et en regard de l’IE que pourrait appliquer le portant ? Pour ce faire, nous proposerons dans une première partie un modèle de la Création et du Développement d’Opportunités qui, tout en restant conforme à la littérature, met l’accent sur les réseaux sociaux de l’individu. Ensuite, nous montrerons que toute tentative de modélisation du processus d’identification, de création et de développement d’opportunités par les Porteurs se heurte à la dialectique des situations individuelles. Si certains individus sont de fait des créateurs « à la Schumpeter », d’autres ne peuvent identifier et développer des opportunités sans s’appuyer fortement sur des acteurs de l’accompagnement. On ne peut alors concevoir le processus de Création et Développement d’Opportunités Entrepreneuriales indépendamment de l’espace relationnel du créateur. 2 Nous les qualifierons par la suite de « Portants » du projet. 3 Nous proposerons une définition du triptyque « Porteur-Portant-porté » dans notre développement (p. 11-12). 4 Dans une seconde partie, nous tenterons de décrire cet espace relationnel en modélisant la relation « Porteur-Portant-Porté » dans le cadre de la Création et du Développement d’Opportunités Entrepreneuriales. Enfin, dans une troisième partie, nous confronterons cette modélisation à la pratique. Deux applications sont retenues pour leur richesse relationnelle. La relation « Porteur-Portant- Porté » est d’abord étudiée dans le cadre des spin-offs universitaires puis dans le cadre des créations d’entreprises par un public issu de l’immigration (faisant l’objet d’un accompagnement par un organisme non spécifiquement dédié et non ethnique). Ces deux applications soulignent que la création d’opportunités par un individu suppose en général une multi-appropriation de celles-ci. I. UNE ESQUISSE DE MODELISATION DE LA CREATION ET DU DEVELOPPEMENT D’OPPORTUNITES (CDO) Pour nombre d’auteurs, la création d’entreprises suit un processus réussi de création et de développement d'opportunités. Et, dans cette perspective nous pensons d’une part, que le processus de Création - Développement d’Opportunités (CDO) est intiment lié au processus d’émergence d’une organisation au sens de Gartner et d’autre part, que les deux approches se complètent. Si l’on considère l’entrepreneuriat sous l’angle d’un projet finalisé, la CDO se placerait tout à fait au début du processus de création d’entreprise qui nécessite lui aussi une attention particulière de la part de l’entrepreneur potentiel. Une recherche soigneuse et une sensibilité aux besoins du marché ainsi qu'une capacité de repérer une allocation optimale des ressources peuvent aider un entrepreneur à créer une opportunité. Mais la création d'opportunité comporte également le travail créatif des entrepreneurs. Par conséquent, il importe de focaliser sur le « développement d'opportunité » plutôt que sur « l'identification d'opportunité ». Le besoin ou la ressource identifiée ou perçue ne peut pas devenir une affaire pérenne sans ce « développement ». Dans cette approche, l’opportunité émerge (Gartner, 1993). Celle-ci viendra à exister grâce aux activités quotidiennes des individus (Gartner et al., 2003) et au sens qu’ils donneront à cette action. Le processus de Création et de Développement d’Opportunités est cyclique et itératif : un entrepreneur est susceptible d'effectuer des évaluations plusieurs fois à différentes étapes de la création et du développement. L'évaluation pourrait également mener à des réglages supplémentaires à la vision initiale. 5 A présent, il s’avère indispensable de proposer les facteurs principaux susceptibles d’influencer la création et le développement d'opportunités menant à la formation d’une affaire pérenne (Figure 1). 1.1. La vigilance (ou conscience) entrepreneuriale Kirzner (1973) a été le premier à utiliser le terme « vigilance » pour expliquer la reconnaissance d’opportunités. Il la définit comme étant « la capacité d’identifier, sans recherche, des opportunités qui ont été négligées jusqu’ici ». Ray et Cardozo (1996) affirment que la reconnaissance d’opportunités par des entrepreneurs prospectifs est précédée par un état de vigilance maximal à l’information. Ils appellent cet état « la conscience entrepreneuriale » (ou « entrepreneurial awarness »), qu’ils définissent comme étant « la propension à repérer des informations sur les produits, les modèles de comportement, en se focalisant tout particulièrement sur les problèmes des producteurs et consommateurs, les besoins et intérêts et les nouvelles possibilités de combinaison des ressources ». De plus, et en accord avec plusieurs auteurs, ils prétendent que les caractéristiques personnelles et l’environnement interagissent pour créer des conditions qui vont stimuler la uploads/s3/ bares-chelly-levy.pdf