Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France Les vitraux royaux e

Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France Les vitraux royaux et princiers de la cathédrale d'Évreux et les dessins de la collection Gaignières Jean Lafond Citer ce document / Cite this document : Lafond Jean. Les vitraux royaux et princiers de la cathédrale d'Évreux et les dessins de la collection Gaignières. In: Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1973, 1975. pp. 103-112; doi : https://doi.org/10.3406/bsnaf.1975.8252 https://www.persee.fr/doc/bsnaf_0081-1181_1975_num_1973_1_8252 Fichier pdf généré le 26/05/2018 J. LAFOND. - VITRAUX D EVREUX 103 d'une histoire de l'enfance à Rome, au niveau impérial et sénatorial principalement. Prennent part à la discussion qui suit MM. Hans-Georg Pflaum, m. r. , Julien Guey, m. r. , Pierre Riche, a. c. η. , et Jean Lafaurie, président. Séance du 21 novembre. L'ordre du jour a,ppelle une communication de M. Jean Lafond, m. r., intitulée Les vitraux royaux et princiers de la cathédrale d'Évreux et les dessins de la collection Gai- gnières. « La vieillesse est un répit accordé aux historiens et aux archéologues pour leur permettre de reconnaître leurs erreurs et, si possible, de les répa,rer. Je ne dirai pas, comme naguère le savant Paul Frankl à notre collègue Hans Hahnloser : « Cher ami, je me suis si souvent trompe que cela ne me fait plus rien. » Je vous ai avoué dernièrement que dans un de mes premiers travaux je m'étais laissé égarer par un pastiche du peintre graveur norma,nd E. -Hyacinthe Langlois1. « C'est dans la même disposition d'esprit que je reprends, a,près tant d'années, l'examen de mon article du Bulletin monumental intitulé « Les vitraux royaux de la cathédrale d'Évreux2 ». Mon propos était d'appuyer la brillante dé¬ monstration faite pat Mme Suzanne Honoré-Duverger, qui substituait Pierre de Navarre, comte de Mortain, au tradi¬ tionnel Charles le Mauvais et de présenter deux identifica¬ tions nouvelles, celle de Blanche de Navarre, épouse de Philippe VI de Valois, et du roi Charles VI, en rectifiant les erreurs, hélas volontaires, de la collection Gaignières. 1. Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France, année 1971, p. 315. 2. « Les vitraux royaux du xive siècle », année 1944, p. 15-39. 104 21 NOVEMBRE En 1956 et en 1957, Louis Grodecki a publié coup sur coup deux études sur notre sujet ; celle qui porte le titre « Les verrières d'Ëvreux1 » montre la place des « vitraux royaux » dans l'ensemble de la vitrerie, tandis que l'autre 2 expose les méthodes rigoureuses qui ont présidé au remembrement et à la mise en place de ces vitraux. A la différence de la première, la seconde marque des réserves importantes. Si l'identification de Pierre de Mortain et de Charles VI est pleinement approuvée, si celle de la reine Blanche est déclarée possible et même vraisemblable, il n'est pas prouvé que l'écu et la figure viennent d'une seule et même fenêtre. Certes on y trouve les mêmes formes, le même style que dans les autres vitraux, mais non pas la même échelle. « Enfin, il n'est pas certain que Charles VI ait eu pour pendant une Isabeau de Bavière et il est même impossible que ce couple royal ait été placé d'abord dans la chapelle de la Vierge où subsistent trois tympans aux armes, devises et « mots » de Charles VI3 : en effet, les lancettes des fenêtres basses mesurent 5 centimètres de moins en largeur que celles de l'étage supérieur. « Les « Monuments historiques », je veux dire mes amis Jean Verrier, Jean Taralon, Louis Grodecki et Jean- Jacques Gruber, ont rencontré la vérité dans le parti à quatre lan¬ cettes qui leur a permis de rendre leur place aux deux figures de saint Denis. « Tout cela n'est que trop Vrai. Il y avait de ma part une grave imprudence, je le reconnais aujourd'hui, à publier mon petit ouvrage en pleine guerre, alors que les verrières étaient déposées et que je ne disposais ni d'une documentation photographique satisfaisante ni même de notes complètes. « Il ne suffisait pas de l'avouer en bas de page 4. Mais, de là à reconnaître que mes identifications « princières et royales » n'aient été qu'une suite d'erreurs, je me refuse absolument à le penser. C'est pourtant ce que voudrait me faire croire, tout en enveloppant ses critiques des expressions les plus 1. L'Œil, n° 29, mai 1958, p. 18-25. 2. Les Monuments historiques de la France, année 1956, p. 201-216. 3. « Les vitraux royaux··· », p. 27-29. 4. Ibid., p. 31, n. 2. J. LAFOND. - VITRAUX d'ÉVREUX 105 flatteuses, un autre ami, l'érudit Marcel Baudot, ancien archiviste de l'Eure, aujourd'hui inspecteur général des Archives de France. « Animosité personnelle? Sûrement pas. Marcel Baudot ne m'avait pas seulement aidé dans mes recherches, il avait d'abord donné à mes thèses une adhésion enthousiaste. Mais simplement attachement aux traditions ébroïciennes, respect absolu et pleinement justifié des lois de l'héraldique, enfin confiance — ■ beaucoup moins fondée — ■ dans les indi¬ cations de la célèbre collection Gaignières, où de nombreux dessins sont consacrés aux vitraux d'Évreux, avec des lé¬ gendes indiquant leur sujet et leur emplacement dans la cathédrale. C'est à propos de Pierre de Mortain que s'est engagée une controverse qui devait se prolonger de 1966 à 1973, tant dans les Nouvelles de Γ Eure, la précieuse petite revue dirigée par l'abbé Jean Saussaye1, que dans le Bulletin monumental 2, cette fois avec intervention de Louis Grodecki. « Au début, M. Baudot se fondait sur l'inscription qu'il lisait sur un dessin de la collection Gaignières : Charles III roi de Navarre. Les nombreuses différences qu'il ne pouvait pas ne pas remarquer entre le dessin et le vitrail s'expliquaient pour lui, par des restaurations infligées à la verrière : la couronne était devenue un tortil de baron « de style trouba¬ dour », le blason au cimier en queue de paon avait été pure¬ ment et simplement supprimé, etc. Cependant la lancette d'Évreux avait figuré à l'exposition Vitraux de France , organisée en 1953 par Louis Grodecki. Celui-ci avait donc pu la soumettre à un examen minutieux auquel il avait bien voulu m'associer. Notre opinion était formelle : on s'est borné à régulariser l'adaptation à un cadre plus étroit, la tête et sa coiffure sont parfaitement authentiques. Enfin le socle n'a jamais porté d'inscription. Peuvent en témoigner non seule¬ ment une photographie prise avant la restauration de 1893, mais aussi un dessin exécuté pour Raymond Bordeaux en 1. Les Nouvelles de l'Eure, n° 27, 1966 et numéro spécial, juin 1967. 2. Bulletin monumental, 1968, p. 55-73. 106 21 NOVEMBRE 1845 par Georges Bouet, aïeul de notre regretté confrère Georges Huard1. « Nous avons donc ici un portrait du second fils de Charles le Mauvais. La ressemblance générale, costume compris, est confirmée par la comparaison avec le beau gisant de marbre du Musée du Louvre qu'on avait eu l'idée ingénieuse de placer au pied de la verrière pendant l'exposition. « Tandis que Louis Grodecki et moi-même nous gardions notre opinion sur ce point, M. Baudot portait la discussion, sur mon Charles VI, en invoquant, cette fois encore, l'ins¬ cription de la collection Gaignières : Karolus IIs rex Navarre , c'est-à-dire Charles le Mauvais. J'avais cru prouver que le dessinateur avait changé délibérément les armoiries de la tenture, en substituant au semis de fleurs de lis des écussons portant alternativement les armes d'Évreux et de Navarre. Mais mon contradicteur déclarait « fort improbable » qu'un portrait de Charles VI ait pu trouver place dans la cathédrale d'une cité dont le bailli était resté partisan de Charles le Mau¬ vais 2. « M. Baudot considérait que le dessin représentait un vitrail perdu. Cependant le respect qu'il professait à l'égard de la collection Gaignières ne l'empêchait pas de reconnaître Blanche de Navarre, reine de France, dans le personnage à qui on avait donné le nom et les armoiries de Jeanne de France, reine de Navarre. Cela lui permettait en effet de nommer le roi du vitrail aux fleurs de lis, Philippe VI de Valois, époux de la « reine Blanche ». « Dans l'album des Nouvelles de l'Eure commentant une série de diapositives, Charles le Noble était devenu Charles le Mauvais, couronné d'un chapel de roses en qualité de fondateur (en 1350) de la Confrérie de la Passion. « Enfin, dans Êvreux, livret publié par le Syndicat d'ini¬ tiative en 1969, M. René Dubuc, excellent héraldiste, laissait à son lecteur le choix entre Charles le Mauvais, Charles le 1. Paris, Bibliothèque nationale, Manuscrits nouv. acq. fr. 21593, p. 38. 2. Je vois là un anachronisme. Sous Napoléon III, le préfet Janvier de La Motte se serait certainement opposé à l'érection d'une statue à la gloire de Victor Hugo. Mais le bailli du xive siècle n'était pas un préfet du Second Empire. J. LAFOND. -— VITRAUX d'ÉVREUX 107 Noble et Pierre de Mortain. De même, le dépliant actuelle¬ ment distribué dans la cathédrale. « En présence d'une pareille débandade, on pourrait dé¬ clarer clos le débat, mais il vaut mieux alleï· uploads/s3/ bsnaf-0081-1181-1975-num-1973-1-8252.pdf

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